Catherine Meurisse
EAN : 9782205075663
136 pages
Dargaud
(29/04/2016)
4.01/5
776 notesLa légèreté
Résumé :
Dessinatrice à Charlie Hebdo depuis plus de dix ans, Catherine Meurisse a vécu le 7 janvier 2015 comme une tragédie personnelle, dans laquelle elle a perdu des amis, des mentors, le goût de dessiner, la légèreté.
Après la violence des faits, une nécessité lui est apparue : s'extirper du chaos et de l'aridité intellectuelle et esthétique qui ont suivi en cherchant leur opposé – la beauté.
Afin de trouver l'apaisement, elle consigne les m...
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Fin janvier 2015. Sur une plage déserte, Catherine essaie tant bien que mal de remettre en place ses idées. S'assurer qu'elle est bien sur une planète, que l'océan est là...
Début janvier. Dans son lit, Catherine traine un peu. Elle rêvasse à son histoire d'amour compliquée avec un homme marié. Elle rêvasse si longtemps que son réveil-matin lui indique qu'elle est en retard. Avec un peu de chance, si elle chope le bus n°69, elle pourra arriver à une heure décente à la réunion. Trop tard, il vient de la frôler. Une fois arrivée vers les locaux de Charlie hebdo, Luz l'informe qu'il y a là-bas une prise d'otages. Vite, il faut fuir. Trouver un abri. Tak Tak Tak Tak. Des hommes tirent en l'air. Catherine le saura très vite: ses amis et collègues de Charlie sont morts. Comment se reconstruire après ça ? Comment redessiner ? Comment retrouver ce sentiment de légèreté ?
Catherine Meurisse se livre et nous livre, avec beaucoup d'émotion, sa tentative de reconstruction, aussi bien physique, mentale, psychologique ou émotionnelle après les attentats du 7 janvier. Comment redessiner quand l'envie a disparu ? Comment rire ? Comment aimer ? Comment retrouver un tant soit peu de goût à la vie ? Tout un cheminement auquel l'on participe. de Cabourg à la Villa Médicis qui lui a ouvert ses portes pour l'aider à se reconstruire, de ses séances chez le psy au musée du Louvre en passant par cette étendue de sable.
Garder espoir. S'étonner encore. S'ouvrir à l'art. Dessiner à nouveau...
Un album émouvant et sensible. Mettre des mots sur des maux...
Commenter  J’apprécie         1053 Catherine Meurisse aurait du être avec ces amis de
Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, mais elle est arrivée en retard. Ce roman graphique, montre l'effondrement, la colère, la culpabilité. Puis comme pour chasser l'impensable,
Catherine Meurisse va se relever, en prenant de la distance pour se raccrocher, de ce que ces monstres ne pourront jamais nous ôter, notre soif de culture et par la même une forme de légèreté. Reprendre goût aux choses en s'éloignant, apprécier un lieu, un tableau, un moment de silence et de solitude, autant de manières pour mettre à terre la violence, pour sécher les larmes, pour montrer que quoiqu'il advienne la beauté tire toujours vers le haut. Son album est bouleversant, une victoire si infime soit elle sur la barbarie. «
La légèreté » de
Catherine Meurisse est tout simplement magnifique, indispensable.
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Je tiens simplement à remercier Kickou pour son conseil. Ma médiathèque n'ayant pas cette BD en stock, je l'ai achetée « instantanément » en e-book. Après
Humaine, trop humaine, je me suis donc laissée tenter par cette autre BD de
Catherine Meurisse, et j'en sors toute remuée, mais le sourire d'espoir au coin des lèvres.
À l'instar des vers de
Charles Baudelaire « Derrière les ennuis et les vastes chagrins qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, /Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse s'élancer vers les champs lumineux et sereins », Catherine nous prouve que l'âme se laisse « attendrie et élevée » par la beauté.
Cette BD me semble très subtile et originale dans sa construction, dans son alternance entre gravité et légèreté, dans son déploiement de cette histoire (très personnelle, mais si universelle au fond) de re-construction intérieure. Je n'ai rien d'autre à rajouter si ce n'est « ne passez pas à côté ».
