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Slaine - Brutania Chronicles tome 1 sur 3
EAN : 9781781083352
112 pages
2000 AD Graphic Novels (15/01/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
Ancient Albion. Celtic barbarian warrior Sláine united the tribes of the Earth Goddess and became the first High King of Ireland. After ruling for seven years, he fought for the Goddess in other eras before returning to save his people from the Fomorian sea devils. Now, he's crossed over onto the isle of Monadh in an attempt to rescue Sinead from the evil clutches of the Drune Lords...
This brand-new chapter in the life of Sláine is the perfect jumping on poi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Par ordre de parution, ce tome fait suite à Slaine: The Book of Scars (prog 1844 à 1849) qui célébrait les 30 ans d'existence du personnage. le présent tome est le premier d'une tétralogie. Celui-ci comprend les chapitres parus dans les numéros (progs) 1874 à 1886 du magazine hebdomadaire 2000 AD en 2014, écrits par Pat Mills (le cocréateur du personnage), peints en couleurs directes par Simon Davis. Il commence par une introduction d'une page écrite par Pat Mills en 2014. Il comprend également 2 cartes : l'une d'Albion, la suivante de l'île Monadh. Il se termine avec une postface d'une page rédigée par Simon Davis, 22 pages d'études graphiques et de couvertures, et enfin de très courtes biographies des 2 auteurs. Ce tome comprend 82 pages de bande dessinée.

À une époque mythologique où les troyens ont commencé la conquête d'Albion, Sláine et Gort sont en marche pour retrouver des voleurs de trésors de la déesse. Sláine raconte l'histoire du guerrier grièvement blessé Cethern qui tuait chaque chaman lui disant qu'il allait mourir. Finalement, les deux compagnons arrivent devant les 3 pilleurs. Ils passent à l'attaque : Gort s'occupe du fuyard, Sláine charge les 2 autres. Avant de tuer le dernier, il écoute ce qu'il a à dire : ils ont été chargés par un dénommé Kark de Bladnoch, de dérober les trésors de la déesse pour les remettre à des fomoriens. Gort a été blessé pendant son combat. Sláine le laisse au bon soin d'un chaman et se rend à Bladnoch à dos de bison. Arrivé au village, il demande où se trouve Kark.

Sláine pénètre dans la hutte de Kark, et lui indique qu'il est assoiffé. Kark lui sert gentiment un verre et commence à raconter ses problèmes. Sláine le laisse parler sans l'écouter, en pensant à la manière de le tuer, se rendant compte qu'il ne va pas pouvoir utiliser sa hache du fait de la faible hauteur sous plafond. Il convainc Kark de sortir à l'extérieur, prétextant une odeur persistante de fumée à l'intérieur. Une fois sorti, Sláine se rend compte qu'il s'est remis à écouter ce que raconte Kark, comment il a remis les trésors aux fomoriens, comment sa fille Sinead a refusé de se soumettre et leur a craché au visage, ce qui lui a valu d'être emmenée de force à l'île Monadh gouvernée par les seigneurs Drune. Cette circonstance fait changer d'avis Sláine qui décide de se rendre à Monadh. Mais avant il doit aller célébrer la fête de Beltaine, la troisième fête celtique, où il est attendu pour jouer le rôle de l'homme vert dans la cérémonie. Mais alors qu'il a allumé un feu à la belle étoile pour passer la nuit, une femme vient de la mer sur une petite embarcation.

Sláine a été créé en 1983 par Angela Kincaid et Pat Mills, ce dernier ayant écrit toutes les aventures du personnage. Cette histoire débutée en 2014 représente un événement car elle s'étale sur l'équivalent de 4 tomes, avec un nouvel artiste. Sa tâche est rude car il succède aux artistes initiaux (Massimo Belardinelli, Mick McMahon, Glenn Fabry) et surtout Simon Bisley qui a défini la tonalité visuelle ultime du personnage avec Sláine: The Horned God, et Clint Langley qui a réussi à marquer autant les esprits avec la tétralogie Sláine: The Books of Invasions. Dans l'introduction, Pat Mills énonce explicitement son plaisir d'avoir pu collaborer avec un artiste à la hauteur de ses illustres prédécesseurs. Il indique également que pour cette nouvelle phase de la vie de Sláine, il a souhaité s'éloigner des légendes associées à Tír na nÓg, et broder sur la légende de l'origine troyenne des Bretons, associée à la légende de Brutus de Bretagne, environ 1.100 avec JC. le lecteur prend bien sûr au pied de la lettre la déclaration de l'auteur, assez surpris de le voir parler de redémarrage ou peut-être de réinitialisation (reboot).

