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EAN : 9782749113463
304 pages
Le Cherche midi (06/10/2011)
3.58/5   6 notes
Résumé :

Depuis son plus jeune âge, Thomas vénère le Dieu Dollar, les mécanismes implacables et la beautéglaciale de la société capitaliste. Agent immobilier sans scrupules, il n'a d'autres horizons quel'enrichissement et l'accumulation. Jusqu'au jour où quelques événements successifs, une histoired'amour avortée, un bouleversement familial, la mort d'un coyote vont provoquer chez lui une crisespirituelle sans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
T. est un capitaliste né. Depuis son plus jeune âge, il nourrit une passion pour l'argent ; sa matérialité, son économie et plus tard son abstraction grisante. D'une apparence un peu austère pour ses collègues de fac qui ne jurent que par les fêtes orgiaques, T. calcule tout et construit patiemment son petit empire immobilier qui n'a que faire de la molle bien-pensance. Il est un pur archétype de notre société indivualiste. Self made man, certes. Condescendant et au détriment des autres, et alors?

En pleine ascension, des éléments commencent pourtant à grignoter l'édifice. La mort d'un coyote en pleine face puis son père qui déserte, laissant sa mère désorientée. Tout cela ébranle T. mais n'entâche pas la poursuite de sa routine pour autant. Mais lorsque Beth, cette femme aimée -et la seule jusqu'ici, meurt brutalement, l'existence de T. sombre dans une complète déréliction, révélant le vide ontologique de cette société du toujours plus.

Son quotidien n'est alors plus qu'apparence. Il se questionne sur la place de l'être, revoit ses relations anciennes et en développe de nouvelles - avec Casey par exemple. En secret, il nourrit un grand intérêt pour les espèces animales en voie de disparition qui va peu à peu friser l'obsession. Comme si, après s'être fondu dans les lumières du capitalisme, il cherchait à nouveau à se fondre totalement ; comme s'il cherchait une nouvelle dissolution.

Ce livre là, au fond, n'est pas tant le plaidoyer d'une certaine écologie moralisatrice que l'exposé de l'absurdité de notre époque : à avoir travaillé durant des siècles à se couper de nos racines matérielles, sociales et spirituelles dans l'espoir orgueilleux de devenir des êtres libres - oubliant alors que sans balises, point de liberté -, les hommes ne sont parvenus qu'à créer un chaos existentiel dépouillé de toute profondeur. L'homme ne sait plus vivre que selon le modèle qui lui est présenté, il est un perpétuel enfant. Et même lorsqu'il cherche à s'en détacher, à l'image de T., il ne fait que plonger dans un autre modèle, tout aussi extrême.

La réponse n'est pas dans la recherche de nouveaux modèles. C'est seule la profondeur des racines - c'est s'en rappeler - qui garantit une certaine mesure et du sens au quotidien.
C'est là, me semble-t-il, l'enjeu majeur de cet excellent roman que je vous conseille chaleureusement!

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Thomas, qu'on appelle T., montre une passion pour l'argent depuis son plus jeune âge. Il stocke les pièces de monnaie dans sa bouche et coince les billets sous son matelas, il recompte inlassablement son petit pécule et utilise de nombreuses ruses auprès de sa famille et de ses amis pour leur extorquer de l'argent.
Devenu adulte, il devient un agent immobilier qui joue avec l'argent des autres et spécule sur tout type de terrain et de demeures.
Jusqu'au jour où l'accumulation de petits couacs dans sa vie finit par le désorienter.

T. est plutôt un personnage antipathique qui semble éprouver peu d'émotion et dont la vie parait bien lisse sous la froide caresse de l'argent. C'est la mort d'un coyote qu'il a renversé en voiture qui le bouleverse tout d'abord. Ensuite, c'est le départ de son père, parti vivre une nouvelle vie en larguant tout, femme comprise, lui laissant la charge de gérer les pots cassés auprès de sa mère.
Des émotions passagères mais la vie de T. se poursuit sans remise en question. Il faudra attendre le drame sentimental qui lui tombe dessus avec la disparition de Beth, la femme merveilleuse qu'il avait rencontré pour que notre homme commence à voir sa vie sous un autre oeil. Il se passionne alors pour les animaux en voie de disparition et arpente les zoos en toute illégalité, met à l'écart ses anciennes relations d'affaire qui bientôt le dégoûte, s'attache à la jeune Casey, une invalide qui lui donne l'impression d'exister.
Avant que T. ne plonge bientôt dans un univers sauvage où ses valeurs ne comptent pas et où il se sent vivant et où la menace ne fait qu'accentuer ce sentiment nouveau. Un sentiment qui n'est à nouveau qu'un leurre sur sa condition d'être humain.

