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EAN : 9782371190030
297 pages
Piranha (04/09/2014)
3.46/5   105 notes
Résumé :
En 1785, Jean-Baptiste Baratte, jeune ingénieur normand tout juste diplômé, est chargé par le ministre du roi de vider le cimetière des Saints-Innocents avant de le détruire. Situé en plein coeur de Paris, c'est le plus ancien de la ville; depuis plusieurs années déjà, il déborde et l'odeur nauséabonde qui s'en dégage menace la santé des riverains.

Jean-Baptiste envisage d'abord sa mission comme une chance d'en finir avec un passé archaïque, une tâche... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
3,46

sur 105 notes
Jean-Baptiste Baratte est un jeune ingénieur Normand fraichement diplômé et il a la chance d'être choisi par le ministre du Roi pour un projet gigantesque bien qu'un peu particulier : vider entièrement un cimetière parisien, car il empoisonne littéralement les habitants. Lui qui rêvait de construire un pont ou de travailler au château de Versailles va devoir s'habituer à ce travail étrange.

Ce roman historique décrit à merveille l'ambiance de ces années de la fin du 18 ème siècle, une époque où les idées nouvelles jaillissent de toute part mais où le conservatisme est encore bien ancré dans les esprits et les habitudes de chacun.

Nous suivons pendant plus d'une année ce jeune ingénieur volontaire et naïf.
Avec lui nous arpentons les rues de ce qui deviendra plus tard le quartier des Halles, nous pénétrons dans les échoppes, chez le barbier, chez le tailleur, dans les gargotes, nous marchons à sa suite dans ces ruelles sombres, froides et malodorantes.
Nous le suivons les long des allées du cimetière, dans l'église glacée, nous découvrons, effarés, les fosses communes et constatons l'abandon de ce lieu, pourtant situé au coeur du quartier.

Avec lui également nous mangeons des plats qui ont tous un étrange arrière-goût : celui des cadavres en surnombre qui embaument tout le quartier depuis des années et qui contaminent les corps et les esprits.
Une belle écriture, une histoire originale, des personnages hors du commun…bref, de quoi passer un excellent moment.
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Sous le règne de Louis XVI, le cimetière des Saints Innocents du quartier des Halles vit ses derniers jours.

Existant depuis les mérovingiens ( à l'époque hors des murs de la cité), fermé en 1780 quand une des fondations a déversé les squelettes dans la cave d'un riverain, inutilisé mais plein à craquer dans ses fosses communes et ses ossuaires, il n'est plus acceptable d'en supporter les nuisances, les odeurs et les lieux malfamés.

En 1785, un jeune ingénieur des Ponts et Chaussées est diligenté pour le vider, en déménager les ossements, assainir le site et en détruire l'église de la rue St Denis.
Avec une équipe de mineurs, assisté d'un futur fameux docteur Guillotin, à la lumière de feux sensés éloigner les miasmes, il va devoir assumer ce macabre devoir, sacrilège pour certains, repoussant pour d'autres, à commencer par lui-même.

C'est ce décor sinistre qui est le premier personnage de ce récit étonnant où les échos des romans d'Alexandre Dumas voisinent avec une documentation précise des lieux.
Andrew Miller restitue avec finesse une époque et le petit peuple de la capitale, une ambiance lugubre, autant par l'histoire du cimetière que par le Paris du XVIIIème, où l'éclairage à la bougie est parcimonieux dans ce quartier populaire des Halles. Toute l'intrigue baigne dans l'obscurité, créant coupe-gorges et chausse-trappes. Et cette noirceur n'est pas sans symboliser la contestation populaire qui gronde et l'avenir sombre qui se prépare pour la France des Lumières.

Étonnant qu'un auteur anglais se soit intéressé à cette facette de notre patrimoine.
Pas gaie, comme lecture mais je l'ai trouvée originale et fort bien écrite (ou fort bien traduite) avec cette plume un peu désuète pour coller au sujet.
Et je suis certaine de ne plus regarder la fontaine des Innocents de la même manière.
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Un bout de l'histoire de France, juste avant la révolution : la destruction du cimetière des Innocents, à Paris.

Et qui pour effectuer cette mission ? Un tout jeune homme, Jean-Baptiste BARATTE tout frais émoulu de l'école d'ingénieur, qui, sur l'ordre du ministre du Roi, va devoir se consacrer à cette destruction. Ce n'est pas ce dont il avait rêvé, mais comment refusé ? Lui, il rêvait de construire des ponts !

Il va donc se rendre à Paris, et tenter du mieux qu'il le peut, accomplir sa mission. Jean-Baptiste va chercher des mineurs de Valenciennes et son ami de jeunesse avec qui il a fait ses études, pour assainir le cimetière, c'est à dire, vider les fosses. Il y en a plus d'une vingtaine. Imaginez le nombre de cadavre que cela représente !

