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3,68

sur 218 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Aborder un roman et un auteur africain était à priori pour moi un vrai challenge, En cause, mon manque d'intérêt pour le continent, ses croyances, ses peuplades, son Histoire.

A l'arrivée, quelle belle découverte que ce roman sous la forme d'un témoignage d'enfant, dénonçant la condition de la femme africaine et le chaos d'un pays imaginaire, réceptacle que toutes les difficultés politiques, ethniques et sociales du continent africain.

Ce livre est un voyage à travers des images d'Afrique saturée de chaleur, de soleil de plomb, la puanteur des villes, les êtres laminées par la pauvreté, la violence quotidienne et la corruption. le pays se dévoile dans ses odeurs, ses touffeurs, ses couleurs, grâce à une enfant des rues, au regard acéré sur les êtres et les choses.

Le récit est factuel, sans concessions mais jamais pesant ni misérabiliste.
Les personnages sont attachants, à l'image de cette petite fille d'une grande maturité et d'une belle humanité, une petite fille volontaire qui cherche à exister, à être un être libre, maître de son avenir, debout et fière, confiante dans son futur et dans celui de son pays.
Un beau personnage a l'indéfectible force de survie, et douée de la grâce du pardon, qui se veut miroir de son pays, cette Afrique qui doit retrouver sa confiance en elle pour pouvoir se relever.

Le propos est dur, noir, parfois glacial par sa simplicité, il y a là un vrai talent d'écriture, une musicalité des mots et une grande poésie.
C'est un livre sauvage, mais porteur d'espérance, de spiritualité, d'espoir et de tolérance.
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Dans un Mboasu (état imaginaire) ravagé par la guerre qui vient de s'achever, nous suivons le parcours de Musango, petite fille de neuf ans alors que son père vient de mourir. Musango, est rendu responsable par sa mère de tous les maux endurés par la famille et notamment de la mort de son père. La petite fille est victime d'une anomalie sanguine qui, pour sa mère, est le signe qu'elle est possédée par le mal. Dans un première temps sa mère la torture pour tenter d'extirper le démon de son corps, puis, sur les conseils de Sésé, la voyante locale, elle va la bannir, la jeter à la rue.


Musango qui vivait dans une famille aisée, va se retrouver du jour au lendemain à la rue et va découvrir un pays qu'elle ne connaît pas vraiment protégée qu'elle était par ce cocon familial privilégié. A travers le parcours de Musango, c'est l'Afrique que nous découvrons. Elle est d'abord recueilli dans un centre pour enfants nécessiteux puis enlevée et séquestrée dans une maison à la campagne où elle sert de domestique. Elle est en charge de nourrir des femmes qui partent "tenter leur chance" en Europe "faire l'Europe", souvent contraintes et forcées. Ce véritable réseau de prostitution est l'une des sources de revenu de la Porte Ouverte du Paradis l'une des sectes qui pullulent dans le pays, abusant de la crédulité des gens.


C'est une Afrique exsangue que nous découvrons, une Afrique qui telle la mère de Musango chasse ou laisse partir ses enfants, ses forces vives. Les jeunes des familles aisées partent faire les études en Europe et ne reviennent pas où s'ils reviennent ce n'est pas pour aider leur pays à s'en sortir. "La Guyane est à ma connaissance leur unique désir. Ils se fichent bien d'étudier pour devenir des roi borgnes au pays des aveugles, comme tous ces gens bardés de diplômes qui ne nous servent à rien, qui ne reviennent au pays que pour écraser les ignorants d'une médiocrité portant le label de l'Occident."

