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EAN : 9782378561673
160 pages
Verdier (23/03/2023)
4.08/5   37 notes
Résumé :
Les deux Beune est le roman que forment La Grande Beune, paru chez Verdier en 1996 dans une première version, et La Petite Beune, inédite.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il faut se laisser emporter par le courant de cette langue un peu surannée, souvent poétique, furieusement libre et tumultueuse. Pierre Michon écrit avec jubilation, tout à son affaire : l'expression d'un désir juvénile et souverain. Qui mieux qu'un vieil homme aguerri pouvait en raconter l'emprise ? Yvonne occupe son âme (« Elle ne souhaitait pas faire l'amour, elle voulait le commettre. Elle aimait ce comble de la civilisation »).
Son image fantasmée est déclinée à tous les temps et sous tous les angles, tel un chef d'oeuvre dont l'exégèse jamais ne lasse. Des paysages de fable, des enthousiasmes puérils, des saillies irréelles, d'infinies concupiscences, il y a quelque chose d'émouvant à voir l'écrivain, au crépuscule de sa vie, en raviver les souvenirs les plus ardents. L'histoire en devient accessoire : un jeune homme obsédé par une femme plus âgée que lui, soumise à des rivaux, aux flancs d'une rivière, à l'orée d'une grotte oubliée dont les fresques rupestres, brutes et mystérieuses, crient les origines de l'humanité.
Pierre Michon célèbre l'éternel féminin, aux confins des lettres, concédant sans ciller qu'une incandescente beauté surpassera à jamais les autres préoccupations, et qu'il est vital de s'y conformer pour faire triompher la vie et la vérité.
Bilan : 🌹🌹
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Une suite à la Grande Beune comme si les décennies n'étaient pas passées.
"Le présent se rencontrait enfin."
Dans la Petite Beune, l'atmosphère reste intacte, Yvonne si belle et toujours séductrice sort le narrateur de l'ombre.
Et toujours le même plaisir immense pour moi de retrouver le style et la densité de l'écriture de Pierre Michon.
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Les deux Beune regroupe la Grande Beune parue en 1996 et la Petite Beune en 2023.

On y rencontre le jeune narrateur, un jeune instituteur nommé, dans les années 1960, dans une région ponctuée de grottes aux peintures indéchiffrables et des personnages forts dont Yvonne, la buraliste dont la peau pâle et la liberté éveillent chez le jeune instituteur un désir primitif et violent.

L'écriture très exigeante de Pierre Michon, peut rendre fastidieuse la découverte de ce roman mais lui confère une tension propre à sublimer le désir et ses atermoiements. Résister ou céder, aimer ou renoncer ?

Ce dyptique est un chef-d'oeuvre, tout est absolument sublime : l'écriture absolue, les métaphores puissantes, les personnages explosifs, les paysages hivernaux, l'atmosphère lourde, la nature sauvage. C'est un texte fulgurant, épuisant qui en découragera plus d'un mais qui mérite d'être lu et apprécié à sa juste valeur.

