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EAN : 9782848051918
496 pages
Sabine Wespieser (27/08/2015)
3.26/5   95 notes
Résumé :
Je savais que Felix Mendelssohn le compositeur (1809-1847) était le petit-fils de Moses Mendelssohn le philosophe (1729-1786), et longtemps je n’en ai pas pensé grand-chose. Un jour pourtant, j’ai pensé à l’homme qui avait été le père du premier et le fils du second. Quel merveilleux sujet de roman, m’étais-je dit alors. D. M.
Au retour d’un séjour marquant à Berlin, Diane Meur, fidèle à son goût pour les filiations, décide de mener l’enquête sur Abraham Mend... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,26

sur 95 notes
Voici un livre savant qui nous entraîne dans le temps et dans l'espace entre 1730, 1820 et aujourd'hui , somme très difficile à critiquer nourrie de poèmes, de journaux intimes, une longue, foisonnante, passionnante , incroyable enquête autour de la famille des Mendelssohn, le compositeur Félix (1809-1847), son grand- pére Moses (1729- 1786), philosophe, ardent défenseur des libertés d'opinion et de culte, Abraham le banquier et tant d'autres qui appartiennent à cette famille tentaculaire ......
L'auteur qui mêle sa propre vie à la matière de son livre en nous dévoilant ses recherches, ses pistes , son enthousiasme ,décrit avec un talent fou les aventures de Moses et de ses dix enfants....Elle fait preuve d'un humour indéfectible et d'une belle dérision ....obsédée par le détail, d'une érudition folle......
La carte des Mendelssohn est un roman 'd'aujourd'hui qui nous parle à l'oreille et à tous nos sens des siècles passés ...un hymne joyeux à la tolérance, une espèce d'histoire " Monde" et il se termine par un poème.
Un roman compliqué à résumer ,extraordinaire, une somme atypique où l'auteur nous fait passer du passé au présent avec fantaisie et érudition.....
C'est un ouvrage passionnant même si l'on s'y perd un peu avec les personnes mentionnées . Diane Meur réussit grâce à sa carte à identifier 765 personnes sur huit générations.....
Quelle famille!
Difficile de ne pas perdre le fil.
Un jeu de piste exaltant mais épuisant dont on sort enthousiaste, ravi mais éreinté !!
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Depuis que j'ai terminé La carte des Mendelssohn, j'appréhende l'écriture de cet article … Comment rendre justice à ces 400 pages incroyables ? Comment rendre tout simplement l'admiration que j'ai pour Diane Meur (dont j'avais déjà adoré Les Vivants et les Ombres) qui a produit cet OLNI (objet littéraire non identifié) entre journal intime, journal de thèse, essai, roman ? Nourri de poèmes, d'extraits de correspondance, de journaux intimes, l'auteur a en effet écrit un texte atypique, très déstabilisant mais finalement passionnant.

Tout part d'un article où l'on parle d'Abraham Mendelssohn, fils de Moses (grand philosophe allemand des Lumières), et père de Felix (célèbre compositeur). Au départ ce devait donc être un roman sur ce fils et ce père, que personne ne connaît … jusqu'à ce qu'elle découvre qu'on vient de lui consacrer une copieuse biographie. Déception …

Seulement entre temps Diane Meur a plongé les mains dans le cambouis, avec passion, et a découvert que Moses avait eu six enfants. 250 ans plus tard, c'est plus de 700 descendants de Moses qui ont essaimé à travers le monde : artistes, banquiers, explorateurs, voleurs ; juifs, catholiques, protestants. Ils ont tous eu des destinées très variées.

Déjà fascinée par les questions de transmissions et de filiation, un projet se dessine donc petit à petit : créer une carte des Mendelssohn, qui rendrait transparente la direction qu'ont pris les membres de la famille.

