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Critique de doyoulikefrogs


Orphée dans le livre d'Éric Metzger, n'est pas la personne que vous croyez. C'est un type plutôt normal qui vit une vie banale de type lambda. Pourtant il a chez lui le jour un téléphone étrange qui lui permet d'appeler des numéros de téléphone du passé. Et là nuit il est autre. La nuit il est Orphée et il descend dans les Enfers des boîtes de nuit et des discothèques pour draguer de la nana. Il cherche son "Eurydice". Elle pourrait bien être cette femme- là ce soir-là, être une autre un autre soir encore.

Finalement, le roman est très court. En de rapides chapitres, l'auteur alterne entre la Vie nocturne d'un Orphée noctambule qui rencontre à la fois des Cerbère, des Charon (pas des chatons) et des dieux grecs divers et variés. Ils sont vigiles, chauffeurs de taxi ou amis simplement, et il alterne avec la vie normale d'un homme qui doit faire la paix avec son passé. Avec lui-même. Et donc, avec son père. Car au bout du fil, il appelle son papa. Décédé depuis un moment. À cause d'un problème cardiaque.

Cet homme, en fait, ne serait-ce pas lui véritablement son amour à "l'Eurydice" ? N'aurait-il pas voulu descendre en enfer pour le retrouver, lui dire de revenir sur Terre et de faire attention à sa santé, de ne pas divorcer et de rester un père comme les autres ? J'ai été extrêmement touchée par les parties de ce roman, pendues au téléphone. Les dialogues étaient justes et émouvants.

Le registre orphéique du roman est ensuite à l'appréciation du lecteur : soit il prend cet homme pour un désespéré moderne, pressé par la société de trouver celle qui fera qu'il ne connaîtra plus la solitude, soit il prend cet homme pour un double, quelqu'un de névrosé, plutôt inadapté à la vie sociale moderne... ou bien est-il les deux, justement ?

On connaît tous un Orphée ou deux. Et chacun descend dans ses propres enfers pour y trouver une réponse à la fin. Que ce téléphone en soit une. Oui. Et que l'amour délivre et résolve une issue, c'est toujours le moteur de l'être humain.

J'ai bien aimé l'écriture de l'auteur. Ses jeux de mots, très agréables et parfois très drôles, pourraient parfois, je pense, prendre plus de place dans un roman tel que celui-ci, qui a l'avantage d'être une sorte d'OVNI littéraire, entre genre fantastique et chronique de la vie contemporaine. Sans entrer, évidemment, dans l'humour exagéré et la parodie qu'il a l'habitude d'instaurer à la télévision.

C'est donc un Eric Metzger en mode chaton gentil, plein de jolies émotions et surtout de belles références littéraires, sans tomber dans l'érudition maladroite, que j'ai découvert dans ce livre. J'ai hâte d'en lire d'autres.

Un roman sur le mal du siècle.
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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