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Chère lectrice, Cher lecteur,

Pour le défi littéraire 2020, en octobre, il faut lire un bouquin d'une autrice ou d'un auteur ayant remporté le Grand prix littéraire d'Afrique noire. Léonora Miano s'est vu décerner le prestigieux prix pour l'ensemble de son oeuvre en 2011. J'ai choisi de plonger dans Crépuscule du tourment.

Que raconte ce livre?

Crépuscule du tourment est un roman choral présentant 4 voix de femmes : Madame, Amandla, Ixora et Tiki. Ces dernières s'adressent à un homme absent, Dio. Ainsi, Madame parle à son fils qui lui en veut de ne pas avoir quitté son époux qui la battait. Elle lui dit que dans cette société, elle a tenté de survivre. Car être femme, c'est mettre à mort son coeur, le museler, n'obéir qu'à la raison. La raison, c'est devenir une épouse et une mère. C'est ployer sous les coups, c'est observer les serpents tapis dans les coins ombragés du jardin. Ensuite, Amandla raconte à Dio ce qu'elle devient. Elle aborde son incompréhension par rapport à leur histoire d'amour. Puis, Ixora, la femme de son ami décédé prend aussi la parole. Elle lui fait part de ses sentiments car elle ne l'aime pas même s'il veut l'épouser. Elle ne veut pas de lui comme époux même s'il a adopté son fils. Finalement, il y a sa soeur qui lui relate leur enfance. Ces femmes vivant en Afrique subsaharienne ont connu la violence des hommes. Elles connaissent les coups, elles ont appris à se taire car c'est la loi du père qui domine. Mais, à ce fils, à cet homme, à ce frère, elles vont aborder leur sexualité. La plupart aime surtout les femmes. Elles sont en quête de leur identité féminine dans un monde l'écrasant. Elles ne sont vivantes que parce qu'elles sont, pour la plupart, des mères.

Mais aussi, il est question des traumatismes engendrés par le colonialisme. Ce livre aborde une recherche d'identité. Une recherche d'identité par rapport à sa culture, à son territoire, à l'autre, à soi. Cette quête se vit en amont pour comprendre ce que transportent les gènes, cette «ancestralité ténébreuse». En ce sens, des thèmes comme la violence faite aux femmes, le colonialisme, les tabous sexuels, les enfants des esclaves sont abordés par les narratrices tout au fil des pages.

Ce que j'en pense

Je n'avais jamais lu de livre de cette écrivaine camerounaise. Je suis bien contente de mon choix. Ce livre nous amène à nous questionner par rapport à l'autre. Car, aujourd'hui, dans notre belle Amérique, le racisme est loin d'être éliminé. Des êtres meurent en raison de la couleur de leur peau sous les balles des policiers. Encore et encore. Ainsi, j'ai bien aimé la réflexion d'Amandla, celle dont Dio était amoureux. Elle parle de son rôle en tant qu'enseignante:

Je dis tout cela à mes petites marmailles. Je ne leur cache rien. Les travaux forcés. Les déplacements de populations. le code de l'indigénat. La ségrégation raciale. le génocide des Hereros. le nazisme déjà en gestation qui les a parqués dans des camps de concentration. Oui. Je leur parle de tout cela. Une colère toute légitime monte en eux. Je les calme en expliquant que nous n'avons pas le temps de haïr. Nous ne pouvons nous permettre de gâcher ainsi les forces qui doivent nous servir à rebâtir. Je sais de quoi je parle. J'ai connu l'irrépressible fureur qui s'empare de ceux qui plongent dans les abysses de notre mémoire sémite. Cette douleur si terrible qu'elle se mue en désir de revanche. Coûte que coûte et sur-le-champ. La vengeance. le cri : Pas de justice pas de paix. (p. 110)
Quel sens donné à la valeur de l'existence?

J'ai été extrêmement touchée par ces femmes qui ont même osé aimer d'autres femmes.

Mais encore, l'écriture de Léonora Miano est très poétique. Elle cherche à dresser le portrait d'hommes et de femmes à travers l'Histoire. Ses mots sont justes, forts, puissants. Elle présente un combat : celui des femmes, celui des siens, celui de soi… elle dénonce pour expliquer sans jamais juger. Une grande écrivaine possédant un talent immense.

Je ne peux que vous encourager à lire du Léonora Miano. Par le biais de ses écrits, elle nous livre la mémoire des siens. https://madamelit.ca/2020/10/22/madame-lit-crepuscule-du-tourment-de-leonora-miano/
Lien : https://madamelit.ca/2020/10..
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Ah lalalalala ... je vais encore passer pour une neuneu mais : j'ai été complètement étouffée par le style de l'autrice ...
Trop de mots , trop de phrases, trop d'effets ... A mon goût (et ... chacun ses goûts... ) : le propos se noie dans le style ... Un peu comme quand certaines personnes racontent des trucs intéressants mais en les noyant de fioritures, de digressions, etc : au bout d'un moment on décroche et on a plus envie d'écouter (dommage... ).

