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Critique de Sarindar


A l'époque où Jules Michelet abordait la période médiévale dans son Histoire de France, cette tranche chronologique n'était pas encore qualifiée par lui d'obscurantiste, mais il avait déjà tendance à ne retenir des siècles où s'illustra la royauté capétienne que ce qui lui semblait aller dans le sens le plus illustratif du roman national dont la clé de voûte se trouvait située de toute façon selon lui dans l'époque révolutionnaire - encore que tout le monde ne trouvât pas grâce à ses yeux parmi les acteurs de ce bouleversement historique et qu'il préférât de loin les plus bourgeois et les moins enragés d'entre eux, et cela donnera par la suite une Histoire de la Révolution (écrite à partir de 1848).

Très anticlérical, Michelet ne voyait dans la personne des rois qu'une série de figures devenues les serviteurs de la construction d'un État qui ne prendrait sens qu'avec l'ère de la laïcisation républicaine, appelée par lui de ses voeux, alors qu'en réalité les souverains français, depuis Clovis, s'étaient voulus "très chrétiens", ce que l'auteur tenta de gommer à sa manière. Mais il ne le pouvait pas tout à fait avec celui dont on peut dire qu'il avait été la plus belle illustration de la royauté pieuse et sainte : Louis IX, porté sur les autels et canonisé par la volonté de son petit-fils, Philippe IV le Bel, ce qui fut entériné par la papauté, cela afin d'honorer toute la dynastie capétienne qui était loin de ressembler dans sa totalité au modèle de ce roi présenté comme exemplaire en matière de foi.
Aussi, Michelet accentua-t-il, avec les raisons qui étaient les siennes ceux des traits de Louis IX qui en faisaient le digne prédécesseur du "Roi de Fer", Philippe le Bel : un homme intransigeant sur les prérogatives qui étaient les siennes et qui avait su remettre à leur place les seigneurs et féodaux qui lui contestaient ce pouvoir souverain forcément supérieur au leur dans l'esprit de Michelet (mais cela n'allait pas forcément de soi au XIIIème siècle).
Aujourd'hui, même en ne tombant pas dans le "piège" de l'intouchable Sainteté de Louis IX, on écrirait cette histoire autrement que ne l'a fait Michelet, dont le mérite est cependant d'avoir été l'un des premiers à avoir relu l'épisode en faisant le départ entre l'homme avec son action réelle et le personnage sanctifié et statufié par ses successeurs.

François Sarindar, auteur de Jeanne d'Arc, une mission inachevée
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