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EAN : 9782070377145
352 pages
Gallimard (21/03/1986)
3.72/5   49 notes
Résumé :
En 1940, la guerre oblige l'expatrié Henry Miller à regagner les États-Unis. Il part alors à la redécouverte de son pays, qu'il parcourt en un vaste périple. De sa déception est né Le cauchemar climatisé, publié en 1945. Faubourgs industriels, folies hollywoodiennes, Sud qui perd son charme, contaminé par l'esprit technocratique du Nord... Restent quelques phares, des artistes, comme le compositeur Edgar Varèse, dont Miller trace quelques portraits enthousiastes.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ooooh amis anti-capitalistes, anti-américains, anti-dollar-société-consumériste, Henri Miller est l'homme qu'il vous faut !
Voila pas qu'avec son "Cauchemar climatisé" (pas mal le titre), il dézingue son pays natal qu'il ne conçoit plus comme "son" pays,
et il n'y va pas de main morte.
Il est tout mâchouillé d'avoir dû quitter la France en 1941 le pauvre, la guerre et ses horreurs, il s'en tape, lui est juste contrarié parce qu'à cause de ça, il a dû prendre le chemin du retour vers la patrie honnie. le pendant de sa détestation, c'est qu'il clame tout son bonheur d'avoir savouré Paris et la France à la folie, ce qui risque de décontenancer le râleur français qui n'arrive jamais à aimer son pays...
Et il passe les 70-100 premières pages à vomir sur l'Amérique, ce pays minable, nul, à chier, ridicule, écrasant. Vous en aurez pour votre pognon. Moi ça m'a gonflée, même si mes récentes lectures m'ont bien intéressée sur le rêve américain et cette persistance de déception qui s'en suit. Je continue à l'aimer, ce pays, ce pays bizarre, presque une expérience en laboratoire. Ce que j'aime, à part ses villes (en tous cas, à part New York qu'il déteste, et la Nouvelle Orléans à qui il accorde un semblant de grâce), c'est la richesse de sa créativité. Cinoche, littérature, musiques, théâtre, et mon chouchou Walt Whitman en poésie...
Il râle, donc, Riton-le-grognon. Vraiment, il faut se trimbaler ça pendant tout le livre ?
Non, finalement, notre Miller un rien brouillon a dû tomber sur une seringue, une ligne blanche ou un gros cône occasionnel, il part soudain dans un délire, nous le lecteur, on le suit ou bien on passe à un peu plus loin. Où justement voilà une dissertation sur le bien, ou la mort, ou le pourquoi, ou le comment... Encore quelques pages sautées, et il revient sur terre et daigne enfin s'enthousiasmer...
Car quand il a fini de s'exciter sur son pays merdique, Henry, voilà pas qu'il nous présente des peintres. Trois peintres, qu'il rencontre. Abraham Rattner, avec qui il voyage, avec qui il est rentré de Paris. John Marin, rapidement évoqué. Et Marion Sims Souchon, drôle de nom pour ce chirurgien de la New Orleans, qui à 64 ans s'est mis à peindre passionnément, et qui s'avère être un homme de bien, de sagesse, de gentillesse qu'on a plaisir à imaginer, dans cette Louisiane que Miller apprécie.
Très étonnée de l'entendre enfin dire du bien, j'ai été voir ce qu'avaient fait ces trois peintres-là... Et mon râleur de Henry Miller et moi, ô surprise, avons les mêmes goûts. Ses amis m'ont enchantée.
Richesse de l'univers de Rattner, qui s'est essayé à beaucoup de styles (et avait copiné avec Picasso à Paris), et balance de belles choses fortes, racées. Sur le peu d'oeuvres que j'ai trouvées de Marion Souchon, j'ai eu de vrais coups de foudre pour certaines, vibrantes des couleurs franches et pourtant mystérieuses du bayou. Et spécial coup de coeur pour John Marin et toutes ses aquarelles, celles qui parlent du New York qui se bâtit, se bâtit, et monte vers le ciel, puis un peu de Nouveau-Mexique, et enfin le calme champêtre du Maine, un régal de légèreté, riche pourtant, et même touchant de simplicité affectueuse pour ce que lui offre son pays.
J'avoue, je n'ai pas fini le livre. Encore un peu de délire camé, en quittant la Nouvelle Orléans, puis Miller enchaine avec le compositeur Varèse qu'il encense, et n'a pas réussi à me passionner. Mais je reste sous le charme des tableaux de ces trois messieurs. Ca vaut le coup d'aller les visiter sur le net, les très aimables. Pas comme Toto le grognon, mais du coup je lui pardonne tout, puisqu'il m'a fait découvrir ces univers et s'est lui-même extasié à les contempler et à nous en parler. Un prêté pour un rendu, Mister Miller !
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Un livre qui vaut surtout pour sa critique pertinente du modèle américain, et son hommage à la France occupée.
Après l'on se perd un peu dans la galerie de portraits qui parsème le livre.
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Henri Miller en road trip, le road trip à travers l'Amérique.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Publication Gallimard 1954, Le Cauchemar climatisé, Henri Miller. Traduit de l'américain par Jean Rosenthal.

"C'est à Paris, voici quelques années que l'idée m'est venue d'écrire un livre sur l'Amérique. A cette époque la possibilité de réaliser mon projet semblait fort lointaine, car pour écrire ce livre visiter les Etats-Unis en flâneur, avoir le portefeuille bien garni. Je ne savais absolument pas quand ce jour viendrait.