Un chef-d'oeuvre incontestablement mais qui ne m'a pas embarquée malgré la sublime écriture.
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Même si j'ai eu quelques passages à vide, j'accorde, après tergi et versations, les cinq étoiles à cette oeuvre.
Le livre est court mais exigeant. J'avais lu la première partie (sortie en 1996) il y a... vraiment longtemps. Donc je l'ai relue pour pouvoir la relier à cette deuxième partie (sortant du four) , de longueur à peu près égale.
On est en 1961 et le narrateur, instituteur, vient d'obtenir son premier poste au pays de l'homme de Cromagnon. le style est éblouissant, l'histoire prenante, un mâle désire une femelle callypige.
On pourrait comparer la lecture de ce texte à la visite d'une grotte. Quelques diverticules mal éclairés nécessitent un peu d'imagination de notre part. Mais quelle richesse dans ce récit ! La nature, la pêche, la psychologie des hommes, des femmes, les métaphores inattendues, la façon de mener le récit jusqu'à la chute, quelle maîtrise et quel bonheur de lecture pour moi, qui ai préféré le lire lentement, un chapitre à la fois, comme un feuilleton ... tendu comme un arc.
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Comment parler de ce roman sans en raconter la trame … pourtant j'aimerais bien savoir si d'autres lecteurs/lectrices partagent mon point de vue, plus que réticent sur cette oeuvre d'un écrivain que j'ai beaucoup apprécié, de Vies Minuscules à Rimbaud le Fils avec en chef d'oeuvre, Les Onze, magistral.
Marre disait Michon lui-même des récits tous pareils avec un début une complication et surtout une fin, une fin. Voilà pourquoi il arrêtait la Grande Beune 1 sans conclusion véritable. Je résume à grands traits et trivialement mais je n'invente pas, vous pouvez lire le détail dans un article de 2002, entretien de Michon avec JM de Biasi.
https://www.persee.fr/doc/item_1167-5101_2002_num_18_1_1218
D'accord avec lui, comme avec A. Zeniter qui explique ça très bien dans Une fille sans histoires.
Mais cela n'a pas empêché Michon de conclure son histoire 30 ans plus tard avec La Grande Beune 2.
Eh bien pour moi, j'en ai marre des récits qui présentent des personnages de femme caricaturaux, le vamp de village, « Tout en elle était connaissance du plaisir » qui accepte parfaitement son lot d'objet sexuel soumis à tous les désirs voire sévices d'un puissant du coin, ou au contraire la jeune étudiante présentée comme un peu niaise, qui s'en vient de la ville rejoindre en week-end le pauvre instituteur égaré en campagne profonde.
Le narrateur poursuit la première de son désir muet, vainement dans la Grande Beune 1 et enfin avec succès dans le deuxième tome. On pourra découvrir « une servilité délicieuse et un vain frisson de révolte plus délicieux encore »…
Quant à la seconde, qu'il moque allègrement – elle croit découvrir la littérature ! Pour qui se prend-elle ! - elle finit quand même par le quitter. Merci Michon pour ce sursaut de révolte féminine qui n'en reste pas au frisson.
Je pourrais aussi évoquer le personnage de la mère, toute puissante, mais je m'en tiens là.
Je m'incline devant l'écriture – oui, pages superbes, absolument.
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critiques presse (7)
LesEchos
17 mai 2023
Quatorze ans après « Les Onze », l'écrivain revient en librairie avec « Les deux Beune ». Une reprise et une continuation d'un texte marquant paru une première fois en 1996. On traverse ses cent cinquante pages, passant du brouillard à la lumière, comme magnétisé.
Lire la critique sur le site : LesEchos
SudOuestPresse
16 mai 2023
Pierre Michon donne une suite éblouie et éblouissante à « La Grande Beune », un fragment brut et rutilant sur le désir amoureux.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Marianne_
25 avril 2023
Directrice de la rédaction de « Marianne », Natacha Polony a lu « Les Deux Beune », le dernier livre de Pierre Michon. De sa lecture exigeante, elle tire un hommage passionné à ce grand écrivain, désormais tout à la fois – privilège des maîtres en littérature – novateur et classique.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LaCroix
14 avril 2023
Avec Les deux Beune, Pierre Michon donne une conclusion à son récit de 1995, La Grande Beune, et une intensité nouvelle à cette rêverie érotique et mythologique.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeFigaro
27 mars 2023
L’écrivain creusois livre, vingt-sept ans après La Grande Beune, une extension magique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
24 mars 2023
Cet affrontement entre « civilisation » et animalité est au cœur du livre, comme il est au cœur du désir de « monsieur Pierre » (on finit par connaître le nom du narrateur) pour Yvonne. Les dernières pages apportent une forme de résolution à ce que l’on pourrait appeler l’intrigue.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
23 mars 2023
Pierre Michon rêvait de donner une suite à La Grande Beune (Verdier, 1996). « La Petite Beune » surgit près de trois décennies après « La Grande », avec laquelle il est publié sous le titre Les Deux Beune. Et ce qui frappe est un miracle : il parvient immédiatement à relancer la tension érotique presque hallucinée qui porte le premier texte.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je m'arrêtais soudain ; j'imaginais sa bouche ; j'imaginais sa gorge ; à la pensée de ses reins je tremblais au-delà de toute convoitise. Te voyant, me disais-je, peut-être elle va sans un mot renverser la tête, trembler comme tu trembles, te saisir là où tu veux la saisir, et les jupes dans ses mains elle se donnera là, contre ce bouleau, dans ces flaques où seront tombés ses sequins, où pétriront ses paumes, où tu verras l'image de ses seins, et plus secouée qu'un arbre dans le vent ses grands cris renversés feront partir les corbeaux.
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Je ne crois guère aux beautés qui peu à peu se révèlent, pour peu qu'on les invente ; seules m'emportent les apparitions. Celle-ci me mit à l'instant d'abominables pensées dans le sang. C'est peu dire que c'était un beau morceau. Elle était grande et blanche, c'était du lait. C'était large et riche comme Là-Haut les houris, vaste mais étranglé, avec une taille serrée ; si les bêtes ont un regard qui ne dément pas leur corps, c'était une bête ; si les reines ont une façon à elles de porter sur la colonne d'un cou une tête plaine mais pure, clémente mais fatale, c'était une reine.
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Au-dessus de ces trous pendant des années innombrables des rennes transhumèrent, qui de l’Atlantique remontaient au printemps vers l’herbe verte de l’Auvergne dans le tonnerre de leurs sabots, leur immense poussière sur l’horizon, leurs andouillers dessus, la tête morne de l’un appuyée sur la croupe de l’autre ; et là, dans le goulet crapuleux que forment s’embrassant la Vézère, les deux Beune, l’Auvézère, on les attendait avec des limandes, des becs-de-perroquet, des haros ; et les mangeurs de lichen de loin entendaient les tambours, voyaient des feux si c’était la nuit et le jour voyaient la fumée, mais sans dévier ils prenaient vers les tambours, s’étiraient dans les étroitures au bord de l’eau, tremblants ; ils y allaient tout droit ; car si les rennes avaient pu concevoir un dieu ou un démon ils l’auraient prié et pensé là, calendérique et imparable, chaque mois d’avril se levant partout à la fois sur les crêtes, déchaîné sans cause comme sont les dieux, apparaissant dans un corps multiple animé de la volonté unique de les rendre fous, dans des cliques à grandes gueules, des hommes tout en haches, des fosses avec des pieux dedans ; et ils auraient pensé que ce dieu était clément, car après tout ils n’en laissaient jamais là qu’un tiers, et le restant tout l’été jouissait des lichens d’or sur les basaltes, du soleil qui se couche derrière les doux volcans ronds quand le temps est beau et qu’on rumine l’herbe du jour.
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Je grimpai le raidillon à toute allure, je fus sur la place ; en bas de la place plutôt, et le tabac est à l'autre bout, tout en haut : je ne le voyais pas, on n'y voyait pas à dix mètres, ces dix mètres étaient le monde, le diamètre du monde, qu'on trimballait avec soi en marchant, ou qui attendait là avec vous, autour de vous, bien docile, quand on s'arrêtait comme je venais de le faire. Je m'étais arrêté en effet, et ce n'était pas pour reprendre mon souffle, pas davantage pour mesurer le diamètre du monde ; ce n'était pas non plus pour reconnaître cet amas bleu roi de poutrelles et d'écrous, de ligatures et d'énormes troncs fraîchement coupés, sur quoi j'avais failli buter, et qui était le trente-huit tonnes Berlier de grumes : c'est que j'entendais à vingt mètres, peut-être dix, hors du monde, dans l'invisible, des talons aigus fouler le pavé de la place et venir vers moi.