De fait la narration visuelle de Simon Davis est très personnelle, établissant un lien avec Simon Bisley du fait qu'il travaille en couleur directe, très différente de l'apparence roman-photo des pages de Clint Langley. Il s'agit d'un artiste ayant travaillé pour le magazine hebdomadaire 2000 AD pendant une vingtaine d'années sur des série comme Sinister Dexter avec Dan Abnett, et sur l'excellente série Ampney Crucis Investigates: Ville Bodies de Ian Edginton. Il avait déjà mis en images une histoire de Pat Mills : Black Siddha. Les pages donnent l'impression d'avoir été réalisées directement à la peinture. Les pages en fin de tome montrent la technique de l'artiste : d'abord des recherches graphiques en couleurs pour la conception graphique des personnages, quelques portraits à la peinture à l'huile pour les personnages principaux, des croquis de chaque page en petit format, puis une version avec les couleurs principales, puis les pages définitives avec des tracés encrés, et enfin le passage à la peinture gouache directement sur les pages encrées. Dès les premières pages, le lecteur est effectivement frappé par la forte consistance de ce qui est représenté, au point de provoquer une impression tactile. Dès la deuxième séquence, il est épaté par la conception graphique des huttes qui ressemblent à des crânes avec leur rangé de dents sous forme de pierre formant la base. Tout du long de ce premier tome, il est enchanté par des visions inventives débarrassées de tout cliché visuel : l'homme vert de la fête de Beltaine, la forme des sirènes, la procession de monstres sur la chaussée reliant Albion à Monadh, le harnachement du bison d'Europe, le géant contre lequel se bat Sláine en arrivant sur Monadh, le Sluagh qui imprègne Sinead, et bien sûr les 4 seigneurs Slough. le lecteur est tout de suite impressionné par la capacité de Davis de faire sien les personnages, en leur conservant leurs caractéristiques, sans singer Bisley, Langley ou un autre de ses prédécesseurs.

Les étapes préparatoires pour chaque page portent leur fruit à la lecture. L'artiste a bien abordé sa mise en page sous l'angle de la narration visuelle, avant tout, ce qui correspond à l'étape des petites vignettes. Il réalise entre 3 et 6 cases par pages, ce qui lui permet aussi de réaliser des images plus grandes pour faire ressortir le spectaculaire ou l'horrifique d'une situation. Il envisage sa page de manière globale, utilisant ou non des bordures de case tracées, des cases disposées en bande horizontale ou des images juxtaposée, voire entremêlée. Il dose son mode de représentation entre une approche descriptive et une approche plus impressionniste en fonction des séquences, en fonction des cases. Il embrasse pleinement la dimension mythologique du récit, ne s'en tenant pas à des éléments réalistes, mais usant de licence artistique, à commencer par la tenue improbable de Sinead, et aussi les peintures sur les visages, la taille de la hache de Sláine toujours aussi peu maniable dans la réalité, et bien sûr l'apparence des différentes créatures monstrueuses. le lecteur se rend compte au bout de quelques pages que Simon Davis réussit à transcrire et à faire passer le sentiment de merveilleux qui accompagne les aventures de Sláine, dans ce monde baigné de mythologie.

Simon Davis impressionne également par sa capacité à gérer le niveau de détails de ses représentations, sans que le lecteur ne s'en aperçoive. S'il est pressé, il peut dévorer les images rapidement, s'en tenant à l'impression globale, sans chercher à déguster chaque case. S'il veut profiter de sa lecture et la faire durer, il peut s'attarder sur chaque case et observer un petit détail comme l'absence de nez des villageois de Bladnoch, ou la forme de la boucle d'oreille de Sláine. Il se rend également compte de la cohérence impressionnante des visages des principaux personnages, et de leur expressivité. Sans en avoir l'air, l'artiste fait passer le vague sentiment de lassitude de Sláine, grâce à des nuances d'expression. de séquence en séquence, le lecteur remarque la forme un peu particulière du visage de Sinead qui n'est pas celui d'une beauté classique, ou celui très lisse des personnages féminins habituels. Ainsi il leur insuffle des traits de caractère qui sont montrés, sans que le scénariste n'ait besoin de les expliciter dans les dialogues. de page en page, le lecteur prend également conscience des émotions qui le traversent de manière organique, en réaction à ce qu'il lit. Ainsi, il sourit tout naturellement quand le premier géant perd sa tête, dans une succession de postures dans un dessin en double page. L'artiste arrive à mêler la description de la chute de la tête, la surprise du géant, l'impassibilité de Sláine, avec un effet à la fois premier degré pour raconter ce qui se passe, à la fois d'humour pince-sans-rire irrésistible. de ce point de vue, Pat Mills a raison de chanter les louanges de Simon Davis, et de parler de redémarrage, l'artiste ayant fait sien l'univers visuel du personnage pour en proposer son interprétation personnelle.

