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Caroline Bouet (Traducteur)
EAN : 9782365696777
224 pages
Editions Les Escales (26/08/2021)
3.12/5   96 notes
Résumé :
Une grande maison de vacances au bord d'un lac. Cet été-là, cette maison est le domaine de douze adolescents à la maturité étonnante et de leurs parents qui passent leurs journées dans une torpeur où se mêlent alcool, drogue et sexe.

Lorsqu'une tempête s'abat sur la région et que le pays plonge dans le chaos, les enfants – dont Eve, la narratrice – décident de prendre les choses en main. Ils quittent la maison, emmenant les plus jeunes et laissant der... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,12

sur 96 notes
Rentrée littéraire 2021 #31

« Je ne devrais pas être là, je devrais être à l'école, de l'autre côté de l'océan. (…) Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses. Les gens souffrent, les gens meurent. Des écosystèmes entiers s'effondrent, nous sommes au début d'une extinction de masse et tout ce dont vous pouvez parler, c'est de l'argent et du conte de fée d'une croissance économique éternelle. Comment osez-vous ? Depuis plus de quarante ans, la science est claire comme du cristal. Comment osez-vous regarder ailleurs et venir ici en prétendant que vous en faites assez ? (…) Greta Thunberg au siège des Nations-Unies en septembre 2019.

C'est avec beaucoup de tranchant que Lydia Millet aborde frontalement la crise climatique du point de vue des jeunes à travers sa narratrice Evie, une quinzaine d'années, et toute une petite troupe d'enfants et d'adolescents dont les parents, tous issus d'une classe sociale privilégiée culturellement et financièrement, ont loué une grande demeure pour les vacances d'été. Son roman s'ouvre dans une ambiance presque intemporelle et hédoniste de jeux, de cabanes dans les arbres et autour d'un lac ... jusqu'à ce que ne surgisse les smartphones et nous ramène au monde d'aujourd'hui. le scepticisme et l'arrogance adolescente semblent toute familières, faisant des premiers chapitres une comédie sarcastique. C'est cru, dérangeant même de voir ses jeunes faire sécession, bannir de leur vie leurs parents aux comportements ineptes pour former un clan à part, déjà autosuffisant.

Puis le roman se métamorphose et bascule dans un Sa Majesté des mouches dystopique lorsque une tempête apocalyptique transforme les vacances d'été en puissance allégorie. Les intentions de l'auteur sont très claires : incarner la colère des jeunes qui blâment l'inaction et de l'incurie des générations précédentes qui n'ont pas su changer leur mode de vie. Lydia Millet questionne très justement sur la parentalité. Est-ce que le rôle des parents se résume à élever, éduquer, apporter un confort matériel immédiat ? Ou être un vrai parent, c'est avant tout comprendre que l'avenir de ceux dont ils ont la garde doit être préservé et agir en conséquence ? C'est saisissant de voir les parents plongés dans la panique et sombrer dans l'alcool, l'adultère et la dépression au lieu de tenter de relever le défi de la tempête. C'est troublant de voir les enfants se débrouiller seuls, explorer leur territoire ravagé et résoudre des problèmes en utilisant la raison.

Le titre originel est « A Children's Bible » et suggère un jeu de piste pour repérer les références bibliques. Bien sûr, on repère des parallèles entre le récit de l'Ancien Testament et les calamités qui s'abattent sur les personnages de Lydia Millet. Mais ce ne sont que des échos qui faussent toutes nos repères, n'induisant à aucun moment fatalisme ou messianisme. Si Jack, le petit frère d'Evie, se sert de sa Bible pour enfants comme d'un manuel de survie improvisé, il reste partisan méthodique de la science. Jusqu'à un beau dénouement qui suggère que l'Art et la Science sont essentiels à la survie de l'Homme, prenant à contre-pied nombreuses théories politico-religieuses qui ont cours aux Etats-Unis.

