AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Afropea (13)

Les Français sont mal placés pour exiger que quiconque s'établissant dans leur pays en adopte les moeurs, la langue, et baptise ses enfants selon les usages locaux. Lorsqu'ils se trouvent dans leur ancien pré carré, les Français d'ascendance européenne unique ne parlent que leur langue, sont capables de passer plusieurs décennies sur un territoire sans en maitriser un seul idiome, envoient leurs enfants dans des écoles françaises, ne leur donnent jamais de noms locaux à moins d'être particulièrement excentriques. Et quelquefois, ils entrent sans visa dans ces pays, ce qui permet aux pédo-criminels et autres malfaiteurs de profiter sans états d'âme d'une indigence rampante. Les Français recevront chez eux ce qu'ils offrent aux autres. En matière d'assimilation, ils ne cessent de montrer l'exemple. Où qu'ils se trouvent dans le monde, même dans des pays frontaliers de la France européenne, leur premier réflexe est de s'établir en communauté, de s'assurer que le fromage ne manquera pas et que l'on pourra se passer d'apprendre une langue étrangère.
Commenter  J’apprécie          120
Afropea dit que l'heure de la maturité est venue, qu'il est temps de faire advenir la France. Il s'agit là d'un choix : légitimer tous les enfants de la nation, écrire la suite de l'histoire de la relation, ce nouveau chapitre qui relate l'effectivité de la décolonisation.
Commenter  J’apprécie          20
Les gémissements des identitaires français et de ceux qui jugent opportun de s'associer au coeur plaintif de conquérants déchus suscitent un certain effarement. On se demande ce qui devait résulter de l'aventure colonial, ce que doivent produire ses continuations à peine voilées, le futur que tout cela destinait à l'humanité. Comment pouvait-il échapper à l'entendement moyen que l'on ne posséderait pas tous ces mondes envahis et soumis, sans devenir aussi leur propriété ? Comme le dit l'adage, what you own owns you : vous appartenez à ce que vous possédez. S'élançant à l'assaut du monde, l'Europe conquérante se livra à lui. Les phénomènes migratoires que l'on voudrait contenir étaient prévisibles. Et inarrêtables.
Commenter  J’apprécie          20
Dans ce propos dont j’assume la subjectivité, la dimension intuitive et l’hybridité formelle, Afropea incarne, dans l’hémisphère Nord, les peuples du monde brutalisés par l’Europe conquérante dès la fin du XVe siècle, puis par ce qui s’est appelé l’Occident. Une autre façon de désigner le capitalisme et sa violence. C’est la vénalité inhérente à l’occidentalité qui engendra la notion de race telle que nous la connaissons aujourd’hui. C’est à sa domination que l’on doit la racialisation des corps et des imaginaires. L’Occident ne se limite plus aux groupes humains ayant leurs racines en Europe de l’Ouest, bien qu’ils soient à l’origine de ce système et en restent les premiers bénéficiaires. L’Occident, c’est aussi la manière dont l’esprit qui a donné le jour à ce phénomène, se déployant à travers la planète en raison de l’influence coloniale, s’est acclimaté pour transformer la vision que l’on avait du monde, de soi dans le monde. P26,27
Commenter  J’apprécie          10
Devant l’histoire des conquêtes coloniales et de l’esclavage, il n’y a plus de citoyens du monde, plus d’humanité universelle. Ne restent que la fabrique de la race , ses motivations et les gains que l’on fait fructifier en bon rentier de l’Occidentalité. C’est ce qui rend tellement intolérable l’évocation de cette histoire, une culpabilité se rapportant surtout à un héritage symbolique et matériel auquel il n’est pas question de renoncer pour fraterniser, c’est à dire commencer à rendre justice. D’ailleurs on estime l’avoir déjà fait, puisque l’esclavage a été aboli, acte par lequel la France se serait rédimée. Cependant, les abolitions de l’esclavage sont au premier chef l’aboutissement des luttes constantes des opprimés, ce que le discours français a encore trop tendance à éluder. De plus, l’argument révèle sa malhonnêteté lorsque l’on s’aperçoit que l’esclavage fut aboli en raison du projet que l’on avait de coloniser l’Afrique où l’on mettrait les populations au travail, y compris sous la contrainte. C’est en 1946 que la France abolira le travail forcé dans ses colonies d’Afrique de l’Ouest. Un siècle exactement après la deuxième abolition de l’esclavage, celle de 1848, censée avoir lavée la France de ses péchés. P42,43
Commenter  J’apprécie          10