Nous découvrons un continent marqué par l'inaction et la résignation, un continent qui a été ravagé par la colonisation : D'autres sont venus, disais-je. S'ils ont jadis creusé des routes, c'était pour accéder à chaque millimètre de terrain dont il y avait quelque chose à tirer. S'ils ont soigné nos maux, c'était parce que nous devions être forts pour travailler. S'ils ont bâti des écoles c'était pour nous apprendre à ne plus nous aimer, et à oublier le nom de nos ancêtres. Ils ne voulaient pas seulement notre terre et notre sueur. Il leur fallait notre âme." Mais la colonisation si elle est largement coupable de cet état de fait n'est pas la seule coupable. Les dirigeants ne semblent pas avoir de vision d'avenir et de gérer les problèmes au jour le jour et l'élite découragée préfère quitter le continent pour une Europe plus prometteuse.


A travers les yeux de Musango, jeune fille très lucide, c'est une image sans concession de l'Afrique que nous voyons, une Afrique qui vit dans le passé : "L'inventaire finira bien par s'imposer d'un moment à l'autre, et nous admettrons que la patine du temps ne peut suffire à conférer de la valeur à tous nos usages." Une Afrique qui a perdu son identité et qui sans cette identité ne peut se construire d'avenir : "Ce que vous devez faire pour épouser les contours du jour qui vient, c'est vous souvenir de ce que vous êtes, le célébrer et l'inscrire dans la durée. Ce que vous êtes n'est pas seulement ce qui est passé mais ce que vous ferez. Si la paix, qui est aussi l'amour s'allie à la vérité, qui est une autre figure de la justice, ce que vous accomplirez sera grand."

Un très beau roman sans concession, écrit dans un style plein de souffle et de poésie.
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Un dialogue entre Musango, fillette au regard acéré chassée de sa maison et sa mère indigne et cruelle. Elle emploie le "tu" pour s'adresser à sa mère, elle prend le lecteur aussi à témoin.
On suit avec horreur et fascination les aventures de la petite Musango, chassée de chez elle et errant à travers un pays africain imaginaire mais ô combien réaliste.
C'est un texte magnifique, empreint de poésie qui livre un regard très dérangeant sur l'Afrique d'aujourd'hui, sur les dérives effrayantes de ce continent, marqué par l’inaction et la résignation, un continent qui a été ravagé par la colonisation.
Ce roman est bouleversant, et à la fois plein d'espoir.
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Long cri de douleuret de révolte, Musango, enfant martyr et expiatoire pour sa mère, se libère des entraves qui enchaînent son peuple et sa condition féminine dans un pays pas si imaginaire que cela dans une Afrique en proie à d'innombrables démons, subterfuges de la corruption, et à l'extrême misère après une guerre qui a laissé le peuple exsangue, où chacun se méfie de l'autre et où l'individualisme est de mise alors qu'il faudrait au contraire se serrer les coudes, où les enfants sont jetés dans les rues ou dans les caniveaux et où les jeunes filles, résignées, partent "faire l'Europe", en route vers la prostitution.
Petite fille courageuse et volontaire; Musango (qui signifie "paix" en langue douala) trace son chemin avec obstination et sagesse, tentant de se réconcilier, si ce n'est avec sa mère, tout au moins avec elle-même.
C'est une Afrique violente et sans concession que nous livre l'auteure, mais sous le regard d'une enfant qui a choisi de vivre et qui a choisi sa vie.
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Cela faisait longtemps que j'avais envie de découvrir cette auteur...et je suis contente de l'avoir enfin fait! Quel beau roman et quelle belle écriture!

J'ai d'abord eu du mal à me plonger dans cette écriture, si particulière, rythmée, longue litanie, monologue empli de souffrance puis d'espoir. On se croirait presque dans une chanson: les pensées de la petite Musango se succèdent. Phrase après phrase, virgule après virgules, on se retrouve dans un chant de désespoir tout d'abord, puis d'espoir, un grand espoir, une soif de liberté.

A travers son histoire qui se déroule dans un pays imaginaire dévasté par la guerre, la petite Musango dénonce les superstitions religieuses dont se servent les hommes pour asservir la femme et s'enrichir, la pauvreté, la condition de vie féminine, le contraste entre les traces laissées par la colonisation et les traditions ancestrales, la violence...

