CRA Centre de rétention administrative

Aux portes de Toulouse se trouve le CRA, centre de rétention administrative, entouré de murs barbelés et de caméras. A l'extérieur, des collectifs associatifs manifestent, observent et attendent des rendez-vous avec les personnes "retenues" - terme employé pour ne pas dire "détenu" mais ça revient au même à en croire les témoignages. Au sein de ces murs, des vies en souffrance, humiliées sans raison et parfois de manière totalement arbitraire et injuste.
Des personnes arrêtées et menottées dans la rue, dans le train ou jusque dans leur propre logement, des personnes en règle ou non qui sont là pour remplir des quotas, que la couleur de peau suffit à accuser.
Ca fait des années qu'on nous le dit, qu'on nous alerte des comportements inhumains auxquels ces personnes ont droit, et pourtant je suis choquée de ces témoignages, je n'arrive pas à croire que cela se passe ici, que je rencontre ces personnes ou les membres de leur famille dans la rue tous les jours.
C'est un roman graphique percutant que nous livre ici Meybeck sur des populations oubliées, mises de côté, qui n'ont pas la parole.

BD complémentaire au livre de Mathieu Gabard intitulé CRA, 115 propos d'hommes séquestrés. CRA? Centre de Rétention Administrative
dont peu de personnes connaissent l'existence et le fonctionnement. Des enfants en bas âge y étaient encore enfermés il y a peu, la cour européenne a d'ailleurs condamné la France pour ces pratiques, mais ce "cher pays de mon enfance" s'est mouché avec cette condamnation.
La BD est efficace, toute en noir et blanc, elle transcrit le témoignage sans détours de personnes (chinoise, péruvienne, congolaise, arménienne, turque, ivoirienne, kurde, mexicaine etc...) en transit par des CRA.
Voici l'envers du décor d'un pays qu'on porte au pinacle pour sa déclaration des droits de l'homme, ce dernier étant (sur le papier) libre et égal en droit. Mais cette déclaration ne vaut visiblement que pour ceux nés sur le sol français. Se pose donc la question de l'universalité du propos. le plus déroutant est de constater que les non-Européens qui vivent en Italie par exemple et y ont un travail, s'ils souhaitent visiter un parent gravement malade dans un autre pays européen ou même aller à disneyland paris, doivent éviter les routes et transports en commun français s'ils ne veulent pas prendre le risque de se faire arrêter et expulser d'Europe.

Grand merci à Jean Benoît Meybeck d'avoir mis son talent au service d'une cause.

Un livre coup de poing sur la condition des sans-papiers qui se retrouvent en centre de rétention administrative, par hasard, ou sur décision de justice. Des témoignages courts et très variés, d'hommes, de femmes, d'adolescents, restitués dans toute leur dureté. Meybeck montre tout au long les aberrations du système légal de lutte contre les sans-papiers, les exactions commises parfois par les forces de l'ordre, mais aussi l'action des associations à l'origine du mouvement "Ouvrez les portes" en 2012. Seul bémol à mon goût, le graphisme.

Meybeck témoigne d'un nombre impressionant de vies bousculées par la violence de l'arrestation, de l'enfermement, de l'humiliation voire de l'expulsion et de l'arrachement à la famille. le dessin noir et blanc convient au propos. Les séquences sont courtes et chacune éclaire une situation personnelle inédite. Une bande dessinée qui fait toucher de près la détresse de ces personnes qui voient leur vie anéanties par des décisions totalement incompréhensibles.

Ce roman graphique en noir et blanc aborde de nombreux aspects des centres de rétentions administratives, lieu de privatisation de liberté sans réel contrôle de la justice, et pour lesquels le défenseur des droits a souvent fait des rappels à la loi. Jean-Benoît Meybeck est, avant d’être un auteur de bande dessinée, un citoyen engagé puisqu’il a fondé en 2008 le collectif Tournefeuille Sans Papiers. L’album alterne les actions menées à Cornebarrieu et des témoignages parfois plus anciens.

Les deux collectifs d’association qui veulent entrer pour témoigner, Migreurop (observatoire des frontières) et Alternative Européenne (collectif de citoyens) ont manifesté pendant 12 jours (du 26 mars au 6 avril 2012) en permanence devant le centre de Cornebarrieu près de Toulouse, ont pu discuter avec des familles, visiter certains « retenus » (pour ne pas dire détenus) après de longues attentes (visite du centre interdite mais parloir individuel autorisé), mener des actions avec les députés qui eux ont un droit permanent d’entrée comme dans les prisons. Une partie des témoignages ont été recueillis auprès la Cimade, l’une des associations présentes dans la plupart de ces centres et sont parfois plus anciens. [la suite sur mon blog].
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