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sur 234 notes
Comme la plupart des ouvrages écris par China Mieville, « Perido Street Station » a été récompensé par toute une flopée de prix littéraires qui, s'ils sont souvent gages de qualité, peuvent aussi finir par devenir intimidants. Rassurée il y a peu par ma première incursion dans l'univers de l'auteur, c'est sans guère d'appréhension que je me suis pourtant plongée dans ce roman culte introduisant la ville de Nouvelle-Crobuzon. Et c'est malheureusement très mitigée que je ressors de ce premier tome qui, s'il ne manque effectivement pas de qualités, se révèle malgré tout bien moins maîtrisé que « Les Scarifiés ». Dès les premières pages, on identifie sans mal la patte ô combien reconnaissable de l'auteur auquel on serait bien en peine de reprocher un quelconque manque d'originalité. Car tout est atypique chez China Mieville : son décor, ses personnages, et même son (ou plutôt ses) intrigue(s). Il en résulte un ouvrage foisonnant, captivant parfois, déroutant souvent, et dans lequel règne une certaine confusion qui finit par lui porter préjudice. L'intrigue, d'abord, est beaucoup trop éclatée et ses différentes lignes n'ont (pour le moment) que peu de connexions les unes avec les autres. L'essentiel du récit se focalise sur un certain Isaac, un scientifique controversé qui se voit confier une mission exceptionnelle et pour le moins ambitieuse : permettre à un homme-oiseau dont les ailes ont été arrachées de revoler. le challenge est de taille et les recherches audacieuses du marginal menacent très vite de révolutionner tout un pan de la science de Nouvelle-Crobuzon. Parallèlement à cette quête, on assiste à l'évolution d'une curieuse créature dont Isaac a fait l'acquisition dans le but d'observer les techniques de vol du règne animal. On suit également l'amante du scientifique, l'artiste Lin, qui se voit confier une étrange commande de la part d'un commanditaire encore plus étrange.

Ces trois intrigues se croisent et s'entrecroisent sans que l'on parvienne pour le moment à voir où veut en venir l'auteur. C'est d'autant plus gênant qu'à toutes ces histoires se greffent également plusieurs chapitres révélant différents pans de l'évolution politique de la ville. Cela peut prendre la forme d'une incursion dans l'imprimerie clandestine d'un journal contestataire, ou en plein milieu d'un mouvement de grève lancé par les dockers et violemment réprimé par le régime, ou encore dans une entrevue peu banale entre les membres du gouvernement et l'ambassadeur... des Enfers. Tous ces passages sont la plupart du temps passionnants et, s'ils témoignent de l'imagination débridée de l'auteur aussi bien que de la densité et de la cohérence de son univers, le lecteur finit toutefois par s'y perdre. Il faut dire aussi que le style de China Mieville n'est pas non plus le plus abordable qui soit. L'auteur use en effet d'un vocabulaire relativement soutenu et surtout extrêmement pointu en ce qui concerne certains sujets, notamment dans le domaine de la science. L'un de ses personnages en vient en effet à développer toute une théorie méta/scientifique que j'ai personnellement trouvée très complexe à saisir et qui, malheureusement, se retrouve ici exposée dans les grandes lignes. Cela donne lieu à quelques passages franchement indigestes, voire carrément incompréhensibles, ce qui est d'autant plus frustrant qu'ils ne présentent que peu d'intérêt pour le récit. Au nombre des déceptions, il faut également mentionner les personnages qui, déjà dans l'excellent « Les Scarifiés », n'était pas franchement le point fort de l'auteur. Sans aller jusqu'à être fades ou antipathiques, les habitants de Nouvelle-Crobuzon n'en demeurent pas moins très distants et cette froideur n'encourage pas le lecteur à s'y attacher. Il faut dire aussi que, très vite, il apparaît clairement que le personnage central du roman n'est ni le scientifique rejeté par sa communauté, ni l'artiste avant-gardiste, mais bel et bien la ville elle-même. Et quelle ville !