Le roman est intellectuellement très satisfaisant par sa réflexion douloureusement tonique et stimulante sur le conflit générationnel autour de la question du réchauffement climatique. Je suis cependant restée en surplomb de ce texte que j'ai trouvé très froid alors qu'il bouillonne d'idées et d'intelligence. Peut-être parce que par moment, son hermétisme m'a éloigné, peut-être aussi parce que je me suis attachée à aucun personnage, même par les enfants. Cette insensibilité ressentie tout au long de la lecture m'a un peu dérangée car j'aurais voulu me sentir plus proche d'eux.
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Des adolescents sont en vacances, comme tous les étés dans une grande maison, avec leurs parents respectifs. Les adultes, classe petits bourgeois, passent leur temps dans des discussions interminables sur tout et rien, certains pensent quand même à gérer la petite communauté » les courses, la cuisine….

Trop occupés d'eux-mêmes, ils en oublient qu'ils sont des enfants, et peut-être des responsabilités, mais en fait, leur progéniture livrée à elle-même, gère au mieux et, sans illusion sur les adultes, constatent quand même qu'ils ne se rendraient même compte de leur départ, s'ils voulaient aller s'amuser ailleurs. Ils se défoulent en dérobant des choses, en fouillant dans les affaires, détruisant du matériel au passage. Vaine tentative pour attirer l'attention….

Un jour, la catastrophe s'abat sur leur petit coin de paradis, sous la forme d'une tempête qui entraîne le déracinement des arbres, des coulées de boue, inondations. Comment vont-ils tous réagir ?

Lydia Millet a choisi de donner la parole à une des ados, Evie, pour raconter, avec ses mots à elle, la catastrophe ses conséquences et nous livrer ainsi ses craintes sur l'avenir de la planète, son désir de prendre soin d'elle à son niveau à elle.


Lydia Millet décrit bien ce qui peut se produire en cas de catastrophe, y compris les meutes armées de kalachnikov ou autre bijou du même style, semant la terreur pour tout piller, ce qu'on l'on peut constater souvent, quand d'autres pratiquent l'entraide, la solidarité.

On n'est jamais, dans le cours magistral sur l'écologie ou la nécessité de revoir notre système de consommation, ni dans le côté sombre négatif du catastrophisme, l'auteur choisit de se placer au niveau du ressenti et de la manière de pensée d'une ado et son groupe d'amis. Et son message pas très bien car non moralisateur. La fin est très réussie.


Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure dont la plume et le ton gentiment ironique pour aborder des thèmes cruciaux pour la survie de la planète m'ont plu et rejoignent ma manière d'envisager les choses. Cette lecture me donne envie d'aller jeter un coup d'oeil sur ses précédents livres.

#Nousvivionsdansunpaysdété #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Quel étrange roman… je n'avais jamais rien lu de tel auparavant ! Passé l'étonnement initial, quand on se penche plus précisément sur le message véhiculé, on peut alors penser : quel puissant roman !

Le début du récit montre plusieurs familles euphoriques à l'idée de passer tout un été ensemble, parents et enfants confondus, dans une location saisonnière idéalement située en bord de mer. Les adultes, bobos chics, délaissent très rapidement leurs responsabilités de parents, au profit du bon temps qu'ils peuvent passer entre eux, à boire, discuter, fumer, fornicoter quand l'envie leur prend. Les enfants, plus que jamais heureux de cette liberté nouvelle, s'amusent à affronter les adultes, à les pousser dans leurs retranchements. Des vacances rêvées, que vient bouleverser une terrible tempête qui vient tout détruire sur son passage.

Les vacances idylliques se transforment rapidement en cauchemar. Les tempêtes se succèdent, balayant tout sur leurs passages. Les provisions viennent à manquer, les communications sont coupées… le chaos est total ! Les enfants se réfugient dans une vieille ferme isolée, se pensant à l'abri des intempéries et de leurs conséquences. Malheureusement, plusieurs adolescents les rejoignent et les retiennent en otage, souhaitant récupérer toutes leurs vivres.

