Londres/
Lombres : 02 mondes. L'un recevant de l'autre, l'autre se déversant dans l'un.
Chacun dépendant de l'autre.
Voici le premier conte pour adolescents écrit par l'auteur anglais
China Miéville.
On tenterait un rapprochement avec Alice aux pays des merveilles de
Lewis Carroll. Mais en vain. Alice, enfant du 19e siècle, s'égarait, errait dans un monde imaginaire, dans celui du rêve, de l'absurde, et de l'inversion de l'ordre établi des choses.
Pourrait on tenter une filiation avec l'héroïne en justaucorps jaune et masque noir de
Georges Chaulet, justicière du 20e siècle? En vain, également. Car Fantômette ne connaissait ni lourdeur ni souffrance sociale comme l'a exposé si bien
Thomas Clerc sans l'émission de
Marie Richeux du 21 décembre 2012 sur France Culture. Singulière, rebelle, forte de son dédoublement, elle troublait la quiétude de l'ordre social.
La jeune héroïne de
Lombres, Deeba, enfant du 21e siècle, quant à elle va devoir trouver par sa propre volonté le passage qui la mènera au coeur de
Lombres. Elle devra rétablir l'ordre des choses pour sauver le monde. Elle n'est pas prédestinée, elle n'est le sujet d'aucune prophétie. Elle ne rêve pas, elle ne se transforme pas. Elle va devoir faire face aux évènements qui se présentent.
Le récit est dense, le rythme très soutenu, l'écriture se laisse emporté par le tourbillon de l'action. La rébellion des mots est un merveilleuse trouvaille et aurait mérité d'être davantage développée.
Cette enfant supporte sa mission. Elle doute, Elle est constamment tiraillée, écartelée entre les deux mondes. Elle connaît la faim, la peur, la fatigue. Elle se culpabilise, se soucie de son entourage, de l'empreinte qu'elle peut laisser. Elle très humaine, trop peut être. Très, trop adulte en fait.
C'est ce qui est pour l'adulte que je suis extrêmement frappant.
En comparant ces 3 héroïnes, comment ne pas s'étonner de la mutation des contes de notre enfance ? Plus exactement du langage qui s'adresse à l'enfance.
Roman écolo- fantastique
Lombres étonne par la maturité de cette enfant qui se démène pour que puisse survive le monde.
Pas d'évasion, pas d'initiation, la seule certitude d'être obligé de faire face.
Les héros des enfants de notre siècle ressemblent à des Titans.
La charge n'est elle pas trop lourde ?
L'insouciance est le souffle qui permet aux enfants s'envoler vers leurs rêves.
Ne les obligeons pas à constamment marcher, sur Terre, à nos côtés.
Merci aux Editions Pocket et à Balelio pour m'avoir donné l'occasion de découvrir cet auteur et de plonger un peu dans la littérature jeunesse de notre siècle.
Astrid SHRIQUI GARAIN