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Rosine Fitzgerald (Autre)
EAN : 9782277214731
J'ai lu (26/02/2001)
3.77/5   67 notes
Résumé :
Nicholas Meyer a eu la chance de mettre la main sur un manuscrit inédit du Dr Watson, le célèbre biographe du non moins célèbre Sherlock Holmes. Et que pouvait être ce texte, sinon le récit d'une nouvelle aventure du génial détective ?

Une aventure qui commence sous de funestes auspices : en effet, Watson découvre avec chagrin que son ami s'adonne dangereusement à la cocaïne -en solution à 7 %. Il l'entraînera à Vienne consulter un certain docteur... ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Quoi ? Que lis-je ? le professeur Moriarty ne serait qu'une illusion crée de toute pièce par le cerveau drogué de Sherlock Holmes ?? le professeur ne serait qu'un paisible professeur et pas un Napoléon du Crime ? Argh, je m'étrangle, je me meurs, à l'assassin on m'a assassiné.

Quelle est donc cette hérésie blasphématoire et insultatoire (néologisme offert) envers mon détective préféré ? L'auteur aurait-il fumé des herbes de Provence roulées dans une vieille chaussette qui pue ?

Et bien non, ceci est bien la théorie de l'auteur et elle est partagée par certains...

Que se passe-t-il à Londres ? Et bien, depuis son mariage, Watson n'a guère eu l'occasion de voir Sherlock Holmes. Un soir, ce dernier déboule dans son cabinet et se dit poursuivit par son ennemi, le professeur Moriarty. L'agitation de Holmes et ses propos incohérents, font redouter le pire à Watson : le détective s'est drogué au-delà de toute mesure. Son addiction a atteint un stade irréversible, et désormais c'est sa vie qui semble en danger.

Watson à décidé de prendre la seringue par le piston, heu, le taureau par les cornes et le détective de Baker Street par la peau du dos pour l'emmener voir un espèce de spécialiste, un certain docteur Freud.

Pas facile de faire marcher Holmes au pas et vu qu'il ne se laissera pas emmener pour se faire soigner, le docteur va mettre au point tout un stratagème pour le faire échouer chez papa Sigmund, avec la complicité de Mycroft.

Séance d'hypnose à la clé, thérapie de choc, le professeur parviendra à extirper quelques secrets à Holmes, et notamment le pourquoi il a développé une aversion aussi profonde pour ce prof de math nommé Moriarty.

Vous imaginez le désarroi qui fut le mien le jour où je tombai sur ce petit roman... Moriarty est un homme paisible et c'est le cerveau dérangé de Holmes en aurait fait sa Némésis. On a fait des crises cardiaques pour moins que ça.

Pourtant, le livre m'emballa et des années après, suite à une relecture, il est toujours aussi bon (le film aussi, mais je vous en parlerai plus bas).

La rencontre entre Sherlock Holmes et Sigmund Freud ne se passe pas super bien, c'est un mélange détonnant de méfiance et de fascination. C'est deux cerveaux qui s'affrontent, dont un est malade suite à ses injections de cocaïne, une solution à 7%...

Lorsque Holmes se trouve nez à nez avec Freud, il utilise ses dons d'observation pour déduire tout sur la vie du praticien viennois. Freud a beau admirer sa méthode, il condamnera ce que le détective inflige à son intelligence et à ses proches, en se droguant.

Avant de commencer la spychanal... heu, la psychanalyse, Freud va devoir avant toute chose sevrer Holmes de la drogue. Méthode ? L'hypnose qui fera remonter chez Holmes des angoisses profondes. Des angoisses qui se traduiront en cauchemars.

Mais voilà que la spycha... rhââ... la psychanalyse doit attendre un peu, nos deux hommes se retrouvant impliqués dans une machination diabolique où une jeune fille risque la mort.

Les deux "détectives", assistés du fidèle Watson, s'engagent dans une enquête pleine de périls... Pour le plus grand plaisir du lecteur.

Voilà un livre que j'avais condamné directement et qui m'avait emporté au-delà de ce que je pensais.

