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Critique de mollymonade


L'histoire que nous conte Kei Miller prend sa source dans une vallée jamaïcaine où les esclaves affranchis se réfugièrent le matin de l'émancipation en 1838. Ce qui fut jadis un paradis verdoyant est devenu un ghetto de la banlieue de Kingstown où vivent des petites gens qui, s'ils ont été débarrassés des chaînes de l'esclavage, restent toujours victimes des clivages ethniques et sociaux marqués par les persécutions policières.
En fait, plusieurs histoires s'entremêlent dans ce récit qui navigue entre deux époques. Le fil d'Ariane guidant le lecteur à travers elles est tenu par une vielle femme rasta portant des locks et fumant de la ganja.
En racontant à son petit neveu l'incroyable exploit du pasteur Alexander Bedward, elle remonte le temps jusqu'à son enfance, quand elle n'était qu'une "tifi "( petite fille en créole) qui a vu de ses propres " zyeux "celui qui, par son pouvoir de lévitation entendait libérer le peuple du joug colonial. C'est en quelque sorte la naissance du mouvement rastafari en Jamaïque qu'elle évoque. En parallèle se noue une tragédie, un mystérieux "autoclapse", créant dès le début une tension dramatique intense, tension qui ne se relâche jamais. Le procédé est efficace et ferre impitoyablement le lecteur qui ne peut plus abandonner cette histoire.
J'avais quelques craintes avant d'entamer ma lecture car je me suis plusieurs fois cassé les dents sur des textes publiés par ma maison d'édition préférée. Elles se sont vite évanouies devant la simplicité de l'écriture de Kei Miller et la saveur des dialogues, pimentée et colorée, qui fleure bon la Caraïbe.
Le titre de ce roman, tiré du Livre des Psaumes ( "Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion"), fait référence aux racines bibliques du rastafarisme. Si malheureusement il nous rappelle un vieux tube disco, l'ambiance du roman est plutôt proche de celle des chansons de Bob Marley qui invitent le peuple à se battre pour ses droits à travers des thèmes aussi fondamentaux que la politique, l'esclavage, la religion et la pauvreté.
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