Musango est une enfant de neuf ans, chassée par sa mère car accusée de sorcellerie. Durant trois années, elle cherchera à rejoindre sa mère, à comprendre ce rejet. Afin de se libérer de sa mère, elle cherche à la retrouver et c'est cette quête, à laquelle elle s'accroche, qui lui permettra de survivre. Sa relation si complexe avec sa mère nous interroge sur les liens entre mère et fille, ces liens parfois si ambigus.

Petite fille excessivement mature, Musango évolue beaucoup au cours des trois années que durera son périple. Sa souffrance initiale laissera peu à peu place à l'espoir et à un certain apaisement. A l'image de son pays qui se meurt sous la violence, Musango se meurt sous les malheurs...puis renaît. A travers elle se dessine l'espoir. L'espoir qu'un jour, l'Afrique que tant de monde croit perdue, relèvera la tête et verra se dessiner les contours d'un nouveau jour. Musango incarne cette Afrique aux multiples paradoxes. Elle incarne aussi et , surtout, une incroyable résilience.

Un très grand livre dont bien des passages, très durs, m'ont fait frémir mais dont je retiens surtout cette envie de vivre, cette volonté, cet espoir présents chez Musango. L'écriture est particulièrement belle. J'ai hâte de découvrir d'autres livres de cette auteur.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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C'est un livre âpre et dur mais à l'écriture magnifique. C'est un cri où l'on trouve malgré tout de l'espoir.
Ce qui frappe en effet, outre le récit des terribles mésaventures de cette petite fille dans un pays d' Afrique en déliquescence, c'est le raffinement et la luminosité du style de Léonora Miano. Les phrases sont ciselées avec soin et offrent souvent des aphorismes brillants:
...Alors je lui demande:Mais êtes-vous heureuse ? Oui, je le suis, me dit-elle doucement, chaque fois que la mélancolie me quitte, je suis heureuse. le bonheur va et vient. On ne peut pas l'emprisonner. C'est un grand voyageur... »
Et un peu plus loin :
« ...Je crois à l'authentique plaisir de vivre l'alternance de la mélancolie et de la joie, et je crois que la misère est une circonstance, non pas une sentence. »
Alors oui, ce livre raconte l'ignorance, la sorcellerie, le proxénétisme, la misère sociale et la violence d'une société brisée mais le récit est aussi plein d'humanité, d'émotion et surtout d'espérance. CONTOURS DU JOUR QUI VIENT qui a reçu le prix Goncourt des lycéens est un roman superbe à tous points de vue. Un livre inoubliable.
Lien : http://lefantasio.fr
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Lorsque la petite Musango perd son père, sa mère l'accuse tout naturellement de sorcellerie et la chasse de chez elle. Malheureusement, au Mboasu, c'est une histoire banale : les rues sont remplies d'enfants abandonnés, contraints de voler pour survivre. Pour Musango, il n'y a plus qu'une seule chose qui la fait tenir droite : retrouver sa mère, se confronter une dernière fois à elle.

Il est parfois bon de faire des généralités avec des cas particuliers.
A travers l'histoire tortueuse de ce pays inventé, c'est de tout le continent africain dont parle Léonora Miano. de ses guerres, de ses traumatismes, de sa pauvreté, de son incapacité à prendre soin de son avenir et de ses enfants… En racontant le parcours d'une petite fille reniée par sa mère, elle évoque le destin de tout un peuple privé de repères, coupé de ses racines.
Musango vit dans un pays en pleine guerre civile. le contexte ne sera pas développé, nous ne saurons pas qui se bat contre qui ni pourquoi. Ce qui intéresse l'auteure, ce sont les conséquences psychologiques : on parle quand même d'un peuple qui use de prétextes superficiels pour se dévorer lui-même.

