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Critique de Presence


Gotham City, Batman vient de calmer plusieurs individus qui se livrent au trafic d'armes dans sa cité. Il est soudainement attaqué par un robot qui s'avère finalement être un cyborg d'un genre un peu particulier. Batman en ramène un morceau dans la Batcave pour se livrer à des analyses. Les résultats indiquent que les morceaux humains correspondent à un sans abri de New York. Dans cette ville, al Simmons a déjà commencé à mener sa propre enquête sur la disparition de certains de ses amis clochards. Il est en pleine interrogation musclée de suspects quand un grand chevalier noir lui tombe sur le dos. Ces 2 superhéros sauront-ils s'écouter pour comprendre qu'ils travaillent sur les mêmes disparitions ? Les premières pages qui les mettent face à face font craindre que ça va prendre un certain temps.

Frank Miller a laissé une marque indélébile sur le personnage de Batman en 1986 avec The Dark Knight Returns, et en 1987 avec Année un. Aussi quand les fans apprennent qu'il revient sur le personnage le temps d'une histoire avec Spawn, le niveau d'excitation grimpe en flèche. Pensez donc Miller revient sur Batman et en plus il bénéficie du dessinateur le plus en vogue du moment : Todd McFarlane, le créateur de Spawn et le cofondateur d'Image Comics en 1992. Et ce n'est pas tout : un insert en deuxième de couverture précise que cette histoire ne se raccorde pas à celle de la continuité habituelle de Batman, mais à celle de "Dark Knight returns".

Premier constat : Todd McFarlane est en pleine forme. J'avais même oublié à quel point (au moins à cette époque) son style embrassait pleinement l'aspect cartoon et plus grand que nature des superhéros. Il faut vraiment avoir les dessins sous les yeux pour constater que McFarlane réussit à faire un tout cohérent d'un être qui se ballade avec des dizaines de mètres de cape, des chaines qui n'en finissent pas et qui sont animées d'une vie propre, le tout enrobé dans le rouge écarlate de sa cape. le lecteur retrouve les 2 composantes qui rendent le style de McFarlane si caractéristique Tout d'abord il y a son souci du détail, non pas le détail photoréaliste, mais la quantité d'informations. Chaque fois que Spawn apparaît dans une case, il ne manque pas un seul maillon à ses chaînes. Sur les murs, il est possible de contempler chaque brique. Globalement, il y a une forte densité de décors dans chaque page. Ensuite il y a la vitalité qui se dégage de chaque pose et de chaque personnage. À l'époque, les mauvaises langues disaient que McFarlane se contentait d'aligner des images bonnes pour des posters, mais sans enchaînement logique dans une séquence narrative. À la relecture, ce jugement de valeur semble exagéré et injuste. Au contraire, son style exubérant traduit parfaitement les sensations du scénario et ses touches graphiques humoristiques apporte la touche parodique recherchée par Miller (par exemple un sparadrap sur la cagoule de Batman). Par contre, il est très déconcertant de constater que la cagoule de Spawn apparaît et disparaît d'une page sur l'autre, même s'il s'agit de la même séquence.

Évidemment ce récit n'est pas "Dark Knight returns". Frank Miller brode une histoire sans conséquence sur une trame très usée. Encore que cette histoire aura une conséquence durable pour al Simmons : un lacet. le lecteur est donc invité à apprécier l'un des plus gros poncifs de superhéros : Spawn et Batman se croisent et ils commencent par se mettre sur la tronche plutôt que d'échanger civilement leurs points de vue. Plusieurs pages d'échange de coups s'en suivent. Oui, mais d'un autre coté ces bagarres futiles sont dans la droite ligne des caractères des 2 personnages. En particulier Batman est pleinement raccord avec la personnalité insupportable de vanité et de toute puissance qu'il aura dans All Star Batman & Robin, The Boy Wonder. Alfred est plus sarcastique que jamais et Batman éprouve un sentiment de supériorité inversement proportionnel à son niveau de pouvoir par rapport à celui de Spawn. le tout aboutit à une histoire creuse avec des vrais moments "Dark Knight".

Cela pourra surprendre de constater qu'à la fin, Spawn a le beau rôle par rapport au prétentieux Batman. Il faut savoir que ce crossover a été publié par Image en échange d'un autre crossover publié par DC Comics dans War Devil. C'était la coutume de l'époque (début des années 1990), les éditeurs se prêtaient les personnages pour des crossovers improbables tel que Batman & Punisher (Lake of Fire), ou Batman & Daredevil (Eye for an eye), ou Batman & Captain America. Top Cow poursuivra cette tradition avec Marvel (Marvel / Top Cow, puis DC (DC / Top Cow).
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