« Mon lieu romanesque, ce serait la famille elle-même dans ses différentes strates, avec ses sommets illustres, ses blocs erratiques, ses combes ténébreuses. Et pour m'approprier ce lieu encore abstrait, il allait falloir que j'en dresse un relevé topographique. Que j'en trace la carte, que je m'en fasse une représentation concrète sur un plan embrassable d'un seul coup d'oeil. »

Mais une telle entreprise pharaonique (examiner des centaines de sources – heureusement Internet est là ! –, se déplacer à Paris, Berlin, rencontrer des dizaines de spécialistes, témoins ou même descendants) ne se mène pas sans y laisser quelques plumes.

C'est pour cela que Diane Meur ne construit pas son oeuvre comme un austère essai, mais comme un texte vivant, qu'elle a songé à abandonner à plusieurs reprises, qui a même poussé sa famille et ses amis à s'inquiéter pour sa santé mentale !

« C'est seulement en mars 2013, lors d'un bref retour à Berlin, que j'ai compris que je n'écrirais pas le roman des Mendelssohn mais le roman vécu de ma recherche sur les Mendelssohn, dont je serais le seul personnage répondant à mes critères du personnage de fiction, puisque je ne connais pas d'avance ma propre vie (façon de vous dire que j'ignore absolument où, quand et comment finira ce livre). »

Une oeuvre qui, en somme, lui a demandé deux ans de sa vie, à temps complet. « Entre temps j'ai accumulé 1 kg 975 de documents papier, enregistré 76 onglets, écumé 5 ou 6 bibliothèques, rempli quatre cahiers A5 de mes hiéroglyphes, massacré six bristols de 65X55 cm et deux de 70X55 cm ; deux rouleaux de colle fixe, deux rouleaux de colle repositionnable, et un gros feutre gris qui ne m'appartenait pas »

Un travail de titan, qui a fortement inquiété son éditrice et amie Sabine Wespieser, qui n'en voyait pas venir la fin ! Mais heureusement pour elle et pour nous, Diane Meur a su mettre un point final – et un beau ! – à ce texte, nous laissant ainsi un peu respirer.

Car au final ce roman est une expérience de lecture dont on ne sort pas indemne : si au départ j'ai eu du mal à y rentrer, ce qui est dû à l'afflux soudain de noms et de personnes dans une généalogie où je ne connaissais rien ; très vite je me suis prise au jeu, comme Diane, et j'ai eu plaisir à rebondir avec elle, à faire des allers-retours dans le temps, à attendre qu'elle évoque enfin tel ou tel personnage (son grand plaisir est de ménager des petits suspens). Car elle laisse rapidement tomber toute idée de chronologie : « les enchaînements, les causalités ne peuvent être montrés sans retours en arrière ni anticipations, et le choix de ranger dans l'ordre tout ce qui arrive, au nom de la clarté, apporte finalement une autre forme d'obscurité. » Des bonds et des rebonds, à la manière de notre utilisation d'Internet, voilà ce qu'elle préconise comme méthode … Si on a du mal à s'y retrouver parfois, elle nous raccroche vite en nous rappelant la chronologie et la généalogie, par petites touches, au bon moment.

Et finalement après presque 500 pages, j'ai trouvé ça passionnant ! On y découvre des personnages hauts en couleur comme Arnold Mendelssohn I (qui n'a vraiment pas été chanceux), qui est passé de la prison en Prusse à la fondation d'un hospice à Jérusalem ; ou encore Fanny Mendelssohn, soeur de Félix, qui était une brillante musicienne mais – étant une femme – n'a pas eu les mêmes chances que son frère et n'a commencé à voir briller son étoile que quelques mois avant sa mort ; ou même Fromet la femme du patriarche Moses, dont il était follement amoureux et à laquelle il a écrit de magnifiques lettres d'amour.

