Mardochée a hérité de son prénom à la demande d'un de ses aïeuls, un soldat des croisades sauvé par un médecin juif, assassiné par la même occasion. le croisé, pris de remords, demanda qu'un fils cadet soit prénommé ainsi pour lui rendre hommage. Un fils cadet, car un aîné ne va quand même pas porter un prénom juif dans cette famille aristocrate ! Une anecdote qui résume bien le ton qu'aborde
Diane Meur pour nous conter l'initiation d'un jeune homme durant le XIVe. Fils cadet donc du duc le Löwenfels, Mardochée est destiné à devenir évêque, laissant le duché à son frère Rodolphe, un être cruel et cynique. Mais comme par hasard, lors d'un des rares voyages de la famille, Rodolphe se fait enlever par des tatars et disparaît de la circulation. Mardochée est alors éduqué chez son oncle pour devenir le nouveau duc de Löwenfels. Jusqu'au retour inopiné de Rodolphe et de l'exil forcé de Mardochée qui s'ensuit… le jeune Mardochée fraiera alors avec une troupe de brigands, avant de retrouver son maître Venetius et de rencontrer le séduisant Conradino, aristocrate et aventurier. Une série d'aventures qui permettront au jeune homme de devenir un homme, développant sa propre identité et philosophie de vie. Car ces péripéties à travers l'Allemagne, puis la France et l'Italie le feront rencontrer de nombreuses personnes, réelles (maître
Eckhart, Guillaume d'Ockam ou Marsile de Padoue) ou imaginaires. Mardochée en effet absorbe tout ce qu'on lui dit, quitte à se contredire d'un interlocuteur à un autre, mais peu à peu, l'homme se construit, unique et humaniste. Sans oublier l'humour de
Diane Meur, éclairant son roman d'un ton particulier, et permettant au lecteur de découvrir un Moyen-Âge original, celui des penseurs, intellectuels et chercheurs. Si la fin est quelque peu abrupte, ce premier roman de
Diane Meur se lit néanmoins avec plaisir et délectation.