La théorie d'un Moriarty "inexistant" et pur produit du cerveau drogué de Holmes n'était pas neuve, mais à l'époque de mon achat (il y a 20 ans), le Net était inexistant... pas moyen d'en discuter avec d'autres holmésiens et c'est moi qui aurait eu besoin d'une spycha... grrr... d'une psychanalyse avec papa Freud.

C'est aussi livre qui arrive à cumuler deux sentiments incompatibles entre eux habituellement : le fait qu'il est "dérangeant" pour une admiratrice de Holmes telle que moi, tout en étant "intéressant" pour les théories éclairantes qu'il propose sur les défauts de Holmes, sur son caractère excessif, à la fois mélancolique, solitaire et exubérant.

La théorie proposée n'est pas dénuée de bon sens et elle pourrait expliquer le pourquoi du comment Holmes a plongé un jour dans la cocaïne, sur la véritable nature de ses relations avec le professeur Moriarty, sur la raison qui lui fait détester les femmes, etc.

Que les non holmésiens se rassurent : il y a une intrigue dans ce roman et elle n'est pas là pour faire de la figuration. Mais il faut quand même que je vous prévienne que cette intrigue est aussi un bon prétexte pour nous présenter Holmes sous un nouveau jour, en l'humanisant d'une manière assez brutale pour le lecteur.

Avec "The Seven Per Cent Solution", Meyer nous dresse un portrait assez fort intime du détective et de ses quelques névroses. le héros (malgré lui) de Conan Doyle se trouve particulièrement affaibli, ayant perdu beaucoup de sa superbe.

Pour une admiratrice telle que moi, Holmes qui perd de sa superbe, c'est un principe plutôt difficile à digérer. Nicholas Meyer y est parvenu avec brio, car le personnage est toujours traité avec le plus grand des respects.
Sans compter que le roman alterne toujours avec de la finesse, de la tristesse ou de l'humour, avec des scènes de réflexion, d'action; qu'elles soient cocasses ou dramatiques.

Le personnage de Lola, ancienne toxicomane, amènera quant à elle de l'émotion. Holmes reconnaissant en elle quelqu'un qui a connu l'enfer de la drogue et il éprouvera même de la compassion face à son sort.

Rien à redire, le récit est équilibré.

A la fin du roman, un moment plus émouvant, on sent que LA révélation va arriver... Les tripes se nouent, l'estomac se contracte, les paumes sont moites... QUOI ? Non ? Si ! Oh my god !

C'est à ce moment là que l'on tilte... L'étude de Holmes va permettre à Freud de mettre au point sa fameuse interprétation des rêves.

Avis à tous les holmesiens, ce livre est à posséder dans sa bibliothèque, ce livre est à lire et cela peut concerner sans aucun problème les non initiés.

Le film ? Il est tout aussi bien que le roman, ce qui n'est pas peu dire ! Petit bémol : pour le titre du film en français, les traducteurs ont dû fumer la moquette puisque "The seven per cent solution" fut traduit pas un "Sherlock Holmes attaque l'Orient Express".

Bon, nous aurons une course poursuite sur le toit du train, mais de là à dire qu'il l'attaque !

La première moitié du film est en tout point semblable au roman de Meyer.

Ensuite, l'intrigue s'en écarte assez fortement, puisque qu'à l'origine le personnage de Lola Deveraux (interprété par Vanessa Redgrave) n'existe pas sous cette forme dans le roman.

Holmes, Watson (Robert Duvall, un excellent Watson) et Freud vont devoir porter secours à une cantatrice célèbre, Lola Deveraux (Vanessa Redgrave). Holmes, en plein doute sur ses capacités, mènera l'affaire à bon port.

Le personnage de Sigmund Freud (campé par un excellent Allan Arkin) va lui servir de révélateur.

Sherlock Holmes est clairement présenté comme un quasi-aliéné paranoïaque dans ce film (Nicol Williamson, l'acteur nous offre une prestation flamboyante et hallucinée du détective, surtout au début du film).

Sa folie étant représentée par le débit saccadé de la voix du détective. Quant à sa logique, elle n'a aucun soucis, Holmes est bien le brillant logicien que l'on connait.