Cet homme est d'ailleurs le plus fascinant de la famille, ce qui est logique puisqu'il en est le créateur. Un homme qui retraduit le Talmud, ce qui lui vaut le titre de Luther juif ou de Luther des Juifs. Qui a donc connu des amis mais surtout des détracteurs, ce qui ne l'empêche pas d'être reçu à la Cour.

moses mendelssohnMoses Mendelssohn à l'examen du guet de Potsdam, gravure de 1771

« A droite de l'image, la sentinelle […] A gauche, l'officier […] Les deux ne semblent là que pour faire paraître plus chétif, plus contrefait, le petit bossu en noir [Moses Mendelssohn]. Et, bien qu'elle frise la caricature, l'image est infiniment sympathique. C'est la force et la beauté s'inclinant dans l'humour et l'intelligence ; c'est le triomphe de l'esprit sur les chicanes et l'appareil des grands. »

C'est pour cette raison que la religion est un des axes clés de l'étude de l'auteur : on y découvre effectivement au fil des ans la difficulté pour les descendants de Moses d'accepter leur patrimoine juif : tous ont une vie compliquée dans l'Europe antisémite du XIXe et XXe siècle. Certains se convertissent pour se faciliter la vie, d'autres par conviction. C'est donc aussi une histoire religieuse que nous propose Diane Meur, et par là même une histoire de l'Europe, des Lumières à la Seconde guerre mondiale.

Bien sûr, dès le début, ce texte m'a fait pensé à Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez où l'on se perd très rapidement dans les noms et prénoms des descendants des Buendia. Mais alors un Cent ans de solitude érudit, à peine romancé. Et c'est justement ce qu'elle avoue elle-même à un moment du texte ! « A l'époque où je traçais l'arbre généalogique des Mendelssohn, Mendelssohn-Bartholdy, von Mendelssohn Bartholdy, Mendelssohn Bartholdy et autres von Mendelssohn, dans l'idée de raconter leur histoire depuis 1729 jusqu'à la fin du XXe siècle, je me souviens d'avoir pensé : ça risque d'être bien pire que la famille Buendia dans Cent ans de solitude. J'ai même relu Cent ans de solitude […] Je voulais en effet déterminer à quel moment n cessait de se repérer dans cette lignée Buendia qui, après tout, n'est pas si nombreuse et ne se déploie que sur un petit siècle. »

Et pour moi, Diane Meur soutient la comparaison par ce projet qu'elle mène avec une violente passion intellectuelle (sans jamais perdre son humour, ni sa belle plume), qu'elle transmet à son lecteur.

Pour preuve j'ai tout de même une grosse déception, c'est de ne pas pouvoir voir cette fameuse carte, en vrai … Et en me disant ça je me rends compte qu'en refermant ce roman, j'ai perdu des gens que je connais bien, presque des amis.
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
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Lors d'un séjour prolongé à Berlin, Diane Meur commence à s'intéresser à Abraham Mendelssohn Bartholdy qui n'est pas passé à la postérité, éclipsé par la célébrité de son père et de son fils. le père, Moses Mendelssohn est un philosophe éclairé des lumières, appelé le Voltaire allemand, qui professe la tolérance en matière religieuse malgré un judaisme assumé et pratiqué. le fils d'Abraham n'est autre que Félix Mendelssohn Bartholdy, célèbre compositeur précocement doué, qui est en plus paré de toutes les qualités : beauté, charme et humilité.

L'intérêt de l'auteur s'étend par capillarité aux autres membres de cette famille, ce qui fait peu à peu naître chez elle le projet d'en dresser la généalogie complète sur 8 générations en partant de Moses jusqu'à nos jours. le livre raconte la genèse de ce projet en s'attachant avec autant de minutie à sa progression qu'à son contenu biographique. le centre du roman s'en trouve donc décalé. Il ne s'agit plus simplement de raconter la vie des Mendelssohn mais les chemins empruntés, les documentations consultées et la méthode adoptée pour y parvenir.

Afin de se répérer visuellement, Diane Meur construit à l'aide de bristol, de colle, de feutres et de découpages l'arbre généalogique de cette famille tentaculaire qui se déploie comme une carte sur sa table de salle à manger. Elle chemine ainsi dans cet arbre gigantesque en s'attardant plus ou moins sur ses différents membres.

Déployé sur plus de 2 siècles, le livre mêle avec érudition petite et grande histoire en brassant des sujets aussi divers que la religion ou la condition féminine. On apprend ainsi que les conversions au protestantisme et au catholicisme étaient quasi systématiques dans la famille car elles permettaient de s'arroger des droits habituellement refusés aux Juifs. On découvre également que Fanny Mendelssohn, la soeur de Félix, était elle aussi une musicienne et une compositrice virtuoses mais étant avant tout une femme, son talent était essentiellement cantonné à la sphère domestique.

