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EAN : 9782923896618
310 pages
Marchand de feuilles (12/10/2016)
4.2/5   33 notes
Résumé :
À Shenzhen, par un soir tranquille, une jeune Chinoise déballe les ingrédients requis pour la préparation d'un mapo dofu. Délicatement, elle tranche les légumes en rondelles égales, l'esprit à demi tourné vers la voix de Leonard Cohen, en trame de fond dans son logement de fonction. Quand s'évanouissent les dernières notes de Suzanne, la jeune femme tourne le bouton de la cuisinière pour allumer le gaz. Et tout saute.

Étincelle raconte une tragédie. L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En chinois, le mot ami s'exprime à l'écrit par un idéogramme représentant deux mains dont les paumes se tournent l'une vers l'autre. Selon Confucius, « puisque l'amitié est libre et sans entrave, elle est la moins dommageable et la plus bénéfique des relations humaines. ».

C'est ce que découvre Michèle, jeune Québécoise en poste à l'université de Shenzhen (Hunan) où elle enseigne l'anglais à des étudiants et à des enseignants chinois. Elle découvre aussi que les profs roux, XXL de gabarit de type rugbymen ne font pas long feu sur le campus, contrairement aux Français ! Elle apprend plein de choses sur la vie en Chine, qu'on ne coupe pas les spaghettis parce qu'ils représentent l'éternité, qu'on ne manifeste pas son amertume (« elle se cuve sans rien dire »), qu'on respecte les parents qui nous ont mis au monde et les ancêtres. Qu'on fait tout ne pas faire « perdre la face » aux autres et surtout ne pas la perdre soi-même. Qu'on n'exprime pas ses émotions. Qu'intenter un procès au Parti est sans espoir.

Ce soir-là, elle devrait fêter son anniversaire avec son amie Shen Song qui, pour cette grande occasion, lui cuisine sa spécialité, le mapo dofu » : sur fond sonore de « Suzanne » chanté par Léonard Cohen (un autre Canadien). Song tranche les légumes, allume le feu et...tout saute !

Pendant ce temps, Michèle ayant opté pour l'amour au fond de son lit avec Feng, elle ignore tout du drame qu'elle n'apprendra que le lendemain, mortifiée et culpabilisée :Song est plongée dans le coma dans un obscur hôpital du Peuple (rien que le nom est angoissant...) l'Université ayant très peur d'avoir à prendre des frais en charge vu que le drame a eu lieu dans un logement de fonction entre ses murs. La pingrerie de l'administration chinoise va d'ailleurs être pointée du doigt à maintes reprises dans ce roman.

Song se bat vaillamment contre la douleur et les infections dont sa peau arrachée ne la protège plus. Ses parents, ses élèves, collègues et amis campent littéralement dans l'antichambre, entourés de tout un fatras d'objets. Cela devient « le camp Shen ». M. Shen est sûr que sa cuisine fortifiera sa fille bien mieux que celle, insipide, de l'hôpital. Alors il apporte des nids d'hirondelle broyés, « il misait sur le courage des hirondelles pour soutenir celui de sa fille ». Bave d'hirondelle et protéines de club sportif devraient faire des miracles. Pour ne rien négliger, Feng emmène Michèle faire une invocation à Guan Yin, la seule Immortelle femme (sur huit), protectrice des malades et des affligés. Deux adolescentes sont mises au service de Song, le docteur Limon la soigne avec une infinie patience et peut-être un peu plus.

Durant quatorze longs mois, Song se bat contre une douleur atroce, récupère peu à peu un semblant de peau grâce à de multiples opérations de greffes, toutes plus douloureuses les unes que les autres. Culture de parcelles d'épiderme, lit de sable, suspension entre sol et plafond, alimentation adaptée (tout ce qui fait baisser le feu du yang : l'amertume du foie de poulet, du poivron vert et de l'endive, la décoction de poires ; rien de piquant qui viendrait réactiver la chaleur, ni champignons, ni thé, ni bananes trop mûres, qui noircissent les cicatrices). Durant ce combat, elle est soutenue par la présence et l'amour indéfectibles de Michèle. Une relation très forte unit les deux jeunes femmes, faite de douceur, de tendresse, d'admiration réciproque, de confiance. Amour-amitié, la frontière est ténue, elle exclut seulement le lien sexuel.
Michèle est d'autant plus sensible à cette osmose que les Chinois la jugent « trop », trop émotive, trop expansive dans son chagrin, trop insistante dans sa présence permanente. Trop tout !
Sa relation avec Feng se délite tandis que Song peu à peu gagne son combat et part pour un sanatorium, loin de Shenzhen. Alors Michèle doit bien se rendre à l'évidence : elle doit, à son tour, affronter sa vie, sa vie est là où elle se trouve, lui dit sa mère depuis Montréal. Alors, à elle de bâtir, le lien avec Song restera immuable, à distance.

