Dès les trois premières pages, on sait qu'on sera dans un très grand roman grâce au souffle, au rythme de l'écriture qui parle de ce corps qui pourrit dans la terre de Siom.
Alors que Pascal Bugeaud (un
Richard Millet déguisé qui, s'il parle de lui, n'a pas l'impudeur de se mettre en scène sous son vrai nom) est revenu pour un temps à Siom, son village natal, en compagnie de sa soeur, dans l'ancienne demeure de Fargeas où il reçoit la visite d'une jeune femme qu'il refuse de voir les premiers jours, faisant dire à sa soeur Françoise qui l'accueille qu'il est absent. La visiteuse vient pour l'interroger sur ses "rapports avec les femmes" pour la thèse qu'elle écrit sur son oeuvre. Caché dans la maison, il écoute la conversation qui se noue entre Françoise et Sahar : sa soeur entame le récit de ses relations amoureuses, commençant par Mathilde Dombrecht. Puis les voix s'entremêlent, celles des femmes évoquées, celle du frère qui se cache à l'affût de ce qu'elles disent, celle de Françoise aussi.
Après avoir imaginé la jeune personne à partir de sa voix et de sa silhouette, l'écrivain sort de l'ombre : il accepte de la rencontrer et il prend le relais de sa soeur : il va lui parler de ses femmes, rêvées ou non, qui ont fait partie de sa vie. Au fil de la lecture, le lecteur sent le désir incessant de cet homme, son goût immodéré pour les femmes.
A travers les histoires de la Portugaise Lidia, de la musulmane longuement observée dans un train pour Lausanne, de la suédoise Violetta, l'amour (qu'il n'appelle pas ainsi) ne parvient pas toujours à se consommer dans la chair.
On apprend plus que cela et on est loin du relevé d'anecdotes, tant l'écriture est profonde. Et toujours la mort, les odeurs, la vanité, le regret d'un monde qui s'éteint...
C'est un très beau roman qui, du début à la dernière page, nous touche par sa langue pure.
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