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Dwight, le héros de J'ai tué pour Elle, est de retour et il a du pain sur la planche. Sa nouvelle copine s'est faite sauvagement aborder par Jack, son ex particulièrement violent, et ses potes. Basin City recèle une nouvelle histoire louche, glauque et sale où la violence est quotidienne et où défourailler est un sport national.

Avec le grand carnage, Frank Miller n'y va pas de main morte. Non seulement il annonce clairement la couleur, mais il récidive dans l'exercice de la surenchère violente où les corps s'amoncellent et où le sang coule à flot. Dans cette deuxième aventure centrée autour du personnage de Dwight McCarthy, celui-ci profite doucettement de sa récente chirurgie maxillo-faciale qui lui a offert un nouveau visage pour opérer une chasse sauvage et punitive à la poursuite de Jack, un personnage véreux, violent et à l'humour particulièrement douteux.
La narration de Frank Miller est construite autour d'un triptyque qui pourrait paraître répétitif, mais qui ne lasse jamais. Trois lieux, trois carnages, trois rôles différents pour Jackie Boy pour trois mises en scènes différentes. D'un appartement miteux à un marais bouillonnant en passant par la vieille ville dominée par les prostituées, nous roulons de lieux clos et zones urbaines sensibles sans jamais lâcher notre objectif des yeux : régler son compte à ce cher Jackie Boy qui a trop tendance à considérer les femmes comme des objets uniquement constitués d'une bouche et d'un sexe. Dwight McCarthy, à nouveau en preux chevalier blanc au service de la demoiselle en détresse, apprend, lui, à survivre plus longtemps que cet alcoolique de Jackie Boy. Les hélicoptères de la police rôdent, les ruelles ne sont pas sombres pour rien et les mauvaises rencontres s'enchaînent sans laisser l'intensité de l'intrigue faiblir. L'augmentation progressive de cette dernière est mise en abîme par les yeux exorbités de ce cher Jackie Boy : plongés dans les toilettes, puis assoiffés de sang, et enfin figés dans la violence de ses actions. On ne peut que repenser à la prestation de Benicio del Toro dans ce rôle lors de la première adaptation cinématographique de Sin City.
Sans être le meilleur dessinateur de tous les temps, Frank Miller joue sur son indéniable atout principal : l'utilisation rationnelle des ombres et lumières. Dans un noir et blanc artistique qui renforce l'aspect glauque de Sin City, les graphismes de ce comics se font anguleux et tranchants. Si nous pouvons, au départ, trouver qu'il abuse parfois des planches entières pour mettre en avant les positions différentes d'un même personnage, Frank Miller cherche surtout à créer des mouvements particuliers dans des décors volontairement épurés que seule la pluie quasi continue vient troubler. Son style est surtout adaptable à toutes les scènes de son intrigue sans creux trop net. Avec peu de traits, il illustre très justement des amours forcément violents, des femmes qui ne sont jamais cajolées, mais qui sont pour autant des personnages forts et influents, ce qui est toujours bon à prendre. le design de Miho, la tueuse à dents de sabre, est d'ailleurs plutôt réussi, tout comme l'allusion graphique aux 300 Spartiates sur lesquels Frank Miller se fondera quelques années plus tard pour le fameux comics 300.

Ce Grand carnage est jouissif de bout en bout avec très peu de temps morts dans les dialogues grinçants d'un Frank Miller qui s'amuse toujours autant à créer des scènes d'une violence inouïe et d'une cruelle ironie. Si l'esthétique particulière peut être difficile à cerner pour certains lecteurs, l'ambiance noire au possible ne peut que vous happer à partir du moment où adhérer à la « ville du péché » n'est pas pour vous insurmontable.

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Dwight McCarthy (le héros du précédent tome) est en train de profiter de la vie avec Shellie, une gentille dame de petite vertu quand on frappe à la porte. Un excité baraqué du nom de Jack Rafferty insiste pour passer du bon temps avec la même dame dans le cadre d'une relation tarifée. Il souhaite également qu'elle fasse appel à ses collègues pour distraire les potes avec qui il est venu. Shellie lui fait observer qu'elle ne souhaite pas qu'il la tabasse de nouveau, et qu'elle ne souhaite pas que ses copines se fassent malmener par ses sbires. Tout cela tourne mal et Jack finit la tête dans la cuvette des WC dont il n'a pas tiré la chasse.

Un peu échaudé par cet intermède peu glorieux, il emmène ses potes dans le quartier chaud de Sin City pour s'offrir les services de prostituées dans le cadre d'une transaction économique plus conventionnelle. Mais son agressivité amène les filles à prendre des mesures drastiques concernant son espérance de vie. Malheur : cet homme était un représentant des forces de l'ordre et le statu quo stipule que le quartier chaud est sous la maîtrise des filles à la seule condition que les flics aient droit à des passes gratuites et qu'ils ne soient pas malmenés. Il faut donc rapidement maquiller ce faux pas. Seulement une autre organisation récupère la tête du macchabé policier pour essayer d'imposer sa loi (et ses taxes) sur le quartier chaud.