Je dois dire que Comment rêvent les morts m'a un peu déstabilisé. J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire, je ne voyais pas où l'auteur, que je lisais pour la première fois, voulait en venir. Il a fallu quelques échanges avec une autre lectrice pour éclairer quelque peu cette lecture.
T. est un personnage totalement froid. Il semble ne ressentir aucune émotion. Son couple avec Beth est à peine décrit et il ne nous est fait part d'aucune sensation particulière à son égard.
Bref, impossible d'avoir une quelconque empathie pour cet homme. Et de fait, c'est l'ennui qui fut mon compagnon pour cette lecture... L'histoire de T. se déroule lentement et même les a-coups majeurs de sa vie ne donnent pas une véritable dynamique au roman. Seul le final, à l'image de son personnage principal, décolle et offre une bouffée d'air, de vie et de liberté.
Après coup, je me rend compte que le roman est une véritable critique de la société capitaliste qui semble trouver réconfort et émotion dans la possession et l'argent.
T. est finalement un être vide qui tente de se sentir exister en se passionnant pour des causes, presque perdues d'avance, sans toutefois sortir de son immobilisme primaire.
Hélas, pour moi, la narration et T. sont un peu à l'image de ce que l'auteur dénonce : un immobilisme et un désengagement donnant un roman assez fermé qui, pour ma part, ne se livre pas facilement.
Si je comprends désormais tout le sel de cette histoire, je ne peux pourtant pas me départir de ce sentiment d'ennui et de platitude qui colle à cette lecture qui me laisse perplexe...
Mes attentes sur un réveil quant à la défense animale et écologique ont peut-être aussi joués. La quatrième de couverture m'a peut-être trompé car le propos n'est pas là.
Peut-être, saurez-vous, à l'instar d'autres lecteurs, trouver plaisir à cette lecture et rédiger un avis autrement plus constructif qu celui-là... !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Un enfant fasciné par les billets de banque américains et montant d'habiles combines pour les acquérir, puis un étudiant toujours en retrait, voilà T., personnage plutôt antipathique auquel Lydia Millet réussit cependant à nous intéresser dès le début.(Mais quand même, on s'interroge, où va-t'on?)



T. devient un agent immobilier financièrement aisé, mais quelques grains de sable vont empêcher la froide mécanique bien huilée de tourner ainsi. Il heurte un coyote sur la route, son père change carrément de vie. "Pendant toutes ces années, je ne me suis jamais réveillé une seule fois. Rien n'était réel pour moi. Tu sais qui tu voyais pendant toute ton enfance et ton adolescence? Un fantôme. Je n'étais pas vraiment là. Je ne sais pas comment te dire... c'est comme si j'était entré par erreur dans la vie d'une autre type."



Puis il rencontre Beth, ensuite Casey. Deux jeunes femmes qui joueront un rôle aussi dans l'évolution de T. "C'était une erreur de penser que parce qu'une personne était déchue blessée, malade ou imparfaitement complète, vous lui donniez davantage par votre présence qu'elle ne pouvait elle-même vous offrir."



Il se passionne pour les animaux en voie de disparition, visite des réserves, des lieux d'élevage en captivité, où il dort clandestinement avec les animaux. "Cette disparition de masse se faisait sans bruit, cette inversion de l'Arche passait inaperçue."C'est pour des phrases de ce genre que j'adore Lydia Millet...



Sa prise de conscience va de pair avec son dégoût de la société égoïste de profit, même s'il reste agent immobilier.

"Gagner, gagner; oh, ne pas avoir à tourner le volant. Ne jamais avoir à tourner de volant : toujours rester dans la même position. Pavez ce sol, faites-en une surface lisse et continue, plate et grise sur le monde - vitesse et facilité."



Jusqu'à la fin, déconcertante et magnifique... Logique, finalement.



