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Jacques Bacot (Traducteur)Marco Pallis (Préfacier, etc.)
EAN : 9782213000961
268 pages
Fayard (01/12/1971)
4.44/5   8 notes
Résumé :
Descriptions du produit
L'autobiographie de Milarépa est certainement la meilleure clé pour comprendre le bouddhisme traditionnel du Tibet. Magistralement traduit par Jacques Bacot, ce récit où se mêlent merveilleux et poésie est aussi l'un des plus grands documents spirituels de l'humanité. Selon l'un de ses disciples qui consigna sa vie au XIIe siècle, Milarépa pratiqua la magie noire et commit d'innombrables méfaits pour venger l'honneur de sa famille. Pui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Milarépa, ses méfaits, ses épreuves, son illumination" est la biographie d'un grand maitre de l'école Kagyüpa du bouddhisme tibétain écrite par sa disciple Heruka au XIVe siècle. Plutôt qu'une simple oeuvre hagiographique, il faut le regarder comme l'épopée de l'éveil spirituel d'un grand saint. En même temps, c'est un plaidoyer éloquent en faveur de "l'ascétisme radicale" ce qui consiste à vivre nu dans les lieux isolés (les déserts, les cavernes), à rien boire et à rien manger.

Le livre qui possède une structure dramatique très solide qui est divisé comme suit:

-1- la naissance. Milarépa est né dans une famille aisée de la noblesse tibétaine
-2- la jeunesse. Après la mort de son père, son oncle lui vole ses biens.
-3- les méfaits - Milarépa devient sorcier. Il obtient une revanche très meurtrière.
-4- la conversion - Milarépa comprend il a fait des péché très sérieux. Il décide de suivre la voie bouddhique. Il se rend chez le grand lama Marpa dans l'espoir de devenir son disciple.
-5- les épreuves (a) - Marpa lui demande de construire trois tours qu'il détruit l'un après l'autre.
-6-les épreuves (b) - les épreuves prend fin. Milarépa comprend qu'il a du les subir afin d'expier ses péchés
-7- les méditations (a) - il médite auprès du lama. le graine de la bonne pensée est semé.
-8- les méditations (b) - il médite et obtient toutes les doctrines générales.
- 9- les méditations (c)- il continue à méditer et prend conscience du néant du monde.
-10- les méditations (d) - il se rend compte de la non-réalité du monde sensible
-11- les ermitages - Milarépa fait des pèlerinages afin de rencontrer des disciples
-12- la mort- à 84 ans sur son lit de mort, il exhorte ses disciples à méditer et à pratique son ascétisme '"terrible"
Épilogue - le Nirvâna - Les prodiges et les disciples se multiplient après la mort Milarépa

Milarépa insiste sur le fait que la méditation et les privations extrêmes sont nécessaires pour atteindre le Nirvâna. Si on est riche, on veut plus de richesses. Plus on mange, plus on a faim. Si on travaille, on s'accroche à ce que l'on gagne. Pour atteindre le Nirvâna, il faut vivre en ascète loin de la société humaine. le leitmotiv de l'oeuvre est: "O Seigneur ... Bénis le mendiant pour qu'il atteigne la perfection au désert."

Le bouddhisme de l'école de Milarépa a des importants points en communs avec le Taôisme. Les deux systèmes de penser demande au disciple de ne pas chercher la réussite dans le monde physique mais de perfectionner don "moi" intérieur en méditant. D'après les éditeurs de la série "Les grands initiés" le meilleur synthèse du Taôisme et le Bouddhisme tibétain se trouve dans le Zen japonais.
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La traduction de Jacques Bacot de la vie de Milarépa* reste pour ce qui nous concerne celle qui est la plus fidèle des tribulations de la trilogie** des personnages, dans un Tibet médiéval du XIe siècle, aussi sombre, obscur et cruel, que celui de l'Europe de François d'Assise au XIIe siècle.
Il se dégage de cette hagiographie force et vitalité mêlés d'une spacieuse fraîcheur due dans son essentialité au style épuré de la narration et des envolées lyriques des “dohas”***.
Nous sommes dans cet ouvrage introduit dans une intimité de la vie d'un être hors du commun des hommes, d'une époque lointaine révolue d'un pays reculé, qui se lit dans un espace hors du temporel. le récit où se côtoient la rudesse du vivre, voire d'une certaine brutalité de moeurs frustres de rustres, et les envolées d'allégories, nous entraîne dans une épopée mystique d'un monde étrange, où l'existence semble être dans un « ailleurs ».
Il n'en demeure pas moins, qu'à travers cet écrit Milà-djè nous livre le coeur tourmenté de l'humanité et l'issue possible de la cessation de ses affres. Un cheminement pugnace qui engage la totalité de l'être !
Que peut nous dire Déjtsun-Milà ici en Occident, à l'Humain d'aujourd'hui ? Nous essayerons d'aborder la question dans les trois tomes « Les cent mille chants » de la très regrettée Marie-José Lamothe, et les deux tomes « Chant extraordinaires » de Brian Cutillo.
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* “bonne nouvelle”
** dans l'ordre chronologique, Marpa, Milà, Rétchung ; pères fondateurs laïcs de la Lignée Kagyu, le “moine”, Gampopa comme l'appelait Milà-djè, étant voué à l'institutionnalisation monastique, est à part, et n'entre pas vraiment dans le “moule” de la truculence du récit. Milà et Rétchung étaient très défiants à l'endroit du monachisme et à raison ! Marpa lui n'en avait cure... !
*** poèmes spirituels tibétains chantés
Lien : http://camisard.hautetfort.c..
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Les vie des saints sont souvent consacrées très tôt aux autres. Milarepa se distingue par un parcours peu conventionnel, je ne le raconterai pas, pour ne pas dévoiler l'histoire; mais disons qu'il a mal commencé, puis en a bavé. Ce qui le rend vraiment particulier et attachant.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Milà à ses disciples:
... « Priez là où vous serez. Partout où vous me prierez avec confiance et ardence, je serai là devant vous. »...
p. 253

