« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, nous partons dans le futur avec un récit de SF : Cinder, par
Marissa Meyer.
-NOOOOOOON, pas Twilight encore !
-Qu'est-ce que tu racontes ? Tu confonds avec
Stephenie Meyer, c'est pas la même.
-Ah. Pardon.
-Or donc la pauvre Cinder est bien malheureuse : orpheline de ses deux parents, elle doit travailler dur pour sa méchante marâtre et ses deux filles. Ces dernières se préparent à aller au bal et ne rêvent que du prince !
-C'est marrant, on dirait l'histoire de Cendrillon.
-Parce que c'est le cas.
-NOOOOOON, pas de niaiserie façon Disney !
-Ah, calme-toi un peu ! Oui, c'est Cendrillon, mais avec des cyborgs, des droïdes, des épidémies !
J'ai adoré ce roman dès la scène d'ouverture, bien menée et inattendue : elle vous présente Cinder et joue sur les références tout en les détournant complètement. Un grand moment de divertissement.
-Moi, je tiens à prévenir les plus sensibles de nos lecteurs que tout le monde est chinois dans ce roman et c'est super bizarre, pour une Cendrillon.
-Ce n'est en rien bizarre, c'est au contraire d'une implacable logique ! J'ai adoré ce choix !
-Et pourquoi, s'il te plaît ?
-Parce que la plus ancienne version du conte est chinoise. Regarde donc ce qu'il s'est passé : Cinder se déroule dans le futur, n'est-ce pas ? En choisissant une ville chinoise pour situer son histoire,
Marissa Meyer rend hommage aux origines du conte tout en lui offrant une nouvelle version. Les extrêmes du temps, le passé et le futur les plus lointains sont réunis ! Quel stratagème brillant !
-Mouaif. Ca va surtout être super gnan-gnan. Et puis, la jolie et gentille jeune fille canon même en souillon éternelle victime qui s'en sort par un beau mariage, merci bien ! Bravo, la vision de la femme !
-Hé bien non !
-Quoi, tu vas me dire qu'il n'y a pas une bêêêlle histoire d'amour avec un prince riche et beau ?
-Si… mais…
-Ha-HA !
-Oui, c'est vrai, il y a une histoire d'amour, mais non, elle ne tombe pas dans la niaiserie excessive parce que la narration ne manque jamais d'humour ni de sarcasmes. Quant à l'héroïne, elle n'existe que par sa personnalité, ses angoisses, ses émotions : tu n'as pas affaire à l'image agaçante de la jeune femme canon même en guenilles.
Et elle n'est pas qu'une victime passive : elle résiste comme elle peut, elle se montre courageuse et prend ses propres décisions pour maîtriser sa propre vie, donc, pour le cliché pôvre petite chose fragile, tu repasseras aussi. J'ajoute que Cinder possède un sens de l'humour noir qui la rend très drôle et elle cache également un...
-Un… ?
-Un Terrible Secret !
-Tu parles ! On est tombées dessus tout de suite !
-C'est vrai, mais ça ne m'a pas dérangée parce que le texte joue avec les clichés et les références. J'ai donc estimé que cela faisait partie du jeu. J'ai également beaucoup aimé le personnage du prince et de la belle-mère, celle-ci est représentée comme haïssable et pitoyable, aussi.
Je m'attendais à une niaiserie sentimentale en regardant la couverture, mais pas du tout. Cinder est une réécriture du conte rafraîchissante, intelligente et pleine d'émotions. L'histoire n'offre que peu de surprises lors de son développement, je le reconnais, mais elle propose aussi quelque chose de nouveau et de plaisant.
Je lirai la suite de cette réécriture, je suis curieuse de voir comment
Marissa Meyer va poursuivre son histoire. Quelle fin va-t-elle choisir ? Une conclusion gentillette comme Perrault, gore comme la version des Grimm, cruelle comme celle du Viêt-Nam, ou tout cela à la fois ? »