On entre dans le Paris du XVIIIe siècle, ses odeurs nauséabondes, les gens et artisans qui gravitent autour de ce cimetière pestilentiel. On s'attache a chacun des personnages qui tournent autour de Jean-Baptiste BARATTE. Bien des mésaventures vont lui arriver, ce ne sera pas simple de faire accepter la destruction de ce cimetière, bien que celui-ci déborde tellement que les caves s'effondrent et les squelettes envahissent les caves.

Un livre foisonnant, que j'ai pris plaisir à découvrir.
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Dernier requiem pour les Innocents est une chronique sur la vie à Paris autour du cimetière des Innocents, situé, en 1784, en plein coeur de l'actuel quartier des Halles-St Denis.
Jean-Baptiste Baratte, un jeune ingénieur des ponts et chaussés, est chargé par Versailles de supprimer cet endroit devenu indésirable...
Baratte, jeune et ambitieux provincial natif de Valenciennes, se voit là confier une tâche ingrate et macabre, celle de "nettoyer" l'un des plus important et ancien cimetière de Paris, celui des Saints Innocents, au départ une simple église et son petit cimetière, qui est devenu au fil des siècles une gigantesque fosse commune ou s'empilent sous terre des millions de restes humains déposés depuis la fin du moyen-âge.
Les conditions de vie à proximité de ce lieu pestilentiel sont devenues insupportables : les murs de certaines caves du quartier ont cédé sous la poussée d'une fosse commune aménagée en hâte. Paris manque aussi à cette époque d'emplacements pour l'installation des marchés et celui des Halles vient buter sur l'enceinte du cimetière. On imagine l'insalubrité et l'odeur pestilentielle d'un tel endroit, où se mélangent les effluves de la chair en décomposition ainsi que ceux de la nourriture entreposée pour le marché.
On va donc suivre ces sombres travaux hallucinés tout au long d'une année, partageant la vie de Baratte, l'ingénieur, mais aussi d'Armand, pianiste joueur d'orgue à l'église fantôme des Innocents, de Lecoeur, alcoolique désabusé et ami d'enfance de Baratte, à qui il a confié la tâche de gérer les mineurs embauchés pour ce travail de forçat.
On pourra voir changer l'ingénieur, plus profondément touché par son travail qu'il ne veut bien le croire. On le verra tomber amoureux même, au coeur de cet enfer.
Mais on verra aussi la folie à l'oeuvre, Lecoeur y perdra la raison.
Car c'est une vision dantesque que ce cimetière éventré, puis cette église démontée, qui finira par brûler.
Et ces hommes qui s'escriment à déterrer ces ossements mènent un combat de chaque instant contre leur répulsion. C'est une tâche qui travaille les corps et les esprits, comme une lente transmutation d'alchimiste infernal, que de révéler ces ossements, puis des les entreposer, pour qu'ils soient ensuite déposer dans les actuelles catacombes, la nuit, par une procession de prêtres entonnant des prières.
Cette histoire de l'Histoire que nous conte Andrew Miller avec son style simple et direct m'a accrochée. J'ai tout de suite été projetée au 18ème siècle, et heureusement, je n'avais pas les odeurs...

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Une fois n'est pas coutume je remercie le traducteur, Grybouille est devenu fou ! Et bien, moi je pense que lorsqu'une traduction garde et porte les idées de l'auteur aussi fidèlement, je le dis, un grand MERCI à M. David Tuaillon.
Ce roman est resté une musique bien agréable à lire en Français et c'est grâce à lui.

Je vais faire simple, ce livre est une pépite qui brille de mille lumières, il est rempli de détails savoureux. Attention, il y aura une « interro » la semaine prochaine, vous êtes prévenus ceux qui feront l'impasse seront sanctionnés.
Vous le savez, j'adore les romans qui se construisent sur des faits historiques, conjuguent actions et savoirs, une pincée de passion, des personnages crédibles, dans ce livre vous avez tout cela plus le savoir faire de l'auteur.
Andrew Miller je ne le connaissais pas, maintenant je ne vais plus le lâcher… Son écriture est inspirée, sa prose évidente et nous sommes invités à passer un très bon moment.
Les 297 pages passent à une vitesse…C'est hallucinant.
La période où se déroulent les évènements, le XVIIIème siècle, le siècle du modernisme intellectuel.
Le personnage principal, Monsieur le jeune ingénieur normand Jean-Baptiste Baratte issu de l'École Royale des ponts et chaussées se voit confier à Paris la mission de vider le cimetière des innocents et de détruire l'église attenante par le Ministre du Roi.
C'est une mission de santé publique, les sous-sols se vident dans les caves des habitations voisines, la nourriture qui est servie lors des repas a le goût des corps en décomposition et les habitants ont une halène chargée des relents de l'air inhalé. Jean Baptiste rêve de construire des ponts, il videra des fosses communes (Pour vous situer le quartier à notre époque il s'agit des halles).