Frank Miller invite pour la troisième fois ses lecteurs à une promenade touristique dans Sin City. Cette fois-ci, il s'intéresse au quartier baptisé "Old Town" qui est dédié à la prostitution. Sa particularité réside dans le fait qu'il n'y a ni mac, ni souteneur et que les filles assurent elles mêmes leur défense (grâce à leurs prédispositions peu communes aux sports de combats et au maniement d'armes blanches ou à feu de tout genre).

Encore une fois, Miller ignore totalement la dimension sociale de son récit pour se concentrer sur la virilité des hommes et le commerce féminin du sexe. La trame du récit est une fois de plus sur le mode de l'exagération ce qui est parfaitement relayé par le parti pris graphique (les rues avec des courbures dignes des courses poursuites dans un dessin animé de la Warner). Ce style de récit ne repose que sur des exagérations et finit par nuire à l'histoire qui enfile les postures des héros, sans jamais pouvoir faire des personnages autre chose que des caricatures. Par exemple, même en tant que lecteur acquis à la cause de cet univers, il est difficile d'adhérer un seul instant à des personnages comme Miho ou Becky : ils sont à la fois trop impossibles et trop superficiels. Comme l'attrait de la nouveauté des 2 premiers tomes s'est émoussé, Miller donne l'impression de déjà tourner en boucle.

Ce constat vaut également pour les dessins. Miller a toujours recours au noir et blanc (sans nuances de gris) pour des formes épurées, au point d'en être parfois abstraites. L'impact visuel est toujours aussi fort, mais Miller semble avoir pris moins de risques que dans les 2 premiers tomes. du coup, certaines cases sont un peu confuses (il faut s'y reprendre à 2 fois pour comprendre ce qui est dessiné) et d'autres sentent un peu la redite.

Pour autant il n'est pas possible non plus de bouder son plaisir. Il y a à plusieurs reprises des passages d'une noirceur exceptionnelle. Lorsque Jack fait irruption chez Shellie, Miller sait rendre palpable l'insupportable tension qui s'installe n'attendant qu'un mot de travers pour virer au massacre. de même, il réussit à immerger le lecteur dans le délire de Dwight en train de parler au cadavre de Jack, dans une scène à la fois surréaliste et dérangeante de folie latente et de pression. Et certaines séquences d'action restent longtemps imprimées dans la mémoire du fait de graphismes d'une efficacité hallucinante : Jack en apnée dans la cuvette, Manute malmenant Gail, Dwight s'enfonçant dans le goudron, etc.
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Basin City, USA. Ici, le faible est écrasé par le fort. Ici, le pauvre meurt sous le regard méprisant du riche. Depuis des générations, la ville se nourrit de tous les crimes, tous les trafics. Police, Justice, Eglise, Politiques sont tous corrompus. Voilà pourquoi ses habitants la nomment « Sin City », la « Ville du Péché ».
A Sin City, les plus riches sont aussi les plus pervers, à l'instar des membres de la famille Roark. « La famille Roark tient Sin City depuis les débuts du train et du six coups. de génération en génération, leurs millions ont viré billions. Les Roark, c'est notre famille royale à nous ». Sénateur, Ministre de la justice, Cardinal tout leur est permis depuis que « l'arrière grand père […] a lâché tous ses biftons pour importer d'la pute haut d'gamme ».
Mais parfois, un homme défie les puissants, partant pour une mission suicide au nom, si ce n'est de la Justice, de la Vengeance. Mais Justice et Vengeance se confondent souvent à Sin City.

(…)

Dans le tome 3, le Grand Carnage (The Big Fat Kill), on retrouve Dwight qui une nouvelle fois, poussé par son besoin de protéger l'autre, se jette tête baissé dans les emmerdes. Chaque tentative de régler un problème, en crée un plus grand, jusqu'à devenir responsable de la mise en danger toutes les prostituées de la vieille ville. Commencera alors le grand carnage.

« On doit tuer jusqu'au dernier de ces salopards. Pas par revanche. Pas parce qu'ils le méritent. Pas parce que le monde en sera plus vivable. On doit les tuer parce qu'on a besoin de ces morts. […] Il verra ce que ça coute de chercher des crosses aux filles de la vieille ville ».

(…) on pourrait, cataloguer Sin City comme une transposition dans le monde du neuvième art des mauvais films d'action made in USA. Eh bien « on » aurait tord ! Et ce pour au moins deux bonnes raisons. La première étant que c'est plutôt les comics qui inspirent le monde du cinéma (c'était ma moins bonne raison, voire un préjugé totalement accepté par l'auteur), la seconde tenant aux qualités de narrateur de Franck Miller qui accroche le lecteur.

D'abord, il y a une narration à la première personne par le personnage principal. Ensuite il y a les dialogues qui ponctuent le récit. Ils sont brefs, percutants et claquent comme des détonations. Si la parole distingue l'homme de la bête, on sent qu'à Sin City la frontière entre les deux est vite franchie. Tout cela contribue à poser une ambiance lourde où malgré la part d'ombre qu'ont en eux les « héros », on ressent une forte empathie, car le décor, Sin City, est bien plus noir, et de fait, ils semblent lumineux par contraste. Miller fausse alors notre jugement et nous permet de prendre plaisir dans la lecture en acceptant le recours à la violence, même si on n'est pas fan du genre.

