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Critique de Ziliz


« La situation est grave, on le répète assez comme ça. La situation est grave pour ne pas dire désespérée, le pays court à sa perte alors il devrait s'estimer heureux d'avoir trouvé un job. » (p. 22)
A qui le dites-vous, ma bonne dame, qu'un travail c'est précieux, que ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval ! On s'en rend compte même pour décrocher un malheureux stage ou un boulot d'été - non rémunéré, en désespoir de cause, histoire d'alimenter le CV.

« Il » s'est fait pistonner pour un emploi dans la restauration, dans un grand domaine prestigieux. Ah, « la chance qu'[il] a ! »
Mais il a peur, ce jeune homme, il est terrorisé, même. Sont-ce vraiment ses parents qui le lâchent dans cet environnement nouveau, donc forcément hostile ?
Dans le monde des adultes, comme ça, abruptement, sans filet, dans le grand bain, ils le poussent...

Le ton est donné, on se croirait dans la tête du petit Poucet, celle d'Hansel ou de Gretel.
L'angoisse grandit à mesure qu'on approche du lieu de 'détention' : « Et il voit se dessiner un grand portail en fer forgé qui ne donne aucune envie de le franchir... » (p. 19)
Ces impressions se confirment, on va rencontrer une sorcière, un ogre, des lutins malfaisants...

En donnant à son histoire des airs de conte cruel, Denis Michelis ravive parfaitement nos angoisses primaires : maltraitance, harcèlement, séparation d'avec les parents, sentiment d'abandon. Cela pour dresser un tableau très sombre du monde du travail (dérégulation, précarisation...).

J'ai retrouvé le même malaise à cette lecture que lorsque j'avais découvert vers dix ans le conte initiatique 'Blondine' de la Comtesse de Ségur (in 'Nouveaux Contes de Fées', 1856).
Un malaise identique également à celui éprouvé en prenant connaissance de l'organisation sociale au sein d'une meute de loups *, avec l'individu omega auquel personne ne portera secours, de peur de prendre sa place de victime...

Court, intense, ce roman est angoissant et triste à hurler. Grandiose ! ♥

* en visitant ce domaine en Ariège : http://www.maisondesloups.com/
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