Bernard Van Orley eut pour disciple Michel Van Coxie; ce dernier, après son retour dans les Pays-Bas, en 1539, obtint les plus brillants succès. Le maître ne se laissa point souiller par la jalousie. Au contraire, il exécuta pour la chapelle de la corporation des peintres, à Malines, une Sainte Vierge tenant son divin fils, pendant que St. Luc, la prenant pour modèle, trace une image de l'Annonciation. Il voulait par là témoigner à cette confrérie la joie qu'il éprouvait d'avoir formé un de ses membres les plus habiles. Les volets furent peints par son élève, de sorte que le triptyque offrit aux spectateurs la preuve matérielle de l'union qui régnait entr'eux. Ce noble sentiment les inspira l'un et l'autre, et ils firent un ouvrage hors de ligne.
Bernard Van Orley fut un des artistes flamands qui accueillirent sans jalousie le pauvre Albert Dürer. Il le festoya, comme nous le dirons plus loin. Entretenant une correspondance avec son maître et ami, Raphaël, il lui adressait des esquisses et en recevait d'autres en échange, qu'il gardait soigneusement. Le peintre des Madones avait fait, durant les années 1513 et 1514, les cartons des précieuses tapisseries destinées par Léon X à la Chapelle Sixtine. Son élève fut chargé d'un surveiller l'exécution dans les manufactures d'Arras. On les termina en 1519. Depuis lors, on les déployait le jour de la Fête-Dieu et la beauté du travail augmentait la piété des fidèles. Mais elles ne devaient point échapper aux coups des révolutions.