En dépit de tous les reproches que l'on peut faire à ce premier tome, on peut difficilement contester le fait que l'auteur a apporté un soin presque maniaque à son décor. le lecteur arpente ainsi aux côtés des différents personnages la multitude de quartiers qui quadrillent la métropole tentaculaire de Nouvelle-Crobuzon et dans lesquels règne une ambiance qui varie complètement de l'un à l'autre. Les docks, la banlieue de Chiure et autres faubourgs plus ou moins bien fréquentés, les arènes de Cadnebar, la foire et son freakshow... : voilà un petit aperçu des destinations qui vous attendent dans ce premier tome. le tout est impressionnant, mais cela fait tout de même beaucoup à digérer, d'autant plus que l'auteur nous abreuve de quantité d'anecdotes pour chacun de ces lieux. China Mieville dresse ainsi le portrait d'une véritable fourmilière dans laquelle règne une éternelle confusion et où se mélangent allègrement toutes les races et toutes les religions qui cohabitent dans une plus ou moins bonne entente. Il convoque aussi un bestiaire remarquablement étoffé et parfois vraiment tarabiscoté. Lin, l'artiste qui occupe l'un des premier rôle du roman, est ainsi ce qu'on appelle une Khépri : mi-femme, mi-scarabée (avouez que, pour en faire son héroïne, il fallait oser !) On trouve également mention de Cactacés, de Garudas (le fameux homme-oiseau), ou encore de mafadets (lion-serpent), sans oublier bien sûr des Recréés, ces « criminels » condamnés à subir une opération altérant leur physique de manière plus ou moins conséquente en y greffant des objets ou des membres appartenant à d'autres créatures (ce qui donne parfois de sacrés mélanges !) le seul problème c'est que, là encore, l'auteur nous laisse nous dépatouiller tout seul et ne nous donne que très peu (voire pas du tout) de repères pour que l'on puisse bien saisir à quel genre de créature on a affaire (et pourtant, j'étais déjà au fait de la plupart des particularités de cet univers...).

Un premier tome en demi-teinte, donc, qui inaugure un univers et une cité au formidable potentiel mais qui se disperse beaucoup trop et finit par donner à l'ensemble un petit côté brouillon. Reste à voir si le second volume sera mieux structuré et si les nombreux fils de l'intrigue se réuniront de manière satisfaisante.
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Bizarre, inventif et immersif. Tels sont les qualificatifs qui me viennent immédiatement à l'esprit à l'issue de ma lecture. Paru initialement en un seul volume outre Atlantique, l'éditeur français à choisi de diviser le roman en deux parties que je trouve assez logiques.

Le premier tome s'attache à nous décrire Nouvelle-Crobuzon, une ville imaginaire dans laquelle se cotoient humains et créatures humanoïdes, selon un bestiaire halluciné et selon des quartiers bien définis. « Nouvelle-Crobuzon était un vrai nid de nuisibles, une ville morbidifiante. Parasites, épidémies et rumeurs y grouillaient de façon incontrôlable ». Insectes humanoïdes, cactacés évoluant sur leurs deux pieds, homme-oiseaux, des mélanges de plusieurs types tels les serpents-libellules qui font froufrouter leurs longues ailes graciles en sifflant à grand bruit, l'auteur s'est laissé aller à construire des personnages absolument incroyables.
L'univers est un autre monde : « A travers sa fenêtre sale, il distinguait l'énorme cercle froid de la lune et les lentes pirouettes qui décrivaient ses deux filles, ces satellites de roche nue, ancienne, qui brillaient comme des lucioles rebondies au fil de leurs révolutions autour de leur mère. »

Au milieu de cet essaim bigarré, Isaac est un scientifique renégat à qui un homme-oiseau va lui demander de reconstruire ses ailes. Ses recherches vont l'amener involontairement à une série de conséquences insensées pour lui-même et ses camarades.

