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Critique de Dionysos89


Dwight, le héros de J'ai tué pour Elle, est de retour et il a du pain sur la planche. Sa nouvelle copine s'est faite sauvagement aborder par Jack, son ex particulièrement violent, et ses potes. Basin City recèle une nouvelle histoire louche, glauque et sale où la violence est quotidienne et où défourailler est un sport national.

Avec le grand carnage, Frank Miller n'y va pas de main morte. Non seulement il annonce clairement la couleur, mais il récidive dans l'exercice de la surenchère violente où les corps s'amoncellent et où le sang coule à flot. Dans cette deuxième aventure centrée autour du personnage de Dwight McCarthy, celui-ci profite doucettement de sa récente chirurgie maxillo-faciale qui lui a offert un nouveau visage pour opérer une chasse sauvage et punitive à la poursuite de Jack, un personnage véreux, violent et à l'humour particulièrement douteux.
La narration de Frank Miller est construite autour d'un triptyque qui pourrait paraître répétitif, mais qui ne lasse jamais. Trois lieux, trois carnages, trois rôles différents pour Jackie Boy pour trois mises en scènes différentes. D'un appartement miteux à un marais bouillonnant en passant par la vieille ville dominée par les prostituées, nous roulons de lieux clos et zones urbaines sensibles sans jamais lâcher notre objectif des yeux : régler son compte à ce cher Jackie Boy qui a trop tendance à considérer les femmes comme des objets uniquement constitués d'une bouche et d'un sexe. Dwight McCarthy, à nouveau en preux chevalier blanc au service de la demoiselle en détresse, apprend, lui, à survivre plus longtemps que cet alcoolique de Jackie Boy. Les hélicoptères de la police rôdent, les ruelles ne sont pas sombres pour rien et les mauvaises rencontres s'enchaînent sans laisser l'intensité de l'intrigue faiblir. L'augmentation progressive de cette dernière est mise en abîme par les yeux exorbités de ce cher Jackie Boy : plongés dans les toilettes, puis assoiffés de sang, et enfin figés dans la violence de ses actions. On ne peut que repenser à la prestation de Benicio del Toro dans ce rôle lors de la première adaptation cinématographique de Sin City.
Sans être le meilleur dessinateur de tous les temps, Frank Miller joue sur son indéniable atout principal : l'utilisation rationnelle des ombres et lumières. Dans un noir et blanc artistique qui renforce l'aspect glauque de Sin City, les graphismes de ce comics se font anguleux et tranchants. Si nous pouvons, au départ, trouver qu'il abuse parfois des planches entières pour mettre en avant les positions différentes d'un même personnage, Frank Miller cherche surtout à créer des mouvements particuliers dans des décors volontairement épurés que seule la pluie quasi continue vient troubler. Son style est surtout adaptable à toutes les scènes de son intrigue sans creux trop net. Avec peu de traits, il illustre très justement des amours forcément violents, des femmes qui ne sont jamais cajolées, mais qui sont pour autant des personnages forts et influents, ce qui est toujours bon à prendre. le design de Miho, la tueuse à dents de sabre, est d'ailleurs plutôt réussi, tout comme l'allusion graphique aux 300 Spartiates sur lesquels Frank Miller se fondera quelques années plus tard pour le fameux comics 300.

Ce Grand carnage est jouissif de bout en bout avec très peu de temps morts dans les dialogues grinçants d'un Frank Miller qui s'amuse toujours autant à créer des scènes d'une violence inouïe et d'une cruelle ironie. Si l'esthétique particulière peut être difficile à cerner pour certains lecteurs, l'ambiance noire au possible ne peut que vous happer à partir du moment où adhérer à la « ville du péché » n'est pas pour vous insurmontable.

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