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EAN : 9782251370064
241 pages
Les Belles Lettres (09/03/1995)
2.67/5   3 notes
Résumé :
Publiée en 1612, Femmes, méfiez-vous des femmes (Women beware women) est une tragédie caractéristique de la démesure et du mélange des genres flamboyant du théâtre élisabéthain. Bianca, belle Vénitienne, quitte son mari par amour pour le duc François de Médicis. Elle s'installe à Florence et devient sa femme, dans l'hostilité générale. Les courtisans et les princes décident de la faire empoisonner. Le complot se trame dans le palais ducal, mais c'est le duc François... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Avec cette pièce, Thomas Middleton écrit une sorte de Liaisons Dangereuses, 170 ans avant les Liaisons Dangereuses. le propos et le projet littéraire sont en tous points comparables : on y trouve en Livia le pendant de la machiavélique marquise de Merteuil, mais aussi l'oie blanche dévergondée ou la prude dévoyée à son insu.

Je ne sais pas si Choderlos de Laclos connaissait cette pièce, en tous les cas, les ressemblances sont troublantes. Et même si Middleton fait son possible pour transporter son intrigue hors les murs de Londres, en terre italienne, tout, absolument tout respire une certaine dérive libertine sévissant à l'époque parmi les grands d'Angleterre. D'où aussi, la fameuse poussée du puritanisme au cours de ce XVIIème siècle ; lequel puritanisme aura la peau du théâtre élisabéthain.

Léantio est un jeune florentin qui est allé quérir Bianca, loin, jusqu'à Venise pour l'épouser en justes noces. Bianca — c'est-à-dire Blanche, l'immaculée — est belle comme pas une à Florence et, tandis que son mari bat la campagne en qualité de courtier, le Duc de Florence défile dans les rues de sa vile... euh pardon, de sa ville et aperçoit Bianca à son balcon... Je vous laisse imaginer le fond de sa pensée.

Dans le même temps, Isabella, la ravissante fille d'un haut dignitaire florentin éprouve une attirance adultérine pour son oncle Hippolito, qui lui est carrément raide dingue de sa nièce. (Le thème des relations adultérines sera le coeur de la pièce de John Ford : Dommage Qu'Elle Soit Une Putain qui paraîtra une douzaine d'années plus tard.)

Et c'est là qu'intervient la magnifique entremetteuse, la marquise de Merteuil avant l'heure, Livia, qui n'est autre que la propre soeur d'Hippolito, elle aussi tante d'Isabella qui va tout faire pour rendre possible tant la liaison coupable d'Hippolito et d'Isabella que celle, tout aussi coupable du Duc de Florence avec Bianca. du grand art madame ! (Ne reculant, vous vous en doutez, devant aucune vilenie si nécessaire.)

Je vous laisse imaginer le sac de noeuds que cela pourra donner lorsque tous les pots aux roses seront découverts, et même encore certains autres, ainsi que tout ce qui peut se tramer dans la tête d'une femme qui s'est sentie outragée ou chez qui les ferments de l'ambition commencent à germer... Et que dire des hommes ? Je vous laisse le découvrir si le coeur vous en dit.

En somme, une bonne pièce, solide, peut-être pas captivante, mais d'un très bon niveau, tout à fait dans la moyenne et dans l'esprit du théâtre élisabéthain, qui n'hésitait pas à aborder des sujets qui fâchent, notamment ici, les moeurs dissolues des élites. Ceci dit, femmes, ce n'est là que l'avis d'une femme, et vous savez que vous devez vous en méfier...
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
ISABELLA : Je me sens si bien depuis un moment —
Malgré cette union qui est un vrai brise cœur —
Que rien ne peut plus décourager ! Ah ! Si mon père
Me trouvait un mari encore plus bête — ce qui, à bien y penser,
S'avèrerait très difficile — je le prendrais aussi bien :
Le pire sera le meilleur. N'importe qui fera l'affaire
S'il est assez idiot. Pourvu que quelqu'un m'aime, quelqu'un de
Discret, disert et clairvoyant, je m'estimerai heureuse.