Il y a aussi une évocation de l'antisémitisme naissant dans l'empire austro-hongrois de la fin du 19ème siècle, via l'antagonisme entre Freud et le baron Otto.

"The Seven Per Cent Solution", malgré son âge, reste un excellent film consacré à Sherlock Holmes et qui éclaire le Grand Hiatus d'un autre oeil…

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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La solution à 7% est presque une lecture obligatoire lorsque l'on aime les pastiches holmésiens tant ce bouquin est renommé dans les cercles d'holmésologie.
Encore faut-il réussir à dénicher un exemplaire car ils sont peu nombreux sur le marché du livre d'occasion. Mon Graal a dû être entreposé dans un grenier ou une cave tant il sent le moisi. Comment est-il possible de maltraiter des livres de la sorte ? Je m'égare, je sais, mais quand même. 😡

Revenons-en à notre solution de cocaïne diluée à 7%. Je ne suis pas étonnée du succès de ce roman car il est, dans l'ensemble, réussi. La première partie est passionnante et addictive car on retrouve nos deux personnages favoris aux caractères proches de ceux crées par Conan Doyle. La poursuite de Moriarty est d'ailleurs très canonique.

La rencontre avec Freud est également captivante encore que mon petit coeur n'a pas apprécié que l'on fasse des misères à mon Sherlock.

Ensuite, au beau milieu de l'histoire, une enquête tombe sur le nez de Sherlock, Watson et Freud. Je ne m'y attendais pas du tout, il y a comme une petite cassure dans le récit. L'enquête est intéressante et bien tordue mais je trouve qu'elle arrive un peu tard.

S'ensuit une course-poursuite à bord d'un train qui n'a rien de canonique mais de tout hollywoodienne. C'est d'ailleurs, de mon point de vue, le point faible de ce roman qui offre une scène spectaculaire bien trop longue et un épilogue expédié à la va-vite.

Il n'empêche que ce pastiche est très agréable à lire et très divertissant. Je vous le recommande que vous soyez un holmésien convaincu ou simplement un amateur de polars victoriens.
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Nicholas Meyer est l'un des auteurs des aventures apocryphes de Sherlock Holmes les plus connus. Assurément il s'agit d'un spécialiste (difficile de dire s'il est davantage un sherlockien ou un holmesien) qui tente d'apporter un récit supplémentaire à une liste déjà bien fournie. le résultat est hautement addictif !

L'auteur démontre une connaissance encyclopédique et fait le maximum pour nous faire croire que nous avons affaire à un récit oublié de Watson qui aurait été composé sur le tard. Il le fait avec une certaine humilité et quelques sympathiques explications. Sa longueur et surtout un certain épisode digne d'un thriller (une course ferroviaire pour le moins originale) apportent toutefois une certaine modernité qui cadre mal avec les écrits de Conan Doyle.

Le récit n'est pas vraiment un pastiche à l'exception du démarrage qui aurait pu nous le laisser croire. Les premiers chapitres sont originaux, amusants et différents de la suite. La rencontre avec un hôte de marque et sa participation active à l'histoire aurait pu nous conforter dans cette voie mais que nenni !

Il s'agit bel et bien d'une enquête de Sherlock qui propose une relecture… unique des deux fameuses nouvelles le dernier problème et La maison vide. Beaucoup de choses ont déjà été écrites, mais nous avons ici du neuf ! Bravo !

Le style est d'une efficacité redoutable. Dès que le roman est commencé il sera impossible de le lâcher. Les références au canon et autre apocryphes, le talent de Meyer et une seconde partie immersive vont vous piéger !

Dommage toutefois que la première partie soit aussi décevante. Après un démarrage prometteur (ah l'essence de vanille !), le rythme retombe rapidement. Les chapitres qui suivent sont plats et peu intéressants, même si Meyer et Watson font ce qu'ils peuvent. Les adeptes du grand détective ne pourront d'ailleurs pardonner à l'auteur d'avoir osé lui imposer de telles épreuves… un autre prétexte narratif aurait été approprié.

