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Citations sur Les Scarifiés (14)

Avec le temps... avec le temps, qu'ils disent, ça ne fera plus aussi mal. Je refuse que le temps me guérisse. Si je suis comme ça, il y a une bonne raison. Le temps, je veux qu'il m'enlaidisse et me torde à force de manque. Je veux qu'il me marque. Hors de question de t'aplatir. De t'effacer. Je ne sais pas faire sans toi.
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[Un jeune adolescent jusqu'à présent illettré découvre la lecture] Il avait appliqué cette technique à d'autres sortes de mots. Il en était entouré. Les panneaux dans les rues commerçantes, derrières les vitrines, dans la bibliothèque et partout dans la cité ; sans compter toutes les plaques en cuivre qu'il avait croisé dans sa ville natale : une clameur silencieuse, à laquelle il savait qu'il n'y aurait plus moyen de demeurer sourd à partir de maintenant. Une fois venu à bout de son livre, il fut saisi de fureur. Comment se fait-il qu'on ne m'ait rien dit ? fulmina-t-il. Quel est l'enfoiré qui m'a tenu à l'écart d'un truc pareil ?
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Au cours de ses lents périples à travers Bas-Lag, la ville flottante s'était rendue en des lieux inconnus des scientifiques de Nouvelle-Crobuzon ; elle avait pillé des écosystèmes exotiques. De petites clairières de champignons montant à hauteur d'homme, qui s'agitaient et sifflaient au passage du promeneur, s'élevaient sur les trois annexes du parc. Il y a avait une tour recouverte de rouge vif : des lianes épineuses qui empestaient comme des roses pourries. La longue place avant du navire le plus à tribord n'était pas ouverte aux visiteurs, et Silas annonça à Bellis qu'au-delà de l’enchevêtrement serré de certaine clôture de bruyères, la flore était dangereuse : des plantes carnivores aux pouvoirs étranges et non quantifiés ; des arbres-réveils pareils à des saules pleureurs prédateurs.
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Armada regorgeait de figures de proue. Elles saillaient en des coins improbables, chantournées et ignorées, à l'image des heurtoirs sur les maisons de Nouvelle-Crobuzon. Au bout d'une rue, alors qu'elle déambulait entre deux rangées de maisons accolées en brique, Bellis s'était retrouvée nez à nez avec une femme splendide et corrodée, au plastron tombant en poussière, aux yeux peints écaillés perdus dans le vague. Elle était suspendue en l'air tel un fantôme sous le beaupré de son navire, qui s'avançait jusqu'au-dessus du pont du voisin et pointait dans la ruelle. Elles étaient omniprésentes. Loutres, dracovies, poissons, guerriers, femmes... Surtout des femmes. Bellis détestait ces silhouettes pulpeuses au regard vide qui tressautaient imbécilement avec la houle, et qui hantaient la ville tels des spectres prévisibles.
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J'suis allé dans un bar dans le quartier de l’Éboulement. Tu débarques du bateau direct dans une grande embrasure de porte, qui donne dans une salle immense où il y a des danseuses. Et à côté du comptoir, putain ! On voit plus de plancher... tout ce qui reste c'est une rampe, qui descend dans l'océan sur des kilomètres, toute illuminée par en dessous. Et les Crustaces vont et viennent, pour entrer dans le bar et pour repartir chez eux, ils grimpent ou ils descendent c'te rampe, soit au dessus de la surface, soit en dessous. 
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Cette cité devait être placée sous le règne de la discipline maritime : la règle du fouet.
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Quand les trois premiers combattants furent transportés par bac jusqu’à l’arène, la foule fut frappée de mutisme. Les Écaillots prirent pied sur le ponton, vêtus de simples pagnes, et se campèrent dos à dos au centre, en triangle.
Ils étaient pleins d’assurance, tous bien découplés, la peau grise, livide sous la lueur du gaz.
L’un d’eux semblait faire face directement à Bellis. Il devait être ébloui par les lampes, mais elle entretint tout de même le fantasme qu’il s’agissait d’un spectacle à elle réservé.
Ils s’agenouillèrent puis procédèrent à des ablutions, en prenant dans des jattes une décoction bouillante couleur de thé vert, dans laquelle on distinguait des feuilles et des bourgeons.
Après quoi Bellis sursauta. De leur récipient, chacun des hommes avait tiré un couteau. Qu’il brandissait là, immobile et dégoulinant. Les lames étaient courbes, les tranchants incurvés comme des crochets ou des serres. Des couteaux à dépecer. Des objets destinés à inciser, à détacher la viande.
Bellis tournait la tête pour demander à Silas : « Ce sont leurs instruments de combat ? » quand le hurlement soudain de la foule attira de nouveau son attention vers la scène. Son propre cri surgit un instant plus tard.
Les Écaillots s’étaient mis à creuser des entailles dans leur propre chair.
Celui qui se trouvait juste en face de Bellis était occupé à souligner le tracé de ses muscles en de sales incisions. Ayant glissé sous la peau de son épaule le bout de sa lame, il lui fit décrire un demi-cercle, dessinant avec une précision chirurgicale une ligne rouge qui reliait deltoïde et biceps.
