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Critique de Floyd2408


La forêt est un lieu proche de mon appartement, j'aime m'y perdre, errer dans les chemins qui serpentent ces bois, entendre la vie forestière murmurer son chant quotidien, respirer la pureté de l'air chargée du humus humide de cette vie végétale…Le plaisir de ces balades, j'aime pouvoir les retrouver dans la littérature, me perdre dans une prosaïque où l'héroïne est cette reine forestière, comme cette masse critique de Babelio avec Vies de forêt de Karine Miermont, ce doux plaisir du hasard pour retrouver cette forêt. Je l'ai recherché dans mes choix de lecture, comme Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, Les forêts de Ravel de Michel Bernard, Avant que naisse la forêt de Jérôme Chantreau, dans certaines masse critique avec Alors, il planta une forêt de Kayla Harren, Mes forêts d'Hélène Dorion, le silence qui cache la forêt de Marie Sélène sans oublier cette lecture majestueuse sur le prince du royaume de la forêt, l'arbre avec La vie secrètes des arbres de Peter Wohlleben et ceux qui sont encore dans ma bibliothèque, Et toujours les forêts de Sandrine Colette et aussi Description d'un paysage d'Hermann Hesse, en oubliant certainement, la nature respire la vie de mes plaisirs, la forêt, un champs sauvage, un sentier, un étang, une rivière, une brise légère qui ondule ma chevelure, une odeur fugace de fleurs, le bavardage des oiseaux joueurs, ces moments de vagabondages sont des instants qui me pénètrent, beaucoup d'auteurs les couchent dans des romans, dans des poèmes, dans des proses sauvages pour immortaliser ce tableau Nature.
Sans recherche préalable sur l'auteure et ce roman, juste la quatrième de couverture qui trouble un peu, laissant l'incertitude sur le fond et le genre de cette lecture, le sujet est la Nature que foule depuis son enfance Karine Miermont, un paysage au bord de la Lorraine et de l'Alsace, j'ai hâte de me promener dans cette région à travers les mots que va peintre Karine Miermont.
J'avoue que la première page désarçonne, à défaut d'être Marcel Proust avec sa langue chantante si prolixe où avoir la plume simple et poétique de Franck Bouysse avec Fenêtre sur terre, chantant sa Corrèze, Karine Miermont dans un minimaliste moderne, épure jusqu'à l'essentiel en l'oubliant, les phrases cristallisent une sensation de vide, les mots se figent dans une lecture abrupte, la langue se coupe, l'image se brouille, ce paysage devient trop abscons, pourtant le vocabulaire est présent sans avoir la forme, puis l'explication plus fluide où la forêt sera la reine de ce territoire, l'émotion sera-t-elle une musique dont le murmure sera l'écho de ces sous-bois.
Voilà, je viens de terminer Vies de forêt de Karine Miermont, mon coeur oscille, pas par ces battements réguliers, ni par ce flux sanguin qu'il brasse, par les émotions contradictoires de ma lecture approfondie de ce roman étrange par sa forme et sa dialectique, où le personnage principal est le paysage qui encercle la maison de notre auteure, sa géologie, son histoire, sa géographie, sa faune et sa flore, mais aussi les mots, les phrases, les chapitres qui comme une carte postale distillent la beauté de sa région qui au grès des saisons se transforment, la palette des couleurs scintille et le regard de Karine Miermont ne se lasse pas de cette Nature qui l'entoure, ou la prose s'enflamme tel un brasier d'été , éphémère et violente mais aussi se perd dans cette langue moderne, dite contemporaine, s'étouffant d'une stylistique épurée à contre sens d'une nature qui cristallise les sens.
