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Citations sur Milarépa, ses méfaits, ses épreuves, son illumination (7)

Milà à ses disciples:
... « Priez là où vous serez. Partout où vous me prierez avec confiance et ardence, je serai là devant vous. »...
p. 253

— Et le Maître apparaissant avec son corps mystique, se leva de son bûcher, un genou replié, écrasant la flamme avec sa main droite et soulevant sa joue avec la gauche.
Avec une voix sortie du fond de sa poitrine, il chanta ces six stances essentielles et suprêmes :

« Rétchungpa semblable à mon cœur,
Écoute ce chant de préceptes et de dernière volonté.

Dans l’océan de la transmigration des trois mondes,
Le “corps irréel” est le grand pécheur.
Tant qu’on s’inquiète de la nourriture et du vêtement,
Il n’y a pas de renoncement au monde.
Renonce au “monde”, Rétchungpa.

Dans la cité des “corps irréels”
“L’âme irréelle” est la grande pécheresse.
Soumise à la chair et au sang du corps,
Elle n’a jamais notion de sa propre nature.
Discerne la nature de “l’âme”,ô Rétchungpa.

Aux confins de l’esprit et de la matière*
La connaissance créée par soi-même est la grande coupable.
Passant subitement d’une impression à une autre,
Elle n’a pas le temps de se rendre compte
Que ces impressions n’ont aucune origine propre.
Tiens-toi au sol ferme de la “non-objectivité” des choses.

Dans la dépendance réciproque de cette vie et de l’autre,
La mémoire aux enfers est la grande coupable.
Privée de corps, elle cherche l’association d’un corps**.
Elle n’a pas le temps de découvrir la non-réalité du monde sensible.
Conclus au vide, ô Rétchungpa.

Dans la cité décevante des six classes d’êtres,
L’aveuglement du “péché” est immense.
L’esprit suit l’impulsion de l’amour et de la haine
Il n’a pas le temps de percevoir l’égale inanité des choses.
Rejette amour et haine, ô Rétchungpa.

Au sein de l’espace immatériel
Le Buddha accompli suscite des images trompeuses,
Il a enseigné par la séduction du monde apparent.
L’esprit n’a pas le temps de concevoir le “monde réel”.
Néglige cet enseignement indirect, ô Rétchungpa***.

Prie ensemble comme trinité unique,
Lamas, Ydam et “dieux”,
Réunis en un seul tout
Contemplation, méditation et consomption.
Accoutume-toi à ne faire qu’une chose
De cette vie, de la prochaine et des limbes.
Ceci est mon dernier enseignement.

Ceci est la fin de mon testament :
Après il n’y a plus rien, ô Rétchungpa. »