Il est hébergé pour le temps des travaux dans une famille du quartier, les « Monnards » qui sont très attachés à leur église et leur cimetière surtout leur fille « ziguette ».
Tour à tour il rencontre Armand l'organiste de l'église qui lui ouvrira le monde du « Parti de l'avenir » ; l'Autrichienne Héloïse la fille de compagnie et lectrice accomplie, qui saura l'éblouir ; Jeanne la fille du sacristain, une âme pure, par sa connaissance des lieux elle lui permettra de réaliser les travaux dans de meilleures conditions ; Guillotin, le médecin chirurgien qui fera des miracles ; Sagnac, le maître maçon, assurera la destruction de l'église et bien d'autres qui passeront rapidement mais auront tous leur intérêt, Marie, Lefosse, Madame Saget et ses enfants, sa mère, son frère… Bah, oui, en moins de 300 pages l'auteur nous écrit une partition de chef d'orchestre.
Sans oublier son ami Lecoeur, qu'il a connu pendant son séjour dans les mines près de Valencienne qui prendra en charge les trente mineurs qui assureront le travail pénible lors du nettoyage du cimetière. Lecoeur, personnage blessé qui perdra le contrôle de sa vie imbibé d'alcool. D'ailleurs cet alcool coule à flots pour que les ouvriers tiennent le coup !
Et ces inscriptions peintes à la faveur de la nuit par des mains révoltées sur les murs qui marquent ce bouillonnement intellectuel qui explosera quelques années plus tard.
« Il arrivera, donc, ce moment où le soleil n'éclairera plus sur la terre que des hommes libres, ne reconnaissant d'autre maître que leur raison ».

Et encore, je vous laisse découvrir l'action et les rebondissements, une petite merveille je vous dis. L'auteur, Andrew Miller est un virtuose dans son domaine. Mais qui est cet habitant de la perfide Albion qui raconte si bien l'histoire de notre pays ?
Pour finir, un petit clin d'oeil à ce siècle des lumières où de nombreux courants de pensées et d'idées ont vu le jour. Dans ce roman vous retrouverez cette respiration lors de l'avènement d'une nouvelle aire, ce flux et ce reflux des grandes marées populaires, de la symétrie dans les événements, le feu élément purifiant, l'heure donnée à la montre offerte de Jean-Baptiste par son Maitre d'Études avec les symboles gravés sur le boitier, son prénom est-ce un hasard car le hasard n'existe pas, un moment « opératif » inversé avec la destruction de l'église et surtout la lumière. Majestueux !

Grybouille vous salue bien et souvenez-vous de ce nom Andrew Miller, romancier de son état.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Elle a appris à lire grâce à ses parents, tenanciers d'une auberge sur la route d'Orléans à Paris. Ils la vouaient à la restauration, et ils l'ont fait étudier avec un certain curė qui en se penchant avec elle sur un abécédaire faisait connaissance avec ce qu'elle avait sous ses jupons. Par la suite, elle reçut les mêmes soins venant de plusieurs habitués, grands dépensiers, de l'auberge, souvent sous le regard même de ses parents, qui semblaient considérer qu'un tel traitement faisait partie des conséquences acceptables de leur métier et préféraient ignorer ses larmes, ses regards, comme ses appels muets, jusqu'à ce qu'elle apprenne enfin à ne rien attendre d'eux, à leur cacher, ainsi qu'au reste du monde, tout signe de ce qu'elle ressentait.
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Dans l’église des Innocents, la lumière d’une matinée parisienne tombe comme des cordes fines et grises depuis les hautes fenêtres, mais cela ne trouble guère les ténèbres permanentes du bâtiment. Les piliers, noirs ou presque, s’élèvent comme les restes d’une forêt pétrifiée, leur sommet perdu dans des voilures d’ombre. Dans les chapelles latérales, où aucune chandelle n’a été allumée en cinq ans, l’obscurité s’est assemblée par traînées.
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Jeanne ramasse un des plus petits crânes, déloge du pouce un peu de terre sur son front et le redépose dans l'herbe, comme si elle ramenait un oisillon au nid.
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La vie du corps est-elle la vraie vie ? Et l'esprit rien d'autre qu'une lumière anormale, comme les feux de Saint-Elme que les marins voient entourer le sommet des mâts au milieu de l'Atlantique ?
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_Un cimetière?
_Près du marché des Halles. (...) Il avale les cadavres de Paris depuis plus longtemps qu'on ne peut s'en souvenir.
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Videos de Andrew Miller (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrew Miller
Dernier requiem pour les innocents de Andrew Miller aux éditions Pocket
Paris, 1785. Une odeur pestilentielle s'est emparée du c?ur de la capitale. Des caves avoisinantes aux étals des marchands, le cimetière des Saints-Innocents déborde, pourrit à ciel ouvert, contamine tout le quartier. À Versailles, on s'inquiète. Chargé de résoudre le problème, le jeune ingénieur normand Jean-Baptiste Baratte plonge au c?ur du Paris des petites gens et des commerçants qui vivent autour du cimetière, et se met à l'ouvrage. Mais pour transférer les fosses vers les catacombes de Denfert, il devra livrer au conservatisme et à la superstition une bataille féroce. Pour faire enfin briller quelques Lumières, au milieu des charniers...
http://www.lagriffenoire.com/51421-romans-dernier-requiem-pour-les-innocents.html
Vous pouvez commander Dernier requiem pour les innocents sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
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