Le sang parut hésiter un instant, puis il fleurit – en une éructation, surgissant de cette fente comme de l’eau qui bouillonne, se déversant hors de l’homme en de gros jaillissements, comme si la pression qui régnait dans ses veines était incommensurablement plus forte que chez l’humain lambda. Le liquide se précipita le long de la peau en une marée macabre, et l’homme tourna le bras de droite et de gauche en un geste expert, canalisant son propre fluide vital selon quelque schéma impénétrable. Bellis observa, attendant qu’une cascade sanguinolente vienne souiller la plate-forme, mais au contraire ! Époustouflée, elle constata que le sang prenait.
Il surgissait par vagues des blessures de l’homme, sa substance s’accumulant sur elle-même pour monter plus haut, les bords de la plaie s’encroûtant de berges de sang coagulé : de grosses accrétions dont le rouge virait vite au marron, au bleu, au noir, puis se figeait en des dentelures cristallines saillant à plusieurs centimètres au-dessus de la peau.
Celui qui dégoulinait le long du bras était lui aussi en train de cailler. Il gonflait à un rythme inconcevable et changeait de couleur comme une moisissure foisonnante. Les fragments de la matière qui formait cette croûte se figeaient sur place tels du sel ou de la glace.
L’homme plongea une nouvelle fois son couteau dans le liquide vert et, à l’image de ses semblables derrière lui, reprit ses incisions. La souffrance le fit grimacer. Là où il venait de trancher, le sang explosait, se précipitant le long des ruisselets formés dans son anatomie pour composer une carapace abstraite.
– Ce liquide que tu vois là est un soluté qui ralentit la coagulation, murmura Silas à Bellis. Il leur permet de créer la forme de l’armure. Chaque combattant perfectionne son propre modèle de coupure, ça fait partie de leur art. Ceux qui bougent vite se fendent et dirigent le sang de façon à laisser leurs articulations libres, ils se débarrassent des écoulements en trop. Les hommes lents, puissants, s’enrobent de croûtes au point de devenir aussi gauches et aussi lourdement caparaçonnés que des artefacts.
Bellis se fit un point d’honneur de ne pas commenter..
Ces préparatifs macabres et méthodiques demandaient du temps. Chacun des hommes se trancha tour à tour dans le visage, le ventre, les cuisses, produisant un à un des téguments de sang séché : cuirasse, jambière, brassard ou heaume durci, aux bords et à la coloration irréguliers – des extrusions dictées par le hasard, évoquant des flots de lave, qui relevaient tout autant de l’organique que du minéral.
Ce processus laborieux souleva l’estomac de Bellis. La vue de ces armures cultivées si soigneusement dans la douleur l’ébahit.
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Les Décollés ont écartelé le monde, en arrivant ici. La force de leur atterrissage est à l'origine du Pays Fracturé, et les dommages ne furent pas seulement physiques...
..."Nous avons couturé d'espoirs ce monde tempéré, l'avons profondément blessé et brisé, avons laissé notre empreinte sur sa plus lointaine contrée et jusqu'à plusieurs milliers de lieues par-delà les mers, car ce que nous brisons, nous pouvons le refaire, et ce qui échoue peut réussir malgré tout. Nous avons trouvé de riches veines de possibilités que nous allons creuser..."
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Dans sa main, il y a la statuette, son filigrane de nageoire replié comme des couches de millefeuille, sa bouche ronde, dentifère, de rémora faisant la moue, et la langue de l'homme est encore froide là où il l'a embrassée. Il est beaucoup plus rapide à présent, il a beaucoup moins de mal à accepter le langotage frétillant de la pierre froide, et il sait diriger avec beaucoup plus d'adresse les énergies que libère leur union dénuée de passion.
Il se tient perpendiculaire à la nuit en un endroit que lui montre la statuette et où son baiser permet de se tenir, un lieu ou une sorte de lieu où les rayons de lumière s'entrecroisent et où lui-même n'est pas visible : les portes, les murs, les fenêtres ne le voient pas tant qu'il est l'amant de cette effigie qui pue l'iode.
L'embrasser n'est jamais plaisant. Mais le pouvoir que ce geste lui confère, qui le pénètre avec la salive de la chose de pierre, est une merveille.
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Je ne vais pas raconter à mon tour l'histoire, cela a déjà été fait dans de nombreuses critiques. J'ai aimé le premier tome de Perdida Street Station. Le deuxième m'a moyennement intéressée, trop de descriptions, de personnages (sauf le formidable personnage de La Fileuse) et d'actions inutiles. Les scarifiés dont le titre original est "the scar", la balafre ou la cicatrice qui ne désigne pas la même chose et donne une autre vision des événements. Les personnages ne sont pas vraiment réussis "Uther Dol, mercenaire mystérieux aux pouvoirs surhumains" ne sert strictement à rien à part prendre de mauvaises décisions. Le plus fascinant à mon avis est le vampire qui est puni pour avoir eu raison et dont on aimerait connaître un peu plus de ses origines et de son histoire.
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