S'il fallait choisir une oeuvre pour faire découvrir
Frank Miller à quelqu'un, c'est, sans hésitation, Sin City que je choisirais.
Sin City est
Frank Miller ! L'auteur n'a jamais été aussi loin pour faire remonter sa propre psyché. Même dans le genre qu'il utilise, Miller ne rentre pas dans des cases, il crée ses propres cases : roman noir, thriller,
hard boiled, whodunit… pourquoi choisir ? Après tout le médium n'est qu'un outil pour exprimer ses idées. Celles d'un monde pourri gangrené par l'argent et la corruption, un monde sans concession possible où l'urbanisation a avili l'être humain et l'a poussé dans tous les vices. Un monde où le seul moyen d'obtenir justice et de se la faire soi-même. Là où des oeuvres comme Transmetropolitan arrivent à faire surgir de l'espoir de ces amas de béton, ici, il n'y en a aucun. Vous qui entrez dans Sin City, laissez toute espérance ! L'espoir est mort et enterré et les rares éclaircies de gentillesse et de bonté sont écrasées et assassinées. Et si, comme Marv, une telle lueur vous arrive, la perte de celle-ci ne fera que vous plonger dans une bestialité plus grande que celle qui résidait déjà en vous.
Car dans cette ville, seuls les prédateurs survivent et prospèrent. Pour leur faire face, ne cherchez pas de kryptonien ou de Chevalier noir. Pour venir à bout d'une crevure, il faut en devenir encore une plus pourrie qu'elle. Une brute assoiffée de violence où l'instinct animal a pris le dessus. Car si on est autant révolté que Marv par l'injustice qu'il subit, on n'en jubile pas moins face au déferlement de violence qu'entraîne sa quête de réponse.
Et comment ne pas parler du graphisme ?! On retrouve l'absence de concessions et de distinction entre le bien et le mal dans le dessin de
Frank Miller d'un noir et blanc brutal, sec, sans nuances où parfois les silhouettes ont du mal à se révéler et où le blanc devient l'ombre dans le noir.
C'est tout ça, Sin City. C'est tout ça
Frank Miller. Au terme de l'histoire, on finit avec le même sale goût dans la bouche que le personnage : un mélange de sang et de métal. La croisade fut bien crade et brutale mais bon sang, qu'est-ce que ça fait du bien !
Pour être tout à fait honnête, je n'ai pas attendu la Masse Critique pour découvrir ce classique de la bande dessinée, néanmoins un grand merci à Babelio et à Huginn & Muninn de m'avoir permis de franchir le pas et d'intégrer cette série à ma bibliothèque personnelle. Cette nouvelle édition est très belle et j'ai hâte de redécouvrir la suite.