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3,8

sur 233 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Que s'est-il passé la nuit du grand incendie du village de la communauté Mulongo ?
Ou sont passé les douze hommes, dix jeunes et deux plus âgés qui ont disparus ?
Leurs mères pour dissimuler leur chagrin et éviter que leurs larmes ne contaminent le reste du village sont regroupées à l'écart du clan dans une maison commune.
Sont-elles responsables de ces disparitions ?
Il est rapidement établi que les Bwelee, leurs voisins sont à l'origine de ces évènements.
Léonora Miano nous fait découvrir des aspects méconnus de la traite négrière en nous montrant comment certains membres des communautés subsahariennes ont tiré parti du commerce d'êtres humains, même s'il s'agissait de leurs semblables.
Un texte troublant et envoûtant.
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Pour apprécier pleinement "La saison de l'ombre", le lecteur va devoir accepter de se laisser envoûter par la magie africaine et guider par les esprits. Avec ce titre, je découvre Leonora Miano, auteure d'origine camerounaise, et cette lecture a comblé pleinement mon "envie d'Afrique" du moment.

"La saison de l'ombre" s'est abattue sur le peuple Mulongo. En même temps qu'un incendie inexpliqué détruisait une partie de leurs habitations, douze hommes parmi les leurs disparaissaient mystérieusement. Par peur que le mauvais oeil ne s'étende à la communauté, les mères des dix jeunes garçons disparus (les deux autres étant des anciens du clan) sont isolées ensemble dans un bâtiment, placées en quarantaine. N'ayant pas de corps à pleurer, le deuil leur est interdit. Devant les incertitudes du Conseil des Sages quant à la conduite à tenir, l'une d'elles, Eyabe, va braver l'interdiction de sortir et partir seule à la recherche du corps de son fils qu'elle pense décédé, afin de lui rendre les derniers hommages et qu'il puisse enfin rejoindre de monde des esprits. De son côté, Mukano, le chef du clan, accompagnés de ses gardes, décide d'aller quérir des informations auprès de la tribu voisine des Bwele qu'il considère comme amie.

Leonora Miano nous offre un magnifique texte empreint des mystères et des croyances africaines pour nous donner une nouvelle vision de la traite négrière : celle des familles qui ont vu disparaitre un des leurs et qui vont découvrir ces étrangers venus du Nord prélever sur place des marchandises humaines, avec la complicité de certaines tribus locales. L'auteure nous décrit dans une langue puissante le quotidien, les coutumes et les croyances de cette communauté primitive d'Afrique Centrale, qui va assister à la disparition de son monde préservé. Mais c'est surtout un bel hommage aux femmes qu'elle rend puisque ce sont elles qui face à la fatalité, vont prendre leur destin en mains.
C'est une lecture qui se mérite car il faut passer outre les difficultés du texte : mots en langue locale (glossaire à la fin), similitude des prénoms des protagonistes, termes très imagés... mais les embûches du chemin n'empêche pas que le voyage soit beau. Un Prix Femina 2013 bien mérité et une belle leçon d'espoir finale malgré tout. 15/20
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Dans cette passionnante fiction, Léonora Miano explore la mémoire orale de la traite transatlantique en donnant vie à une communauté subsaharienne confrontée à l'indicible horreur de l'esclavage. Cette paisible communauté se voit du jour au lendemain plongée dans le désarroi et le chaos à la suite de l'incendie de leur village et de la disparition de 12 vaillants jeunes hommes, tout juste initiés. Il faudra tout le courage d'une femme, portée par l'amour de son fils et aidée par les esprits bienveillants de son peuple, pour se lancer à la recherche des disparus et découvrir la vérité. L'auteur réussit à rendre palpable la douleur de l'arrachement vécu par des milliers d'africains dans leur chair et dans leur esprit.
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Le clan Mulungo qui vit dans les terres de l'Afrique sub-saharienne voit son village détruire par un incendie alors que douze hommes ont disparu : dix jeunes adultes et deux anciens. "Les femmes dont les fils n'ont pas été retrouvés " sont mises à l'écart du reste du clan dans une case commune. le clan pense que ce malheur est de leur faute. Les esprits sont invoqués mais sans réponse.

