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sur 232 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà un hymne aux ancêtres remarquable ! Un roman de mémoire et d'histoire magnifique !

Que s'est il passé dans ce village africain, replié sur lui-même à l'intérieur des terres, le jour du grand incendie ? Pourquoi douze hommes (dix jeunes hommes fraîchement initiés et deux adultes) ont-ils disparu ? Sont-ils morts ou encore vivants ? Pourquoi est-il si difficile d'entrer en communication spirituelle avec eux ? Qui est responsable de cette étrange disparition ?

Pour affronter toutes ces questions, trois femmes dont les fils n'ont pas été retrouvés ainsi que le chef du clan Mulungo vont se mettre en quête de la vérité, chacun à sa manière.

Dès les premières pages du roman, j'ai été envoûtée par l'écriture de Léonora Miano. On y rencontre des personnages charismatiques, surtout féminins. On suit leur quête, pas à pas, et on comprend en même temps qu'eux ce qui a pu arriver aux hommes disparus. On réagit aussi, en même temps qu'eux, à ce cataclysme qui va s'abattre sur eux, à savoir la découverte de la traite négrière. Eux qui vivaient pacifiquement, repliés sur eux mêmes, eux qui ne connaissaient pratiquement rien du monde extérieur, sinon leurs proches voisins les Bwele, vont être confrontés à la trahison des peuples frères, à la disparition de leurs coutumes, à l'effondrement et l'anéantissement de leur communauté.
Est-il possible de se reconstruire quand on a tout perdu ? Comment transmettre la mémoire du clan quand celui-ci a éclaté ? Comment faire le deuil des disparus quand les rites funéraires ne sont plus applicables ?
Autant de sujets abordés par Léonora Miano dans ce magnifique roman où le mysticisme tient une place importante. On peut également se demander si l'auteure ne dénonce pas l'excès de mysticisme de la communauté, puisque Mutango (le guide spirituel), incapable d'interpréter les événements, bannit les femmes dont on n'a pas retrouvé les fils, boucs émissaires tout trouvés.


De Léonora Miano, je ne connaissais qu'un texte entendu sur France Culture, "Le fond des choses". Des paroles rythmées, frappées, criées, puissantes qui dénonçaient la colonisation, l'esclavage, l'immigration. Une auteure qui n'a pas peur de parler ! Une auteure à laquelle je vais m'attacher.
Vous pouvez l'écouter sur ce lien :
http://www.franceculture.fr/emission-un-ete-de-lectures-voix-d-afrique-25-le-fond-des-choses-2013-07-30
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Il y a des siècles l Afrique subsaharienne subit un drame terrible , odieux , inqualifiable et inhumain ,il s 'agit de la traite négrière .Les habitants africains des zones côtières , étaient des gens paisibles et pacifiques jus qu 'au jour où les Blancs avec la complicité d 'autres africains commençaient à faire la chasse aux jeunes hommes vigoureux et sains .Ces intermédiaires les attrapent ,les ligotent et les livrent aux marins négriers qui les envoient aux Amériques pour en faire des bêtes de somme et des esclaves .
"La Saison de l 'ombre", septième roman de l 'écrivaine franco-camerounaise Léonora Miano commence après l 'attaque et l'incendie des cases des Mulongo ,un clan imaginaire , qui vit à l 'intérieur des terres .Douze hommes ont disparu lors de cette agression éclair ,totalement incompréhensible . Comment se figurer les bateaux négriers quand on
n 'a jamais vu la mer ni affronté l 'impensable arrogance des "étrangers aux
pieds de poules" ,ces Européens dépêchés sur les côtes africaines pour bourrer les voiliers de bétail humain ? le premier réflexe du conseil des
notables est de placer en quarantaine les femmes ,"dont les fils n 'ont pas
été retrouvés " : comme si elles y étaient pour quelque chose .Contre cet
aveuglement , ils sont pourtant plusieurs à se dresser : tandis que le jeune chef , Mukano, bravant l' avis des anciens , part à la recherche des disparus,
la silencieuse Eyabe prend la route ,elle aussi , violant la coutume ; elle marche , seule ,jus qu 'à l 'océan -où elle découvrira le fin mot des razzias
négrières .Restée au village ,la vieille Ebeise ,accoucheuse en titre , observatrice hors pair , est la troisième grande voix du récit .
La Saison de l 'ombre est encore bien plus qu 'un roman de mémoire et '
d ' histoire. C 'est un livre profondément humaniste sur le la perte et
l 'arrachement ,sur la possibilité de faire le deuil , de se recréer .
Une prose magnifique de Léonora Miano , une écriture fluide , vivante qui
rend le roman passionnant .
Ce roman est un véritable classique de la littérature africaine francophone. Ce dernier a reçu le Prix Fémina
2013 .Léonora Miano s 'est vue décernée le Grand Prix du
Roman Métis .