-------
* nous dirions le monde “extérieur”
** la matrice d’une mère
*** Le Buddha a indiqué la méthode négative qui fut la doctrine vulgaire ; Milà-Djé conseille à son disciple la méthode directe de l’ésotérisme, enseignement positif.
p. 357-58-59
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« MILAREPA », (traduc. de Jacques Bacot), ed. Fayard ©1971
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Le pardon de Milarépa à ses parents (oncle et tante) ennemis, et les haines de famille et proches sont toujours les plus tenaces et vivaces, est un pardon de logique de l’A/amour nécessaire, basé sur une théorie immuable de la nature des choses. Il n’est pas livré aux raisons changeante des émotions narcissique du cœur. Un pardon soutenu par la seule bonne volonté ne peut résister à un sentiment plus fort, plus violent, devant une passion, individuelle et surtout collective. Il est aussitôt bêtise et même crime.
Ainsi peut-être Milarépa est-il fondé à ne pas séparer la morale de la métaphysique, et à chercher la voie de l’être humain isolé plutôt que de l’homme en société. La vérité relative à l’un lui donnera la solution pour l’autre. Il ne prêche pas la douceur directement, il la démontre par l’absurde, par le néant des violences gratuites, des vanités et de tous les désirs aveugles. Il cherche à satisfaire l’esprit en le cœur, plutôt que le sentimentalisme du cœur ; ou si l’on préfère, à satisfaire l’esprit seul plutôt que l’esprit par le cœur. »...
p. 28
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... « Notons tout d’abord que Milarépa — et c’est sa plus grande originalité — a dédaigné les Écritures bouddhiques, bien que son maître Marpa en fût un des traducteurs. Il n’a retenu du Mahâyâna que la quintessence ; et il vécu en cynique, nu, sans toit, sans un livre. Marpa, que le bouddhisme tibétain ne satisfait pas, était allé plusieurs fois dans l’Inde chercher sa doctrine. Milarépa la réforme encore. Il rejette en bloc tous les textes et même les Tantras.
Sa doctrine, comme la lignée qu’il fonde, appelée Kagyu-pa (traditionnelle), doit directement à l’Inde son caractère essentiel, la filiation spirituelle, le culte du père mystique, la bhakti poussée jusqu’à la sublimation du maître.
...
Marpa avait vécu de la vie mondaine. Il y montrait même beaucoup d’activité et d’énergie. Mais c’était simple concession à la vie et au sentiment général. Dans l’Inde il avait appris à renoncer au fruit. Milarépa renonce aux œuvres mêmes. Par le seul exemple de ses méditations, il secoue l’indolence spirituelle et il convertit. Dans son enseignement il tolère les œuvres mondaines pourvu qu’on soit bien pénétré de leur irréalité. Il rejette toute pratique extérieure et reste sur un terrain purement spirituel.
...
C’est ainsi que Milarépa, pour qui le monde sensible a juste autant de réalité qu’une image dans un miroir, vit conformément à cette idée, base de sa loi morale...
...
Il faut l’oubli, l’effacement total du moi accidentel, du moi individuel, pour connaître le soi dans sa réalité objective. Méthode intuitive et voie mystique...
p. 22/23
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... Milà : « Je n’ai jamais eu nouvelle de qui j’incarnerais. Quand même j’incarnerais les trois enfers, vous devez partout voir en moi le Porte-Sceptre et les autres Bodhisattvas, et recevoir leur bénédiction avec dévotion. Cette croyance que je suis une incarnation est une bonne opinion de ma personne. Mais il n’est pas plus grande hérésie que cette croyance. C’est parce que vous ne connaissez pas les effets de ma doctrine. D’abord la loi est si vaste que quiconque eût été un grand pécheur comme je le fus dans ma jeunesse, et ayant ensuite cru aux causes et aux effets, eût renoncé au monde et eût médité dans la paix de son corps, de sa parole et de sa pensée, ne serait pas éloigné d’atteindre la Bodhi.
Mais plus particulièrement, si on a pu méditer sous la direction d’un Lama marqué de la sainteté après en avoir obtenu les formules et le pouvoir d’expliquer sans les obscurcir d’idées préconçues, mais jusqu’à les voir à nu, le sens réel et l’enseignement du plus court chemin des formules secrètes, alors on ne doutera plus si on sera Buddha ou non dans cette vie.
p. 222
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... « D’une manière générale, connaissant dans leurs effets toutes les lois de la délivrance de la transmigration, mon esprit, source de toute mes illusions, se trouvait sans partialité envers ces deux lois : se guider par la vue sur le chemin de l’erreur conduit à la perpétuelle transmigration. Se guider par l’esprit sur la voie supérieure conduit à la délivrance. J’avais la certitude lumineuse de la non-réalité, essence de ces deux vérités. Plus particulièrement, cette première qualité de mon entendement était le fruit de mes méditations antérieures. Constatant le résultat de la nourriture et de l’instruction secrète du Lama, je compris que la voie des inclinations sensuelles qui est la voie des Tantra ne pouvait être une voie commune à l’usage de tout le monde.
p. 198
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D’abord, on commence par mettre son espoir dans les moyens du monde. On étudie des livres. Puis on est content de ses propres succès et on se réjouit des échecs d’autrui. On porte les noms de moines les plus renommés et les plus riches de trésors accumulés. On est vêtu de la robe jaune. Tels sont ceux que j'évite, que j’éviterai toujours.
Mais ceux qui font autrement, selon leur propre règle et contrairement aux premiers, ils sont d’accord avec moi et je ne saurais leur tourner le dos. Mais ceux que je n’approuve pas, je les fuis.
...
C’est la règle du meilleur de tous les véhicules. Il est appelé le Véhicule-de-l’Anéantissement-des-Huit-Lois-en-vue-de-parvenir-à-la-Bodhi-dès-cette-vie. »...
p. 175
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... Milà... « Quelques-uns se croient pleins de mérites et sont fier d’être de bons religieux. Ce n’est que de l’orgueil mondain. Donner cent pour recevoir en mille, cacher aux yeux des hommes sa misère morale, c’est boire le poison... Ne poursuivez que la “sainteté”... La grandeur de l’un est l’humiliation des autres. Le silence sur soi évite les conflits... Rejetez ce que l’égoïsme fait paraître bien mais qui nuit aux créatures. Faites ce qui paraît péché mais profite aux créatures. En un mot agissez de manière à ne pas rougir de vous-même... A quoi bon méditer sur la patience si elle ne répond aux injures ?
La notion du néant engendre la pitié.
La pitié abolit la différence entre soi et les autres.
La confusion de soi et des autres réalise la cause d’autrui.»...
... Milà s’abîme dans la contemplation mystique. Trois siècles plus tard, Tsongkhapa, s’attaquera indirectement, au moyen d’une astreignante liturgie, au mysticisme même ; il fondera la théocratie et adaptera le bouddhisme au gouvernement temporel.
p. 29/30
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