La solution à 7 % se révèle donc facile à lire, un apocryphe qui tente d'intégrer une dimension humoristique et moderne (le roman a été écrit en 1974) mais sans tomber dans l'excès. Si certains reproches peuvent être formulés, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit ici d'une agréable découverte… à condition de parvenir à mettre la main dessus en bouquinerie !
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Fan depuis ma plus tendre jeunesse des aventures de Sherlock Holmes (c'est la prose de Conan Doyle qui m'a donné le goût de la lecture que n'avait pu m'inculquer aucun auteur jusque-là), je m'étais, depuis quelques années, cantonné à découvrir les auteurs de récits policiers de langue française afin de ne point être confronté aux problèmes de traductions…

Mais il faut bien avouer que Sherlock Holmes m'a toujours manqué et, récemment, je décidais de me plonger dans un tout nouveau pastiche de Jean-Noël Delétang.

Quelle déception de constater qu'un auteur ne connaissant rien au Canon de Sherlock Holmes ni au style de Conan Doyle pouvait se croire apte à écrire un pastiche digne de ce nom.

Lorsque l'on tombe de cheval, il faut immédiatement remonter en selle. Je n'aime pas rester sur un échec aussi, décidais-je dans la foulée de me plonger dans un vrai pastiche, qui a fait ses preuves « La solution à 7 % » de Nicholas Meyer. Pour ce faire, je surmontais mon désir de ne lire que des récits de langue francophone.

Dans un avant-propos, l'auteur nous confie être entré en possession d'un manuscrit inédit de John H. Watson découvert par son oncle dans le grenier d'une vieille maison qu'il venait d'acquérir.

Ce manuscrit s'ouvre sur les propos de Watson qui, le 24 septembre 1939 (même si la date n'est pas renseignée exactement, alors qu'il a 87 ans, très fatigué et bourré d'arthrite, au point de dicter son récit à une sténographe.

Avant de mourir, Watson veut revenir sur les deux seules histoires de Sherlock Holmes qu'il a inventées : « le dernier problème » et « La maison vide ». le premier étant l'affaire dans laquelle Sherlock Holmes périt dans les chutes de Reicheinbach en affrontant le Pr Moriarty, la seconde, celle dans laquelle il ressuscite.

Et Watson de vouloir expliquer la raison de ces mensonges et, surtout, de rétablir la vérité, maintenant que l'un des principaux protagonistes de l'histoire est décédé depuis moins de 24 heures : Sigmund Freud.

Car Sherlock Holmes a sombré dans la cocaïne, plus que de coutume, depuis le mariage de Watson, au point de voir des chimères et de considérer le Pr Moriarty comme le génie du mal, de le suivre, le persécuter…

Le Professeur Moriarty, ancien professeur de mathématiques de Sherlock et son frère Mycroft, vient s'en plaindre auprès de Watson et lui demander de faire quelque chose s'il ne veut pas que Moriarty porte plainte.

Alors, Watson, avec l'aide de Mycroft, va mettre au point un plan pour amener Sherlock Holmes jusqu'à Vienne afin de lui faire rencontrer Sigmund Freud, un médecin un peu particulier qui a réussi à guérir l'addiction à la cocaïne…

Pour ce faire, il convainc le Pr Moriarty de s'enfuir jusqu'à Vienne, persuadé que Sherlock Holmes, dans son délire, va le suivre jusque là-bas…

La principale différence entre mes deux dernières lectures réside dans le fait que l'un des deux auteurs ne connaît visiblement rien à Sherlock Holmes quand l'autre le maîtrise parfaitement le Canon.

Et cette connaissance se remarque immédiatement à la lecture et permet à tout fan de Sherlock Holmes de se plonger dans l'histoire et d'y croire.

Effectivement, Nicholas Meyer reprend tous les codes du Canon, et plusieurs éléments, afin de créer une nouvelle histoire.

Tout lecteur de Sherlock Holmes sait dans quelles conditions son héros trouva la mort en 1891 dans les chutes de Reicheinbach pour réapparaître en 1894 à l'occasion de l'affaire de « La maison vide ».

Et nul n'ignore la raison de cette mort et de cette résurrection, tant dans le Canon, que dans la vie de l'auteur Conan Doyle.