Le livre est passionnant à beaucoup d'égards. On en prend toute la mesure avec cette réflexion de l'auteur « L'histoire d'une famille ne m'intéresse que si elle devient l'histoire du monde. » le roman s'inscrit véritablement dans cette dimension.

Le problème car il y en a un, est que mon intérêt s'est peu à peu essoufflé, je suis même arrivée à ne plus supporter cette famille pléthorique qui n'en finissait plus de s'étaler dans le temps et sur la table de Diane Meur. le livre souffre finalement de la trop grande ambition de son auteur. Je n'ai mis que 3 étoiles en ayant préféré en mettre 3 et demie mais les demi ne sont pas autorisées...
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Ce qui roman le roman aussi fascinant, c'est la façon dont chaque lecteur s'en empare et ce qu'il en fait. Grâce à la construction de son roman, Diane Meur nous offre au moins deux possibilités, toutes aussi passionnantes, de nous approprier la dynastie familiale.
Il y a d'une part le récit historique, biographe qui commence avec Moses Mendelssohn en mai 1761 pour s'achever avec les descendants encore en vie aujourd'hui. Un matériau aussi riche que varié, qui nous donne à vivre au-delà de la destinée familiale, l'évolution historique, culturelle et politique de la vieille Europe.
Il y a d'autre part le récit de l'enquête généalogique. Ce roman dans le roman est tout aussi intéressant, notamment pour qui ont déjà tenté de retracer leur généalogie ou qui envisagent de le faire. Cela commence souvent par une information fragmentaire, sinon par une intuition : «Je savais que Felix Mendelssohn le compositeur (1809-1847) était le petit-fils de Moses Mendelssohn le philosophe (1729-1786), et longtemps je n'en ai pas pensé grand-chose, car le compositeur n'était pas vraiment de mes préférés ; quant au philosophe, quoiqu'il ait servi de modèle à Nathan le Sage dans la pièce de Lessing, je ne l'avais guère lu. Un jour pourtant, j'ai pensé à l'homme qui avait été le père du premier et le fils du second. Quel merveilleux sujet de roman, m'étais-je dit alors.»
Le temps passe. Puis comme souvent le hasard et la chance (mais le hasard existe-t-il vraiment ?) vont donner ce petit coup de pouce au destin, déclencher l'envie de s'y mettre vraiment. À l'occasion d'un séjour à Berlin « ce petit filet d'eau qui se refusait à grossir depuis cinq ou six ans, s'est soudain élargi en rivière. Puis en torrent.» Quelques livres, un CD contenant une généalogie des Mendelssohn sur plusieurs générations, une exposition, des documents et des témoignages : presque jour qui passe apporte son lot d'informations, quelques surprises et de nouvelles pistes à explorer.
Une fois dessiné le portrait de l'ancêtre Moses, parlé de sa vie et de son oeuvre, Diane Meur se heurte très vite à une question de méthode. Comment embrasser une aussi riche descendance sans s'y perdre pour autant ? Elle choisit de relire quelques livres : Cent ans de solitude, Joseph et ses frères, Danube, La Vie mode d'emploi, notamment pour chercher à partir de quel moment elle perd le fil de ces différents récits.
Outre la rédaction d'un aide-mémoire, la romancière-biographe-généalogiste, va s'atteler à la construction de cette carte des Mendelssohn qui donne son titre au livre. À l'aide de papier, carton, colle et ciseaux elle va tenter de rassembler tout ce petit monde. Sabine Wespieser, son éditrice, a eu la bonne idée de nous offrir cette carte en ligne http://www.swediteur.com/p/CarteMendelssohn/ , nous donnant par la même occasion une bonne idée du travail de fourmi que cela représente. L'occasion aussi de comprendre la réaction de la famille devant cette réalisation qui «mange» tout le salon, mais dont le code-couleur fascine tout autant
Le Mendelssohn-Komplex, comme diane Meur appelle joliment cette généalogie, peut maintenant être détaillé, mais surtout élagué. Pour que le lecteur – mais aussi l'auteur en premier lieu – ne se perde pas dans les quartiers, ne s'enlise pas dans les problèmes de création romanesque, il fallait en effet supprimer tous ceux qui viendraient alourdir inutilement le récit, les enfants mort-nés ou n'atteindraient pas l'âge adulte, les branches «sans histoire», les descendants dont il ne reste qu'une documentation lacunaire.
Et vogue le beau navire… Au fil des siècles, on voit défiler la vie culturelle et artistique Felix compose pour le grand explorateur Alfred von Humboldt, qui débat avec des mathématiciens, des zoologiques. Au détour d'un voyage, il croise Chopin, rencontre Berlioz, se lie avec Horace Vernet où il peut admirer les fresques de son cousin Philipp (de la branche anglaise).
Si l'on se régale des grandes idées et notamment de la question religieuse – au milieu d'une famille qui s'est beaucoup convertie – l'auteur n'oublie pas les anecdotes qui font aussi le sel de ce roman, les histoires de coeur, de jalousie.
«L'histoire d'une famille ne m'intéresse que si elle devient l'histoire du monde, et c'est de plus en plus le cas.» Et c'est très réussi !