— Et le Maître apparaissant avec son corps mystique, se leva de son bûcher, un genou replié, écrasant la flamme avec sa main droite et soulevant sa joue avec la gauche.
Avec une voix sortie du fond de sa poitrine, il chanta ces six stances essentielles et suprêmes :

« Rétchungpa semblable à mon cœur,
Écoute ce chant de préceptes et de dernière volonté.

Dans l’océan de la transmigration des trois mondes,
Le “corps irréel” est le grand pécheur.
Tant qu’on s’inquiète de la nourriture et du vêtement,
Il n’y a pas de renoncement au monde.
Renonce au “monde”, Rétchungpa.

Dans la cité des “corps irréels”
“L’âme irréelle” est la grande pécheresse.
Soumise à la chair et au sang du corps,
Elle n’a jamais notion de sa propre nature.
Discerne la nature de “l’âme”,ô Rétchungpa.

Aux confins de l’esprit et de la matière*
La connaissance créée par soi-même est la grande coupable.
Passant subitement d’une impression à une autre,
Elle n’a pas le temps de se rendre compte
Que ces impressions n’ont aucune origine propre.
Tiens-toi au sol ferme de la “non-objectivité” des choses.

Dans la dépendance réciproque de cette vie et de l’autre,
La mémoire aux enfers est la grande coupable.
Privée de corps, elle cherche l’association d’un corps**.
Elle n’a pas le temps de découvrir la non-réalité du monde sensible.
Conclus au vide, ô Rétchungpa.

Dans la cité décevante des six classes d’êtres,
L’aveuglement du “péché” est immense.
L’esprit suit l’impulsion de l’amour et de la haine
Il n’a pas le temps de percevoir l’égale inanité des choses.
Rejette amour et haine, ô Rétchungpa.

Au sein de l’espace immatériel
Le Buddha accompli suscite des images trompeuses,
Il a enseigné par la séduction du monde apparent.
L’esprit n’a pas le temps de concevoir le “monde réel”.
Néglige cet enseignement indirect, ô Rétchungpa***.

Prie ensemble comme trinité unique,
Lamas, Ydam et “dieux”,
Réunis en un seul tout
Contemplation, méditation et consomption.
Accoutume-toi à ne faire qu’une chose
De cette vie, de la prochaine et des limbes.
Ceci est mon dernier enseignement.

Ceci est la fin de mon testament :
Après il n’y a plus rien, ô Rétchungpa. »

