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Critique de YvesParis


Depuis six romans déjà Léonora Miano explore la même veine : celle de la difficulté à être Africain(e), en Afrique même (tel était l'objet de sa trilogie africaine entâmée par "L'intérieur de la nuit" qui lui valut un succès mérité dès 2005) et en France ("Des astres éteints" qui explore les errances de l'idéologie kémite est, de mon point de vue, son roman le plus riche).
Comme Fatou Diome, Léonora Miano est plongée dans le "chaudron afrodiasporique". Les deux romancières partagent une approche stimulante de la post-colonialisation qui renvoie dos à dos le paternalisme des anciens dominateurs et la victimisation des anciens dominés.
Hélas elles romancent leurs idées avec des semelles de plomb. La littérature post-coloniale indienne est autrement plus délicate : leurs romans sont plus proches de Virginie Despentes que de Jhumpa Lahiri ou de Monica Ali ! Leur style, trop travaillé, est haïssable : y alternent des expressions familières et des constructions alambiquées.
Le dernier roman de Léonora Miano n'échappe pas à ces critiques. L'héroine de "Ces âmes chagrines" se prénomme Modi. On comprend vite que son prénom (Modi est maudite) annonce bien des malheurs : son père la déshérite, son amoureux meurt tandis qu'elle est en couches, sa fille unique, violée à 14 ans, puis à 17, se désintéressse de ses enfants avant d'émigrer en France où elle aura un troisième fils, avant de sombrer dans la déchéance, etc.
Pour donner à son oeuvre une portée plus universelle, Léonora Miano se refuse, dans ce livre comme dans le précédent, à nommer les lieux (la France, l'Afrique, le Cameroun, Paris ...) et recourt à des pseudonymes qui prêtent à sourire : l'Afrique est le Continent, Paris l'Intra-muros, l'Angleterre devient l'Albion, la Suisse l'Helvétie ...
Malgré tous ses défauts - les plus pénibles étant sans doute son immodestie et son manque d'humour - l'oeuvre de Léonora Miano mérite néanmoins d'être lue car elle constitue un témoignage littéraire éclairant de la "condition noire en France" brillamment analysée par le sociologue Pap Ndiaye.
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