Les Mulongo sont un peuple qui ne connaissent pas l'extérieur du monde. Ils échangent quelquefois avec leurs voisins les Bwele. le chef Mukano décide d'aller les voir, peut-être auront-ils des informations. de son côté, Ebaye part aussi à la recherche de ceux qui ont disparu sans avertir les hommes du village. Forte de son courage et de sa détermination, elle découvrira que des "hommes aux pieds de poule" des étrangers venus de loin par bateau font le commerce des hommes en traitant avec les Bwele.

Ce roman demande de l'attention, une certaine exigence les premières pages pour se familiariser avec les noms aux sonorités si proches. Ensuite, il suffit d'écouter la plume foisonnante et envoûtante de Léonora Miano. Elle nous immerge dans une Afrique où les croyances, la mysticité régissent le mode de vie du clan Mulongo. Leur naïveté en fera des victimes.
Un roman prenant, fort et enrichissant !

Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Habituellement, quand on évoque la traite négrière, on se place du côté de ceux qui ont été arrachés à leur terre.
Dans cet ouvrage, Leonora Miano se situe sur le sol africain.
Elle imagine à travers la vie d'un village, comment sa population a vécu la disparition de ses hommes avec sa culture, ses croyances.
Bien sûr, la plupart des Africains ne pouvait pas imaginer les bateaux négriers, eux dont l'univers ne dépassait pas leur village,ou, pour les hommes qui faisaient du commerce, le village voisin.
Dans cette vie de communauté, chacun avait son rôle. Les enlèvements mettaient donc gravement en cause son équilibre. Et ces razzias négrières bouleversaient aussi les rapports entre les différents villages.

Leonora Miano ne tait rien des comportements de collaboration et de trahison au sein de la population africaine, mais décrit aussi des actes de courage et de résistance, particulièrement de femmes, bravant les interdits pour essayer de comprendre.
En refermant ce livre, on envisage cette sombre période de l'histoire sous en autre angle et on mesure un peu plus les bouleversements et les mutations que la traite négrière a engendrés en Afrique.

Un livre que je n'oublierai pas de sitôt, même si dans un premier temps, je me suis sentie un peu perdue par la multitude des personnages au nom aux consonances très proches: Ebeise, Eleke, Eyabe,Ebusi, Ekesi ou Mukano, Mutango, Musima. Mais là n'est pas l'essentiel et l'intérêt du propos mérite largement de dépasser cette difficulté mineure.

Lien : http://leslivresdechris.blog..
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La plupart des livres sur l'esclavage, la traite des noirs... (du moins ceux que je connais) commencent soit à l'arrivée aux USA, soit lors du trajet dans les cales des bateaux des négriers. Ici ce n'est pas le cas. Nous restons en Afrique où la disparition inexpliquée de membres de leur famille, de leurs amis, de leur tribu pose des questions. L'auteur excelle à rendre l'atmosphère de ces tribus africaines, de leurs coutumes, de leur culture, l'influence des songes, des morts... Très beau et intéressant roman.
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Malgré le sujet et le fait que ce roman a obtenu en 2013, le Prix Fémina, je ne suis pas arrivée à me passionner autant pour cette lecture comme je l'avais fait pour ses deux précédents romans.

