Ce tome fait suite à Dark and terrible & The new race of man (épisodes 1 à 5). Il contient les épisodes 6, 7, et 9 à 11, initialement parus en 2013/2014, coécrits par Mike Mignla et
Scott Allie. Les épisodes 6 et 7 sont dessinés et encrés par
Sebastián Fiumara, avec l'aide de
Max Fiumara. Les épisodes 9 à 11 sont dessinés et encrés par
Max Fiumara. Dave Stewart a réalisé la mise en couleurs des 5 épisodes.
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- The shape of things to come (épisodes 6 & 7) - Dans le conté de Yuma, dans l'Arizona, une jeune femme court pour échapper à un loup ou à un coyote. Elle tombe nez à nez avec Abe Sapien. Elle s'appelle Elena, elle emmène Sapien au campement où ils sont une demi-douzaine. Esteban, le père d'Elena, a disparu il y a quelques jours. C'est un nagual, un descendant maya capable de se métamorphoser en un animal. Pendant ce temps là, Gustav Strobl continue de progresser en direction de Seattle, à bord de son fiacre, en compagnie de l'agent Vaughn, et de son cocher.
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- To the last man (épisodes 9 à 11) - Abe Sapien a atteint une nouvelle bourgade (Payson dans l'Arizona) où il reste quelques habitants dont le chef de police. Il est accueilli avec méfiance par ce dernier, avec confiance par les autres. Quelques campeurs se sont installés sur le terrain de golf, où ils sont tolérés par le chef de police. Pour une raison indéterminée, Abe Sapien n'a pas confiance en eux.
Ces 2 récits reprennent l'histoire où s'était arrêté le tome précédent. Au cours de l'histoire, Abe Sapien rappelle son objectif : il s'était rendu à la mer de Salton (Salton Sea) pour déterminer si oui ou non il est destiné à jouer un rôle primordial et déjà arrêté dans le nouvel ordre à venir.
Dans la première histoire, Sapien fait la connaissance d'Elena, une jeune femme qui a hésité à postuler pour le BPRD, avant de supposer qu'il s'agissait avant tout d'une équipe de soldats masculins, et donc d'y renoncer.
Mignola et Allie en profite pour développer une nouvelle branche dans la mythologie déjà bien fournie de l'univers partagé d'Hellboy. Comme à son habitude, Mignola ne fait pas semblant : il a effectué des recherches sur la mythologie maya. L'objectif est d'évoquer la fin du quatrième âge et l'absence de cinquième âge. Pour le reste l'histoire continue d'évoquer la place intenable d'Abe Sapien qui semble toujours autant prisonnier de sa condition.
Les affrontements contre les monstres sont de circonstance, sans réelle originalité, mais sans donner l'impression d'une simple redite. Leur intérêt réside plutôt dans la manière dont les individus réagissent à l'approche de la menace, avec l'organisation de milices assez protectrice de leur territoire, une forme de repli sur soi pour assurer une défense valable.
Les dessins de
Sebastián Fiumara sont un peu plus étoffés que dans le tome précédent. Il croque de jolis visages fatigués par la tension et les menaces. Les paysages naturels sont plausibles sans être à couper le souffle. Il assure une mise en images satisfaisante, éloignée des conventions de comics de superhéros, sans réussir à y insuffler un souffle épique ou une angoisse palpable.
Dans la deuxième partie, Mignola et Allie s'attachent encore à montrer comment Abe Sapien est reçu dans une nouvelle communauté, pour laquelle la menace des monstres semble une éventualité lointaine. Sapien apporte son aide en expliquant comment endiguer d'étranges spores apparues sur les cadavres des chevaux.
L'intrigue secondaire autour de Gustav Kobl se poursuit : toujours accompagné de l'agent Vaughn à son corps défendant, il retrouve son mentor Antonis Kouvelis à Seattle. Il reste à voir quelles en seront les conséquences.
L'intrigue principale est cousue de fil blanc parce que les auteurs indiquent très rapidement ce qu'il en est réellement de ce groupe de campeurs. Par contre, le lecteur se prend au jeu d'observer comment les uns et les autres réagissent à leur présence et à celle de Sapien, comment les a priori influencent leur comportement.
Scott Allie n'est pas devenu un grand dialoguiste depuis le tome précédent, mais les phrases prononcées par les personnages sont moins fonctionnelles et véhiculent un peu d'émotion. Ainsi quand Abe Sapien se confie à JJ (le chef de police) autour d'un verre et devant un feu de cheminée, la séquence n'est pas trop mécanique et l'émotion de Sapien se transmet au lecteur.
C'est un grand plaisir de retrouver les dessins de
Max Fiumara qui apporte une vision plus construite que celle de
Sebastián Fiumara, à la fois au niveau des tenues vestimentaires, des décors et du découpage des séquences. Avec lui, les protagonistes ont plus de personnalité visuelle, les décors sont plus fournis, et les actions sont plus prenantes. En particulier, il sait rendre horrifiques les éléments qui le nécessitent.
Au final, ce tome ne semble pas faire avancer beaucoup l'histoire d'Abe Sapien, mais plutôt profiter de sa situation pour le mettre en scène auprès de communautés différentes (un petit groupe, puis une ville). La première histoire a l'air d'avoir pour objectif de préparer le recrutement d'Elena au sein du BPRD (mais elle n'apparaît pas dans la deuxième histoire). La deuxième partie semble avoir pour objet de préparer la suite : Abe Sapien se fait localiser par le BPRD, et l'intrigue secondaire liée à Kobl passe par une étape importante. Par contre, les 2 situations sont bien développées et la personnalité d'Abe Sapien est toujours aussi énigmatique et impressionnante.