Il est certain qu'un lecteur étant tombé dans la marmite de la déesse (ayant découvert et lu toutes les aventures de Sláine) est rassuré par les premières pages sur la qualité de la narration visuelle et qu'il se détend pour apprécier la narration tout aussi personnelle de Pat Mills. Il est certain aussi que cette nouvelle histoire attire de nouveaux lecteurs séduits par les pages de Simon Davis, mais ayant besoin de s'adapter au déroulement de l'histoire. La première séquence se déroule en respectant les attendus : être intelligible de tous les lecteurs, mettre en oeuvre une logique de cause à effet d'une case à l'autre. le lecteur sourit en découvrant l'anecdote racontée par Sláine, tout en assimilant les informations relatives à sa situation présente avec Gort. À la sixième page de l'histoire, Sláine indique que tuer Kark devrait être une mise à mort simple, phrase reprise comme titre de cette première partie. Néanmoins le lecteur expérimenté note la référence aux trésors de la déesse, évoqués par exemple dans le dieu cornu, mais pas explicités ici. Il tombe rapidement sur une rupture narrative de type absence brutale de transition quand Sláine évoque la fête de Beltaine, et il y en a une autre tout aussi abrupte quelques pages plus loin. Effectivement la compréhension du lecteur novice est fortement mise à l'épreuve, avec une référence à Niamh le temps d'une page, puis une autre à Lord Weird Slough Feg, essentielle à la compréhension de l'intrigue. Il est encore possible de mentionner la race des Cyths, mentionnée comme l'ennemi ultime, mais jamais présentée ou expliquée, apparue dans le tome 2 Sláine Time Killer. Par contre pour le lecteur familiarisé avec l'histoire de Sláine, ces références sont évidentes et faciles à comprendre.

Comme à son habitude, Pat Mills a choisi une intrigue linéaire facile à suivre. Sláine doit aller sauver Sinead. Il fait baigner son récit dans un environnement mythologique dont il a le secret : la légende de l'origine troyenne des Bretons. Comme il l'indique dans sa préface, cette légende est relativement peu utilisée dans la fiction ; par contre elle reste à l'arrière-plan, sans devenir un pivot de l'intrigue. Comme d'habitude, Sláine combat des individus incarnant le mal et devant être éliminés, des ennemis qu'il est légitime d'occire d'un point de vue moral. Leur chef s'appelle Slough Gododin et le scénariste a su créer un nouvel ennemi intéressant, avec une motivation solide et crédible : il n'est pas juste méchant parce qu'il est méchant. Il s'avère qu'il est aussi un être psychopompe, c'est-à-dire un conducteur des âmes mortes. Mis à part les 2 solutions de continuité narratives, la lecture s'avère facile et divertissante au premier degré, avec des visuels originaux et vivants. Au fur et à mesure des séquences, le lecteur comprend progressivement ce que Pat Mills a voulu dire en parlant de redémarrage. Il ne s'agit pas d'effacer l'histoire personnelle de Sláine pour redémarrer à zéro, mais d'écrire une nouvelle phase de sa vie.

Le lecteur retrouve Sláine un peu changé. Il n'hésite toujours pas à se lancer dans la bataille et manier sa hache Brainbiter pour pourfendre ses ennemis, mais il arbore un air plus réfléchi, moins impétueux. Il se comporte de manière un peu assagi, écoutant avant de foncer dans le tas, avec un visage exprimant une forme de confiance née de l'expérience tout en étant aussi plus conscient de sa faillibilité, plutôt que nourrie de la force et d'une attitude bravache. le fait que son attitude soit un peu plus posée ressort par comparaison avec celle de Sinead plus impétueuse. Bien sûr, le lecteur retrouve le thème principal de l'oeuvre de Pat Mills : l'oppression par une classe dirigeante. Les seigneurs Drunes conduisent des expérimentations sur les êtres humains qu'ils maintiennent dans la servitude en usant de la religion comme un opium calmant le peuple. Il rajoute un sarcasme bien senti sur la religion, avec une petite avec une scène d'autoflagellation moqueuse, puis en indiquant que ne pas comprendre permet de se reposer sur les croyances. Mais Pat Mills ne radote pas encore et il aborde d'autres thèmes, souvent avec un humour pince-sans-rire très anglais. le lecteur ne peut pas se retenir de sourire quand un seigneur Drune diagnostique Sláine comme étant atteint du mal de l'héroïsme, et même à un stade aggravé, ce qu'il assimile à une forme de pulsion de mort. le lecteur se rend compte également que les expérimentations menées par les Cyths et par les Drunes s'apparentent à de l'eugénisme forcé, introduisant un jugement de valeur sur les applications de la génétique, couplée à une forme de domestication des êtres humains, du grand Pat Mills.

À chaque nouvelle histoire de Sláine, les attentes du lecteur sont déraisonnables. Il veut une grande saga, un artiste exceptionnel, une intrigue accessible et intelligente, tout ça dans le genre Barbare énervé massacrant des monstres. Ce premier tome d'une nouvelle saga dépasse toutes ces attentes déraisonnables, sous réserve que le lecteur soit déjà familier de l'histoire de Sláine.
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