Le second tome est plus dans l'action. le groupe doit lutter pour sa survie et l'auteur fait preuve d'une imagination fertile pour captiver le lecteur tout le long du récit.
Le récit s'étoffe au niveau des personnages : une araignée cosmique fait son entrée, en même temps que l'ambassadeur des enfers ainsi que des vampires qui se nourrissent des pensées.
La ville a toujours une place de choix et devient physiquement un personnage à part entière

Ce roman, pilier de la new weird fiction, a été une révélation en ce qui me concerne.
J'ai adoré l'originalité du récit et les personnages que j'ai trouvé extrêmement bien construits.
L'auteur a également réussi à faire de la ville un personnage à part entière tant ses descriptions sont réalistes.
Perdido Street Station est une histoire sur le traumatisme et la tragédie, non dénuée d'une certaine poésie. La multiplicité des thèmes abordés (pluralité des races, liberté, consentement, processus artistiques) offre un panel d'émotions tout autant différentes.

J'ai eu un vrai coup de coeur pour cette histoire et j'ai bien envie de poursuivre ma découverte de cet auteur.
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J'avais découvert China Miéville avec Les scarifiés, une oeuvre sidérante qui prenait place dans une ville pirate flottante. le Hold my SFFF m'offre l'occasion de me relancer dans un autre livre du subversif auteur anglais en découvrant l'un de ses romans phares, Perdido Street Station, séparé en deux tomes dans mon édition.

L'auteur déploie dans ce roman ce qu'il sait faire de mieux : créer un monde unique, très original. China Miéville allie des éléments très hétéroclites mais qui parviennent à devenir un ensemble cohérent. Au-delà de la cohérence, il ressort de Perdido Street Station une sensation d'étrangeté mêlée de foisonnement qui crée un réel dépaysement. Il y a dans un premier temps un véritable mélange des genres : fantasy, avec un monde qui mêle plusieurs races et des notions de magie assez sombres, science-fiction, avec le personnage de Dan der Grimnebulin et sa science ainsi que du steampunk, avec des créatures mi-machines mi-organiques... Bref, autant de choses qui ne semblent pas au premier coup d'oeil faire bon ménage.

Mais Perdido Street Station séduit aussi grâce à une ambiance très sombre ! En effet, la Nouvelle-Crobuzon n'a rien d'une ville paradisiaque. Peuplée de savants fous, d'artistes décadents, de politiciens égotistes et d'ouvriers laborieux, c'est un vrai capharnaüm divisée en plusieurs quartiers, des riches sphères en ghettos décrépits. le tout donne l'impression d'osciller constamment entre grandeur architecturale et décadence, comme si l'endroit avait connu de meilleurs jours. Un peu comme ses habitants, qui se composent de créatures mi-humaines mi-plantes/insectes, notamment des gens mi cactus ou mi-scarabées.

Le scénario est un peu long à se mettre en place ! Nous suivons d'abord un couple dépareillé, une femme scarabée artiste qui a quitté son peuple d'origine, Lin, et un savant fou, Isaac, touche-à-tout mais aussi un paria. L'histoire s'accélère un peu à l'arrivée de Garuda, un homme-oiseau dont on a coupé les ailes. Avant, le récit entrecroise plusieurs scènes de la vie quotidienne qui permettent de mieux comprendre Nouvelle-Crobuzon, se quartiers, les espèces qui s'y trouvent… Cela aide à la compréhension du monde et ç l'immersion, mais il faut attendre un peu avant que les choses se déclenchent.

J'ai beaucoup apprécié l'arc narratif une fois lancé, et je trouve dommage d'avoir fait le choix de diviser l'oeuvre original car on a l'impression d'un rythme bâclé. Pourtant, une fois la machine lancée, c'est assez fascinant : une menace indicible pèse sur la ville et l'auteur montre un grand talent pour la mise en scène et la construction de ce danger. Je ne spoilerais pas plus, mais j'ai hâte de voir ce à quoi la suite va ressembler.

China Miéville a une écriture très spécifique vite reconnaissable. Il est notamment capable de mettre en place des descriptions captivantes et imagées des lieux comme des personnes, ce qui permet dans tous les cas de créer de réelles personnalités, même aux quartiers et aux objets. Cela se traduit parce que j'ai expliqué dans la première partie, à savoir un univers unique. de plus, la plume de Miéville n'est pas dénuée d'humour ou de dramaturgie, ce qui rend l'ensemble bien équilibré même lorsqu'il ne se passe pas grand chose.

