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EAN : 9782365776493
224 pages
Urban Comics Editions (12/06/2015)
3.91/5   11 notes
Résumé :
Michael Smith mène une existence morne et sans surprise qui sombre dans la folie le jour où apparaît dans le monde réel son personnage de BD préféré : le super-héros Enigma. Faisant équipe avec le créateur de ce dernier, Michael s'engage dans une quête initiatique qui va bouleverser tout ce qu'il pensait savoir sur son identité, voire la fabrique même de la réalité. (Contenu : Enigma #1-8)
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il comprend les 8 épisodes de la minisérie, initialement parus en 1993, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Duncan Fegredo, et mis en couleurs par Sherilyn van Valkenburgh. La présente édition comprend une introduction de Grant Morrison (écrite en 1995) louant le caractère novateur du récit.

La scène introductive de 2 pages évoque et montre un meurtre vieux de 25 ans, une femme tuant son mari aux bords d'une ferme, dans un coin de l'Arizona typique où les enfants ont des relations sexuelles avec leurs parents, et finissent par tuer quelqu'un (dixit le narrateur). de nos jours, Michael Smith est un réparateur téléphonique et intervient dans la demeure de Victor Lamont, une vedette de la télé.

Le soir dans une ruelle, des policiers retrouvent un cadavre d'une personne dont le cerveau a été mangé par le Brain Eater, il y a un lézard mort et conservé à proximité. C'est mardi, Michael passe une soirée avec ses copains, puis rentre chez lui pour une partie de jambes en l'air avec sa copine (comme tous les mardis). Non loin de là, le superhéros Enigma est la proie de l'ennui. Michael Smith va finir par se retrouver nez à nez avec un supercriminel (The Head), puis avec Enigma, puis avec le créateur du comics d'Enigma datant des années 1970.

Peter Milligan est un scénariste de comics au mode d'écriture très particulier qui a laissé une empreinte indélébile dans l'univers des X-Men avec X-Statix. Il a également écrit de nombreuses histoires pour Vertigo et d'autres éditeurs, comme The Best of Milligan & McCarthy, Shade the Changing Man ou Greek Street. Lorsque "Enigma" est publié pour la première fois, de nombreux critiques crient au génie, et certains lecteurs crient au brouet abscons.

Contrairement à ce que peut laisser croire le résumé, ce récit n'est pas une histoire de superhéros. Pour commencer Duncan Fegredo réalise des dessins sans rapport avec l'esthétique superhéros des comics Marvel ou DC. L'encrage est lourd, les visages sont couturés de traits qui viennent les obscurcir. Les traits délimitant les contours donnent parfois une impression d'imprécision ; ils ne se rejoignent pas toujours bien, se croisant ou se chevauchant, sans bien fermer le contour, manquant de netteté. Cette première impression parfois désagréable est renforcée sur quelques pages par une mise en couleurs trop sombre que la reprographie ne parvient à restituer (il faut alors approcher la page d'une source de lumière vive pour essayer de distinguer des formes).

D'un autre côté, Fegredo crée des visuels très personnels, comprenant un niveau suffisant de détails, avec des individus dotés d'une forte personnalité, sans être caricaturaux. Chaque lieu est spécifique grâce à un ou deux détails bien choisis. Les dessins rendent compte des nuances du scénario quelles que soient les bizarreries prévues. Fegredo est aussi à l'aise pour représenter des meurtres ignominieux (les exécutions perpétrées par la Ligue des Intérieurs), des corps déformés de l'intérieur au point d'en devenir monstrueux, un apiculteur enfumant une ruche, un individu soliloquant au milieu de lézards, une boîte gay, un couple homosexuel tendrement enlacé après l'amour, etc.

S'il faut un temps d'adaptation pour que le lecteur se fasse à l'esthétique particulière des images, leur capacité d'évocation s'adapte à toutes les situations improbables et saugrenues imaginées par le scénariste. Effectivement Peter Milligan est déchaîné et refuse de s'imposer des limites ou des tabous. Avec un peu de recul, il a imaginé une intrigue en bonne et due forme, articulée autour de plusieurs mystères. Qui est Enigma (son identité secrète) et d'où vient-il ? Quel lien le rattache aux 3 numéros du comics des années 1970 ? Qui sont ces individus dotés de superpouvoirs qui commettent des crimes odieux ? Pourquoi des lézards ? Quel rapport avec le meurtre évoqué dans l'introduction ? En quoi la sexualité de Michael Smith est-elle si importante ?