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« Il s'est passé la chose suivante : des humains ont pensé tirer parti du commerce d'autres humains. Et des humains ont souffert l'arrachement des leurs, la violence de leurs voisins. Voilà ce que propose La saison de l'ombre : le point de vue subsaharien sur une des nombreuses défaites de l'humanité, mais aussi, sur les fragiles triomphes de l'humanité. Une histoire de mort, de vie après la mort. de façon métaphorique, cette histoire est celle d'une grande partie de l'Afrique subsaharienne, depuis cinq cents ans environ. » Léonora Miano
Il s'agit de mémoire, d'écoute et de regard. La beauté de ce texte est saisissant. C'est effectivement comme le rappelle l'auteure, un récit afro-centré. Qui étaient ces peuples avant que la saison de l'ombre, cette longue saison d'obscurité et de larmes ne vienne ensevelir leur histoire ? . La « traite des noirs » au profit des blancs. Voilà une vision euro-centrée. Ces peuples sont multitude. le rapport de la race, de la couleur, étaient pour ces populations subsahariennes des concepts totalement inconnus. Chaque clan, chaque village avait sa vision, son rapport au monde extérieur, à son propre monde, à cet autre monde au-delà du village, au-delà de ses terres.
Connaîtrons nous un jour toute la diversité, toute la richesse, de l'immensité de cette Afrique pré-coloniale ?
C'est une vision incroyablement belle et forte que nous apporte l'esprit de l'écrit de Léonora Miano.
Comment un tel cataclysme a t il été vécu par ces peuples ? Comment était il venu percuté de plein fouet leur rapport aux mondes qui les entouraient. Une état de conscience brutal, une réalité qui venait bouleverser à jamais leurs vérités.
Tous ces disparus de l'ombre, qui furent emportés, déportés, déculturés, ne méritent pas l'anonymat. Leur art, leur chant, leur Histoire, , leur spiritualité, des milliers d'années de civilisation ne peuvent être ignorés. C'est à cette «  voix intérieure » qu'il faut tendre l'oreille.
« Ce n'est pas uniquement au-dessus de la case de celles dont les fils n'ont pas été retrouvés, que l'ombre s'est un temps accrochée.L'ombre est sur le monde.L'ombre pousse des communautés à s'affronter, à fuir leurs terres natales. Lorsque le temps aura passé, lorsque les lunes se seront ajoutées aux lunes, qui gardera la mémoire de toutes ces déchirures ? A Bebayedi, les générations à naître sauront qu'il avait fallu prendre la fuite pour se garder des rapaces.On leur dura pourquoi ces cases érigées sur les flots .On leur dira : La déraison s'était emparée du monde, mais certains ont refusé d'habiter les ténèbres.Vous êtes la descendance de ceux qui dirent non à l'ombre ».
« C'est d'être nommé qui fait exister ce qui vit ».
« La saison de l'ombre » de Léonora Miano est un très grand roman, mais il va bien au-delà. Il est un véritable bâton de parole. Parce qu'un être ne peut être réduit à sa qualité de victime, parce que c'est à la son état d' Être qu'il faut le ramener pour qu'il puisse quitter la saison de l'ombre.
Bâton de parole, mais également bâton de marche. Parce qu'il s'agit de se mettre en marche et d'avancer pour sortir de l'opacité de l'ombre.

Astrid Shriqui Garain
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Léonora Miano nous conte un village de l’Afrique de l’Ouest où, pour la première fois, vient de s’abattre la traite négrière. Sans doute sommes-nous au début du XVIIe siècle. Dix mères sont mises à l’écart parce leurs dix fils aînés, dix garçons tout juste initiés, ont disparu mystérieusement après un incendie... C’est leur quête, dans ce monde encore préservé des ravages de l’Occident, que met en scène l’écrivaine.

Ce n’est pas un roman facile à lire. Pénétrer dans ce livre, se mérite. Dans un premier temps, le lecteur est un peu perdu dans la multitude des personnages au nom aux consonances très proches, puis la magie opère L’écriture magnifique et imprégnée des croyances nous entraîne dans l’esprit et le cœur de cette communauté africaine. Un récit bouleversant porté par une langue travaillée, on ressort complètement envoûté par ce livre.



