Le pont d'Andau

À l'aube du 4 novembre 1956, les Russes écrasent la population sans défense de Budapest et détruisent la ville. Ils mettent fin ainsi à la révolte des étudiants et des ouvriers qui, sans renier le communisme, voulaient juste un peu de liberté. Quelques jours plus tard, 70 000 Hongrois quittent leur pays en empruntant une passerelle oubliée à la frontière autrichienne : le pont d'Andau. C'est là que James Michener, à l'époque jeune correspondant en Autriche, recueille leur terrifiant témoignage.

Les combats inégaux contre les Russes ont commencé à Radio Budapest et à la caserne Kilian. Ensuite les affrontements se sont déplacés autour du Château où les étudiants, les soldats et les ouvriers font preuve d'un courage incroyable, car ils se battent pratiquement à mains nues, armés seulement de cocktails Molotov et de quelques fusils contre les chars soviétiques. Une révolution que les Hongrois pensent avoir gagnée quand ils voient les énormes engins se replier. Mais après une pause euphorique de quelques semaines, les Russes reviennent pour anéantir la ville et installer une répression impitoyable qui conduira deux cent mille Hongrois à partir.

Michener nous raconte ce moment historique avec des témoignages pris sur le vif, qui rendent son récit absolument passionnant. C'est, dans l'histoire contemporaine, un épisode qui est un tournant essentiel où les Russes ont montré leur détermination face à leurs " frères communistes ", où, comme le souligne l'historien, " le communisme russe montra sa vraie nature au monde ".