Jamais un sentiment semblable n’avait envahi le cœur de Myriam aussi vite, aussi violemment, l’irrésistible envie de saisir cette tête aux cheveux bouclés, de la tenir serrée contre sa poitrine. Au plus profond, des mots criaient. Son corps pris dans le soleil de ces yeux posés sur elle, brûlait. Une joie éperdue l’emplissait, étirait les arbres vers le ciel, les rendait mystérieux. Les idées les plus incongrues lui étaient passées par la tête, une exaltation qu’elle n’aurait jamais cru possible. Diane s’apercevait-elle de ce qui se passait ? Myriam contenait avec peine cette émotion qui ne cessait de croître en elle. Ses mains tremblaient. Quand Diane lui demanda une cigarette, elle laissa tomber le paquet par terre, et dut se pencher sous la table pour ramasser les cigarettes une à une, n’osant porter son regard sur l'éclatant pantalon dont le rouge éclatait contre le blanc du fauteuil en métal laqué. Elle avait tendu la cigarette demandée, offert du feu. La flamme de son briquet vacillait. Faites qu’elle ne parte pas sans me donner son numéro de téléphone. Tout vibrait dans l’air parfumé de l’odeur des aiguilles de pin, son cœur battait. Soudain, elle n’avait plus eu faim. Et affreusement peur, en même temps.