Bon, j'ai vraiment aimé ce roman ,je ne l'ai pas lâché, j'étais fascinée. Rien ne se déroulait comme c'était prévisible, il me fallait faire confiance à Lydia Millet qui elle, savait parfaitement où elle allait mener son héros. C'est doux, parfois terrible, souvent amusant, et bien étrange.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Enfant, Thomas n'avait qu'un seul but : gagner toujours et encore de l'argent. Qu'il devienne agent immobilier avec comme seul crédo le bénéfice était une suite logique. Sa vie va basculer à la suite de plusieurs incidents. Des drames petits ou grands qui vont lui permettre d'ouvrir les yeux sur le monde et de prendre conscience de la vraie valeur de la vie.

Si à la lecture des quarante premières pages, je me suis demandée (avec angoisse) à plusieurs reprise s'il s'agissait bien d'un livre de Lydia Millet que je tenais entre les mains, la suite me l'a bien confirmée. Ouf ! Après un premier chapitre un peu lent sur l'enfance de T. ( ou Thomas si vous préférez), on le découvre à l'âge adulte.Agent immobilier brassant beaucoup d'argent et célibataire. Lorsque son père quitte sa mère, cette dernière vient s'installer chez lui. Sa mère frôle de très près la mort et en revient définitivement changée. Et il s'agit du premier domino qui va déclencher la chute des autres.
La suite sur :
http://fibromaman.blogspot.com/2011/10/lydia-millet-comment-revent-les-morts.htm
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Depuis son plus jeune âge, Thomas vénère le Dieu Dollar, les mécanismes implacables et la
beauté glaciale de la société capitaliste. Agent immobilier sans scrupules, il n'a d'autres horizons que l'enrichissement et l'accumulation. Jusqu'au jour où quelques événements successifs, une histoire d'amour avortée, un bouleversement familial, la mort d'un coyote vont provoquer chez lui une crise spirituelle sans précédent.

Peu à peu, il se met à nourrir une étrange obsession pour les zoos, les espèces en captivité, celles en voie de disparition.

Le propos de l'auteure est donc de nous montrer un monde réel à l'agonie, la protection nécessaire de l'environnement. C'est important, pour les américains, de prendre conscience que l'environnement est en danger.

Si j'ai pris plaisir à lire ce roman d'un jeune loup aux dents longues qui s'ouvre au Monde, je ne suis toutefois pas convaincu par le style de l'auteure. Et sa conclusion est bien plate.

L'image que je retiendrai :