(ISABELLA : To be so well methinks, within this hour —
For all this match, able to kill one's heart —
Nothing can pull me down now ; should my father
Provide a worse fool yet (which I should think
Were a hard thing to compass) I'd have him either :
The worse the better ; none can come amiss now,
If he want wit enough. So discretion love me,
Desert and judgment, I have content sufficient.)

Acte II, Scène 1.
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LORD CARDINAL : Au mieux
De votre force, il n'y a que ce mur de chair
Entre vous et l'anéantissement, et c'est pauvre et mince argile.
Pensez-y, mon frère ! Pouvez-vous ainsi côtoyer l'abîme
Pour l'amour d'une belle catin ? Vous précipiter
Dans des tourments sans fonds et éternels
Pour une beauté qui n'est qu'à fleur de peau
Et ne lui est même pas naturelle. Est-elle à l'abri
Des afflictions de la maladie, de l'âge, ou de la mort ?
Les vers se tiendront-ils à l'écart de sa tombe ?

Acte IV, Scène 1.
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BIANCA : Oh, les pièges mortels
Que les femmes tendent aux femmes, sans pitié
Pour leur âme ou pour leur honneur ! Apprenez de moi
À connaître votre adversaire. Je meurs convaincue
Que notre propre sexe est notre pire ennemi, notre pire ennemi.

(BIANCA : Oh, the deadly snares
That women set for women, without pity
Either to soul or honour ! Learn by me
To know your foes. In this belief I die :
Like our own sex, we have no enemy, no enemy.)

Acte V, Scène 2.
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LIVIA : On en est donc là : " maudite entremetteuse " ?
Êtes-vous si amère ? C'est le manque d'habitude :
Sa pudeur trop sensible souffre du mal de mer
Car elle n'est pas rompue au ressac capricieux
De la fidélité des femmes ballottée au vent des tentations.
Ce n'est qu'un haut-le-cœur de son honneur, cela passera :
Un peu d'amertume vite dissipée.
Plus amer que l'absinthe est le premier péché,
Mais quand on y revient, c'est nectar au palais.

(LIVIA : Is't so : damned bawd !
Are you so bitter ? 'Tis but want of use —
Her tender modesty is sea-sick a little,
Being not accustomed to the breaking billow
Of woman's wavering faith, blown with temptations.
'Tis but a qualm of honour, 'twill away,
A little bitter for the time, but lasts not.
Sin tastes at the first draught like wormwood water,
But drunk again, 'tis nectar ever after.)

Acte II, Scène 2.
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ISABELLA : Épouser un crétin !
Y a-t-il pire souffrance pour une femme
Qui veut être honnête et fidèle à son époux
Et ne pas connaître d'autres hommes ainsi que le veut la vertu ?
Enfin, comment puis-je lui obéir et recevoir ses honneurs,
Sans commettre le péché d'idolâtrie ?
Car un fou n'est jamais que la réplique de l'homme,
Et mal faite, qui plus est. Oh ! Les cœurs brisés
Des pauvres filles que l'on force à aimer !
Dans le meilleur des cas, leur condition est déjà bien mauvaise
Car les femmes, quand elles sont libres de choisir, ne font, en général,
Qu'acheter leur servitude : elles offrent des dots, aux hommes,
Des dots importantes, pour qu'ils les maintiennent en esclavage.
Comme un prisonnier craintif qui graisserait la patte
À son gardien pour qu'il soit bon avec lui, restant malgré tout à croupir,
Heureux pour un geste gentil, pour un gentil regard, de temps en temps.
Sainte Vierge, il n'est pas de misère plus grande que celle des femmes :
Les hommes achètent leurs esclaves, mais les femmes achètent leurs maîtres.

Acte I, Scène 2.
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