Vies et forêt se met en scène dans dix paragraphes, Là, L'eau, le chat, Vies sauvages, Les rois, le temps, Les hauts chemins, L'hiver existe encore et Liber, ces différents titres chantent les espaces où chemine notre auteure, une mélodie poétique coule dans son écriture comme cette prose brute, assez moderne s'opposant de temps en temps, lorsque la fluidité se dépose dans le creux des mots, l'instant fugace s'éternise, comme cette eau qui coule au début du chapitre Là, la prose s'exalte, prend de l'épaisseur, elle se perd dans les méandres des sources de la vie, aux souvenirs du Journal d' Aran et d'autres lieux de Nicolas Bouvier, les prés ondulent dans le va et vient météorologique, le vent, le soleil, le ciel sont les variables de cette danse de colories qui anime cette verdure capricieuse , ce tableau Karine Miermont l'anime aussi tout au long de ces chapitres, L'eau narre l'histoire de la topographie de sa région qui émerveille son regard, le temps humain se perd dans la géologie, l'eau source de vie façonne l'Alsace et ses alentours, l'eau est cette mélodie musicale qui chante devenant pour la fille de l'auteur une musique de notes, pour l'auteur cascade et ruisseau sont des symphonies Wagnériennes, il y a toujours une quête du lieu, comme celle de la source d'eau, une balade dans la réserve naturelle nationale , classée zone Natura 2000, rencontrant le Liboria pulmonaria, un lichen large, qui est signe de la qualité de l'air, comme la recherche du doyen des arbres, l'amenant dans des lieus sauvages, une petite région reculée de la présence humaine, loin des sentiers, chemins, où l'arbre centenaire s'installe dans l'équilibre accidenté de cet endroit presque inhumain, le hêtre, le sapin et l'acacia foulent de leur majestueuse présence, des aïeux respectueux centenaires, le doyen est un sapin, mais beaucoup d'acacias centenaires réduisent l'humain à se petitesse absolu, comme cette réflexion de l'intelligence animal ne devant pas rougir de celles humaines, le temps donne naissance à un beau passage sur le givre, la neige et la glace s'invitant sur les arbres, je me souviens encore de cette page 102, le temps suit les quatre saisons sur le chemin des paysages de sa région au fil des mots de Karine Miermont, dans Hiver existe encore , la terre, la glaise qui est encore une quête à cette couleur rouge, jaune ou bien blanche selon le regard porté. La beauté des lieus est une puissance dans ce roman, ou quelques fois Karine Miermont touche le sublime et aussi le minimaliste, une oscillation sinusoïdale de l'écriture.
Il y a aussi la faune, Karine Miermont utilise ces notes, celles couchés lorsqu'elle capte l'imprévu, l'animal sauvage qui vient titillé l'humain de sa présence, ce roi, le cerf et ses bois, son brâme, je l'écris à la façon de l'auteur avec cet accent circonflexe qui est celui de cette région, la chasse ou plutôt pirscher, un verbe patois, son origine est vague, presque un axiome mathématique, il est gravé de sa présence , comme étant une loi universelle, Vies sauvages nous fait entrer dans une vie de silence où le verbe taire est le maitre lieu, le cerf est vraiment pour Karine Miermont, le roi, qu'elle observe derrière sa fenêtre, où les rôles sont inversés, lui majestueux dans le prés, elle cachée derrière sa fenêtre, n'osant pas bougé, pour ne pas gâcher ce moment de voyeurisme, comme si ce roi pouvant la voir derrière sa fenêtre, cet animal est insaisissable, Les rois, je n'oublie pas le passage du chat perdu, petite anecdote intime importante pour l'auteure, celle aussi de la chouette hulotte sans logis l'hiver, et autres moments plus historiques comme celles des deux enfants morts lors d'une tempête et sur le lieu de la tragédie, la ferme du Tanet qui tout au long du livre sera un lieu important, une quête même de découvrir sa naissance et sa mort qui reste presque mythologique et la Michèle avec ces aphorismes glanées ci et là par Karine Miermont, ce personnage cocasse et fort amusant par ces envolées lyriques du terroir.
Un roman intime, avec un hymne de sa région avec sa faune et sa flore comme principaux acteurs, nous y trouvons aussi la part humaine, cette histoire qui déchire, la mort, la guerre, les bâtiments et les âmes humaines comme la Michèle et les amis de notre auteure qui l'accompagne dans ces balades et certaines lectures viennent aux souvenirs de Karine Miermont .
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