C'est bel et bien un récit dystopique, post-apocalyptique que nous livre l'auteure. Elle aborde avec tranchant et originalité les questions du dérèglement climatique. J'ai reçu un coup de poing dans l'estomac en vivant cette histoire : j'ai été prise de court, ne m'y attendant absolument pas, totalement étonnée par ce qui se déroulait sous mes yeux. Puis j'ai ressenti les effets secondaires du choc initial : la suffocation, la respiration coupée, haletante. Il faut dire que Lydia Millet change brutalement de cap dans son récit, passant d'un été paisible, lumineux et gai à un monde en pleine tempête, entre chaos et désespoir. Ça a de quoi surprendre et désarçonné, d'autant que récit flirte dangereusement avec le fantastique, sans jamais franchir les frontières de l'imaginaire surréaliste.

Si on lit en filigrane, finalement, les enfants, isolés de leurs parents, totalement livrés à eux même, demandent des comptes à leurs parents : qu'ont fait les adultes pour limiter ces catastrophes naturelles ? Une forme de haine ou de révolte, se développe au sein du groupe des jeunes envers leurs descendants, qui n'ont pas chercher à contrer ce qui leur arrive. le passé des parents a détruit le futur des enfants. le futur ne dépend plus que d'eux. Une belle image, censée nous pousser à la réflexion sur le futur de demain et, pourquoi pas, à l'action, pour laisser à nos enfants un monde meilleur.

J'ai beaucoup apprécié l'originalité du récit et surtout le message passé par l'auteure. En revanche, j'ai trouvé que les personnages manquaient de profondeur. Je n'ai réussi à m'attacher à aucun d'eux, les trouvant souvent dénués de sentiments, un peu fades, effacés, comme s'ils ne se rendaient pas compte de la teneur des catastrophes qui se jouaient sous leurs yeux. Certaines réactions étaient clairement illusoires, bien éloignées de la réalité des choses. C'était sans doute un désir de l'auteure, pour coller au mieux à sa thématique globale, mais ça ne m'a pas convaincu.

