Julie, matricule 247

J'aurais aimé être emportée par un style, un souffle, sentir le soleil de Guyane m'écraser, partager la vie des « reléguées » ces femmes mises au ban de la société et expédiées au bagne en Guyane, ressentir leurs douleurs, leurs souffrances, courir avec elles à perdre haleine lors de leurs tentatives d'évasion…
Muriel Meunier retrace la vie de Julie Binay, une femme d'origine normande qui a réellement été envoyée en 1895 au bagne de Saint-Laurent-du-Maroni sous la férule des bonnes soeurs. Les quelques lignes présentant ce livre dans la masse critique de Septembre avaient immédiatement retenu mon attention.
Si ce roman permet d'en savoir plus sur ce pan méconnu de notre histoire, la lecture s'est avérée d'un terrible ennui, et s'est étirée sur de nombreux jours en ce qui me concerne ...
Le livre est construit de façon étrange ; dans un premier temps, les chapitres présentant l'enfance de Julie s'alternent avec ceux de son arrivée au bagne avec une régularité de métronome, puis le récit reprend subitement un cours chronologique.
Rien ne vient réellement rythmer la lecture, ni donner envie de tourner les pages, les personnages secondaires sont caricaturaux, sans profondeur et sans saveur, certaines histoires inventées par l'auteur sont peu crédibles.
Les descriptions sont plates, les tournures de phrases maladroites, et j'ai douté que l'auteure ait réellement foulé cette terre, en tout cas, elle ne m'en pas fait ressentir les vibrations.
Une déception pour moi qui apprécie les romans historiques …

« de 1885 à 1914, 591 femmes furent ainsi exilées et embarquèrent vers le bagne de la Guyane. » (p. 5) Elles avaient été condamnées par la justice française à la relégation, parce qu'elles avaient volé, s'étaient prostituées, etc. pour survivre ou nourrir leur famille. Incarcérée plusieurs fois pour vol et prostitution, Julie Binay a été condamnée, en 1894, à l'exil perpétuel. A la suite de recherches généalogiques, John Toutain a découvert le destin de cette jeune femme ; elle était la soeur de son arrière-grand-père, la tante de sa grand-mère. Grâce aux documents judiciaires, il a pu reconstituer son passé. Il a, ensuite, transmis le résultat de ses investigations à Muriel Meunier. À partir des pièces officielles, la romancière a imaginé l'enchaînement des faits.


Julie naît en Normandie, dans une famille aimante. La misère oblige les enfants à travailler. Très tôt, la petite fille découvre les droits que possèdent ceux qui ont le pouvoir. J'ai été très touchée par les passages au sujet du travail des petits. J'ai, aussi, été émue par l'amour qui unit Julie à sa famille. Aussi, lorsqu'elle est exilée, la pensée de ses proches est un élément essentiel à sa survie, tandis que le décès brutal de son papa la traumatise toute sa vie.


Très jeune, Julie quitte sa région natale pour Paris. Elle rejoint sa meilleure amie, qui la loge et lui trouve un emploi. Elle rencontre l'amour auprès de Charles et ils se marient. Hélas, pour combler le manque d'argent, la jeune fille est celle qui prend tous les risques. Elle est souvent arrêtée et elle devient une récidiviste. Elle est, alors, condamnée au bagne de Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane. Son identité est effacée, elle devient le matricule 247. La seule possibilité d'en sortir est la mort ou le mariage avec un ancien bagnard, une autre forme d'asservissement.


Les chapitres alternent entre la vie de Julie avant la prononciation de sa peine et la dure réalité de la relégation collective. Les condamnées sont sous la garde d'une congrégation religieuse, déterminée à laver l'âme de femmes qu'elles considèrent, pourtant, irrécupérables. L'auteure décrit les conditions de détention : elles sont terribles et injustes. Certains passages glacent en raison de la cruauté des geôliers. Muriel Meunier retranscrit la souffrance des prisonnières, leurs émotions, leurs espérances, parfois, même si le désespoir prédomine. Au sein de cette douleur, quelques rares personnes essaient d'adoucir leurs malheurs, mais l'administration pénitentiaire est inébranlable. L'espoir trop grand peut détruire.


Je me suis énormément attachée à Julie. J'ai été bouleversée par son destin et par celui de ses compagnes de détention. Au fur et à mesure que les histoires ont été dévoilées, j'ai été révoltée par ceux qui ont décidé de leur existence. Certains faits sont poignants et montrent que, derrière de nombreuses condamnations se cache un vécu différent de celui relaté par le tribunal. le drame de ces malheureuses est d'être nées pauvres et femmes. Muriel Meunier dépeint la condition féminine de la fin du XXIe siècle et du début du XXe siècle. Les coups ne sont pas portés que par les hommes, leurs consoeurs ne pardonnent aucun écart, elles non plus. La bienséance et la morale étouffent l'humanité. Au sein de la prison aussi, la solidarité existe peu. Chacune se bat pour survivre. La douleur des trahisons s'additionne à celle de l'enfermement et de l'exploitation. Cependant, dans ce roman, des élans d'altruisme et des personnages masculins m'ont énormément touchée, par des actes courageux et bienveillants.


J'ai eu un coup de coeur pour Julie, matricule 247. J'ai été indignée par son destin tragique et j'ai été extrêmement émue par sa personnalité, sa force, sa souffrance et sa combativité. J'ai, aussi, beaucoup aimé les photos insérées au centre de l'ouvrage.