Commenter  J’apprécie         740 La légèreté, c'est tout le contraire de ce traumatisme qui pèse sur les épaules de la dessinatrice
Catherine Meurisse. Cette douleur lui est tombée dessus exactement le 7 janvier 2015, jour de l'attentat à
Charlie Hebdo. Elle aurait dû se trouver avec ses collègues et amis, mais ce jour-là, un retard bienvenu lui a fait rater le rendez-vous avec la mort.
Cet album retrace son cheminement vers la résilience, car il n'est pas facile de reprendre le crayon après un tel drame. Par petites touches pleines de tendresse où l'humour s'invite, elle nous raconte ce chemin de croix où l'entourage ne comprend pas toujours ce qui lui arrive. Nuits de cauchemars, dégoût de la vie et cohabitation avec les policiers de sa garde rapprochée,
Catherine Meurisse croque tout cela d'une plume authentique.
On la suit dans ses pérégrinations de reconstruction, de la mer à Cabourg en passant par la Villa Médicis qui l'accueille, le musée du Louvre qui l'apaise et les séances chez le psy qui l'aide à se reconstruire. le parcours vers la résilience de
Catherine Meurisse se termine face à l'immensité de l'océan.
Un récit beau et poignant qu'il faut lire pour ne pas oublier la barbarie et le parcours douloureux des victimes.
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Quand la vie se fait plus lourde tout à coup, qu'on n'y perçoit plus la beauté,
la légèreté, que reste-t-il ?
C'est ce qui arrive à
Catherine Meurisse, dessinatrice de presse à
Charlie Hebdo, au lendemain de la tragédie.
Rechercher l'amitié et la culture pour ne pas sombrer, trouver quelque chose de plus fort que la violence pour faire pencher la balance du côté de l'espoir, de la vie.
La violence est aussi dans l'art, mais elle y est sublimée, comme pour l'anéantir.
Continuer à sublimer la vie, même lorsqu'elle est laide, se moquer de tout pour contrer la peur, donner du poids à cette légèreté, se grandir avec les épreuves.
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critiques presse (7)
Catherine Meurisse revient du Japon avec un album époustouflant de beauté, à la fois réflexion sur l'art et ses inspirations, et ode à cette nature d'une "familière étrangeté". Une quête de l'élégance qui l'habite depuis La Légèreté
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
C'est tout bonnement l'une des meilleures BD de l'année 2016, fine, profonde, touchante et belle.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Un récit très touchant, qui célèbre bien humblement son retour à la vie.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Un livre magnifique, presque miraculeux.
Lire la critique sur le site : LePoint
L’ouvrage ne tient pas de la plainte : la douleur en exsude, bien sûr, mais aussi l’humour, et surtout la quête d’une solution.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Graphiquement très réussi, ce récit où la couleur bouscule l'habituelle sobriété de son trait a aussi l'élégance d'être léger. Peut-être est-ce là l'alchimie véritable, changer le plomb... en plume.
Lire la critique sur le site : Telerama
Un très bel album, très pudique, qui nous laisse sans voix.
Lire la critique sur le site : Sceneario
« Allô Catherine, t'es bien assise ?
- Impec.
- Après la défection d'Obama à la marche du 11 janvier, la Maison-Blanche veut se rattraper. Elle nous invite à rencontrer le président. Il souhaite se faire tirer le portrait par un dessinateur. Je veux que ce soit toi qui y ailles.
- Pourquoi moi ?
- Parce que Riss est à l'hosto et que Luz serait capable là-bas de montrer son slip.
- Bon, écoute, après ce qui s'est passé, j'en ai un peu rien à secouer de rencontrer le président des States.
- Tu te rends compte de ce que ça représente pour 'Charlie' ? Ce serait exceptionnel ! »
... Obama, je m'en fous d'Obama, je préfère Cabu. Aller si loin pour servir la soupe à un président de passage. Marre des gens de passage, je veux de l'immuable, que plus rien ne passe ni s'effondre. Y aura forcément un con pour me prendre en photo avec Obama, peut-être même qu'Obama fera un selfie avec une perche à selfie, la photo fera le tour du monde, l'horreur, Obama étant pro-israélien, je vais avoir tous les Arabes sur le dos, Charb était pro-palestinien, ce serait une insulte à sa mémoire, je vais me retrouver au coeur du conflit israélo-palestinien alors que j'ai rien demandé, je vais pas pouvoir le régler vu mon état, merde...