Pour le dire très simplement/trivialement (et donc : pas à la manière de Léonora Miano, ah! ) : sans doute un grand roman avec un style incroyable mais pas du tout mon délire.

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j'ai apprécié la construction du récit en 4 parties qui donnent successivement la parole aux personnages: mère, amantes et soeur du destinataire de ces monologues à la 1ère personne. la complexité des relations entre femmes (rivalité, admiration rejet...) , la diversité de leur rapport à l'homme dont elle parle, et que finalement, le lecteur ne découvre que grâce à ces regards croisés. Il est celui dont on parle, et non celui qui parle (rare pour un personnage masculin). la réflexion sur les rapports Nord/Sud, la colonisation: le legs de la soumission de l'aliénation, et révolte potentielle. Une écriture très personnelle comportant de nombreux passages remarquables comme ce propos: "jouer à redevenir ce que l'on sait n'avoir jamais été, voilà une absurdité à laquelle je ne me résous pas". La nostalgie n'est donc pas remède au tourment
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Malgré la poésie du texte, l'univers africain, l'intérêt du propos, ... je n'ai pas du tout apprécié. La complexité de lecture des 2 premières parties m'a déjà bien refroidi et les deux suivantes n'ont pas réussi à me faire raccrocher.
Je comprends le parti pris de donner à chacun des 4 personnages un style mais lorsque ça devient imbuvable, pour moi ça perd de son intérêt.
J'ai dû lutter pour comprendre qui est qui tout au long de ma lecture et pour tenter de suivre le récit.
Ce que j'ai le plus apprécié au final dans ce livre c'est la photo de couverture...
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C'est un choeur de femmes, composé de quatre voix qui interpellent un homme, un absent : celles de sa mère, de sa future épouse, de son ex amante, et de sa soeur, enfin. Mais à travers les confidences, les explications, les réminiscences qu'elles expriment à son attention, ce sont surtout elles-mêmes qu'elles dévoilent, leurs faiblesses, les craintes qui les oppressent ou les paralysent, les désirs qui les portent et les fortifient, et surtout leurs espoirs...

Ces femmes ont grandi dans un monde de violence, héritières d'une histoire qui a annihilé la vision du monde portée par leur peuple. Elles ont subi les conséquences d'antagonismes dont elles ont presque toujours été les perdantes...
Antagonisme Nord-Sud, les triomphants nordistes, ces "leucodermes" comme l'une elles les désignent, ayant à coups de mépris, de fouets, de rééducation forcée, imposé leur culture, leur religion, leurs moeurs. Les femmes ont dû faire taire leurs voix, et dissimulé leurs corps, au nom de la rigide et puritaine morale judéo-chrétienne importée par l'occupant.
Antagonismes générationnels, nourris d'incompréhension et d'incommunication, les jeunes reniant les traditions, forts d'un mépris envers ces aînés qui se sont laissés exploiter, piller...
Antagonismes de castes, les ascendances déterminant une existence, vouant la "mal-née" à un perpétuel rejet...

Ayant grandi dans une société patriarcale, où la religion servait de prétexte à les asservir, les reléguant au rôle de mère et, éventuellement, d'épouse (à condition d'être soumise), elles ont, pour certaines d'entre elles, parfois peiné à définir leur identité, à assumer leur désirs profonds, à s'imposer comme des êtres à part entière, responsables de leur destin et de leurs choix.

Pour autant, elles ne sont ni dans la rancoeur, ni la victimisation. Elles sont en quête de chemins pour se réaliser en toute sincérité avec elles-mêmes, et cette quête passe par des retrouvailles avec leurs origines, et cette africanité perdue, avec ses croyances, son idiome, ses traditions séculaires, les liens qu'elles tissaient entre les êtres, hommes et femmes. Renouer avec le sacré, hors des diktats religieux d'hier ou d'aujourd'hui, pour pouvoir bâtir leur propre modernité, imaginer un avenir réconciliant l'essence du peuple africain et les aspirations de ses représentants de la jeune génération.

L'accomplissement de leur féminité, indissociable de leur épanouissement en tant qu'individu, est aussi intimement lié à l'acceptation de leur sexualité, quelle que soit la forme que prennent leurs désirs.

Les événements de la nuit d'orage qui provoque leur monologue intérieur, en déliant leurs pensées, leur remettent en mémoire les bases d'une solidarité sororale, indispensable à leur survie dans une société inique, indispensable enfin, à la réparation de leurs souffrances.