On pourrait craindre que les personnages manquant un peu de couleur, mais Miéville est capable de construire en quelques mots des personnages attachants. Son écriture permet de ménager un beau suspens autour d'eux, car ils ne révèlent que petit à petit leurs mystères et leurs projets. Un effet qui crée parfois une sensation de lenteur et d'inertie, mais qui est inévitable quand on crée des univers denses qui nécessitent une mise en place longue. J'ai en tout cas beaucoup apprécié la diversité des personnages et leurs histoires. Ils ne sont pas forcément tous attachants mais ils ont assez de substance pour être tous intéressants.

C'est une oeuvre définitivement bizarre et inclassable, qui fourmille de créativités et d'idées. China Miéville crée un roman réellement unique qui oscille entre plusieurs genres, de la fantasy en passant par le steampunk. L'univers très riche est bien soutenu par une écriture détaillée qui offre une foule de descriptions précises et dépaysantes, mais aussi des personnages variés. Comme beaucoup de romans qui reposent sur leur atmosphère et leur univers, Perdido Street Station peut paraître un peu long à se mettre en place ! Mais l'angle choisi par l'auteur est tellement original que ce serait dommage de s'en priver.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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J'ai adoré ce livre pour plusieurs raisons : nous nous retrouvons plongé dans un univers foisonnant, coloré, étonnant, riche et incroyablement bien décrit par China Miéville ; les personnages sont tous plus hallucinants les uns que les autres ; l'intrigue tient en haleine ; c'est très bien écrit et ça se dévore comme une gourmandise !
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Un chef d'oeuvre d'originalité qu'on ne referme qu'à contre-coeur. J'ai rarement pris une telle gifle et pourtant j'ai lu plus d'1 millier de livres...

une sorte de Brazil sauce gaborit que Spinrad aurait écrit pour faire simple... Bref unique en son genre, un pur moment de bonheur jusqu'à la dernière ligne.

Je sais que c'est très "lieu commun" de dire ça mais PSS est aussi une critique en profondeur de nos sociétés modernes et de ses dérives: l'horreur des abattoirs, des foires aux monstres, des grèves réprimées par la police, des bidonvilles, des ghettos... de la à penser que c'est un prétexte politique pour diffuser la parole du Trostkyste Miéville il n'y a pas vraiment loin à aller
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Perdido Street Station est un roman publié en deux partie en France. J'ai fait une erreur stratégique en attendant trop entre la lecture des deux parties, ce n'est pas le genre d'univers qu'il faut laisser reposer sous peine d'oublier des détails clés. C'était vraiment une lecture très intéressante sombre, glauque, cracra au possible, de la dark fantaisy bien dark. le nom du roman évoque la gare de la ville, centre d'une partie de l'intrigue. Ici la ville est le personnage principal, son fonctionnement et sa survie forme le coeur de l'intrigue tandis que les différents personnages servent l'accès aux lecteurs. Parmi ceux-ci, nous avons un chercheur et une artiste. le scientifique est très gris, a un petit côté savant fou ce qui va entrainer certains nombres de soucis qui le dépasse. Quand on lui donne une énigme à résoudre, il se lance à corps perdu et ne voit pas venir le fait que ça va mal tourner. Il a aussi une relation cachée inter-espèce avec une merveilleuse artiste. Celle-ci va être recruté par le chef de la pègre. Tout comme notre chercher, l'appel d'un sacré challenge fait perdre toute prudence. Travailler pour le grand chef de la mafia en quoi est-ce que ça pourrait mal tourner ? Si c'est vraiment la ville, l'héroïne, on se focalise en particulier sur les bas-fonds. Comment on survit ? Comment on s'entraide ou se dénonce ? Comment on se retrouve mêlé à des histoires qui nous ne dépassent ? La première partie pose l'univers et déploie la toile de l'intrigue. C'est dense, lent, on ne sait pas où on va mais on y va car c'est fascinant. La seconde partie est centrée sur l'action, pas le temps de reprendre son souffle tout s'enchaine. C'est un contraste bien maitrisé mais qu'il faut accepter.
L'univers est dingue mais attention c'est une histoire à découvrir quand on a le moral, l'estomac bien accroché et une bonne capacité de cerveau disponible. Entre la complexité de l'univers, l'intrigue où tout s'enchevêtre et la plume très travaillée, ce n'est pas une histoire facile d'accès mais elle en vaut la peine.
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Un livre d'une grande originalité, mais âmes sensibles s'abstenir, certains passages sont assez ... brutaux, voir morbides.