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Une ombre épaisse et sombre recouvre la case éloignée du village où on a rassemblé dix femmes, dix mères, dont le fils aîné a disparu lors du récent grand incendie. le village a été en grande partie détruit. On est sûr que le feu n'a pas pris tout seul. Alors, qui ? Pourquoi ? A toutes fins utiles et pour se protéger du mauvais oeil, les sages du conseil ont décidé d'isoler les mères endeuillées. Au prétexte qu'elles puissent épuiser leur chagrin et revenir ensuite apaisées. En réalité, pour mettre à l'écart ces femmes dont ne sait pourquoi elles ont ainsi attiré le malheur surelles et sur le village : et si elles avaient le mauvais oeil ? En Afrique, les rêves, la sorcellerie, l'envoûtement ne sont jamais loin....Et cette ombre ne peut porter que de l'inquiétude, du malheur.

La société des Mulongo repose sur les femmes, c'est elles qui donnent la vie, par elles que se transmet le pouvoir, de mère en fils.
Parmi les endeuillées, Ebeise, dite « l'ancienne », l'accoucheuse, respectée pour ses pouvoirs et son âge. C'est elle qui a ordonné aux femmes sans fils de se regrouper, elle que les sages du Conseil écoutent. Elle agit auprès de la favorite du chef, Eyabe pour que cette dernière parte à la recherche des disparus. Au cours d'une transe, cette jeune femme a « vu » : « Mère, il n'y a plus que de l'eau. le chemin de retour s'est effacé, il n'y a plus que de l'eau. »

Elle écoute les conseils de sa « plus que soeur », soeur d'initiation, qui « voit », qui « sait », Eleke aujourd'hui très malade mais qui affirme : le peuple voisin, les Bwele, gouvernés par leur reine Njanjo, « savent ce qui est arrivé. »

De son côté, le frère du chef, le gros et vaniteux Mutango a suivi le Bwele avec lequel il fait du négoce, jusqu'au village, et il entend la vérité de la voix des hommes disparus : « Eux, les Bwele, savent. » Il faut savoir écouter les disparus.

Et il est question d'un grand bateau au large des côtes, d'hommes-poules vêtus de tissus qui recouvrent les jambes, de la grande eau qu'ils ont traversée pour venir sur les côtes africaines : le schéma de ce qui s'est passé se précise. Nous savons qu'il sera question de razzia, de traite négrière.

Et nous sommes pris par l'émotion, par la peur pour ces jeunes hommes qui vont vivre la pire des horreurs : le trafic d'êtres humains. Et nous nous immergeons dans ce monde où la réalité est annoncée, interprétée, devinée, au travers des songes, des signes, des voix entendues par les plus réceptifs des personnages.

Et nous découvrons la naissance d'une idée originale : celle d'un village créé de toutes pièces par les survivants des prédateurs, un village où on met en valeur ce qui unit plutôt que ce qui sépare, où les langues et les croyances se mêlent dans l'intérêt de tous. On se prend à rêver d'un tel nouveau monde....


L'auteure est une Camerounaise, de langue douala-douala, c'est à dire de la côte. L'histoire est supposée se dérouler dans un pays subsaharien non déterminé mais ce sont bien des mots de douala qui émaillent le texte.

Il faut laisser de côté notre fameux cartésianisme et nous ouvrir à d'autres fonctionnements de la pensée et de l'intuition. Pour ma part, ayant passé plusieurs semaines au Cameroun et dans d'autres pays africains, je me laisse volontiers immerger dans ce flux d'émotions, dans cette poésie qui séduit, qui inquiète, qui effraie mais qui fascine toujours. La pire des attitudes en tant que lecteur-spectateur de ce monde, serait d'afficher un sourire suffisant, bien empli de nos certitudes. Juste, laissons-nous porter par la beauté des phrases, laissons aussi à notre sens moral l'occasion de se révolter devant ce que des humains peuvent faire subir à d'autres humains....
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Dans la profondeur de la forêt africaine, 12 hommes ont été enlevé, le village brûlé. Une ombre plane sur la case où ont été enfermées leurs femmes. Sont-elles sorcières, coupables ? Deux hommes partiront à la recherche, une femme et un enfant iront jusqu'au bout des terres, là où est l'eau. Elle parviendra à revenir et rejoindre des survivants protégés par des marécages. Elle dira ce qu'est l'océan et la trahison des tribus voisines vendues aux esclavagistes pour lesquels ils kidnappent des frères de race.
Ce roman est une plongée dans un monde secret où la vie, la mort, le rêve, les ancêtres et la nature forment un tout relié par une vision mystique que l'écriture sobre et poétique de Miano transfigure de manière remarquable. On est happé par le récit douloureux, cruel et aussi lumineux de femmes meurtries et d'hommes emportés par le tragique de l'histoire. Car ce que l'on pénètre, c'est l'origine de l'esclavage des noirs. Impressionnant.
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Quelle est cette ombre qui s'installe sur le clan Mulango ? Un incendie, des hommes qui disparaissent, leurs mères mises à l'écart... Différentes personnalités de la communauté vont chercher à comprendre ce qui se passe.

