Catherine Millot rend ici un hommage très personnel (parfois trop) à
Jacques Lacan dont elle fut la dernière compagne, malgré leurs quarante-trois ans d'écart, tout en étant en cure psychanalytique avec lui, ce qui déontologiquement a heurté les spécialistes.
C'est encouragée par
Philippe Sollers qui dirige la collection « L'Infini » qu'elle livre aujourd'hui quelques souvenirs des années 70 qui montrent « le poids du réel » chez
Lacan.
On apprend ainsi que le psychanalyste, sur lequel on ne possède pas de films en dehors de conférences théâtralisées, marchait projeté en avant, tête baissée. Qu'il skiait et conduisait sa voiture avec la même imprudence, prouvant par là qu'il n'était pas « intimidable ». Qu'il avait dans sa poche un coup-de-poing américain après avoir été agressé dans son cabinet. Qu'il aimait faire découvrir Rome, ses restaurants et ses prélats. Qu'il connaissait bien
Balthus le directeur de la villa Médicis. Qu'il n'aimait pas la solitude et n'hésitait pas à entretenir plusieurs liaisons à la fois. Et que devenu mutique à la fin de sa vie il exprimait sa pensée en bricolant des noeuds de corde, les fameux noeuds « borroméens ».
Tout cela
Catherine Millot le raconte sans amertume apparente, avec tendresse. Et même plus, avec un amour quasi mystique (« c'était comme si je m'étais glissée en lui »).
« Aujourd'hui j'ai l'âge que
Lacan avait quand je l'ai connu. Est-ce ce qui m'a décidée à livrer ces souvenirs ? Comme un rendez-vous à honorer, une manière de le retrouver … le temps d'écrire, j'ai retrouvé quelques jours anciens et, par éclairs, m'était rendue l'entièreté de son être. »