La ville-monde (car ce microcosme forme à lui seul quasiment un monde) fascine tout d'abord par la variété de sa faune, ou les humains se mêlent à ces espèces que sont les Khépris (femmes ayant un scarabée en guise de visage), Cactus (hommes et femmes d'aspect végétal, aux épines nombreuses), Voldanoy (amphibiens)... et quelques autres plus rares, mais aussi aux Recréés hommes et femmes qui souvent repris de justices, ont vu leur corps remodelé, les dotant de caractéristiques non-humaines et non-naturelles, voir devenu hybride ou à moitié robot. Bref variée, étrange, déroutante, fascinante, repoussante... tout cela à la fois.

Passons à l'histoire... là je dois dire avoir eu du mal. car si jusqu'au tiers du "livre" (je parle du livre anglais, autrement dit au trois quart de ce "premier" tome), l'histoire semblait suivre une certaine logique et je me sentais relativement à l'aise... passé ce moment-là les choses ont commencé à bouger trop vite, et trop bizarrement pour moi. J'ai eu du mal à raccrocher les morceaux épars de l'idée que je me faisais du livre.
Mais ma curiosité à tout de même été piquée.

Les personnages eux sont assez... mi- teinte. Comme corrompus par le décor dans lequel ils évoluent. Sauf peut-être Dekhran qui garde ses idéaux.

En bref: un livre intéressant, mais un peu, voire franchement bizarre, qui rend difficile la formulation du opinion type j'ai aimé/pas aimé.
En tout cas à découvrir pour les curieux.
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La version française est décomposée en deux tomes. Difficile de comprendre pourquoi d'ailleurs. le tome 1 et plus volumineux que le deux et le découpage est assez étrange. M'est avis qu'ils auraient mieux fait de tout laisser en un seul livre.

Ce livre est classé dans la fantasy mais franchement ... je ne sais pas s'il peut se résumer à cela. Il me ferait beaucoup plus penser à du Steampunk (enfin je crois). L'histoire se déroule dans la ville de New Crobuzon, sorte de mégalopole foutoir ou se mélange tous types de quartiers, de populations, amalgame d'architecture dont on ne voit jamais le bout, la fin. Ses habitants sont multiples, comme si toutes les espèces s'étaient retrouvées en un seul et même endroit. Il y a des humains, des Hommes-cactus, des Hommes-insectes, des Hommes-oiseaux, des démons, des espèces mystiques, des êtres vivants modifiés médicalement (Des Hommes à qui on a greffé une arme à la place des bras par exemple ..) ...

L'histoire tourne autour d'une sorte de savant fou du nom d'Isaac. Un savant réputé, qui touche à tout, sorte de Léonard de Vinci du future. Ce savant va recevoir la visite d'un Garuda (Homme-oiseau), qui lui demande son aide pour retrouver sa capacité de voler. de cette union "contractuelle" va naître une menace pour tout New Crobuzon. Les recherches d'Isaac vont libérer un mal sur la ville, un mal qu'il va falloir combattre. Différents personnages, de tout horizon, vont se retrouver, contraint ou volontairement, à collaborer ensemble pour sauvegarder la "vie" dans cette cité.

Le scénario, même s'il est long à se mettre en place et à se lancer est haletant, prenant. Les descriptions sont très riches dans le livre, que ce soit pour les lieux ou les personnages, a tel point que par moment, je m'y suis perdu. Elles n'en restent pas moins très belles et captivantes. Les personnages sont bien construits et attachant. Les multiples personnalités rejoignent les multitudes de races qui composent ces aventuriers. Et si parfois on pourrait reprocher à l'auteur de couper son aventure par des pauses descriptives riches, il ne faut pas oublier que le personnage principal du livre, l'objet du livre, n'est autre que New Crobuzon elle-même. Cette cité improbable, véritable écosystème surréaliste. L'histoire qui s'y déroule n'est au final qu'un prétexte pour parler d'elle, pour la décrire sous ses multiples facettes.