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Diane Meur, sans trop savoir elle-même pourquoi, se met à s'intéresser à la famille Mendelssohn. Moses, philosophe juif allemand du XVIIIe siècle qui prêche l'émancipation, Félix, compositeur prolifique plein de charme. Puis au passage Abraham, leur fils et père, « géant entre deux génies », passeur pas si terne qu'on le croyait au départ, puis la fille de l'un, le frère de l'autre, le neveu, le lointain cousin… Jusqu'à une géante tache d'huile, joyeusement alimentée d'archives et de consultations compulsives sur Internet.

Diane Meur s' instruit, nous instruit, de cette famille féconde à travers les siècles, dont elle dénombre pas moins de 765 descendants. Au fil des éléments historiques, on change de nom, de confession, de profession, les enfants meurent en bas âge, les amours sont heureuses ou contrariées. Les portraits sont autant personnalités, féminines ou masculines, sur lesquels l'auteur compulse, retranscrit, mais aussi rêve ou imagine , tendre vis çà vis de ses personnages, et pleine d'autodérision

Cette histoire habilement menée, entre biographie individuelle et déroulement historique, trouve tout son piquant par la choix de Diane Meur de se mettre en scène, écrivain à l'oeuvre, ses enthousiasmes, ses hésitations, ses combats, ses recherches, ses rêves et délires, ses fuites d'eau… le chapitre qui m'a le plus enthousiasmée est celui qui donne son titre à l'ouvrage, « la carte des Mendelssohn » où elle s'acharne, armée de son ordinateur, ses papiers, sa colle et ses ciseaux, à réaliser obsessionnellement la généalogie complète du Mendelssohn, auquel elle souhaite donner, au delà d'une scrupuleuse exactitude, sa marque tout à la fois sociologique et affective :, la table de la salle à manger envahie, le feutre qui finit par s'épuiser, l'oeil vaguement critique des observateurs et des enfants.