Faute d'avoir les moyens d'entreprendre ce voyage, la meilleure solution me parut être de le faire en imagination, et je m'attelai à cette tâche à mes moments perdus. Ce périple imaginaire, je m'en souviens, débuta par l'héritage que je fis d'un gros carnet de notes qui avait appartenu à Walter Lowenfelds : la veille de mon départ, celui-ci m'avait demandé de l'aider à brûler une énorme pile de manuscrits, qui représentaient des années de travail.

Souvent quand vers minuit je regagnais mon studio, je m'installais devant ma table et j'inscrivais dans cette sorte de registre céleste les innombrables menus détails qui constituent la comptabilité d'un écrivain : rêves, plans d'attaque et de défense, souvenirs, titres de livres que je me proposais d'écrire, noms et adresses de créanciers éventuels, éditeurs à harceler, moins de champs de bataille, de monuments, de retraites monastiques et je ne sais qui encore, Je me rappelle également fort bien avec quelle émotion je coucjais sur le papier des mots comme Mobile, Swance River, Navajos, le Désert Peint, lynchage, chaise électrique.

Comme je regrette aujourd'hui de ne pas avoir écrit une relation de ce voyage imaginaire qui commença à Paris. Cela aurait fait un tout autre livre ! .."

Ah que j'aime les entrées en matière de Henry Miller : on entre dans son univers, on l'écoute dans son récit, sorte de monologue intérieur ..

Ce qu'il dira à ce sujet, ce qui n'est d'ailleurs pas contradictoire, dans le premier manuscrit du Tropique du Capricorne, est édifiant :
"Le plus difficile pour moi est d'écrire cette première ligne -absence sincère de sincérité, indice de ma personnalité profonde et de tout ce qui va suivre. Le plus ardu pour moi c'est de commencer, parce que je n'ai jamais connu ni début ni fin. Et si ces pages, qui ne sont ni roman, ni nouvelle, ni tranche de vie, ni fantasme, si ces pages qu'il me plaît tant d'appeler Tropique du Capricorne sont si difficiles à commencer, c'est parce qu'elles n'ont pas d'origine précise, ni dans le temps ni dans l'espace. Ce récit, donc, qui coule dans mes veines, que je m'apprête à raconter que cela vous plaise ou non, ou plus grave encore, que cela me plaise ou non, débute à un moment où les protagonistes ne se connaissent pas encore, avant même qu'ils existent, en quelque sorte. Mais cela ne saurait me troubler plus que cela ; problème insoluble que je laisse irrésolu.."



C'est la guerre, 1940, qui va le faire rentrer aux Etats-Unis et lui permettre incidemment de réaliser son projet ..
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Pour vivre au ban de la société, travailler pour le plaisir de travailler, pour vieillir avec grâce en conservant toutes ses facultés, ses enthousiasmes, son amour-propre, il faut posséder d'autres valeurs que celles auxquelles souscrit la foule. Il faut être un artiste pour faire une brèche dans le mur. Un artiste est avant tout quelqu'un qui a foi en lui-même. Il ne réagit pas aux stimulants classiques : ce n'est ni un esclave ni un parasite. Il vit pour s'exprimer et, ce faisant, il enrichit le monde.
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C'est un monde fait pour des monomaniaques obsédés par l'idée de progrès... mais d'un faux progrès qui pue. C'est un monde encombré d'objets inutiles que, pour mieux les exploiter et les dégrader, on a enseigné aux homes et femmes à considérer comme utiles."
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Ce n'est pas un monde où j'ai envie de vivre. C'est un monde fait pour des monomaniaques obsédés par l'idée de progrès... mais d'un faux progrès qui pue. (...) Le rêveur aux songeries non utilitaires n'a pas sa place dans ce monde. En est banni tout ce qui n'est pas fait pour être acheté et vendu.
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«Nous nous traînons d'un pas lourd, le cerveau obtus et l'imagination encapuchonnée, parmi des miracles que nous ne discernons même plus.»

cité par Sylvie Crossman fondatrice avec son mari J.P Barou des éditions Indigène dans un article du nouvel obs daté du 27 juin 2011
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Videos de Henry Miller (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henry Miller
Un roman envoûtant sur celle qui fût la muse de l'écrivain Henry Miller.
Au fin fond de l'Arizona, une femme affaiblie s'est réfugiée dans le ranch de son frère. À ses pieds, des malles contiennent les derniers souvenirs de son grand amour : le sulfureux écrivain Henry Miller. Après leur coup de foudre dans un dancing de Broadway, elle l'a encouragé à écrire, a été son épouse et l'a entretenu pour qu'il puisse donner naissance à son oeuvre. Elle s'appelle June Mansfield. Tour à tour entraîneuse, serveuse ou comédienne, June n'a eu de cesse de brouiller les pistes. Sous la plume de l'auteur de Tropique du Cancer et d'Anaïs Nin, avec qui elle a formé un célèbre triangle amoureux, elle est devenue un personnage de fiction, mais n'a jamais livré sa vérité. Emmanuelle de Boysson nous entraîne dans le New York de la Prohibition et le Paris des années 1930. Elle fait revivre cette personnalité fantasque, ô combien attachante, et recompose le puzzle d'une existence aux nombreuses zones d'ombre. https://calmann-levy.fr/livre/june-9782702185117
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