Celle de la passion subite du héros pour les zoos (moi qui ai toujours détesté ça).
Lien : http://alexmotamots.fr/comme..
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critiques presse (1)
Telerama
26 octobre 2011
Portée par un talent hors du commun, Lydia Millet tisse à points serrés la fiction et la réflexion sans que le lecteur ait le sentiment de changer de route. Elle dose la fantaisie, l'humour, la comédie de mœurs, la dérision, pour mieux s'engager sur le plus grand enjeu de la planète : la défense de l'environnement.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Globalement, il avait rarement à rendre des comptes et les conflits étaient exceptionnels. Au début de son adolescence, il avait souvent été frappé par la bonne volonté avec laquelle les gens se laissaient plumer – par la facilité, presque la gratitude, avec laquelle ils cédaient leurs biens. Dans son quartier en tout cas, où les femmes au foyer se ruinaient pour leur coiffure et où sa mère était la seule catholique, ses nombreuses bonnes actions semblaient offrir une agréable alternative au centre commercial ou au salon de coiffure. Presque chaque mois, il collectait de l’argent pour des organisations comme United Way, YMCA, les Boy Scouts d’Amérique, ou parfois un groupe de missionnaires se consacrant aux pauvres et aux déshérités. Il versait toujours une partie de ses revenus à la cause concernée : si ses efforts n’étaient pas entièrement désintéressés, ils produisaient malgré tout ce qu’il aimait appeler un « résultat positif ».
Et tel était le langage qu’il utilisait au confessionnal, auquel il se rendait de temps à autre pour faire plaisir à sa mère. Son père, après s’être remis d’une période brève et intense de spiritualité au moment de son mariage, avait refusé de remettre le pied dans une église. Cela semblait attrister sa mère et T. sentait qu’il lui fallait reprendre le flambeau. Il n’hésitait pas à dévoiler toutes ses activités ; car après tout, raisonnait-il, le prêtre était obligé de respecter le secret de la confession et devait être lui-même un homme d’affaires averti puisque le diocèse local possédait des biens se chiffrant à des centaines de millions de dollars. Il était d’ailleurs surpris que le prêtre ne lui fasse pas de compliments pour ses plans.
« Je n’arrive pas à croire que vous me punissiez. Mes activités économiques produisent un effet global positif sur la communauté entière, répétait-il résolument lorsqu’on le sanctionnait sévèrement de dix Notre Père et de dix Je vous salue Marie.
– Elles auraient un « effet net » plus important si tu te dispensais de mentir et de voler, Thomas », lui répondait doucement le prêtre.
T. secouait la tête. « C’est l’histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide. »
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Il la tua sur le chemin de Las Vegas, après un arrêt dans un restaurant routier et quelques bouchées d’un sandwich à la dinde servi par une femme aux ongles recourbés et voyants ; après un détour par des toilettes minables aux effluves de désodorisant mentholé qui le firent rebrousser chemin avec dégoût. Il était toujours sous le coup de l’écœurement quand il sortit du restaurant pour se retrouver dans le crépuscule. Puis cette sensation s’estompa : il y avait à l’est une ombre obscure, une lueur sombre et violette qui semblait adoucir jusqu’à l’asphalte.
Prenant la bretelle d’accès à l’autoroute, il alluma la radio et retrouva la souplesse du cuir de son siège contre ses cuisses. Il était satisfait ; il commençait à se détendre. Puis une silhouette floue se précipita sur la droite et il la heurta. La voiture cahota dessus et dévia de la chaussée pour se retrouver sur le bas-côté. Il appuya à fond sur la pédale de frein et resta sur son siège, secoué de tremblements.
De la poussière s’élevait en nuages derrière et à côté de lui, et ses deux roues droites ne touchaient plus le macadam. Il regarda par la fenêtre arrière pour voir si d’autres voitures arrivaient. Qu’y avait-il sur la route ? Qu’avait-il touché ?
Il voyait une sorte de monticule couché sur le côté, les pattes étendues. Ses propres jambes tremblaient de peur à retardement, mais une ribambelle de phares se rapprochaient déjà de l’animal. Pas de temps à perdre. Il ouvrit sa porte et se précipita vers l’arrière, l’estomac retourné et le visage en feu. Il avait un goût de poussière et de fer sur la langue.
Un coyote. Les gens disaient qu’il s’agissait de bêtes nuisibles. Ils chapardaient des animaux domestiques dans les cours des banlieues et s’enfuyaient avec les chatons des enfants.
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Sa première idole fut Andrew Jackson. Il connaissait bien le sillon vertical entre les sourcils, le menton proéminent, la bouche étroite ; il connaissait bien les cheveux balayés par le vent et perchés au sommet du front du grand homme, tel un nid d’oiseau sur un rocher escarpé au milieu de nulle part. Le visage de Jackson était figé en une expression plutôt neutre, et T. passait de longues heures à essayer de déterminer si elle suggérait de vaines spéculations ou une légère contrariété.
Faisant courir ses doigts le long de la lithographie grise jaunie par le temps, il imagina l’ancien président déconcerté par un spectacle légèrement déplaisant, quelques instants avant que le portraitiste ne saisisse son allure générale : la vision d’un cheval, par exemple, rejetant lentement et délibérément de petits tas de crottin devant un bâtiment du gouvernement, ou d’un valet se mettant les doigts dans le nez. Mais l’opinion qu’il avait de Jackson ne souffrait pas de cette image : bien au contraire, il admirait le grand homme pour le calme qu’il affichait face à la vulgarité. Aucun affront passager ne pouvait le forcer à montrer de l’émotion.
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Il avait besoin de Casey, pensa-t-il, parce qu’il aimait sa compagnie, parce que sa présence le rendait plus complet, mais il ne pouvait nier qu’au départ il avait également pensé lui faire une faveur. Voilà où s’était située son arrogance. C’était une erreur de penser que parce qu’une personne était déchue, blessée, malade ou imparfaitement complète, vous lui donniez davantage par votre présence qu’elle ne pouvait elle-même vous offrir. C’était une triste erreur.
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C'était une erreur de penser que parce qu'une personne était déchue blessée, malade ou imparfaitement complète, vous lui donniez davantage par votre présence qu'elle ne pouvait elle-même vous offrir.
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