Pourquoi nous imposer une minute de silence en hommage aux victimes ? C'est un siècle de colère bruyante qu'il nous faut !
Le terrorisme, c'est l'ennemi juré du langage.
Déplumée et les semelles en plomb, je me sens incapable de m'élever. Qu'est-ce qui peut m'aider à sentir, aimer, vivre, dessiner de nouveau ? Qui peut me sauver ?
Dans cette bulle de travail, il n'y a que des idées, et plus rien autour. Je suis tout aussi morte que mes amis, ou ils sont tout aussi vivants que moi.
12 janvier [2015]
- C'est quand qu'elle se termine, ma protection rapprochée ?
- Elle vient à peine de commencer, madame...
- Mais c'est quand que ça se termine ?
- On ne peut pas vous dire...
- C'est quand qu'on arrive ?
- J'aimerais pas être à votre place, madame. Etre sous protection, c'est comme se trimballer ses parents sur le dos en permanence. C'est lourd.
- C'est quand qu'on arrive ?
- ...
- C'est quand qu'on arrive à la normalité ?
(p. 30)
Le terrorisme, c'est l'ennemi juré du langage.
D'habitude, quand je pense à Proust, mon épiderme, ma tête et mon coeur réagissent, je pars illico en voyage dans son œuvre, et en moi-même. Car être lecteur de Proust, c'est être lecteur de soi, du plus profond de soi. Là, il ne se passe rien. Je suis aussi creuse qu'une bernique, merde !
[…] nous vivons désormais en funambules, les pieds posés sur le fil du cauchemar et de la créativité, un fil à couper le cœur.
(Philippe Lançon)
La beauté est un mystère et le Caravage est son prophète.
« Allô Catherine, t'es bien assise ?
- Impec.
- Après la défection d'Obama à la marche du 11 janvier, la Maison-Blanche veut se rattraper. Elle nous invite à rencontrer le président. Il souhaite se faire tirer le portrait par un dessinateur. Je veux que ce soit toi qui y ailles.
- Pourquoi moi ?
- Parce que Riss est à l'hosto et que Luz serait capable là-bas de montrer son slip.
- Bon, écoute, après ce qui s'est passé, j'en ai un peu rien à secouer de rencontrer le président des States.
- Tu te rends compte de ce que ça représente pour 'Charlie' ? Ce serait exceptionnel ! »
... Obama, je m'en fous d'Obama, je préfère Cabu. Aller si loin pour servir la soupe à un président de passage. Marre des gens de passage, je veux de l'immuable, que plus rien ne passe ni s'effondre. Y aura forcément un con pour me prendre en photo avec Obama, peut-être même qu'Obama fera un selfie avec une perche à selfie, la photo fera le tour du monde, l'horreur, Obama étant pro-israélien, je vais avoir tous les Arabes sur le dos, Charb était pro-palestinien, ce serait une insulte à sa mémoire, je vais me retrouver au coeur du conflit israélo-palestinien alors que j'ai rien demandé, je vais pas pouvoir le régler vu mon état, merde...
« Allô, Gérard ? C'est non. Je suis malade en avion. »
(p. 62)