Ce livre a le grand mérite de nous conter un autre récit de l'esclavage, celui des êtres qui l'ont vécu dans leur chair, celui d'un peuple autonome et pacifique qui fut dévasté.

Quel beau roman... La lecture n'en a pas été évidente car il a fallu s'immerger dans une langue, une culture, se frayer un passage au milieu des différents personnages et leurs quêtes spirituelles, s'imprégner des mots et images invoqués pour retranscrire la violence vécue par ce peuple auquel on volait ses fils. Mais j'en ressors bouleversée, avec le sentiment d'avoir vécu quelque chose d'exceptionnel, comme après un grand voyage dans une contrée inconnue.
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Découvrir le Cameroun ancestral, c'est ce que nous propose Léonora Miano, nous présentant des tribus variées, attachées à leurs terres, leurs croyances, leurs usages, leurs différences, aussi : deux territoires contigus, mais distincts par leurs ressources, leur géographie, leur histoire, constituent deux mondes séparés.
Bien sûr, on se rencontre, entre clans voisins, on commerce, on s'arrange, on cohabite paisiblement. Mais la paix peut-elle résister quand la différence n'est plus une source d'échange mais une opportunité de domination ?
Léonora Miano nous fait alors (re)découvrir quelques constantes universelles qui dépassent largement le contexte du Cameroun d'il y a 7 ou 8 siècles : la fourberie, la tentation du profit, la loi du plus fort, la fragilité de ceux qui ne voient pas le mal arriver à leur porte, la cruauté des maîtres envers les esclaves... et pour insister encore dans le registre des injustices : l'attribution aux femmes de la responsabilité des malheurs qui tombent sur le village.
Ce livre est passionnant, pour son côté historique, géographique et ethnographique : moi qui n'avais jamais lu de littérature camerounaise, j'ai appris énormément de choses sur ce pays à l'époque qui correspond au moyen-âge européen.
J'ai apprécié aussi l'immersion totale proposée par l'autrice, qui nous invite à regarder tous les événements avec les yeux des membres de la tribu qu'elle décrit, influencés par leurs croyances, leurs rites et leur connaissance limitée du monde.
Autre point fort : le suspense, entretenu par le fait que nous découvrons progressivement, en même temps que les personnages, l'origine de leurs malheurs.
Enfin, l'autrice nous offre plusieurs protagonistes forts, surtout des femmes, prêtes à tout pour défendre leur clan, retrouver leurs fils disparus et comprendre les raisons des attaques contre leur village.
Une lecture enrichissante.
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La saison de l'ombre projette le lecteur au sein du clan Mulungo : les garçons du village ont disparu et les mères cherchent à comprendre la cause de cette subite absence. Un roman qui aborde, d'une prose sensible, le sujet de la traite négrière, se situant du côté de ceux qui sont restés, de ceux qui se sont vu arracher des êtres aimés.
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Le clan Mulongo doit faire face à une tragédie. Alors qu'un incendie ravageait les cases du village, dix jeunes initiés et deux hommes d'âge mûr dont leur guide spirituel se sont mystérieusement évaporés.

L'heure est à la reconstruction. Il faut aussi faire la lumière sur cette disparition. Circonscrire la douleur des mères également, afin qu'elle ne paralyse pas la vitalité des autres villageois.

Au-dessus de la case où demeurent "celles dont les fils n'ont pas été retrouvés", une épaisse brume s'installe. À l'intérieur, l'ombre nourrit les songes et les songes appellent les esprits. À leur manière, ces femmes entravées cherchent la vérité.

Comprendront-elles avant ceux qui se sont dirigés en terre Bwele pour consulter leurs voisins ?

C'est avec érudition et sans lourdeur que nous pénétrons dans une vie clanique, dans son mélange de traditions, de croyances, d'organisation interne mais aussi et surtout au sein des individualités à la fois habitées par cet ordre des choses et capables de s'en affranchir.

On ne peut qu'avoir le coeur lourd et révolté quand, se mettant ainsi à hauteur d'hommes et de femmes, les démons de l'Histoire viennent vous percuter.

La prose de Leonora Miano, vive et habitée, m'a fait l'effet d'une chanson tatouée sur un corps en mouvement. Elle s'étire, s'agite, bouillonne, semble vouloir sortir des pages et y parvient.
Les termes en langue douala s'y invitent et sont un merveilleux apport que ce soit pour l'immersion comme pour la découverte culturelle.
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