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Critique de sylviedoc


Voilà environ 18 mois de ça, mon amie Christine (avec qui je partage depuis 47 ans un amour immodéré de la lecture) me recommandait avec ferveur ce roman. Puis, constatant que je n'avais pas encore suivi son conseil, elle est revenue à la charge il y a quelques mois, avec un argument qu'elle savait des plus convaincant " Deon Meyer est un visionnaire, il raconte ce qui nous arrive en ce moment et comment tout ça pourrait se terminer si on ne trouve pas de parade très vite". C'était avant qu'arrivent les premières promesses de vaccin fiable...
Et puis nous nous sommes croisés à la médiathèque Deon et moi, et j'ai craqué, je l'ai emmené à la maison. Je l'ai déposé sur mon étagère avec une quarantaine de ses congénères, lui promettant de revenir vers lui très vite. Les semaines sont passées, des Masses Critiques sont arrivées, des emprunts à rendre rapidement, un changement de poste...il m'attendait, patient, sachant que son heure viendrait.
Et enfin, en ce début du mois de mai j'ai passé outre mes réticences plus ou moins avouées à l'idée de lire un pavé de 630 pages sur une pandémie si semblable à celle qui nous frappe depuis plus d'un an et je me suis jetée à bras-le-corps dans "L'année du lion".
Pardon pour cette longue introduction, mais ce livre m'a tellement soufflée que j'avais besoin de retracer notre histoire commune. Et je suis si contente d'avoir attendu le bon moment pour concrétiser, l'impact n'aurait pas du tout été le même si nous nous étions rencontrés trop tôt !
Je ne mâcherai pas mes mots : un coup de foudre ! une révélation ! Je l'emporte sur mon île déserte dès que j'aurai pu m'en offrir une !
D'ailleurs, si le futur évoqué dans cette dystopie (mais en est-ce encore une ?) devait se produire, l'île déserte pourrait se révéler une bonne option. Ce n'est pas celle qu'ont choisi Willem Storm et son fils, ils ont préféré s'installer à Vanderkloof, bientôt rebaptisée Amanzi ("Eau"), une ville choisie pour sa situation stratégique en Afrique du Sud. L'idée est d'y recréer une civilisation, ou du moins une communauté regroupant des personnes de bonne volonté prêtes à partager leurs compétences et leurs talents pour redémarrer à zéro. Parce j'ai oublié de vous dire, en passant, que l'humanité a été décimée par un coronavirus né dans ce pays, transmis "par hasard" à l'humain par une chauve-souris malade...ça vous évoque quelque chose, peut-être ?
C'est Nico, le fils de Willem, qui nous raconte l'histoire, où interviennent aussi les témoignages des premiers membres de la communauté. On rencontre au gré des pages toute une kyrielle de personnages plus attachants les uns que les autres : Béryl, l'ancienne golfeuse qui a recueilli 16 petits orphelins, Mélinda, retenue prisonnière par deux affreux, Hennie As le pilote sentinelle, Nero Dlamini le psy-dandy, Cairistine Canary (alias Birdie) l'ingénieure grâce à qui la lumière fut, puis arrivera Okkie qui deviendra un petit frère pour Nico, et Lizette Schoenman, le premier amour, suivis de Sofia Bergman...Sans oublier le fascinant Domingo, dont la personnalité charismatique va subjuguer le jeune garçon de 13 ans. D'autres m'ont été moins sympathiques, notamment le pasteur Nkosi qui va rapidement afficher des convictions opposées à celles de Willem, élu Président d'Amanzi. Bref ce microcosme de société va connaître bien des soubresauts, et les travers de l'humanité referont surface assez rapidement. Les "méchants" n'ont pas tous été anéantis par le virus non plus, et chercheront à s'approprier le fruit du travail de la communauté par des attaques violentes. Et la nature aussi veut reprendre ses droits, les animaux domestiques ne le sont pas restés très longtemps.
C'est ce que nous relatent Nico et les autres, par le biais de ce journal de bord. Nico a quarante-sept ans quand il en commence la rédaction. A ce moment-là son père est mort depuis bien longtemps, assassiné (c'est dit dès le prologue), et la quête de ses assassins est l'une des péripéties de l'histoire. Mais ce n'est pas cet aspect-là qui m'a accrochée, il n'a été qu'une anecdote pour moi. Ce qui m'a fascinée c'est cette volonté de reconstruire, cette faculté d'adaptation, les ressources que ces humains presque tous "ordinaires" puisent en eux pour redonner une chance à l'humanité. Et parallèlement, la noirceur que d'autres laissent exploser dès lors qu'il n'y a plus d'autorité ou de lois pour les brider, les bas instincts qui se déchaînent et la violence qui s'exacerbe.
Dans ce roman, il y a le meilleur comme le pire de l'humanité, mais ce n'est pas trop manichéen : chacun a ses zones d'ombre et ses faiblesses parmi les "bons" et certains "méchants" n'étaient pas forcément mauvais au départ.
Comme bien d'autres lecteurs, je n'ai pas trop compris une partie de la fin, du moins je l'aurais aimé différente. Mais l'auteur est maître de son oeuvre, et ce n'est qu'une toute petite réserve eu égard à l'immense plaisir de lecture que ce roman m'a procuré.
Merci Christine, tu m'as prouvé une fois de plus que tu me connais bien !
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