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Critique de latina


J'habite en Galicie, nom donné par les Autrichiens aux territoires de l'ancienne Pologne qu'ils ont annexés.
Je suis vieille, très vieille. En effet, j'ai côtoyé plusieurs générations.
Je m'amuse et je me tourmente, je lis dans les pensées, je frôle les drames. J'assiste aux sursauts de l'Histoire, j'aime et je déteste.
Mais toujours je rends compte, je vois les pensées, je lis dans les coeurs.
Je suis une maison de maître, un « dwor » comme on dit en Pologne. Et c'est moi la narratrice de cette histoire.

...
Oui, c'est une maison qui raconte l'histoire de cette famille polonaise, depuis la fin du 18e siècle jusqu'au début du 20e. A vrai dire, ce procédé m'a semblé quelque peu artificiel et m'a ennuyée au début du récit. Pourquoi ne pas, tout simplement, adopter un point de vue omniscient, sans passer par la maison qui voit tout, entend tout, même l'intérieur des gens ?
A part cela, et à part aussi quelques faits politiques (dont, je reconnais, on ne peut se passer, mais je déteste la politique), j'ai beaucoup aimé suivre les méandres plus ou moins tortueux de cette famille de confiseurs qui se veut d'ascendance aristocratique.
La psychologie extrêmement fouillée et bien rendue par un style l'épousant parfaitement m'a enchantée. L'évocation poétique de la nature sert de toile de fond aux joies et aux catastrophes humaines de tout ordre.
J'ai aimé calquer mes pas sur ceux de Clara, une femme posée, peu gâtée par la vie, mais pourtant entièrement dévouée à sa famille, et qui, sur le tard, connaitra une passion dévorante.
J'ai suivi avec intérêt les errements et les évidences de ses filles, qui ont chacune connu un destin particulier. Et puis les générations suivantes, aussi, m'ont fait sursauter plus d'une fois, et m'ont indignée.

En filigrane, le statut des femmes...Et là je peux vous dire qu'une immense vague de révolte me submerge, quand je vois comment les femmes de toutes les époques, de toutes les conditions étaient considérées et traitées.

Je quitte cette Maison pleine de sagesse, ancrée dans une Pologne qui se cherche, se construit par soubresauts, au rythme d'une famille attachante.

« La face du monde bouleversée ! J'ai toujours trouvé un peu risible l'importance que la plupart des humains attachent à ces choses. Selon que la terre est à eux ou à d'autres, ils ont une façon toute différente de la regarder et même de s'y mouvoir.
Et pourtant, dans les faits, à qui est-elle vraiment ? Si on me le demandait, je dirais : au vent, qui brasse bien plus d'arpents que n'en possédèrent jamais les Radziwill ou les Zamoyski, courbe les blés en longues ondes dans la plaine, renverse des arbres, prélève sa dîme d'ardoises. Qui, de tout homme, fait un manant obligé de se découvrir sur son passage, de toute femme une serve dont il dénude les jambes et fouit les cheveux à son caprice. »

Encore une fois, la littérature belge a prouvé sa valeur à travers « Les vivants et les ombres », de Diane Meur.


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