« Allô, Gérard ? C'est non. Je suis malade en avion. »
(p. 62)
12 janvier [2015]
- C'est quand qu'elle se termine, ma protection rapprochée ?
- Elle vient à peine de commencer, madame...
- Mais c'est quand que ça se termine ?
- On ne peut pas vous dire...
- C'est quand qu'on arrive ?
- J'aimerais pas être à votre place, madame. Etre sous protection, c'est comme se trimballer ses parents sur le dos en permanence. C'est lourd.
- C'est quand qu'on arrive ?
- ...
- C'est quand qu'on arrive à la normalité ?
(p. 30)
[ 2005, Catherine Meurisse - 25 ans - découvre la salle de rédaction de Charlie ]
Riss monte une étagère.
Bernar dessine avec un gant.
Charb [monté sur la table] chante l'Internationale.
Jul revient du badminton.
Cabu grignote.
Tignous collectionne les timbres pour son neveu.
Luz remonte son slip jusqu'aux épaules.
Willem passe en coup de vent.
Honoré range des photos de presse dans des boîtes à chaussures.
Wolinski me demande de le suivre aux toilettes [il lit une notice de Viagra].
Siné éructe par fax.
— Quel est l'endroit qui vous apaise ? Votre domicile ?
— Non ! Pas en ce moment.
— Votre maison d'enfance ? L'île où vous êtes allée marcher seule après le 11 janvier ? Je sais que votre mémoire est défaillante, mais essayez de vous souvenir d'un lieu agréable.
— Un chemin creux, au début du printemps, dans la campagne où j'ai grandi.
— Bien. Nous l'appellerons le « lieu sûr ». Dans chaque moment de souffrance ou de panique, faites l'effort de vous imaginer dans ce « lieu sûr », marchant sur ce sentier printanier. Vous serez étonnée du résultat.
Je m'exécute, sans m'étonner du résultat, car l'étonnement ne fait plus partie de mes émotions. Pour mettre toutes les chances de mon côté, je ne me contente pas de convoquer mentalement le lieu apaisant, je vais le retrouver.
— J'y pense et j'y suis.
Hélas, quand la détresse vous gagne aussi dans le « lieu sûr », que faire ? Enlacer un arbre.
— Toi, tu es là depuis toujours, tu ne meurs pas, tu ne tombes pas. Si on te tire dessus, ton écorce engloutit la balle.
Dans cette bulle de travail, il n’y a que des idées, et plus rien autour. Je suis tout aussi morte que mes amis, ou ils sont tout aussi vivants que moi.
Les idées reviennent péniblement, le dessin plus laborieusement encore. Je ne parviens plus à situer mes personnages dans l’espace, à trouver les proportions, la perspective. Je sens nettement qu’il y a une zone altérée dans mon cerveau.
Pour tenter de surmonter cette impuissance, il me faut revenir au commencement. Qu’est-ce que « l’esprit Charlie », pour moi ? C’est rire de l’absurdité de la vie, se marrer ensemble pour n’avoir peur de rien, et surtout pas de la mort.
Communiqué de presse Ariane Gotlieb
Voici enfin le lauréat du tout premier prix Gotlib. Après une longue tempête sous les crânes de nos neufs jurés, la présidente Ariane Gotlieb que je suis est désormais en mesure de vous révéler le nom du gagnant d'une compétition ultra-serrée.
Pour mémoire, je vous présente à nouveau mes jurés : Alain Chabat, Antoine de Caunes, Clara Dupont-Monod, Albert Dupontel, Thomas Dutronc, Richard Gotainer, Catherine Meurisse, Eddy Mitchell, Zep.
Et donc le lauréat de cette première édition est :
MANU LARCENET et le 3ème opus Thérapie de Groupe "La tristesse durera toujours" aux éditions Dargaud.
En librairie : https://www.dargaud.com/bd/therapie-de-groupe/therapie-de-groupe-tome-3-la-tristesse-durera-toujours-bda5437110
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