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Critique de caro64


Tout est dans ce titre simple et bref. 7 jours, c'est le temps que Deon Meyer donne au capitaine afrikaner Benny Griessel, que l'on avait découvert dans le Pic du diable et retrouvé dans 13 heures pour mener à son terme l'enquête sur le meurtre d'une belle juriste, avant que la police du Cap ne soit décimée par un tueur fou. Mais il ne m'a pas fallu que 2 jours pour lire les 487 pages du nouveau polar de l'écrivain sud-africain qui fait depuis longtemps partie de mes auteurs fétiches.

Voilà une soirée dont Griessel se souviendra longtemps. Très stressé, il ne peut s'empêcher de proférer une grossièreté (son principal défaut) devant sa chanteuse préférée au moment où on les présente ! Mais pas le temps de s'excuser, il doit rejoindre immédiatement le commissariat. Un peu plus tôt, un agent de police a été blessé aux jambes par un sniper. Un mail anonyme a ensuite été envoyé aux médias et à la police annonçant que cette attaque ne sera que la première d'une longue série (une par jour) si l'enquête sur la mort de l'ambitieuse Hanneke Sloet, retrouvée sauvagement assassinée quarante jours plus tôt dans son superbe appartement tout neuf, n'est pas reprise à zéro et résolue. Commence alors une course contre la montre pour Benny Griessel et son équipe des Hawks (l'unité d'élite de la police criminelle), afin d'empêcher d'autres tentatives d'assassinats. Il reprend l'enquête à son fondement et tente de découvrir qui est ce communiste que mentionne, et désigne comme suspect, les inquiétants mails anonymes car bien sûr, il en aura plusieurs… Est-ce un Russe ? Un Sud-Africain ? On découvre rapidement que la victime était liée à des transactions où des sommes considérables étaient en jeu, mais est-ce vraiment un mobile de meurtre ? L'intrigue avance, les rebondissements se multiplient, comme les fausses pistes et les chausses-trappes… jusqu'au dénouement totalement inattendu.

Après nous avoir fait voyager dans À la trace , son précédent roman, Deon Meyer compose un cold case plus statique, puisque l'essentiel de l'histoire se déroule au Cap, ville de prédilection de l'auteur. Débordant d'humanité, Benny Griessel est plus attachant que jamais. Il prend de l'épaisseur de livre en livre. Comme tout bon flic de roman policier, il doit se dépêtrer avec les problèmes inhérents à l'enquête, mais aussi avec ses maux personnels, tels que son abstinence à l'alcool (il n'a pas bu une goutte depuis 227 jours, bien qu'il soit plus d'une fois à deux doigts de craquer), son attirance pour une chanteuse has-been qu'il doit soutenir dans sa lutte contre l'alcool, son fils tout entier obsédé par le désir d'un tatouage, le nouveau petit ami… tatoué de sa fille, et son abyssale ignorance des nouveaux modes de communication, Twitter, Facebook et les autres, ce qui fournit au roman quelques passages cocasses. Difficile d'avoir les idées claires pour boucler cette affaire urgente, qui se révèle vite très complexe… heureusement qu'il est bien entouré. Car à la direction des enquêtes criminelles, tous les Hawks unissent leurs compétences et leurs sensibilités sans état d'âme, noirs, métis et afrikaners à l'unisson. Et voilà ce que l'on aime aussi chez Deon Meyer, il sait mêler intelligemment les histoires de meurtres à la situation actuelle de son pays et de ses concitoyens. Ici, ce sont tout particulièrement les mesures de discrimination positive en matière d'économie qui l'ont inspiré : le programme de la BEE (Black Economic Empowerment) visant à favoriser l'accès des Noirs aux conseils d'administration des entreprises. L'auteur en observe les revers quand avocats et banquiers s'en mêlent trop : délits d'initié, corruption, blanchiment... La Nation arc-en ciel n'est-elle pas en train d'oublier le rêve de Mandela, s'interroge Griessel.

Au final, on a un polar bien mené et bien rythmé par une suite de paragraphes et de chapitres brefs et percutants. Par contre, il est moins ambitieux, beaucoup moins trépidant que les précédents, le côté sociologique est moins marqué et l'arrière-plan des milieux économiques m'a moins intéressée… Donc, pour moi, pas un des meilleurs romans de Deon Meyer mais il reste cependant efficace et se lit avec plaisir. Si vous appréciez le roman policier procédural, vous pouvez glisser 7 jours dans votre valise des vacances !
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