Elle entra dans le monde visible, elle fut sur moi, nous nous vîmes. Elle s'arrêta. Elle ne disait mot. Les grands yeux très ouverts regardaient les miens.

Deuxième partie, La Petite Beune, pp. 111-112
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Là, les après-midi de congé, le plus souvent sous la pluie, je faisais mine de prendre l’air et de m’intéresser fort aux herbes ou aux cailloux – les instituteurs ont de ces lubies, de ces licences –, mais je tournais en rond dans les sentiers et l’attendais, raide, crispé dans une contention douloureuse qui faisait battre comme à même mon sang une femme parée puis nue, rhabillée aussitôt et nue, un rythme de nylons, d’or et de peau, mille soies battant cette chair de soie.
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Vidéo de Pierre Michon
Pierre Michon, des années après la parution de "La Grande Beune" en 2009, publie "Les Deux Beune", aux éditions Verdier. Ce roman, reprend le fil de l'histoire de l'instituteur tombé en émoi pour la buraliste qui se nommait Yvonne. La suite qui vient de paraitre, nous livre une toute autre promesse. Augustin Trapenard est parti à la rencontre de Pierre Michon dans la Creuse, afin qu'il nous décrive cette suite écrite 30 ans après le premier volet. L'auteur explique avoir démarré sur un jeune homme de vingt ans qui tombe éperdument amoureux d'une femme plus âgée que lui, un premier ouvrage qui lui a été inspiré par "L'origine du monde" de Courbet.  Le désir, véritable sujet de cette suite est un élément central qui lui permet d'écrire. Pour Pierre Michon, construire une phrase c'est "faire advenir le beau en peu de mots". Cette dernière est "une unité complète" qui doit attirer chez le lecteur un "plaisir esthétique et un dispositif de désir". 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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