Voici l'histoire.
Dans un village du Cameroun, où vit le clan des Mulongo, au début de la traite des noirs, un terrible incendie trouble la tranquillité des lieux en pleine nuit. Au petit matin, les habitants découvrent que les fils ainés à peine initiés de dix familles, ont disparu, ainsi que deux hommes importants du village.
Afin d'éloigner le mauvais oeil, les mères des fils qui ont disparu sont rassemblées dans une maison à l'écart de leur famille. On les surnomme désormais "celles dont les fils n'ont pas été retrouvés".
Mais les femmes se rebiffent car, comment peuvent-elles faire le deuil de leurs enfants puisqu'elles ne peuvent pas appliquer les rites habituels réservés aux défunts.
Elles veulent donc savoir si leurs garçons sont morts ou vivants.
Après avoir réuni le Conseil, un petit groupe de villageois, accompagnés de trois des mères parmi les plus courageuses, et du chef de clan, décident de quitter le village et de s'éloigner des ancêtres et de leurs croyances pour tenter de savoir ce qui est arrivé aux hommes de leur communauté.
Ils vont découvrir que les responsables sont les Bwele, leurs voisins, avec qui ils entretenaient jusqu'à présent des relations cordiales. Ils ont vendu les jeunes de la tribu aux étrangers venus par la mer, pour contenter leur reine, avide de pouvoir et d'argent.

Le fait que l'auteur ait voulu raconter cette histoire d'enlèvement de l'intérieur, du point de vue des opprimés, donc du peuple africain, est très intéressante.
Je suis toujours enchantée de découvrir les romans primés par le Femina.
Mais je l'avoue j'ai eu du mal à finir ce roman, ce qui est rare chez moi, surtout avec un auteur aimé. Heureusement la curiosité, l'envie de savoir le fin mot de l'histoire l'emporte toujours, même si ici ce n'était pas forcément le plus important, vu que nous savons déjà à qui ont été vendus ces jeunes hommes du village...et ce qu'ils sont devenus ensuite.
J'ai aimé me passionner pour la culture de ce peuple, admirer ces femmes fortes, les rites, les croyances, mais j'ai souvent abandonné ma lecture pour la reprendre plus tard. Ce n'est pas un livre que l'on peut lire d'une seule traite ou alors ce n'était pas le bon moment pour moi pour le faire. C'est un texte très littéraire qui a plusieurs niveaux de lecture et qui demande une certaine concentration.
De plus, il y a beaucoup de répétition, des mots dont la signification est à rechercher dans le lexique à la fin du livre.
La lecture est rendue encore plus ardue à cause des noms donnés aux personnages qui sont très proches. Je vous donne un exemple : les hommes s'appellent, Musima, Mukano, Mutango, Mutimbo, Mukimbo, Mundene, et les femmes Ebeise, Ebusi, Eyabe, Ekesi, Eleke...
D'un autre côté, le fait que les noms se ressemblent tant, donne à l'histoire un caractère universel...qu'importe leurs noms finalement. Ils ne sont que les instruments d'une grande machination...exploiter l'humanité a toujours existé et on ne peut pas dire que de nos jours ce soit tellement différent, tout le monde sait que l'esclavage moderne existe encore même s'il revêt un autre visage à cause de la mondialisation.
A noter Léonora Miano est une écrivaine très engagée qui mérite d'être lue et connue. Elle se bat pour parler de la condition des femmes africaines, ou pas, et pour la francophonie. Elle a obtenu de nombreux prix et depuis janvier 2014, elle a été nommée au grade de Chevalière de l'ordre des Arts et des Lettres.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Dix jeunes d'une tribu africaine sub-saharienne, les Mulongo, et deux adultes disparaissent à la suite d'un grand incendie. Où sont ils? Tout le clan s'interroge, leurs mères ou épouses en pleurs sont écartées et ne participent plus à la vie du clan, "leur douleur sera contenue en un lieu clairement circonscrit et ne se répandra pas dans tout le village". Elles doivent être purifiées afin de ne pas porter malheur au groupe : en effet, "après ce drame on n'a pas fait les sacrifices que les circonstances méritaient". Les superstitions régissent la vie du clan.