Milligan fournit une explication cohérente à toutes ces questions et bien d'autres encore, dans un récit à la logique interne solide. Rapidement, le lecteur constate aussi que le récit n'est pas à prendre qu'au premier degré. Il est évident que ces lézards sont le symbole de quelque chose. L'un des supercriminels s'appelle La Vérité et énonce des vérités cachées à ses victimes. Enigma (le superhéros) est la copie conforme d'un superhéros obscur ayant existé le temps de 3 épisodes, et Michael Smith rencontre Titus Bird, l'auteur dudit comics. Ce dernier personnage introduit une mise en abyme efficace, puisqu'il commente ses qualités de scénariste sur les épisodes d'Enigma, introduisant un parallèle avec les propres qualités du comics Enigma de Peter Milligan (et donc par le biais de Titus Bird, Milligan commente ses propres qualités, c'est plus clair en lisant le comics).

Milligan ne se limite pas à un exercice de style (la mise en abyme), ses personnages prononcent des jugements et des critiques sur leur propre vie. L'auteur place dans l'esprit de ses personnages (des petites cellules de texte) des propos sur la manière de tromper leur ennui (réciter le dictionnaire à l'envers), sur leur rapport au père ou à la mère, sur leur vie bien rangée, sur leur responsabilité par rapport à leurs écrits (les meurtres commis au nom des épisodes d'Enigma écrits par Titus Bird), etc. Il y a une composante existentialiste dans ce comics.

Dans certaines séquences, le lecteur ne peut pas s'empêcher de se faire la réflexion que Milligan est peut-être un peu trop malin. Pour commencer, il n'hésite pas à se lancer des fleurs par le biais des observations de Titus Bird qui observe à quel point il était en avance sur son temps et particulièrement pertinent (= l'auteur d'Enigma est quelqu'un d'éclairé et de perspicace, l'auteur d'Enigma c'est également Milligan, la mise en abyme vous vous souvenez ?).

Milligan continue à faire le malin avec les cellules de texte de la première page de l'épisode 5, où le narrateur indique qu'il est un personnage du récit que le lecteur verra apparaitre à la fin du récit. le clin d'oeil est assez appuyé. Il l'est plus encore quand ce narrateur finit par apparaître dans l'intrigue comme un individu à l'élocution nettement supérieure à celles de ces pairs, donc plus intelligent que ceux qui l'entourent. Milligan étant aussi un narrateur cette observation s'applique également à lui, plus intelligent que la majeure partie de ses interlocuteurs, c'est-à-dire ses lecteurs (qui bien sûr n'ont pas de raison de se sentir insultés par de tels propos, de toute façon ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre).

Le lecteur ressort de ce récit essoré. le nombre de thèmes abordés de manière intelligente et personnelle par Peter Milligan est épatant. le ton qu'il emploie oscille entre la narration inspirée et éblouissante, et une forme de cynisme mêlé de suffisance dans lequel l'autodérision n'est pas assez présente. Les dessins de Duncan Fegredo demandent un temps d'adaptation au lecteur, pour révéler leur pertinence, et leur intelligence graphique. Soit le lecteur est épuisé par ce récit qui semble partir dans trop de directions sans vraiment aboutir quelque part, avec une conclusion qui semble absoudre Enigma de tous les crimes qu'il a commis ou dont il est responsable, 3 étoiles (même si cette histoire complète est moins éreintante que la série "Shade the changing man"). Soit le lecteur accepte ce voyage en apparence chaotique, reflétant la vision de la vie de son créateur, 5 étoiles pour des fulgurances existentielles et une intrigue refusant le conformisme et reposant sur une structure rigoureuse.
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Voilà un livre très étrange.
S'il est indiscutablement une histoire de super-héros, il serait pourtant très réducteur de le limiter à cela.
D'abord pour la narration très originale de Peter Milligan, ensuite pour le graphisme toruré de Duncan Fegredo.
Peter Milligan y reconte une histoire complètement folle, confrontant Michael Smith, un homme terne et quasi obsessionnel lorsqu'il s'agit de se conformer à sa petit routine de vie, et Enigma, un super-héros mystérieux qui combat des entités aussi dangereuses que surprenante.
Le problème est qu'Enigma, qui semble surgir de nulle part, est en fait un personne d'une bande dessinée obscure des années 70... une série annulée après 3 épisodes et dont presque personne ne se souvient. C'était pourtant la série préférée de Michael Smith. Et les méchants que combat Enigma sont des recréations des personnages originaux dela série.
Existe-t-il un lien entre Engima et Michael Smith ?
Il y a quelque chose de fou-furieux dans ce livre. Un jusqu'au-boutisme complet qui peut désarçonner mais qui rassure sur la capacité d'auteurs qui vont au bout de leurs idées au lieu de rester dans une approche consensuelle. Enigma ne cherche pas à séduire. Il propose une intrigue qui, derrière une folie constante, reste très cohérente dans son déroulement, brassant des thèmes divers et rarement abordés sous l'angle choisi par les auteurs. Il y est question d'identité, de sens, de la nature même de la réalité. Nous somme définitivemement plus prochde de Sandman que de Batman. Et c'est plutôt réussi.
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Après avoir réédité « Human Target » du même scénariste, Urban Comics propose l'intégralité de cette mini-série en huit épisodes, initialement parus en 1993, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Duncan Fegredo et superbement mis en couleurs par Sherilyn van Valkenburgh.