Un beau roman (autobiographique?) sur l'amitié entre deux femmes, la sororité plutôt, qui dépasse les clichés sur la différence culturelle, sur le combat pour la vie, sur le deuil aussi, deuil ce que qu'on a été et qu'on ne sera plus jamais.
Le tout écrit en une langue limpide et agréable, parsemée d'expressions québécoises (« Song a pris du mieux » : elle va un peu mieux).

Si je ne devais retenir qu'une belle image, ce serait la métaphore du bol japonais en porcelaine, restauré grâce à de la poudre d'or qui en fait un objet encore plus beau, plus fort, plus solide et qui va de nouveau jouer son rôle de bol : les cicatrices de Song l'auront renforcée, lui auront rendu la vie, avec plus de grâce, plus de solidité. Une autre Song est née.

Merci infiniment aux éditions « Marchand de feuilles » au Québec, qui m'ont permis cette belle découverte.

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Un bon roman qui traite de la souffrance de l'entourage quand il y a un événement horrible qui arrive à un être aimé. Il raconte l'amitié indéfectible, la culpabilité, la souffrance morale que ressent Michèle pour Shon. Sa culpabilité se transforme en apitoiement, elle veut trop que ce soit de sa faute alors que ce n'est qu'un accident. Je regrette donc que la majorité de l'histoire soit autant centrée sur la narratrice et il m'a fallu plusieurs dizaines de pages pour accrocher finalement. On n'en raconte pas autant sur la souffrance de Shon même si la nature des chinois reste assez secrète dans l'expression des émotions . Puis, on veut en savoir plus et le livre est d'agréable lecture avec des chapitres courts. L'incursion dans le monde chinois est bien relatée, on y voit mieux le sens actuel plutôt que tout ce qu'on en dit en général. Je reste mitigée sur le façon, mais j'ai trouvé tout de même un bon roman, une belle idée, agréable pour un entre deux.
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Quelle magnifique ode à l'amitié! Cette amitié qui transcende toutes les frontières, le temps et l'adversité de la vie. J'adore la plume délicatement intimiste et chaleureuse de cette autrice qui possède l'art de nous faire sentir si proche d'elle.

Michèle Plomer nous raconte un bout de sa vie en Chine mais il est surtout question de son amitié indéfectible envers Song, une collègue de travail. Suite à un drame vécu par cette dernière, nous allons suivre le cheminement de ces deux amies qui s'aiment de façon inconditionnelle et qui s'apprendront mutuellement à retrouver un sens à leur vie.

Lecture qui démontre de façon exceptionnelle la beauté et la force d'une amitié qui permet la résilience des êtres humains suite à des drames. L'amitié est l'étincelle de la vie.

"Je m'arrêtai sur les étincelles brûlant au centre de ses prunelles. Elles traduisaient un profond bonheur. Song, fille de la lumière."
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Une allumette et tout saute. Voici l'histoire tragique de Song, une brûlée vive que le courage et les soins de ses proches ramènent à la vie. Voici aussi l'histoire d'une belle amitié entre Song, la Chinoise et Michéo, la Québécoise. Voici la Chine avec ses us et ses coutumes, avec ses luttes pour contrer le plein pouvoir du gouvernement..

L'écriture est dépouillée, les chapitres sont courts, mais la résilience de Song est grande et la suivre dans son quotidien nous instruit. Lentement, page après page, l'on reçoit en cadeau un peu de ses élans vers la vie et la guérison, car il y a de la lenteur dans ce roman et celle-ci nous permet de mieux goûter au style de Plomer. J'ai bien aimé.
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Étincelle, un roman qui m'a vraiment touché, une grande amitié entre une chinoise enseignante et sa collègue québécoise. Une souffrance difficile à concevoir et ce à travers la mentalité chinoise. Malgré cette grande douleur, la fidélité de son amie Michèle et son immersion dans la famille m'ont vraiment captivés.
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
27 février 2017
D’un drame terrible, on peut tirer de la joie, et la souffrance sait aussi côtoyer la douceur. Quand, en plus, un auteur trouve les mots pour le raconter, cela donne un magnifique récit: Étincelle.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeJournaldeQuebec
16 janvier 2017
Avec une plume d’une sensibilité extraordinaire, Michèle partage cette histoire qu’elle portait depuis longtemps dans sa tête et dans son cœur.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L'air embaumait d'une odeur capiteuse de fleurs épanouies qui se mêlait au parfum salé de mes étreintes avec Feng. Extravagance de femme amoureuse que de conserver sur soi ces empreintes animales à peine camouflées sous une robe légère.
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Quelle est la frontière du soi? L'endroit où le «je» se termine et le reste du monde commence. Est-ce notre peau?
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