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Critique de Thyuig


Et Bellis commença à comprendre l'immense machination dont elle était la victime inconsciente depuis tout ce temps... Je résumerais donc 850 pages comme ça. China Miéville n'est pas chiant, enfin pas toujours, il sait écrire correctement et filerait la nique question inspiration à n'importe quel littérateur parmi ses contemporains. Malheureusement il n'y a pas que l'inspiration.
L'histoire de Bellis est assez belle, son exil volontaire de Nouvelle-Crobuzon, son enlèvement et sa séquestration sur Armada, ses trois flirts, là où va Armada même, ville pirate cosmopolite rassemblant des milliers de navires et dérivant lentement sur les flots, imposant son règne dur aux plus hardis croisant dans ses parages. Souquez, souquez, moi j'en ai soupé.
Oui c'est beau, on est happé par l'histoire, ses personnages ont du caractère même s'ils finiront par se reveler creux au possible. on est bien loin de Perdido Street Station à ce propos. Les Scarifiés est un roman qui déroule un fil de laine infini et qu'il a bien fallu casser à un endroit. Mais nul souffle n'habite ce bouquin finalement qui vaudrait d'être lu en partie pour une seule scène absolument démente : l'attaque des femmes-moustiques sur l'île ghetto de cette espèce. Voilà une scène qui renverse. le convoi doit parcourir trois kilomètres en zone non protégée, on entend déjà des cillements d'ailes, des vrombissements sourds. Hommes et femmes, sous un soleil de plomb accèlerent la cadence, fermement encadrés par des soldats cactacés en armes. Une anopheliae approche. Elle n'a que la peau sur les os, ses muscles saillent, tendus vers la faim qui l'agite, qui ne cesse de la tourmenter. Sanglante est la raison qui l'anime, elle ne peut pas interrompre sa course, elle sait les gardes armés, elles ne voit que la chair et les litres de sang qui s'avancent. Son visage se tend, de sa bouche naît une trompe aiguisée, son vol se fait plus rapide et plus prompt, elle va manger très bientôt. A ce moment là, les gardes lâchent les cochons et les moutons en arrière de la troupe. Eux connaissent la panique, et ce vrombissement qui ne cesse de ternir encore l'espoir de fuite. le bétail court, l'anopheliae se projète vers sa cible, son dard s'élançant comme au devant d'elle. Elle s'abât sur un porc, ses jambes l'enserrant et sans coup de semonce, embrasse avec une force inouie le pauvre animal. Il ne mettra qu'une minute ou deux à predre conscience. Elle en mettra trois à se repaître. Lui se déconstituera sous nos yeux. Elle retrouvera des formes de femme dans le même temps. Voilà pour la scène incroyable du livre. Elle prend le coeur du lecteur à mesure de la progression du groupe. Evidemement, la retranscription que j'en fais ne la met peut-être pas à son avantage mais passons...
China Miéville propose dans ses livres un bestiaire incroyable d'êtres hybrides, des animaux, des plantes, tout cela sous une forme d'hominidés. Ces croisements improbables, s'ils semblent freiner la relation au livre dans un premier temps sont au contraire tout le sel qui nous accroche à l'oeuvre à mesure de lecture. On peut se lasser de ces psychologies effleurées et de ces personnages un peu vides, uni-sensitif, mais quant à leur modèle de représentation, il faut avouer à China Miéville un grand talent d'inventeur. je passe volontairement sur le rôle joué par les scarifiés dans le roman, ils n'ont aucune substance sinon celle qu'il (l'auteur) voudrait bien y placer. Uther Dol avait bien plus de caractère, China Miéville serait bien inspiré de lui dedier son prochain livre.
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