C'était donc une lecture bouleversante et grinçante. L'auteure n'hésite pas à aborder franchement des sujets délicats tels que la religion, l'argent, le syncrétisme et met en lumière l'hypocrisie qui gangrène cette société – une société qui a besoin que ses éléments les plus vulnérables servent de boucs émissaires.
La plume est cinglante, mais si belle. Sombre, mais tellement juste ; chaque page, chaque paragraphe appelle à noter des citations. le récit se construit autour de la thématique du pardon : se pardonner à soi pour parvenir à pardonner à autrui. En cela, il tisse une métaphore filée sur le thème de la nuit : Musango vit dans l'obscurité de la haine et, pour retrouver le jour, doit apprendre à s'aimer et à aimer sa mère (cf. p. 207).
Mais quel poids énorme pour une enfant battue de devoir apprendre à pardonner son bourreau pour accéder à la rédemption ! C'est faire le travail de deux adultes...
J'ai été bouleversée par cette héroïne à la fois forte et faible, haineuse et miséricordieuse, jeune et sage… Une enfant qui a dû grandir trop vite.

Mais le bémol de ce titre si juste, c'est son excès de redondances. La narratrice s'embourbe dans des réflexions sans fin, et on frôle le pathos à de nombreuses reprises. Contours du jour qui vient aurait peut-être gagné à être écourté et transformé en nouvelle.
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Dans un pays imaginaire de l'Afrique équatoriale respire et court Musango, une petite fille orpheline de père. Au décès de ce père qui la nourrit, vêtue, protégée, Musango, victime d'une maladie du sang et accusé de sorcellerie, est rejetée par sa mère. le désordre doit être effacé. C'est l'exclusion, la marginalisation. Elle est chassée de sa communauté et erre dans les rues de Sombé. Il y a des temples partout ; des églises, de faux pasteurs. Musango est vendue à une congrégation secrète qui achète des jeunes filles pour aller grossir les effectifs des réseaux de prostitutions en Europe. Pendant trois ans, Musango, qui n'a plus dit un mot depuis son bannissement, est domestique auprès de ces filles, dans une ferme, dans la brousse. Puis, c'est la fuite vers Sombé, à la recherche de cette mère ingrate qui ne lui a rien transmis. La fatigue et la faim sont son quotidien. Elle rêve qu'elle se trouve dans un terrier de dévoreuse d'âmes ; elle rêve de griots qui content la mémoire de l'Afrique. C'est ici qu'elle devient femme en ayant ses premières règles. Elle écoute une autre voix, une autre rationalité. A Sombé, Musango est recueillie par Mme Mulonga, directrice de l'école où la fillette s'est instruite, enfant. La fillette continue à chercher sa mère. Elle la retrouvera au cimetière où est enterré son père. La folie l'a engloutie. Et pourtant, son héritage lui sera transmis par sa grand-mère maternelle. Et l'amour en sus qui a pour nom Mbalè. Il a quinze ans ; elle en a douze. La Mort a été finalement foulée aux pieds.
Je ne suis pas arrivée à tout comprendre. le texte est dense même si chaque mot est utile et à sa place dans l'histoire. La notion du temps – plutôt la mesure du temps - est déséquilibrée. le blues, comme je jazz est investi par le silence. le blues vous place dans des drames effrayants. Chaque section du livre est désignée par un thème musical que je n'ai hélas pas ressenti. Musango est parole. La parole est signe. La parole est capable de guérir. Elle investit Musango d'une puissance qui lui ouvre l'horizon.
J'ai rencontré Léonora Miano lors d'un weekend d'écriture il y a quelques années. C'est une femme brillante et exigeante. J'en garde un très bon souvenir.
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Un superbe ouvrage d'un auteur africain qui nous conte sans user d'artifices la réalité quotidienne d'une femme qui recherche sa mere dans un pays ravagé par la guerre.
La realite crue de la situation et de ses horreurs nous est contee ici au travers les aventures de notre heroine.Une plongée passionnante dans un monde sans pitié, cruelle mais un temoignage nécessaire.
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Je ne suis pas étonnée pour ma part qu'il ait reçu le Goncourt des lycéens, qui choisissent toujours des oeuvres engagées aux thèmes forts.
Leonora Miano a su leur parler à travers un texte à la fois poétique et véhément, sombre mais plein d'espoir.
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