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* nous dirions le monde “extérieur”
** la matrice d’une mère
*** Le Buddha a indiqué la méthode négative qui fut la doctrine vulgaire ; Milà-Djé conseille à son disciple la méthode directe de l’ésotérisme, enseignement positif.
p. 357-58-59
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« MILAREPA », (traduc. de Jacques Bacot), ed. Fayard ©1971
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... « Notons tout d’abord que Milarépa — et c’est sa plus grande originalité — a dédaigné les Écritures bouddhiques, bien que son maître Marpa en fût un des traducteurs. Il n’a retenu du Mahâyâna que la quintessence ; et il vécu en cynique, nu, sans toit, sans un livre. Marpa, que le bouddhisme tibétain ne satisfait pas, était allé plusieurs fois dans l’Inde chercher sa doctrine. Milarépa la réforme encore. Il rejette en bloc tous les textes et même les Tantras.
Sa doctrine, comme la lignée qu’il fonde, appelée Kagyu-pa (traditionnelle), doit directement à l’Inde son caractère essentiel, la filiation spirituelle, le culte du père mystique, la bhakti poussée jusqu’à la sublimation du maître.
...
Marpa avait vécu de la vie mondaine. Il y montrait même beaucoup d’activité et d’énergie. Mais c’était simple concession à la vie et au sentiment général. Dans l’Inde il avait appris à renoncer au fruit. Milarépa renonce aux œuvres mêmes. Par le seul exemple de ses méditations, il secoue l’indolence spirituelle et il convertit. Dans son enseignement il tolère les œuvres mondaines pourvu qu’on soit bien pénétré de leur irréalité. Il rejette toute pratique extérieure et reste sur un terrain purement spirituel.
...
C’est ainsi que Milarépa, pour qui le monde sensible a juste autant de réalité qu’une image dans un miroir, vit conformément à cette idée, base de sa loi morale...
...
Il faut l’oubli, l’effacement total du moi accidentel, du moi individuel, pour connaître le soi dans sa réalité objective. Méthode intuitive et voie mystique...
p. 22/23
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Le pardon de Milarépa à ses parents (oncle et tante) ennemis, et les haines de famille et proches sont toujours les plus tenaces et vivaces, est un pardon de logique de l’A/amour nécessaire, basé sur une théorie immuable de la nature des choses. Il n’est pas livré aux raisons changeante des émotions narcissique du cœur. Un pardon soutenu par la seule bonne volonté ne peut résister à un sentiment plus fort, plus violent, devant une passion, individuelle et surtout collective. Il est aussitôt bêtise et même crime.
Ainsi peut-être Milarépa est-il fondé à ne pas séparer la morale de la métaphysique, et à chercher la voie de l’être humain isolé plutôt que de l’homme en société. La vérité relative à l’un lui donnera la solution pour l’autre. Il ne prêche pas la douceur directement, il la démontre par l’absurde, par le néant des violences gratuites, des vanités et de tous les désirs aveugles. Il cherche à satisfaire l’esprit en le cœur, plutôt que le sentimentalisme du cœur ; ou si l’on préfère, à satisfaire l’esprit seul plutôt que l’esprit par le cœur. »...
p. 28
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... Milà : « Je n’ai jamais eu nouvelle de qui j’incarnerais. Quand même j’incarnerais les trois enfers, vous devez partout voir en moi le Porte-Sceptre et les autres Bodhisattvas, et recevoir leur bénédiction avec dévotion. Cette croyance que je suis une incarnation est une bonne opinion de ma personne. Mais il n’est pas plus grande hérésie que cette croyance. C’est parce que vous ne connaissez pas les effets de ma doctrine. D’abord la loi est si vaste que quiconque eût été un grand pécheur comme je le fus dans ma jeunesse, et ayant ensuite cru aux causes et aux effets, eût renoncé au monde et eût médité dans la paix de son corps, de sa parole et de sa pensée, ne serait pas éloigné d’atteindre la Bodhi.
Mais plus particulièrement, si on a pu méditer sous la direction d’un Lama marqué de la sainteté après en avoir obtenu les formules et le pouvoir d’expliquer sans les obscurcir d’idées préconçues, mais jusqu’à les voir à nu, le sens réel et l’enseignement du plus court chemin des formules secrètes, alors on ne doutera plus si on sera Buddha ou non dans cette vie.
p. 222
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... Milà... « Quelques-uns se croient pleins de mérites et sont fier d’être de bons religieux. Ce n’est que de l’orgueil mondain. Donner cent pour recevoir en mille, cacher aux yeux des hommes sa misère morale, c’est boire le poison... Ne poursuivez que la “sainteté”... La grandeur de l’un est l’humiliation des autres. Le silence sur soi évite les conflits... Rejetez ce que l’égoïsme fait paraître bien mais qui nuit aux créatures. Faites ce qui paraît péché mais profite aux créatures. En un mot agissez de manière à ne pas rougir de vous-même... A quoi bon méditer sur la patience si elle ne répond aux injures ?
La notion du néant engendre la pitié.
La pitié abolit la différence entre soi et les autres.
La confusion de soi et des autres réalise la cause d’autrui.»...
... Milà s’abîme dans la contemplation mystique. Trois siècles plus tard, Tsongkhapa, s’attaquera indirectement, au moyen d’une astreignante liturgie, au mysticisme même ; il fondera la théocratie et adaptera le bouddhisme au gouvernement temporel.
p. 29/30
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