Mais Nicholas Meyer décide de livrer la véritable raison de cette absence : Sherlock Holmes souffrait de cocaïnomanie morbide et il lui fallut guérir et se reconstruire.

Pour guérir, il rencontra le docteur Sigmund Freud qui, via l'hypnose, le délivra de son addiction…

Au fur et à mesure de la lecture, je ne cessais de me dire que j'avais déjà goûté à ce récit, du moins, que j'en connaissais parfaitement l'histoire. Depuis, j'en trouvais la raison : j'avais vu le film « Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express », adaptation du roman de Nicholas Meyer qui en signa d'ailleurs le scénario.

Nicholas Meyer démontre donc qu'il maîtrise le Canon et parvient parfaitement à s'immiscer dedans pour insérer son histoire en plein Hiatus, cette période de l'absence de Sherlock Holmes.

Il en profite pour mixer l'art du détective à celui du psychiatre, mettant en place des parallèles entre les méthodes des deux hommes et à plonger tout ce beau monde dans une aventure ayant pour enjeu la future Première Guerre mondiale, rien que cela.

C'est d'ailleurs un peu le problème de ce roman, cette deuxième partie dans laquelle Sherlock Holmes enquête sur une jeune femme repêchée par la police alors qu'elle s'était jetée d'un pont pour mourir.

Car le plus intéressant du roman reste la première partie, celle où Sherlock Holmes est malade, et même la fin de cette première partie où Sigmund Freud tente de guérir le détective.

Cette confrontation entre deux méthodes, une policière, l'autre médicale, deux méthodes en apparence éloignées et pourtant assez proches, est vraiment le morceau le plus savoureux du récit, mais également et malheureusement le plus court.

Car cette guérison est bien trop rapide à mon goût et aurait mérité que l'auteur s'y attardât un peu plus.

Car la suite devient bien trop classique pour se prolonger dans un final qui tient plus du « Sherlock Holmes » de Guy Ritchie que de celui de Conan Doyle. Dommage.

D'autant plus dommage que l'auteur, s'appuyant sur le Canon, mais également sur des études et autres récits apocryphes autour de Sherlock Holmes, propose des hypothèses intéressantes quant à la psychologie d'Holmes : l'origine de sa misogynie, de sa cocaïnomanie, de son métier de détective, de sa relation étrange avec son frère Mycroft et… du Professeur Moriarty.

