Elle rayonnait de vie et elle était merveilleusement belle. Ce n’était pas une de ces beautés sophistiquées qu’il croisait régulièrement dans les cocktails mondains, elle était en fait tout l’inverse. Mais c’était ses grands yeux rieurs qui accrochaient le regard, l’intelligence que l’on pouvait y lire et puis la forme du petit visage, tout en douceur accentuée par le velouté de la peau. C’était la première fois qu’elle prenait le temps de lui parler ainsi et qu’elle s’autorisait à s’animer et à s’enthousiasmer devant lui. Il lui semblait avoir affaire à un petit animal qu’il mettait du temps à apprivoiser mais finalement, à sa plus grande joie, il était en train d’y parvenir. Tout en l’écoutant il décida que désormais elle devrait travailler le plus souvent possible au plus près du tournage, de cette façon il profiterait plus de sa présence et elle bénéficierait d’une expérience plus appréciable.
La musique lui permettait de se vider la tête et l’entraînait dans un univers où elle pouvait exprimer ses émotions en toute liberté. Elle savait qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même ce qui ne lui faisait pas peur, le simple fait d’être là, à San Francisco, était une victoire et sa vie était tout aussi passionnante qu’elle l’avait été auparavant. Malgré sa jeunesse, elle avait eu l’opportunité de découvrir des univers très différents, d’avoir une vie riche et remplie, et son travail à Sausalito entrait dans la droite ligne de tout cela. Johan avait raison, elle avait la chance d’y rencontrer des gens sympathiques et même si la paie était maigre, c’était mieux que rien.
Cet homme dégageait une certaine force tranquille, une présence dont il avait sans nul doute entièrement conscience et dont il jouait sans vergogne. D’aucuns appelleraient cela du charme, Blandine y vit un solide talent d’acteur mis en œuvre par un homme qui confondait la vie et une scène de théâtre. En attendant, elle ne pouvait que reconnaître qu’il avait été sympathique de la dépanner et que son geste n’était pas destiné à satisfaire un quelconque public.
...il n’avait rien à perdre à essayer, qu’à tout problème il y avait toujours au moins une ou plusieurs solutions, ça c’était mathématique, et que le peu qu’elle avait conversé avec le boss, il lui avait paru un monsieur charmant.
Il ne dépend pas de toi d’être riche,Mais il dépend de toi d’être heureux.
Épictète