Un voyage dystopique étonnant dans un futur opaque, où les questions du réchauffement climatique et ses conséquences sont plus que jamais d'actualité. Une histoire qui pousse à la réflexion, avec des personnages intéressants, que j'aurais souhaité plus emphatique.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Un des meilleurs livres de l'année claironne le New York Times. C'est dit.Je ne mets pas en cause la traduction , mais la forme est quelque peu négligée.
C'est Evie , une ado, qui raconte : des parents ont organisé des vacances dans une propriété bordant un lac, ils sont accompagnés de leurs enfants. ils ne se connaissent pas et le premier jeu des ados est de relier les parentèles. En effet les parents sont démissionnaires , laissent leurs enfants grandir seuls, quant à ces ados ils sont peut-être trop matures.
Désabusés , ils décident de s'éloigner des adultes qu'ils méprisent alors que survient une tempête de fin du monde. Les parents dans leur maison restent apathiques, les jeunes eux dans une nature en folie essaient de s'organiser, doivent faire front à des hordes de détrousseurs, et toutes les avanies possibles en gardant toujours une part de bon sens.
Que restera t-il d'amour dans le monde post apocalyptique en vue?
Je suis restée en dehors de ce roman, un petit garçon peut-être est attirant, lui qui essaie de comprendre la "Science" mais qui ne se lasse pas de lire une version de la Bible pour enfants. C'est ce paramètre qui me semble intéressant.
Merci aux Edts de l'Escale et à Babelio.
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J'aime bien lire les romans qui se sont retrouvés dans la liste finale d'un prix littéraire sans toutefois en remporter la palme. Ainsi en est-il de ce roman, finaliste du National Book Award et que le New York Times a qualifié d'un des meilleurs livres de 2021.
Des parents amis et leurs enfants respectifs (quinze en tout), se retrouvent, le temps d'un été, dans une maison louée près de la mer. Adolescents pour la plupart, les jeunes se partagent le grenier comme territoire inviolable et passent leurs journées à l'extérieur à ramer, nager et investir les cabanes dans les arbres. Tous jugent leurs parents inadéquats dans leur quotidien et blâment leur attitude veule face aux changements climatiques. « Néanmoins, le pire de leurs crimes était difficile à déterminer, et par conséquent, difficile à punir correctement : la qualité même de leur être. L'essence même de leurs personnalités. » Alors qu'un ouragan déferle sur les côtes, chacun se voit alors confronter à ses manques et à ses peurs.
D'abord, je n'ai pas aimé le ton moralisateur de la narratrice, Evie, une ado assez imbue d'elle-même. Les figures parentales sous-développées apparaissent également assez vite imbuvables à côté de celles des enfants, élevées au panthéon des êtres doués de prescience. L'écriture ne rachète pas le reste, ce qui aurait peut-être permis au roman d'atteindre à une certaine transcendance. Bref, ce roman apocalyptique m'a laissée de marbre tout du long. Difficile de croire qu'il se soit hissé parmi les finalistes du National Book Award.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
La grande maison avait été bâtie par des barons voleurs au XIXe siècle, une retraite palatiale pour les mois verdoyants. Nos parents, ces soi-disant figures d’autorité, erraient sous les larges poutres de cette demeure selon de vagues circuits. Leurs fins étaient obscures, et d’intérêt général nul.
Ils aimaient boire : c’était leur passe-temps favori, ou, d’après l’un des nôtres, peut-être bien une forme de religion. Ils buvaient du vin, de la bière, du whiskey et du gin. Et aussi de la tequila, du rhum et de la vodka. À midi, ils appelaient ça le remède à la gueule de bois. Cela semblait leur procurer de la satisfaction. Ou du moins leur permettre de tenir debout. Le soir, ils se rassemblaient pour manger de la nourriture et boire plus.
Le dîner était le seul repas auquel nous étions tenus d’assister, et même pour si peu, nous leur en voulions. Ils nous obligeaient à nous asseoir et parlaient de rien. Ils dirigeaient leur conversation comme un faisceau lumineux gris terne. Elle nous atteignait et nous berçait au point de nous plonger dans un état de stupeur. Leurs propos étaient tellement ennuyeux qu’ils nous emplissaient de frustration et, après quelques minutes, de rage.
Ils ne savaient donc pas qu’il y avait des sujets urgents ? Des questions qu’il fallait poser ?
Si l’un de nous disait quelque chose de sérieux, ils balayaient son intervention d’un revers de la main.
Puis-jesortirdetables’ilvousplaît.
Plus tard, le volume sonore de la discussion montait d’un cran. Libérés de notre influence, certains d’entre eux émettaient des aboiements soudains et stridents. Ils riaient, apparemment. Depuis la galerie qui faisait le tour de la maison avec ses torches en bambou, ses fougères suspendues et ses balancelles, ses fauteuils miteux et ses désinsectiseurs à lumière bleue, leurs rires tonitruants portaient. Nous les entendions depuis les cabanes dans les arbres, depuis les courts de tennis et depuis le champ de ruches dont s’occupait la journée une voisine lente qui marmonnait sous le voile de son chapeau d’apicultrice. Nous les entendions quand nous étions derrières les vitres fêlées de la serre délabrée, ou sur l’eau noire et fraîche du lac où nous flottions dans nos sous-vêtements à minuit.
J’aimais bien rôder toute seule sur le domaine au clair de lune munie d’une lampe torche dont je faisais rebondir le faisceau lumineux sur des murs aux fenêtres closes de volets blancs, sur des vélos abandonnés dans l’herbe, sur des voitures sagement arrêtées dans la vaste allée en arc de cercle. Quand un rire parvenait jusqu’à mes oreilles, je me demandais s’il était possible que l’un des parents ait réellement dit quelque chose de drôle.
Au fil de la soirée, certains parents se mettaient en tête de danser. Un éclair de vie venait animer leurs corps lourdauds. Triste spectacle. Ils s’agitaient maladroitement dans tous les sens en mettant à fond leur musique du temps jadis. « Beat on the brat, beat on the brat, beat on the brat with a baseball bat, oh yeah. »
Ceux qui étaient dépourvus d’éclair de vie restaient assis sur leur chaise à regarder les danseurs. Léthargiques, le visage relâché – autrement dit, décédés.
Mais moins ridicules.
Certains parents formaient des paires et se faufilaient dans les chambres au premier étage, où quelques garçons dans nos rangs les épiaient à travers les fentes de portes de placard. Les voyaient accomplir leurs actes obscurs.
Parfois, ça les émoustillait. Même s’ils ne l’avouaient pas.
Plus souvent, ça leur répugnait.
La plupart d’entre nous entreraient en première ou en terminale à la fin de l’été, mais quelques-uns n’étaient pas encore pubères – il y avait tout un éventail d’âges différents. Pour résumer, certains étaient innocents. D’autres accomplissaient eux-mêmes des actes obscurs.
Lesquels n’étaient pas aussi répugnants.
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Les phares se sont éteints et les portières à l’avant du van se sont ouvertes. Burl et Luca sont sortis. David a allumé une lampe torche. Sacs en toile et sacs de couchage ont été déchargés. J’étais soulagée sans trop savoir pourquoi – peut-être parce que c’était tout.
Juste eux quatre. Aucun parent ne les avait accompagnés. J’ai été à nouveau prise de vertiges en regardant ceux qui étaient revenus. Derrière eux, quand je plissais les yeux, j’avais l’impression de voir les parents absents, flous. La nuit se troublait. Ou peut-être juste leurs silhouettes, leurs effigies. Ou non, ce n’étaient pas eux, ai-je compris – n’est-ce pas ?
C’étaient eux et pas eux, peut-être ceux qu’ils n’avaient jamais été. Je voyais presque ces autres debout dans le jardin au milieu des petits pois, les pieds plantés entre les rangées. Ils étaient immobiles, le visage rayonnant d’un éclat disparu depuis longtemps. Qui remontait à une époque avant ma naissance. Leurs bras pendaient le long de leurs corps.
Ils avaient toujours été là, ai-je pensé, vaseuse, et ils avaient toujours voulu être plus que ce qu’ils étaient. Il fallait toujours les considérer comme des invalides, ai-je vu. Chaque personne, parfaitement adulte, était malade ou triste, et avait des problèmes greffés à elle tels des membres cassés. Chacune avait des besoins spécifiques.
Si vous étiez capable de vous souvenir de cela, vous ressentiez moins de colère.
Ils avaient été entraînés par leurs espoirs, avaient tenu grâce à l’éventualité d’une aubaine. Mais en lieu et place de l’aubaine, il n’y avait que le temps qui passé. Et ils n’avaient jamais été qu’eux-mêmes.
Pourtant ils avaient voulu être différents. Désormais, je ferais mienne cette idée, ai-je décidé en regagnant tranquillement la grange. Ce que les gens voulaient être mais ne seraient jamais voyageait à leurs côtés. Une compagnie.
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Ils aimaient boire : c’était leur passe-temps favori, ou, d’après l’un des nôtres, peut-être bien une forme de religion…