Au final, un honnête pastiche de Sherlock Holmes qui débute fort adroitement, délivre une première partie passionnante avant de sombrer dans un récit d'aventures avec, notamment, une scène finale loin des l'esprit Holmesien.
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Dans la foulée d'une lecture sur le jeune Freud pratiquant l'hypnothérapie, et dans le contexte d'un approfondissement sur les drogues que je suis en train d'ébaucher depuis quelques mois, ce pastiche d'un policier de Conan Doyle par Nicholas Meyer tombait à propos. Il est notoire qu'Arthur Conan Doyle avait une connaissance précise des fumeries d'opium londoniennes de son époque et qu'il était lui-même consommateur de cocaïne, à l'instar de son héros, Sherlock Holmes, qui en fait un usage régulier exaspérant pour son compère le Dr. Watson, comme il apparaît dans plusieurs de leurs aventures. J'apprends de Cécile Guilbert (Écrits stupéfiants, p. 1196 et passim) que Doyle avait fait des études de médecine à Vienne dans les années 1880, et de la postface de remerciements de Meyer que plusieurs « Sherlockiens » avaient imaginé avant lui une possible rencontre entre Holmes et Sigmund Freud autour du thème de cette drogue qu'il a expérimentée lui aussi et sur laquelle il a laissé quelques pages étonnantes. La bibliographie sherlockienne se montant à des centaines de volumes, un auteur de bonne volonté a pu réaliser le récit d'une telle rencontre dans le respect de l'univers littéraire doylien. L'ayant campé à la fin avril 1891, il est cohérent également vis-à-vis de la biographie freudienne d'imaginer que le docteur viennois ait pu soigner le détective britannique de son addiction par l'hypnose. Et Meyer d'y ajouter une aventure d'esthétique cinématographique contemporaine, non dépourvue d'éléments qui font penser à James Bond : péril d'une guerre de grande ampleur, enlèvement d'une jeune femme, poursuite et cascade sur le toit d'un wagon etc.
Les personnages sont très bien caractérisés, de même que l'atmosphère viennoise (avec ses cafés et son antisémitisme) qui n'a pas beaucoup à envier au soin que Doyle a apporté à décrire celle des différents quartiers de Londres victorien. Je n'ai relevé que deux petites incohérences par rapport à Freud : au moment de l'histoire, il n'avait pas encore emménagé au 19 de la Berggasse et a fortiori le papier peint de son bureau ne pouvait pas y être décoloré au point de révéler l'ancienne présence sur les murs de diplômes ensuite retirés ; et la petite fille pour laquelle Holmes joua du violon ne pouvait pas être Anna, mais bien sa soeur aînée Mathilde, âgée alors de quatre ans.
Par contre, je suis conquis par l'hypothèse psychanalytique concernant la cocaïnomanie du détective, par la description de son sevrage, et surtout captivé par la thèse implicite que la dépendance au narcotique ait amplifié sa névrose obsessionnelle concernant le Pr. Moriarty, dont la trame romanesque laisse ouverte l'éventualité d'une profondeur caractérielle (dans la malfaisance) que ni Holmes (sous hypnose) ni même Freud ne saisissent entièrement :
« De toute évidence, le Pr Moriarty avait, dans cette affaire, joué un rôle plus important que celui que lui attribuait Holmes (ce qui expliquait que Mycroft Holmes eût prise sur lui), mais je savais que, dans l'ensemble, le Dr Freud avait raison. » (p. 241)...
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de farfouiller dans le bric-à-brac des autres et de prendre tout ce qui vous plaît, mais, à dire vrai, plus j’y pensais, moins j’en avais envie. Le grenier était bourré de meubles, de vieilleries, de lampadaires, de trucs poussiéreux, et même d’anciennes malles-cabines ( ! ), mais il y avait quelque chose de déplaisant à fureter dans le passé de ce pauvre Swingline - même avec son autorisation.
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L’émotivité était un élément de sa nature qu’il cherchait presque physiquement à supprimer. Il est certain que Holmes considérait ses émotions comme une source de désordre et même comme une faute. Il était persuadé que le jeu des sentiments pouvait entraver la précision qu’exigeait son travail, chose qui était pour lui absolument inadmissible. Il évitait toute manifestation de sensibilité, et les quelques moments, au cours de sa carrière, où les circonstances forcèrent les vannes de sa réserve furent extrêmement rares et toujours saisissants.
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Apocryphe ou non, le manuscrit avait besoin d’être revu et corrigé, et la préparation d’une édition ne varietur de Plutarque ne saurait être plus ardue que les problèmes posés par un texte de Watson fraîchement exhumé. J’ai correspondu d’abondance avec de nombreux Sherlockiens - trop nombreux, d’ailleurs, pour que je puisse les citer - qui m’ont tous apporté une aide inestimable, m’offrant inlassablement conseils, commentaires et aperçus. La seule vraie reconnaissance de la dette de ce livre envers eux, c’est le livre lui-même
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Les dix dernières années qui se sont écoulées depuis sa mort m'ont donné tout le temps de méditer sur la personnalité de Holmes, et j'en suis venu à prendre conscience d'une chose que j'ai toujours sue (sans savoir que je le savais), c'est à dire que Holmes était un être profondément passionné. L'émotivité était un élément de sa nature qu'il cherchait presque physiquement à supprimer. Il est certain que Holmes considérait ses émotions comme une distraction et même une responsabilité.
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Holmes était, comme je me suis toujours efforcé de le décrire, un individu extrêmement secret et, dans certains domaines, si renfermé qu’il en paraissait excentrique. Il se plaisait à se montrer impassible, austère et quelque peu indifférent ; une machine à penser sans contact direct ni communication avec ce qu’il jugeait être les réalités sordides de l’existence pragmatique. En vérité, sa réputation de froideur, c’était lui qui l’avait entièrement et délibérément créée.
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Vidéo de Nicholas Meyer
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