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Une histoire de bagnard version féminine, je me suis souvenu du Papillon d' Henri Charrière que j'ai lu durant mon adolescence.
Malheureusement, je n'ai pas retrouvé l'ambiance lourde, découlant du climat guyanais, ni la rage de s'en sortir, ni tout ce qui m'avait fait vibrer à l'époque...ceci dit, il est probable que si je relisais Papillon, je serais également déçue...
Aujourd'hui, je n'ai pas accroché. J'ai lu de bout en bout, ne me suis pas vraiment ennuyée, mais n'ai pas été emportée.
Le problème, pour moi, c'est juste une question de style, l'auteur, Muriel Meunier, que je découvre, n'a pas la patte, ou plutôt la plume, que j'aurais apprécié.
C'est un peu simple, narratif, lourd, pas assez intimiste, parfois brouillon.
L'histoire de Julie est cependant intéressante, passionnante même, et j'aurais voulu trembler avec elle, pleurer avec elle, me rebeller avec elle.
Mais là, non, rien, pas une larme, pas un frisson, pas un semblant de rage.
Dommage, elle s'y prête tant cette histoire! On a envie de se sentir Julie, à l'intérieur de sa tête, de son corps, de son coeur!
Je suis donc perplexe, j'ai le sentiment que ce roman aurait pu être magnifique, profond; j'ai juste lu un ronron parfois pénible....
Mon époux qui l'a lu également, à qui je n'ai pourtant rien dévoilé de mes sentiments à propos de ce roman, m'a dit sensiblement la même chose:"l'histoire est intéressante, mais on a l'impression de lire une dissertation d'élève.."
C'est pas sympa, j'en suis consciente, je dis ce que je ressens, comme un petit gâchis qui s'est installé en moi, j'étais prête à aimer Julie, à la porter dans ma lecture, à lui faire une jolie place dans ma collection littéraire intérieure...

Julie, matricule 247, le destin d'une bagnarde, de Muriel Meunier

05.10.2021 🔗Masse critique @babelio 🔗

L'histoire:
Julie Binay fait des femmes qui ont été reléguées. Depuis la mort de son père, c'est la descente aux enfers. Jusqu'à ce dernier verdict: Julie va être reléguée.
Reléguée, ça veut dire qu'elle est exilée de France, direction La Guyane et le bagne de Saint Laurent du Maroni.
Contrainte de subir son sort, sous une chaleur étouffante et sous les traitements plus que douteux des religieuses, Julie y passera quasi 20 ans.
Qu'a-t-elle donc fait pour mériter ce châtiment ? Et comment se passe la vie au bagne ?
À vous de suivre les pas de Julie Binay, matricule 24-7.

Mon avis:
Voici un titre et une histoire qui m'avait interpellé lors de la masse critique du mois de septembre.
Bien que j'adore en apprendre plus sur le passé, je ne lis que rarement sur le sujet, car souvent, je m'y ennuie et je trouve que c'est lent.

Mais ici, pas d'ennui. Julie Binay a réellement existé, d'ailleurs son arrière petit neveu a écrit le préface et annoncé direct la couleur.

L'histoire se déroule en deux temps, entre le passé et le présent de Julie, celui où elle embarque pour la Guyane.

Même si les premiers chapitres m'ont semblé un peu long, mais je met ça sur le compte de mon impatience à arriver au bagne ! (enfin, je suis bien contente de n'avoir qu'à le lire...)

J'ai découvert grâce à l'histoire de Julie un pan de passé dont j'ignorais tout, et cela m'a drôlement peinée de voir les conditions de vies qui leur était réservées, pour leurs crimes qui ne me semblaient pourtant pas à la hauteur de la peine.

Une question restera en suspens, comme le livre est inspiré de faits réels, est-ce que Vincent fait lui aussi parti de l'histoire, ou bien est ce un aspect romancé ?

Je ne peux que vous le recommander, je ne regrette pas cette lecture.

Je continue dans ma lancée de lecture de romans historiques avec ce roman reçu dans le cadre de la masse critique de Babelio. Je suis très contente d'avoir été sélectionnée car ce fut une très belle lecture.

Julie Binay, une femme qui a réellement existé a vécu dans la pauvreté les premières années de sa vie, essayant de subvenir à ses besoins comme elle le pouvait. Cela l'a conduit à être bannie de la société et être exilée de force en Guyane. On part à la rencontre de son histoire et de son quotidien dans ce bagne entre espoir et desillusion, où maltraitance et malnutrition sont bien présents.

J'ai dévoré ce roman, il m'était difficile de le lâcher tant je voulais connaître la suite de l'histoire de Julie. Les chapitre court et l'alternance entre la période où elle est envoyé au bagne et son passé m'ont tenu en haleine. Nous ne connaissons pas dès le début les crimes pour lesquels elle est reléguée. Son histoire nous est dévoilé au fil des chapitres.

J'ai été touchée, et parfois révoltée, par le destin tragique de ces femmes. On ne peut rester insensible face à tant de misère et de souffrance.

En plus de découvrir la vie des bagnarde, on voyage en Guyane grâce aux nombreuses descriptions, et on découvre son climat, ses paysages. On est également amené à découvrir certains quartiers de Paris à la fin du 19e siècle. le petit reportage photo glissé dans le roman permet de se représenter les lieux. C'est un petit plus que j'ai apprécié.

C'est un roman qui permet de ne pas oublier ce que la société a fait à des centaines de prisonniers et de prisonnière. Je salue le travail de recherche de l'auteure. C'est une lecture enrichissante que je recommande à tous les amoureux de romans historiques.