Les femmes crient leur douleur, tout le clan essaye de comprendre et de se protéger de ce malheur. Les uns partent visiter leurs voisins les Bwele, une mère quant à elle va à la rencontre des peuples de l'eau. Tous comprennent que les Bwele avec lesquels ils vivaient en bonne intelligence ont capturé leurs enfants pour les échanger contre des tissus, des bijoux, des armes. Plusieurs tribus s'associent en effet pour capturer et vendre les jeunes aux 'hommes aux pieds de poule ', ces étrangers venus du Nord.

Un roman sur un aspect de l'esclavage non traité par la littérature. Plusieurs grands romans de Beloved à Racines ont décrit dans le détail la souffrance des esclaves. Celui-ci nous fait vivre la vie de ceux qu'on oublie : ceux qui sont restés dans l'incertitude de l'attente, dans l'angoisse de la disparition, l'angoisse des mères, les superstitions et croyances dues à la culture africaine, les luttes d'influence au sein du clan, les guerres tribales et la recherche de la suprématie par les armes, les interrogations face à ces grands bateaux. Un roman qui, aussi, montre du doigt la part de responsabilité de l'Afrique dans l'esclavage, la part de responsabilité de certaines tribus, ayant tout à gagner en vendant aux trafiquants les hommes, les femmes et enfants des clans voisins

Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Voici une lecture qui change assurément de mes lectures habituelles. Je lis rarement de la littérature africaine, par méconnaissance je pense.
Léonora Miano signe ici un roman magnifique abordant un sujet particulièrement tabou la traite des esclaves et particulièrement le rôle joué par certaines tribus. Ici, Léonora Miano s'attache à ceux qui reste après la disparition soudaine et inexpliquée de douze hommes du clan des Mulongo. Les membres du clan cherchent à comprendre ce qui est arrivé à ces hommes, les mères sont mises à l'écart du groupe. L'auteur met en scène plusieurs personnages Eseibe, Eyabe, Mukano, Mutango,… qui au cours d'une enquête parfois mystique vont comprendre ce qui est arrivé.
Les européens ne jouent aucun rôle actif dans l'histoire, ils font du troc avec les populations côtières : des tissus et des armes contre des êtres humains. A plusieurs reprises les partenaires commerciaux disent des « hommes au pied de poule » puisque c'est ainsi que sont nommés les européens qu'il faudrait les peindre pour leur donner « figure humaine ». Cette petite phrase m'a amusée, illustrant parfaitement le paradoxe de la perception de l'autre. Pour les européens, c'étaient les africains qui n'avaient pas « figure humaine » ! L'auteur évite soigneusement tout anachronisme ou toute référence à des éléments inconnus des africains. J'ai beaucoup aimé cette immersion.
Les douze hommes disparus du village Mulongo incarnent ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont été vendus comme esclaves. Léonora Miano leur redonne une identité, elle les replace dans un clan, une famille. Elle expose la blessure, la peur, l'incompréhension de ceux qui ont ainsi perdu un proche. Elle met au jour le comportement de certains clans ayant capturé et vendu d'autres clans.
Le style de Léonora Miano est très particulier. Il m'a fallu m'accrocher un peu au départ pour m'habituer à cette écriture inhabituelle. Mais ensuite, j'ai été totalement subjuguée par ses mots magnifiques.
Une très belle et touchante lecture.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Léonora Miano s'est donnée un mandat juste, celui de raconter la traite négrière vue de l'intérieur par ceux qui en ont souffert, les habitants des communautés d'Afrique sub-saharienne. Un roman historique bien documenté et bien construit autour d'hommes et de femmes ayant toujours vécu en harmonie avec leurs voisins, commerçant et échangeant sans acrimonie. Soudain, un incendie se déclare dans le village et treize hommes dans la force de l'âge disparaissent sans laisser de traces. Commence alors une quête éperdue de la vérité, sans repères connus pour analyser un tel événement inattendu et inexpliqué. J'ai réellement compris et senti le désarroi de ces villageois face à l'inconnu du monde extérieur et face à la perte ressentie d'un univers dont ils connaissaient les contours et la finitude et qui se désagrège littéralement sous leurs yeux. Un prix Femina bien mérité.
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