Enigma invite à suivre les pas de Michael Smith, un personnage insignifiant qui mène une vie terne et sans surprises… jusqu'au jour où les héros de son enfance, issus d'un mauvais comics de super-héros annulé après trois numéros, semblent prendre vie. Tandis que la ville de Pacific City devient le théâtre d'une vague de crimes perpétrés par les personnages dont Michael lisait les aventures quand il était enfant, tout semble également lié à un meurtre vieux de vingt-cinq ans, commis dans un bled perdu de l'Arizona…

À mille lieues du récit classique de super-héros, Peter Milligan embarque le lecteur dans une histoire en apparence chaotique, qui oscille constamment entre réalité et fantastique. S'accrochant au fil rouge de cette enquête surnaturelle, le lecteur tente de ne pas se perdre dans les méandres de l'imagination fertile du personnage… et de l'auteur. Etonnamment, le voyage, aussi décousu soit-il, s'avère surtout initiatique pour le personnage principal et mène finalement à quelque chose de cohérent. En cherchant une explication à la matérialisation de ses héros d'enfance, le jeune homme va en effet comprendre qui il est vraiment. le lecteur assiste alors avec intérêt à la transformation de ce « nobody » en quelqu'un qui fait ses propres choix et qui finit par façonner son propre monde et sa propre identité. Multipliant les thèmes et saupoudrant le tout d'une touche d'humour acide et cynique, Peter Milligan livre un récit aussi riche que déstabilisant. S'agit-il d'un voyage initiatique intelligent et d'une critique sociale profonde ou juste d'un gros bon délire d'un auteur en plein trip ? En croisant des super-vilains tels que le La Tête ou La Vérité, on serait tenté d'opter pour la deuxième option, mais en y regardant de plus près, on finit par hésiter car l'auteur s'en sert afin de pointer du doigt plusieurs défauts de notre société.

Le dessin tortueux et confus de Duncan Fregedo peut d'ailleurs également rebuter au départ, avant de réaliser que celui-ci s'adapte à merveille à l'étrangeté du scénario.

Une excellente surprise !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Peter Milligan, pour le scénario, Duncan Fegredo, pour le dessin, et Sherilyn van Valkenburgh, pour la couleur, nous offrent avec cet "Enigma" un superbe comics américain "à l'anglaise"...
Lien : http://psychovision.net/bd/c..
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critiques presse (2)
ActuaBD
29 juin 2015
Avec son ton décalé, son humour noir et son ironie cruelle, ce récit fantastique, où le super-héroïque croise l’absurde et l’horreur, détonne toujours autant.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
01 juin 2015
Un album remarquable, parfois déstabilisant, mais à lire de toute urgence, d'autant que la traduction est vraiment de qualité !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
You could say it all started in Arizona. Twenty-five years ago. On a farm. It was an ordinary sort of farm in Arizona. The kind of place where you'd have sexual relations with your parents and end up shooting someone.
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