Le vocabulaire lui-même est piégé, incarcéré dans une pensée raciste vieille de quelques siècles seulement, mais qui s'est à ce point enracinée qu'il semble impossible de la dépasser. On ne pourra continuer à vouloir dire l'humanité dans ce langage que l'on ne débarrassera pas des violences qu'il charrie. Il nous faudra des mots nouveaux pour exprimer ce que nous sommes à présent, ce que nous voulons être. Il nous faudra nous libérer. Nous tous, puisque l'Histoire ne sera pas récrite et que nous sommes là, encore emprisonnés dans ses régions les plus ténébreuses. Afropea vient ouvrir les portes de la geôle. Pour que prenne fin la réclusion, il faudra répudier les schémas induits par l'occidentalité.
Commenter  J’apprécie          10
Lorsqu’ils se trouvent dans leur ancien pré carré, les français d’ascendance européenne unique ne parlent que leur langue, sont capables de passer plusieurs décennies sur un territoire sans en maîtriser un seul idiome, envoient leurs enfants dans des écoles françaises, ne leur donnent jamais de noms locaux à moins d’être particulièrement excentriques. Et quelquefois, ils entrent sans visa dans ces pays, ce qui permet aux pédo-criminels et autres malfaiteurs de profiter sans états d’âme d’une indigence rampante. Les Français recevront chez eux ce qu’ils offrent aux autres. En matière d’assimilation, ils ne cessent de montrer l’exemple. Où qu’ils se trouvent dans le monde, même dans les pays frontaliers de la France européenne, leur premier réflexe est de s’établir en communauté, de s’assurer que le fromage ne manquera pas et que l’on pourra se passer d’apprendre une langue étrangère. P30,31
Commenter  J’apprécie          00
Qui songe à se passer des denrées coloniales que sont le café, le cacao, le thé ? Le premier repas du jour, y compris dans les demeures des nationalistes les plus résolus, consacre la longue incorporation de l’autre en soi. C’est à l’époque des conquêtes européennes et de l’esclavage que les produits coloniaux prennent place dans le quotidien des français et deviennent indispensables. Ils se naturalisent au point que l’on oublie les humains exploités au loin pour l’obtention de ces douceurs. En 1792, les Parisiens modestes prennent d’assaut les réserves de sucre des négociants, se livrant à un pillage en règle. Pas une pensée ne leur vient pour les insurgés de Saint-Domingue – qui deviendra Haïti – dont la révolution, qui débute en août 1791, cause la pénurie et la hausse des prix. Pourtant, le corps invisible des esclavagisés, leur souffrance et les ressources qu’ils mobilisent afin de contrer la violence qui leur est faite, sont ingérés par les consommateurs de sucre. Depuis, la chair des uns ne cesse de se mêler à celle des autres. Ce processus est bien plus profond que le croisement conçu par l’acception originelle du terme métissage. Les parisiens d’autrefois n’étaient pas pires que ceux d’aujourd’hui qui se massent à l’aurore devant les Apple Stores, sans une pensée pour les Congolais dont le labeur et souvent la mort irriguent les outils technologiques dernier cri. Même dysfonctionnelle, trop asymétrique, la relation entre les peuples est établie. Elle n ‘est pas la rencontre souhaitée, mais sa réalité ne se dément pas. Les plaintes, les éructations, n’y changeront rien. P60,61
Commenter  J’apprécie          00
Pour comprendre les raisons qui font d’Afropea une proposition de fait non occidentale, il faut redire ce qu’est l’occidentalité. Je désigne ainsi le caractère de l’Europe conquérante et de ses extensions américaines, telles que l’humanité dut les endurer à partir de la fin du XVe siècle. Il s’agit d’une manière d’être au monde qui fonde les rapports avec les autres sur la violence: l’invasion, l’appropriation des ressources, la réification voire la mise à mort, l’hégémonie épistémique. L’occidentalité est ce qui arrive à cette Europe-là lorsque, s’épandant sur la terre, elle fait le choix de sa propre déshumanisation. C’est le capitalisme sauvage, l’invention de la race et des hiérarchies raciales, la dissonance cognitive qui permet de ruser avec les principes chrétiens notamment et de justifier que l’on commette les pires atrocités. P107
Commenter  J’apprécie          00
Les commentateurs de l’actualité ne parlent pas de la France telle qu’elle est réellement, telle que ses conquêtes l’ont façonnée. Il leur est plus confortable d’omettre que ce pays n’est pas un hexagone mais bien un archipel, un territoire éclaté. Il leur est plus aisé d’effacer ces lieux où l’on massacra les indiens des Caraïbes, où l’on pratiqua l’esclavage colonial, où l’on recourut à l’engagisme, où l’on stérilisa des femmes – ce qui fut une pratique à caractère génocidaire, dans la mesure où elle porta atteinte à la survie de populations précises. Tels sont les traumatismes dont les mémoires minorées sont criblées. P126
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (88) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Stardust

    De quelle origine est Louise ?

    Camerounaise
    Mauritanienne
    Mozambicaine

    14 questions
    1 lecteurs ont répondu
    Thème : Stardust de Léonora MianoCréer un quiz sur ce livre

    {* *}