Les avis sur ce roman découverts à l'issue de ma lecture évoquent régulièrement sa langue difficile à aborder, et une complexité parfois décourageante. Je me suis alors souvenue qu'en effet, l'entrée dans "Crépuscule du tourment" peut sembler abrupte, voire absconse... mais l'écriture de Léonora Miano, érudite, sensible, éloquente, s'apprivoise peu à peu, et finit par vous envoûter au point de vous faire complètement oublier ces débuts laborieux.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Madame est déjà d'une époque qui s'en va. Cette mère, mère de Dio, nous parle de son couple, son foyer nourrit de violences conjugales, ses secrets, et évoque ce qui l'insupporte : Ixora, cette jeune femme ramenée d'Europe, déjà mère, qui va se marier avec Dio. Amandla est la doyenne, ancienne maîtresse des héritages kémites, elle fût amante de Dio mais sa sauvagerie effraye encore, sa liberté, son affranchissement. Hors du continent africain, Tiki, la soeur de Dio, porte sur son frère un regard intransigeant.


Ce roman est un bijou, un diamant, dur, brillant et tranchant. Un roman choral avec ses récits successifs de quatre femmes qui évoquent une vie familiale commune, qui évoque un homme mais surtout qui parlent d'elles-mêmes, de leur chair, de leur condition, de leur difficile combat pour la liberté dans une Afrique gangrénée par le patriarcat. Des voix singulières qui cachent, derrière leur calme, des souffrances refoulées et des secrets impensables. Où la filiation porte une grande importance, en plein ou en creux.

Avec sa plume d'une grande rage, Léonora Miano sculpte toutes ses phrases, cisèle chaque mot, martèle certaines sentences. Et puis elle étonne, elle balaye les conventions, elle renverse le culturellement correct d'Afrique, et par ces femmes stupéfiantes, pleines de haine et d'amour, de solitude aussi, d'incompréhension. Et l'homosexualité féminine se révèle comme la subversion ultime et l'affranchissement de toutes les normes machistes et traditionnelles.

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Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Une de mes meilleures lectures françaises contemporaines.
Un choeur de femmes noires puissant. le roman est composé de quatre parties, chacune narrée par une femme de la vie de Dio (sa mère, son ex fiancée, son ex, et sa soeur). Elles lui adressent chacune une sorte de lettre ouverte, sur leurs sentiments, sur leurs vies qu'il ignore.
C'est puissant et touchant. C'est féministe. La libération de la parole des femmes dans ce roman est grandiose. Les personnages parlent de sujets comme l'amour, le sexe, la misogynie, le rapport a l'autre. Beaucoup de choses sont racontés par des flashbacks, un épisode en particulier est vécu par les quatre personnages. C'est très intéressant.
La plume de Leonora Miano est formidable. Chaque personnage a sa propre voix et son propre style. Mais elles ont toutes une prosodie très agréable à la lecture. Un vrai plaisir de lire un roman si bien écrit, avec pourtant des styles d'écritures bien distincts entre les parties.
C'est également un roman très politiquement orienté. L'intrigue se passe dans le Continent, jamais nommé mais que nous comprenons être l'Afrique. Il nous immerge dans la culture africaine, à travers sa ville et ses croyances. Mais également dans le Nord, où les personnages ont été faire leurs études. Les contrastes socio-politique entre ces deux endroits se fait ressentir dans tout le roman, la tension est là, palpable.
J'ai adoré découvrir une nouvelle facette de la littérature francophone contemporaine en découvrant cette littérature noire et féministe puissante. J'ai hâte de découvrir ces autres romans.
4 étoiles.

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Quelque part en Afrique subsaharienne, il y a Dio et quatre femmes qui s'adressent à lui : sa mère, la femme qu'il a trop aimée, celle qui partage son

existence et sa soeur. Et lui n'entend pas. Qu'importe ! Chacun se raconte pour tenter de comprendre. Les blessures, les inégalités, les défaillances. Les éblouissements, les inégalités, les émois. Une lignée compliquée, une ascendance difficile.
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Décidément je ne suis pas sensible à la littérature africaine. J'ai beau faire, je suis allergique à ce style littéraire. J'ai dû me forcer pour finir ce livre. Mais l'amie qui me l'a prêté l'avait adoré. Comme quoi...
Lien : https://joy369.unblog.fr/
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(MAB) Thèmes : Afrique Subsaharienne, Femme, Violence conjugale, famille, Traditions, colonialisme.
Un texte très exigent dans la lecture. Voix de 4 femmes pour un homme. Un roman magnifique. Pourrait être découvert par les lycéens. A confirmer..
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