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Il est difficile de parler d'un livre de Miller sans se retrouver en train de parler de Miller lui même ( ou en tout cas de tenter de le faire), tant il est présent dans chaque ligne. Si pour Tropique du Cancer c'est la découverte de la vie artistique qui prédomine, ou pour Sexus, c'est l'expression de la passion et de la fougue sexuelle, simplement, et souvent avec humour et burlesque, pour PLexus, c'est l'attendrissement devant la découverte de cet homme qui tout à la fois croit fermement en son génie, mais qui doute souvent (même si ça ne dure jamais très longtemps), alors qu'on connaissait (ou s'imaginait connaitre) le très talentueux, passablement égoïste, possédant un appétit sans fin pour tous les plaisirs de la vie. Ainsi, le grand Henry Miller que je découvrais dans Tropique du Cancer en hallucinant devant ce tourbillon de mots, doutait....et paradoxalement, quand il n'écrivait pas sur commande , ou sous la contrainte d'une discipline qu'il s'imposait pour "arriver" à quelque chose, c'était tout naturellement qu'une floppée d'idées, de mots, de phrases traversaient son esprit, et faisaient démanger ses doigts à la recherche d'un carnet ou d'une machine à écrire pour y déverser ce débit si caractéristique. Mais dès qu'on lui donnait l'opprtunité d'écrire dans un cadre un tant soit peu officiel....il "buguait". " Tout ce que je demande est de ne pas me montrer un foutu idiot, comme je l'ai fait, il y a des années en allant voir un célébre écrivain et en demandant, tout à trac:" comment commence-t-on à écrire?" (réponse:"en écrivant". C'est exactement ce qu'il a dit, et ce fut la fin de l'entrevue.) En parlant des lettres écrites durant sa jeunesse il dit:"Jusqu'e dans ces missives couvertes de chiures de mouches, il y avait ces brusques ruptures et ces envolées qui révèlent la présence de feux cachés, de conflits insoupçonnés." pour moi, c'est ça Miller, un déferlement incessant, un rapport minutieux d'un quotidien -peu banal certes- décrit avec tendresse et authenticité, et puis brusquement des sursauts de pensés explosives donnant l'impression d'un être qui "se vomit" voire même qui "s'éjacule" après un épisode de repli inconscient sur soi, de concentration extrême........et pour la lectrice que je suis, il faut se remettre de ça, revenir à son quotidien qui pendant quelques minutes se met à avoir des nuances intéresantes, car l'esprit est encore sous l'influence de ces fulgurences, et on se surprend à essayer de considérer les insipides moments de tous les jours comme autant d'éléments à analyser joyeusement, innocemment, comme le fait Miller.....mais n'est pas Miller qui le veut.....et Miller prend la vie comme elle est, accepte les gens pleinement, sans se positionner par rapport à eux. Tout ce qui l'entoure : gens; objets, événements- est beau à ses yeux, ou du moins digne d'attention, et possible matériel. Petit bémol tout de même (et oui, personne n'est parfait), la longuer et surtout la minutie dans la description de ses rêves (à peine plus extravagant que sa vie diurne) étaient parfois pénibles à lire. + Lire la suite |