Ce lire a très bien fonctionné sur moi !
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Fatigué de Tolkien et de "sa suffisance wagnérienne, ses aventures bellicistes en culotte courte, son amour étriqué et réactionnaire pour les statu quo hiérarchiques, sa croyance en une moralité absolue qui confond morale et complexité politique" (pour reprendre les critiques formulées à son encontre par China Mieville) mais désireux néanmoins de se plonger dans l'oeuvre d'un créateur d'univers, d'un monde doté de structures sociales et d'une Histoire cohérentes ? Perdido Street station répond à vos attentes ! Avec en plus, un prisme politique progressiste (à l'inverse d'un Tolkien !)...
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Si vous flânez habituellement sur les pages de ce site, vous savez que j'ai une tendresse particulière pour l'écriture de China Miéville. Et au coeur de l'été, l'envie me prit de relire l'oeuvre par laquelle je l'ai rencontré : Perdido Street Station. Ce roman est le premier de sa trilogie se déroulant à Bas-Lag et fut couvert de prix lors de sa sortie. Et ? La magie a de nouveau opéré. Une fois de plus, je me suis plongée avec délice dans la Nouvelle-Crobuzon et ses habitants divers et variés. Si vous ne connaissez pas du tout l'oeuvre du romancier, ce livre — divisé en deux tomes dans la version française — est un endroit particulièrement riche où commencer.
Nous sommes à La Nouvelle-Crobuzon, cité cosmopolite dominée par la gare de Perdido (qui donne son nom au livre). Dans la moiteur de l'été, nous y découvrons un couple trans-espèce : Isaac Dan der Grimnebulin, savant fou humain vivant en marge de la fac, et Lin, crachartiste khépri (regardez la couverture du tome 2 pour vous faire une idée de son apparence). Tous deux vont se trouver mêlés à une sombre affaire de trafic de drogue et à une épidémie de cauchemar qui s'abat sur la ville et laisse les victimes physiquement vivantes, mais ayant perdu leurs consciences.
Au fur et à mesure de l'histoire, Perdido Street Station vous fera découvrir l'ensemble de la Nouvelle-Crobuzon avec ses quartiers aux noms évocateurs : Chiure, Bercaille, Crachâtre, le Marais-aux-Blaireaux, le Palus-du-Chien, La Serre… Non seulement China Miéville s'est ingénié à la peupler d'une foultitude de races étranges (cactus humanoïde, garuda à tête de rapace, mainmises parasites allant par paire une dextrière et une senestre), mais également d'un tissu social, économique et politique très dense et très riche. La science, propre au monde de Bas-Lag pourrait s'apparenter à certains talents magiques ou parapsychiques, mais elle a ses règles propres et donc ses limitations. Elle se mêle également étroitement à la vie sociale et politique de la ville notamment avec la bio-thaumaturgie et les ReCréations que celle-ci permet et leurs conséquences judiciaires et sur le marché de l'emploi. Et non seulement, China Miéville dévoile couche après couche, personnage par personnage, page après page, un monde fascinant, mais il n'en oublie pas de raconter une histoire qui happe son lecteur ou sa lectrice et l'entraîne jusqu'à la dernière page. Attention toutefois, l'auteur n'est pas amateur des happy ends. Traverser des événements aussi impressionnants et épiques ne sera pas sans traces pour ses protagonistes et tous n'obtiendront pas forcément l'issue espérée. le voyage les aura changés et pour certains grandis. Et pour qui le lit ? Perdido Street Station est un récit riche, foisonnant et passionnant. À condition d'accepter de se perdre dans l'univers de Bas-Lag et de se laisser surprendre par votre guide China Miéville.
Lien : https://www.outrelivres.fr/p..
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