Géante

Comme un spectacle de danse
Géante est un récit sur la jeunesse qui se cherche, sur la fin de l'innocence, de la découverte de l'amour et de la sexualité, un récit qui met mal à l'aise, assez dérangeant, le style est très étrange, l'ambiance est lourde, c'est une bande dessinée hors des cadres du genre.
Le dessin est réalisé au crayon gris, un dessin minutieux, chargé de nuances recherchées, de formes souples, les vignettes ne sont pas cadrées, elles ont des formes voluptueuses, arrondies mais avec parfois quelques épines, souvent suggestives, en rapport avec la sexualité, par exemple, le drap prend une forme de vulve. Les vignettes sont dispersées sur la page, posée là comme des impromptus, des instantanés. Chaque illustration semble indépendante, sortie du contexte, elle conserve sa chorégraphie propre. Les illustrations sont dures et violentes, et en même temps très sensuelle, voire érotique. Pourtant le style est doux et silencieux, comme pour décrire les dialogues qui ne se font pas, les rares dialogues restent très superficiels, la tension est dans les actes. La mise en scène est comme un spectacle de danse, décrivant les rapports entre deux personnages, la sensualité, les confrontations, le statique lutte contre le mouvement. C'est très intense, Fanny Michaelis ne sombre pas dans l'allégorie facile ou dans la symbolique racoleuse, les personnages ne sont pas très beaux, le sujet est assez glauque, et pourtant, elle transcende cette histoire avec son style si original.
Le résultat est très troublant, et provoque une impression de malaise, ce n'est pas une lecture confortable, mais derrière ces petits dessins surgit une grande force dramatique, portée par une véritable chorégraphie graphique.
Pour les curieux, ceux qui veulent sortir des sentiers battus, des poncifs, des recettes prémachées, des canons de la beauté, mais ne vous attendez pas non plus à l'émerveillement béat, à l'extase, c'est encore autre chose… C'est Géante.

(Plus d'un mois après la lecture et quinze mille débuts de billets, je me décide enfin d'en parler, ou plutôt essayer).

« Géante » c'est noir, tragique et perturbant, très perturbant.

Noir comme les dessins crayonnés, pas spécialement beaux mais captivants.

Tragique et perturbant comme l'histoire de Véra, une ado paumée, sans trop de loisirs ni de passions. Véra aime s'imaginer une autre vie, « son imaginaire transforme le métro en un souterrain fantastique et peuple le paysage de vulves et de pénis« . (Eh oui, ce n'est pas à mettre entre toutes les mains).
Cette façon de voir le monde lui permet de s'échapper de ce quotidien déprimant, avec ses amis, elle s'invente des jeux dans les métros vides et abandonnés, ces jeunes font des fêtes où l'alcool circule. Pas d'adultes à l'horizon, comme si la ville avait été prise aux mains de ces adolescents.

Véra tombe amoureuse d'Abel, « Notre amour se passe de mots ». Un amour qui se fait dans des endroits sombres et abandonnés. Mais Véra est une adolescente renfermée qui n'ose pas exprimer ses sentiments, elle rougit facilement et se mure dans le silence.

Une autre personne vient perturber ce duo, son amie Agnès. Véra ne sait pas quel sentiment adopter pour son amie et pour Abel. Comme beaucoup d'adolescents, elle est tiraillée entre ses désirs. . « Elle n'arrive pas à affirmer ses désirs, se retrouve coincée entre deux personnes (Abel et Agnès) qui expriment les leurs puissamment. »
Fanny Michaëlis nous emmène dans un monde noir où les désirs adolescents sont montrés de manière la plus crue possible, sans pudeur et sans retenue.

Peu de dialogues et des dessins assez flous et emmêlés pour qu'on puisse distinguer qui est qui et surtout si c'est la réalité ou l'imaginaire fantasmagorique de Véra.
En définitive, un livre trop étrange pour moi. À relire, un jour, peut-être.
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On commencera donc par un roman graphique, sorti en mai 2013 chez Cornélius, signé par une toute jeune auteur Fanny Michaelïs et qui s'intitule donc Géante.

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