… Cela semblait leur procurer de la satisfaction. Ou du moins leur permettre de tenir le coup. Le soir, ils se rassemblaient pour manger de la nourriture et boire plus.
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Les molécules ne meurent jamais, songeais-je.
N'était-ce pas ce qu'on nous avait expliqué en chimie ? Ne nous avait-on pas dit qu'une molécule du dernier souffle de Jules César se trouvait, statistiquement parlant, dans chacune de nos inspirations ? Même chose pour Lincoln. Ou nos grands-parents.
Des échanges et des mélanges de molécules, à l'infini. Des particules qui avaient un jour été d'autres gens, et qui désormais se mouvaient à travers nous.
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À ce point de ma vie personnelle, j'acceptais la fin du monde. du monde familier, en tout cas. Nous étions nombreux à l'accepter.

Les scientifiques disaient que la fin était en train de se produire, les philosophes, qu'elle se produisait depuis toujours.

Les historiens disaient qu'il y avait déjà eu des périodes sombres par le passé. Tout finissait par s'arranger parce qu'au bout du compte, si vous étiez patient, les Lumières arrivaient, suivies d'un vaste éventail de produits Apple.

Les hommes politiques disaient que tout irait bien. Que des ajustements étaient en cours. L'ingéniosité humaine qui nous avait mis dans cette drôle de panade nous en sortirait aussi. Un plus grand nombre de voitures passeraient peut-être à l'électrique.

Voilà comment nous avons deviné que c'était grave. Parce que, de toute évidence, ils mentaient.
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