La carte des Mendelssohn est un roman historique qui se réclame en même temps de l'autofiction dans un mélange des genres charmeur, mêlant intime et universel, introspection et ouverture, sérieux et drôlerie.
Si on regrette que Diane Meur ait dû se limiter, choisir les destins singuliers qu'elle approfondit pour en éliminer d'autres, on se doute que ces « laissés-pour-compte » alimenteront, directement ou indirectement, les prochaines fictions de Diane Meur, et l'on ne peut que s'en réjouir, ce qui atténue le regret de refermer le livre, qu'on aurait bien accompagné plus longtemps.
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critiques presse (2)
Liberation
11 septembre 2015
A la différence de l’algorithmique et minutieux la Vie mode d’emploi de Georges Perec, elle revendique le fouillis et le hasard.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
19 août 2015
Grand roman symphonique nourri de correspondances, de poèmes, de journaux intimes, La Carte des Mendelssohn nous parle de figures excentriques, de l'histoire du monde, des communautés et des métissages, sans jamais perdre le sens de l'humour.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Des commencements à cette histoire, on pourrait encore en trouver des dizaines. L’histoire de Moses Mendelssohn commence très exactement en mai 1761, lorsqu’il se met à signer ses lettres MOSES MENDELSSOHN, un nom qu’il s’est choisi et transmettra à ses enfants, ouvrant la voie à l’histoire que j’essaie d’écrire : celle des Mendelssohn. Mais, sous un angle plus intellectuel, son histoire commence peut-être avec celle de Baruch Spinoza, le philosophe excommunié dont il admirait tant l’œuvre. Si ses coreligionnaires en détresse le voient comme un second Moïse, lui craint surtout de devenir un second Spinoza, et dans la chronologie qui me sert ici de base, élaborée grâce à de patientes compilations et courant jusqu’au début du XXIe siècle, j’ai donc fait figurer, bien avant sa naissance, 1656, 27 juillet : la communauté juive d’Amsterdam excommunie Spinoza. Date qui est loin d’y être la première. L’histoire des Mendelssohn ayant fini par être celle d’une illustre famille protestante de Prusse, j’ai cru bon d’ajouter 1517, veille de la Toussaint : Martin Luther affiche ses 95 thèses sur la porte de l’église du château, à Wittenberg. Et s’il s’agissait là de faits avérés et datables, je n’aurais pas hésité à mettre au tout début : Moïse, selon les sources un enfant hébreu trouvé ou un bâtard égyptien de sang royal, traverse à pied sec la mer Rouge avec le peuple dont il a pris la tête. (p. 16-17)
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"L'histoire est une jungle humide oú l'on perd vite pied et, pour garder les idées claires, mieux vaut s'en tenir à distance, ou tout au plus élaborer des philosophies de l'histoire sans trop regarder ce qu'il y a dedans."
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Grâce au travail des dernières semaines, la famille Mendelssohn est bien devenue un espace pour moi. Le temps même s'est comme spatialisé. Toutes ces petites étiquettes, me dis-je parfois, ce sont les briques dont est faite l'histoire humaine, sa matière première : des myriades d'individus qui sont nés, ont vécu et puis sont morts. Mais, dans le même temps, la notion de famille s'est peu à peu vidée de son sens, à trop y réfléchir. Mes ressortissants de la génération 7 n'ont pas seulement Moses et Fromet comme arrière-arrière-arrière-arrière-grands-parents, mais soixante-deux autres ; soixante-deux autres qu'en théorie je pourrais pour chacun retrouver et localiser, finissant par reconstituer le maillage de l'humanité entière.
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"....Elle n'est pas un récit et ne saurait le devenir : les enchaînements, les causalités ne peuvent être montrés sans retours en arrière ni anticipations et le choix de ranger dans l'ordre tout ce qui arrive, au nom de la clarté apporte finalement une autre forme d'obscurité. Pourquoi mentionner l'arrivée de Voltaire à Berlin, on le voit à peu près puisqu'il s'agit d'un philosophe des Lumières. mais pourquoi parler de Bach? Il faudrait pour le comprendre, en être déjà arrivé à Félix Mendelssohn, qui sera initié à la composition par un admirateur de Bach et, à vingt ans, fera sensation en dirigeant la Passion selon saint Matthieu, oeuvre tombée entre-temps dans une certaine disgrâce"
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« Mon lieu romanesque, ce serait la famille elle-même dans ses différentes strates, avec ses sommets illustres, ses blocs erratiques, ses combes ténébreuses. Et pour m’approprier ce lieu encore abstrait, il allait falloir que j’en dresse un relevé topographique. Que j’en trace la carte, que je m’en fasse une représentation concrète sur un plan embrassable d’un seul coup d’œil. »
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Vidéo de Diane Meur
Diane Meur vous présente son ouvrage "Sous le ciel des hommes" aux éditions Sabine Wespieser. Rentrée littéraire automne 2020.
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