Un autre tour de force de Miller tient dans le ressenti qu'il transmet au lecteur. Depuis le début de cette chronique, le mot violence revient tout le temps. Cependant, la majorité du récit retranscrit une introspection du personnage. En l'accompagnant à travers son errance dans la ville, son dialogue intérieur nous livre ses pensées, on ressent les tourments de son âme. Les scènes d'action sont là, à intervalles réguliers, mais la réelle violence est celle ressentie, pas celle qui nous est donnée à voir.

Graphiquement, cette noirceur se traduit dans son utilisation particulière du noir et du blanc (à l'exception de quelques touches de couleurs éparses et d'un passage de 25 planches relatant les hallucinations d'un personnage drogué). Ils sont purs, bruts, sans nuances. Ils ne se mélangent jamais, pas une touche de gris. Sur des fonds noirs, Miller fait exploser la lumière blanche. Il imprime sur la rétine du lecteur des contours, des détails. L'ambiance s'impose directement au lecteur. Chaque planche est dépouillée du superflue : peu ou pas de décor. Tout est centré sur les personnages, leurs émotions, et sur les armes qui le passionnent manifestement. Une autre «passion» redondante, pour le plus grand plaisir du lecteur masculin, tient dans l'érotisation des personnages féminins. Sin City semble être la ville des femmes fatales aux courbes parfaites.

Franck Miller C'est notamment le cas avec qui lui apportent la reconnaissance et lui permettent de travailler à ses propres créations. Avec Sin City, Franck Miller nous propose des récits noirs, violents.

Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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EXTRAIT "Toujours très efficace, toujours dans la même veine, il n'y a rien à jeter dans ce troisième opus de Sin City. On retrouve avec plaisir Dwight, Gaile et Miho, mortelle petite Miho... Il y avait de quoi dire encore sur ce trio, et cet album là conclu fort bien leur histoire commune que l'on avait entrevue dans le tome précédent. Dwight fait à peine moins frappadingue, mais acquiert encore plus de charisme sous sa nouvelle apparence. "
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
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L'orage se rapproche de Sin City, cette ville glauque où putes, truands et flics véreux font la loi et où les cadavres se ramassent à la pelle. Une ville où un quartier en particulier est plus mortel que les autres, un quartier où même les flics ne s'aventurent pas : la vieille ville.

Une ville que l'on croyait sans règles, une ville où l'on pensait que tout était permis, mais ce troisième tome vient prouver le contraire. Il y a bien certaines choses à ne pas faire à Sin City, certains accords à respecter si on ne veut pas compromettre l'équilibre fragile qui règne entre bandits, flics corrompus et catins, certaines choses qu'il faut éviter de faire si on ne veut pas provoquer un Grand Carnage !

Dans ce tome Miller va moins se focaliser sur un personnage afin de mieux explorer les bas-fonds de la vieille ville et de mettre à jour certains accords qui régissent cet univers plein de perversion. Un univers où l'on va cependant retrouver certains personnages des tomes précédents.

Il y a d'abord ces putes tueuses (Gail, Miho, Manute, etc.) qui règnent sur la vieille ville et qui vont jouer un rôle central et ravageur dans cette histoire. Et puis il y a Dwigth Mc Carthy du tome précédent. Mais ce n'est plus le Dwight détective privé qui chasse les couples infidèles et qui se laisse mener par le bout du nez par Ava. Non, le Dwight dans ce tome est différent psychologiquement et aussi physiquement, car il a même un nouveau visage.

Et même si c'est à nouveau à cause d'une femme (Shellie en l'occurrence) que le personnage principal va se voir embarquer dans une histoire sanglante, contrairement aux tomes précédents le personnage principal ne va pas péter les plombs. Alors que dans les tomes précédents la haine et la bête sauvage jaillissaient hors du personnage central, on trouve ici un Dwight plutôt calculateur, aux actions réfléchies. C'est aussi le premier tome sans Marv, un Marv plus impulsif et charismatique que Dwight et qui manque cruellement à ce tome pour ma part.

Ce qui n'a pas changé par contre, c'est la narration divine (ou faut-il dire endiablée) de Frank Miller, ainsi que sa maîtrise graphique incroyable. Des nouvelles scènes exquises sous la pluie battante tout comme dans le premier tome, des femmes aux silhouettes aguichantes et lumineuses qui sortent de l'obscurité répugnante de Sin City. Des contrastes de noir et de blanc, de lumière et d'ombres découpés avec violence et dynamisme de la première à la dernière page.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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J'ai adoré ce troisième tome, on y retrouve vraiment les éléments qui me plaisent tant dans la série : des répliques décalées, de la violence et de l'action à chaque page. le tout, toujours dans un univers rendu sombre et palpitant par les dessins de Frank Miller.
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je commence à me lasser mais cela reste une bonne série. CE tome est à lire dans la continuité du second car on reprend les mêmes!! du coup, évitez de lire le 3 avant le 2... certaines surprises seraient gâchées!
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